Notez bien que c'est mon avis, qu'il est personnel, et que je sais que je vais déclencher les foudres de beaucoup de gens, mais je trouve Lloyd supérieur à Chaplin. Voilà, je l'ai dit.someone1600 a écrit : je trouve ses films bien réussi, meme si pour l'instant je n'ai vu aucun que je qualifierais de chef d'oeuvre comme beaucoup de Chaplin et de Keaton.
Harold Lloyd (1893-1971)
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Re: Harold Lloyd
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Re: Harold Lloyd
Même Harold Lloyd rougirait comme ton smiley !allen john a écrit :Notez bien que c'est mon avis, qu'il est personnel, et que je sais que je vais déclencher les foudres de beaucoup de gens, mais je trouve Lloyd supérieur à Chaplin. Voilà, je l'ai dit.someone1600 a écrit : je trouve ses films bien réussi, meme si pour l'instant je n'ai vu aucun que je qualifierais de chef d'oeuvre comme beaucoup de Chaplin et de Keaton.
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Re: Harold Lloyd
Ah ca... je ne me risquerait meme pas a dire lequel etait le meilleur... j'adore les 3 maintenant.allen john a écrit :Notez bien que c'est mon avis, qu'il est personnel, et que je sais que je vais déclencher les foudres de beaucoup de gens, mais je trouve Lloyd supérieur à Chaplin. Voilà, je l'ai dit.someone1600 a écrit : je trouve ses films bien réussi, meme si pour l'instant je n'ai vu aucun que je qualifierais de chef d'oeuvre comme beaucoup de Chaplin et de Keaton.
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Re: Re:
La comparaison avec Keaton concernait principalement le scénario même m'avait parut moins solide que celui de Keaton ( qui n'est pas forcement plus original ). J'avais aussi trouvé qu'il faisait plus daté mais niveau humour et émotion celui de Lloyd est en effet largement supérieur à Collegek-chan a écrit :C'est surtout la comparaison avec le Keaton qui ma fait tiquer. Visiblement, on est d'accord.allen john a écrit :Ma foi, je trouve cette critique très positive.
Sinon :
Why Worry ? ( Fred C. Newmeyer et Sam Taylor - 1923 )
Harold Lloyd délaisse ici tout réalisme pour se lancer pleinement dans le pure burlesque sans aucune prétention psychologique ou narrative. Ca donne une courte comédie qui ne manque pas de gags ( plus ou moins inégaux ) ni d’imagination pour relancer la machine en permanence. Ca tourne donc un peu en rond mais la générosité de Lloyd à ne laisser aucun moment de répit est des plus louables d’autant que la mise en scène sait le plus souvent bien mettre en avant les ressorts comiques.
Mais comme souvent avec Lloyd, je trouve qu’il manque un je-ne-sais-quoi pour me faire adhérer à fond à ses œuvres. Je trouve son univers encore un peu trop lisse et superficiel… Sans doute me manque-t-il la poésie d’un Keaton… ?
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Re: Re:
C'est sur que la différence tourne à l'avantage de Keaton, un authentique cinéaste (Lloyd aussi, dans un genre plus raisonnable) et un authentique clown, ce que n'était pas Lloyd. Mais la différence tient aussi à l'esprit Roach, l'école très particulière qui fait qu'il y aa une parenté entre les films, disons, de Charley Chase, Harold Lloyd et Stan Laurel. On est dans une production raisonnée de films, de grande qualité, mais dans lesquels le grain de folie est distillé. Chez Keaton, le grain de folie était indomptable, et apparait dans College lors des trois dernières minutes du film seulement, mais quel bonheur! Mais les deux comédiens ont deux univers tellement différents que je ne ferai pas l'amalgame. Je les préfère à Chaplin, ça, c'est sur!bruce randylan a écrit :k-chan a écrit : Mais comme souvent avec Lloyd, je trouve qu’il manque un je-ne-sais-quoi pour me faire adhérer à fond à ses œuvres. Je trouve son univers encore un peu trop lisse et superficiel… Sans doute me manque-t-il la poésie d’un Keaton… ?
Dernière modification par allen john le 31 déc. 08, 16:19, modifié 1 fois.
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
Ben justement je m'amuse bien plus chez ( certains ) Laurel & Hardy et chez Charley Chase que chez Harold Llyod où seulement Speedy m'a réellement épaté du début à la fin pour le moment.
Bon, j'en ai encore plein à voir donc je ne désespère pas de trouver d'autres merveilles du même niveau.
Quand à Chaplin, je ne préfère même pas en parler tant je n'accroche quasiment pas à son univers.
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
J'ai malheureusement manqué Speedy... j espere qu'il repassera bientot.
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
Je n'ai pas compris pourquoi, devant Safety Last (vu hier), on parle d'optimisme et d'insouciance.
