"Coeurs perdus en Atlantide" de Stephen King

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Brice Kantor
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"Coeurs perdus en Atlantide" de Stephen King

Message par Brice Kantor »

Vu comme j'adore le film qu'en a tiré Scott Hicks, il me paraissait normal de me pencher dans l'oeuvre originale, mème si pour celà je devais me coller à retrouver un auteur dont je n'avais pas ouvert un exemplaire depuis desa années, Stephen King. Moins parce que son oeuvre et ses thèmes ne m'intérèssent pas plus que par son écriture qui m'a souvent rebuté, enclint à l'hyper descriptif, un caractère rugueux.
Par rapport au style pas forcément génial de l'écrivain et la réussite de ce que contient son oeuvre, j'en reviens à la leçon énonçée par Ted Brautigan dans ce livre:

L'histoire dans le bouquin de Simak, est sensationnelle(...). mais du point de vue de l'écriture, elle n'est pas extraordinaire. Ce n'est pas mauvais, je n'ai pas voulu dire ça mais crois-moi, il y a mieux.(...)
On trouve aussi des tas de livres écrits de manière admirable mais dont les histoires ne sont pas très bonnes. Sache lire parfois pour l'histoire, Bobby. Mais lis aussi parfois pour les mots, pour la langue. ne sois pas non plus comme ces frileux qui ne s'y risqueraient pas. Et le jour ou tu tombes sur un bouquin qui raconte une bonne histoire et qui en plus est bien écrit, chéris-le comme un trésor.


Bien que renvoyant dos à dos frileux et snobinards, on sent quand mème l'auteur avide d'oeuvres très ambitieuses. "Hearts in Atlantis" a de quoi paraitre comme tel: 5 récits s'étalant de 1960 et 1999 ou des personnages se croisent et se recroisent suivant leurs destin...le tout avec changements de points de vus narratifs. Mais bien que tenant sur une ligne commune, l'ensemble est assez inégale.

1960: Crapules de Bas étage en manteau jaune

C'est le récit le plus long... En vérité il fait bien la taille d'un roman standard. C'ets sur cette nouvelle que Scott Hicks et William Goldman ont basé leur film, la relation entre le jeune Bobby Garfield et le vieux Ted Brautigan, homme en fuite possèdant un pouvoir télépathique convoité par d'étranges personnages. Sous la forme écrite, l'ensemble est très dense mais manque de fluidité. Les aspects fantastiques (les extraterrestres) gommés volontairement dans l'adapatation ciné ne sont pas très intéressants... La dimension psychologique des personnages sont plus poussés, ce qui est tout à fait normal puisqu'ils ont une durée de vie plus longue et qu'on les retrouve dans les autres nouvelles. (***SPOILER ) Le passage à tabac de la petite Carole Gerbert, le premier amour du gamin, devient mème le véritable élément matriciel, tromatique et symbolique sur lequel se basera tout l'ouvrage. Un commencement. (FIN DE SPOILER***)

Chez King, la sensation du pouvoir que Bobby atteint à plusieurs reprises (lire dans les pensées des autres) est très explicite. D'ailleurs, il y a beaucoups moins de mystère dans cette version écrite que dans sa version filmée. Hicks déclarait lui-mème être plus intéressé à traiter ça comme des intuitions simples et des connexions comme n'importe quel personne de touts les jours peut en avoir avec quelqu'un. King raconte tout celà avec une propensions plus axée à l'extraordinaire. Livre oblige, on a droit à plus de leçon de littérature... "Sa Majesté des Mouches" est le saint Graal qui suivra par rapport aux récits à venir. Il y a aussi une très belle idée visuelle non retenu dans le film: après être sortit d' une projo du "Village des Damnés", le petit Bobby réutilise la figure du mur de briques pour bloquer une attaque de ses pensées.
Mème si le film a été très fidèle à la nature des personnages, Hicks a vraiment tiré quelque chose de personnel par rapport au modèle (s'attardant sur ses thèmes: fuite du temps, la figure des parents, l'apprentissage, la cristalisation et le souvenir... tout celà est parfois plus mineur dans le livre). De toute manière, n'adapter qu'une part de "Hearts in Atlantis" est déjà une énorme trahison à la base.