J'ai trouvé l'humour au contraire tragique et pathétique, avec un personnage qui s'humilie à tour de bras. Par ailleurs je déteste l'humour dissimulateur ou imposteur.
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
Quel plaisir de lire un tel avis, je te rejoins entièrement, si j'aime Laurel et Hardy qui m'amusent, je dois dire que je suis totalement allergique à l'univers de Chaplin, bon je vois les qualités des films, mais je n'accroche pas au personnage de Charlot et ses films ne m'enthousiasment pas. Sinon je connais trop mal Harold Lloydbruce randylan a écrit :Ben justement je m'amuse bien plus chez ( certains ) Laurel & Hardy et chez Charley Chase que chez Harold Llyod où seulement Speedy m'a réellement épaté du début à la fin pour le moment.
Bon, j'en ai encore plein à voir donc je ne désespère pas de trouver d'autres merveilles du même niveau.
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
Je n'ai pas du tout accroché à ce que j'ai découvert d'Harold Lloyd il y a deux ans. C'était sur un dvd rassemblant des court ou moyen-métrages et je n'ai pas pu le terminer.
Je connais assez peu Chaplin aussi, j'ai dù voir deux ou trois films seulement. Je ne dois pas aimer suffisamment le comique burlesque.
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
On peut ne pas apprecier Chaplin ... mais de là a résumer son œuvre à du comique burlesque ...Sybille a écrit : Je connais assez peu Chaplin aussi, j'ai dù voir deux ou trois films seulement. Je ne dois pas aimer suffisamment le comique burlesque.
Qui parle d'optimisme dans Monte là-dessus ! ?Alcatel a écrit :Je n'ai pas compris pourquoi, devant Safety Last (vu hier), on parle d'optimisme et d'insouciance.
J'ai trouvé l'humour au contraire tragique et pathétique, avec un personnage qui s'humilie à tour de bras. Par ailleurs je déteste l'humour dissimulateur ou imposteur.
Parce que pour le coup ce n'est pas du tout ce que j'ai ressenti en le découvrant!
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
Je n'ai pas affirmé que je n'aimais pas Chaplin, simplement que je ne le connaissais pas suffisamment. J'aurai dù mettre ma deuxième phrase à la ligne, ça aurait peut-être été plus clair. Je l'ai évoqué parce qu'il l'avait été dans les messages précédents, et que de Lloyd à Chaplin, l'association (ou la comparaison) vient aisément. Et il me semble qu'on accole habituellement à leur films l'étiquette de "comique burlesque". Il n'y avait rien de péjoratif là-dedans, et si les films de Chaplin possèdent en même temps beaucoup d'autres dimensions, j'en ai quand même un petit peu conscience malgré mes connaissances limitées sur le sujet.hansolo a écrit :On peut ne pas apprecier Chaplin ... mais de là a résumer son œuvre à du comique burlesque ...Sybille a écrit : Je connais assez peu Chaplin aussi, j'ai dù voir deux ou trois films seulement. Je ne dois pas aimer suffisamment le comique burlesque.
Bref, pas de quoi s'affoler.
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
Au minimum le guide Télérama et le guide des films de Jean Tulard.hansolo a écrit :Qui parle d'optimisme dans Monte là-dessus ! ?Alcatel a écrit :Je n'ai pas compris pourquoi, devant Safety Last (vu hier), on parle d'optimisme et d'insouciance.
J'ai trouvé l'humour au contraire tragique et pathétique, avec un personnage qui s'humilie à tour de bras. Par ailleurs je déteste l'humour dissimulateur ou imposteur.
Parce que pour le coup ce n'est pas du tout ce que j'ai ressenti en le découvrant!
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
...Alcatel a écrit :Au minimum le guide Télérama et le guide des films de Jean Tulard.hansolo a écrit :
Qui parle d'optimisme dans Monte là-dessus ! ?
Parce que pour le coup ce n'est pas du tout ce que j'ai ressenti en le découvrant!
c'est pourtant bien le dernier des sentiments qui me semble se dégager du film!
Je partage ton incomprehension!!
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Re: Harold Lloyd (1893-1971)
Bumping into broadway (Hal Roach, 1919)
Bumping into Broadway est le premier des courts métrages de deux bobines de Harold Lloyd. Pour ceux qui ne sont pas accoutumés à ce système de mesure, on compte les films muets de plusieurs façons: en mètres en France, en pieds dans les pays Anglo-Saxons, en bobines un peu partout. La difficulté de mesurer leur durée en heures et minutes provient du fait qu'il n'y avait pas de vitesse standard. Ce qui était par contre standardisé, en particulier dans le domaine de la comédie, c'était le nombre de bobines: une équipe qui commençait une série faisait, chez Hal Roach en tous les cas, des courts métrages d'une bobine, soit 10 à 13 minutes. Pas le temps d'aller très loin, la structure restait donc soumise à une idée forte. A deux bobines, on avait le temps d'installer une intrigue de façon plus sérieuse, voire on le verra plus bas de diviser en deux actes. A trois bobines, on est dans l'antichambre du long métrage, comme par exemple avec Shoulder arms et A dog's life de Chaplin... Lloyd a commencé en 1915 avec un personnage imité de Chaplin, Lonesome Luke; les quelques films qui survivent de cette période sont peu vus, mais laissent le sentiment d'un comique volontiers grossier et peu concluant. Les premiers films ne faisaient qu'une bobine, puis les sujets sont passés à deux bobines, avant l'abandon du personnage; en 1917, lorsqu'il a chaussé des lunettes, Lloyd est donc retourné à la case départ, en tournant de nouveau des films d'une bobine. Certains étaient aussi grossiers que leurs prédecesseurs, mais après un certain temps, l'allure de son nouveau personnage a eu une influence sur les films, qui sont devenus moins grotesques, moins vulgaires. En fin 1919, Hal Roach et Lloyd sont donc passés à deux bobines, avec ce petit bijou...
Créditer un metteur en scène pour les films Sennett ou Roach est toujours délicat; d'une part, la copie n'est pas toujours renseignée à ce sujet. Ensuite, il y avait surtout chez Hal Roach une subdivision assez spéciale, qui menait chaque film sous deux responsabilités: celle d'une directeur nommé pour chaque film, et qui pouvait changer d'un film à l'autre au sein d'une série (Voir à ce sujet la liste des réalisateurs de Laurel & Hardy, par exemple), et d'autre part un superviseur, généralement un réalisateur chevronné monté en grade, avait le rôle de diriger la direction... F. Richard Jones et Leo McCarey par exemple, occuperont ce poste entre 1927 et 1929. Pour les Lloyd d'avant 1920, on trouve principalement deux metteurs en scènes officiels: Alf Goulding, et Hal Roach lui-même. Dans certaines filmographies, on voit s'ajouter le nom de Lloyd. Ma spéculation est que Lloyd se dirigeait largement lui-même, la réputation souvent justifiée de Roach comme metteur en scène très moyen étant curieusement souvent démentie par les films de cette série crédités au patron... Celui-ci en perticulier, qui met en oeuvre tout ce qui va, durant tout le reste de la période muette, faire le sel des films si soignés de Harold Lloyd...
L'intrigue de ce film est asez classique: deux coeurs solitaires, pauvres et courageux, vivent en voisins dans une pension de famille menée par une tyrannique matrone; payer son loyer est difficile, mais esquiver toute rencontre avec le dragon et son impressionnant homme de main l'est encore plus. Mais les deux tourtereaux se débrouillent quand même, elle pour trouver un travail de "girl" dans un théâtre, lui pour tenter de placer la pièce qu'il a écrite, sans succès. Après bien des déboires, le jeune homme gagne une fortune au jeu, avec laquelle il va forcément pouvoir se lancer dans la vie au coté de la jeune femme... Celle-ci est interprétée par Bebe Daniels, dans son dernier rôle auprès de Lloyd. L'alchimie entre les deux acteurs est palpable (Quatre ans de collaboration), et beaucoup plus convaincante que ce qui va venir ensuite, avec Mildred Davis, la future Mrs Lloyd. La propriétaire de la pension renvoie à la tradition plus grotesque de la comédie burlesque, mais elle est interprétée de façon solide par Helen Gilmore, assistée par le grand Noah Young, qui a trimballé sa silhouette durant 20 ans chez Roach, apparaissant en monstre, en athlète, en psychopathe, en géant demeuré chez Chase, Laurel & hardy et d'autres: ici, il est très inquiétant... Enfin, un autre acteur, l'Australien Snub Pollard, complète la distribution; il était déja le partenaire de Lloyd dans les Lonesome Luke, et en 1919, est largement cantonné au rôle peu convaincant de faire-valoir; ici, il est un metteur en scène de comédie, et reste assez secondaire. Il n'apparait que dans la deuxième bobine.
La structure du film est très soignée; comme chez Chaplin, chaque bobine est montée de manière à être aussi bien partie intégrante du tout que relativement indépendante, ainsi elles peuvent être exploitées séparément; la première se termine par le fait que le héros réussit à quitter sa maison sans se faire attrapper par la propriétaire, apportant ainsi une résolution à la mini-intrigue de la première moitié; la deuxième bobine concerne la partie "Broadway" du film, tournant autour du théâtre d'une part, et de la frustration de la pauvreté d'autre part, Bebe et Harold se retrouvant l'un et l'autre dans une maison de jeu clandestine, au milieu de tous les bourgeois qui y jouent. Les deux personnages servent bien sur de fil conducteur, mais le film commence par une petite introduction qui installe l'idée des riches Américains et de leurs distractions; ainsi, ce qui aurait pu être deux films collés l'un à l'autre devient une oeuvre beaucoup plus cohérente...