1966: Chasse Coeur en Atlantide

C'est probablement la plus belle partie du livre. On suit la trace de Pete, boyfriend de fac de Carole Gerbert. Véritable récit d'apprentissage, c'est un reflet de toute la période 68 des Etast-Unis, au bord de la guerre civile. King en fait un reflet de l'adolescence, avec perte des repères... Pete gaspille son année scolaire vampirisé par un simple jeu de cartes tandis que Carole se lance dans l'action et devient "Carole la Rouge": manifestations et violences en tout genre sont une autre forme de fuite pour la jeune femme, (***SPOILER ) qui pense ainsi exorciser sa dette jamais payé au jeune Bobby qui lui sauvé la vie (FIN DE SPOILER***). On retrouve la notion de groupe, l'handicapé focalisateur. Les personnages sont extraoridnairement justes, on s'y identifie immédiatements.
Il y a aussi une reprise des figures paranoïaques de l'époque, comme la série "Le Prionnier", qui sert de code entre Pete et Carole, ou les logos "peaceful" qui ont une allure très fantastique. Toute une mythologie "sixties".

1983: Willie l'Aveugle
1999: Nous étions au Vietnam

"Hearts in Atlantis" est avant tout un énorme réglement de compte avec les Sixties. La fin des années Eienhower sont violemment démythifiées dans la première nouvelle, la seconde décrit une sorte de chaos anarchique... Ces deux suivantes nous montrent leur impacts aujoud'hui... Un schéma "Enfance, adolescence, pénitence", qui pourront peut-être en agacer certains (mais largement relativisé dans la dernière nouvelle). Si la nouvelle précédente nous parlait de "planqués" du Vietnam (montré comme une mtyhologique punition mortelle au ratage de ses examens), on a ici les récits sur deux personnages de la première nouvelle et qui y ont eu droit. Willie Sherman veut se faire pardonner de Carole Gerbert, et du gant de Baseball qu'il a volé au Vietnam. A la suite de la guerre du Vietnam, il simule une vie de cadre bien rangée à son levé le matin, mais se fait en vérité passer pour un aveugle victime de guerre, passant ses journées à mandier. Le récit est court, de propension très symbolique et lourde. Assez agaçant... Les mèmes reproches peuvent être fait à la nouvelle suivante, récits des tromas de guerre du petit Sully John ( le meilleur ami de Bobby, le 2ème amour de Carole). Quasiment sans intéret, le livre s'y perd vraiment.

1999: Ainsi tombent les Ombres Célestes de la Ville

Après la pénitence, on entraperçoit le bonheur... Le retour de Bobby Garfield sur son lieu de jeunesse. Plus ou moins repris par Goldman et Hicks dans le film, cette dernière partie de "Hearts in Atlantis" propose néanmoins un final bien différent, mais assez beau quand mème.


"Coeurs Perdus en Atlantide" est un ouvrage boiteux mais dense, bouré d'idées très belles, de réflexions intéressantes. Mais on a la désagréable impression parfois que King a fait un recyclage de nouvelles avortée accomodées. Une série de récits extrèmements inégaux, ou la partie "adulte" est l'un des gros maillon faible. Dommage, mais il reste le regard singulier et dur sur une époque clé des USA.
Invité

Re: "Coeurs perdus en Atlantide" de Stephen King

Message par Invité »

Mac Lean a écrit :s'attardant sur ses thèmes: fuite du temps, la figure des parents, l'apprentissage, la cristalisation et le souvenir... tout celà est assez mineur dans le livre
comme on ne peut pas éditer dans cette section: je remplace "assez mineur" par "parfois mineur"...
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