Survivre, le maitre-mot des films de Chaplin, ne s'applique pas autant aux films de lloyd. Parfois, c'est bien le sujet, comme par exemple dans From hand to mouth (Alf Goulding, 1920), mais c'tes rare. Non, l'idée principale est celle d'élévation: devenir un homme (Grandma's boy, 1922), devenir un personnage respecté de la maison (The Kid Brother, 1927), monter les échelons d'une entreprise, au propre comme au figuré (Safety Last, 1923)... Lloyd croit au rêve Américain, ses personnages le vivent souvent. Son volontarisme affiché et communicatif, basé sur un engagement total, physique et mental, le rapproche de Douglas Fairbanks, celui des comédies d'avant Mark of Zorro: même optimisme, même volonté de se mesurer physiquement au monde... Mais là ou Fairbanks ne prend que peu le temps de s'apitoyer sur lui-même, Lloyd incorpore du doute dans ses films. S'il reviendra souvent sur ces moments qui le gênaient a posteriori en coupant dans ses films comme Chaplin l'avait fait, il est intéressant de voir dans les versions originales le personnage douter, voire abandonner la partie ici ou là. Lloyd n'est pas un surhomme, et les personnages qu'ils jouent, s'ils finissent par triompher avec cluot et débrouillardise, sont passé par des moments difficiles: on ne l'en aime que plus.
Enfin, dans la copie la plus courante de ce film, on a la chance de voir à quel point les comédies n'étaient pas qu'un simple complément de programme. Non seulement le film est très soigné, ressemblant après tout dans ses valeurs de production à un long métrage dramatique; mais en plus, avec ses teintes sépia et ses intertitres dessinés et commentés, il est superbe. Lloyd et roach jouaient gros avec ce film, qui mènera à une série de deux bobines souvent brillants (Tous ont survécu, heureusement), puis des films de trois bobines, puis bien sur une série de longs métrages qu'il faut absolument voir... Donc Bumping into Broadway est indéniablement une très grande date...
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Créditer un metteur en scène pour les films Sennett ou Roach est toujours délicat; d'une part, la copie n'est pas toujours renseignée à ce sujet. Ensuite, il y avait surtout chez Hal Roach une subdivision assez spéciale, qui menait chaque film sous deux responsabilités: celle d'une directeur nommé pour chaque film, et qui pouvait changer d'un film à l'autre au sein d'une série (Voir à ce sujet la liste des réalisateurs de Laurel & Hardy, par exemple), et d'autre part un superviseur, généralement un réalisateur chevronné monté en grade, avait le rôle de diriger la direction... F. Richard Jones et Leo McCarey par exemple, occuperont ce poste entre 1927 et 1929. Pour les Lloyd d'avant 1920, on trouve principalement deux metteurs en scènes officiels: Alf Goulding, et Hal Roach lui-même. Dans certaines filmographies, on voit s'ajouter le nom de Lloyd. Ma spéculation est que Lloyd se dirigeait largement lui-même, la réputation souvent justifiée de Roach comme metteur en scène très moyen étant curieusement souvent démentie par les films de cette série crédités au patron... Celui-ci en perticulier, qui met en oeuvre tout ce qui va, durant tout le reste de la période muette, faire le sel des films si soignés de Harold Lloyd...
L'intrigue de ce film est asez classique: deux coeurs solitaires, pauvres et courageux, vivent en voisins dans une pension de famille menée par une tyrannique matrone; payer son loyer est difficile, mais esquiver toute rencontre avec le dragon et son impressionnant homme de main l'est encore plus. Mais les deux tourtereaux se débrouillent quand même, elle pour trouver un travail de "girl" dans un théâtre, lui pour tenter de placer la pièce qu'il a écrite, sans succès. Après bien des déboires, le jeune homme gagne une fortune au jeu, avec laquelle il va forcément pouvoir se lancer dans la vie au coté de la jeune femme... Celle-ci est interprétée par Bebe Daniels, dans son dernier rôle auprès de Lloyd. L'alchimie entre les deux acteurs est palpable (Quatre ans de collaboration), et beaucoup plus convaincante que ce qui va venir ensuite, avec Mildred Davis, la future Mrs Lloyd. La propriétaire de la pension renvoie à la tradition plus grotesque de la comédie burlesque, mais elle est interprétée de façon solide par Helen Gilmore, assistée par le grand Noah Young, qui a trimballé sa silhouette durant 20 ans chez Roach, apparaissant en monstre, en athlète, en psychopathe, en géant demeuré chez Chase, Laurel & hardy et d'autres: ici, il est très inquiétant... Enfin, un autre acteur, l'Australien Snub Pollard, complète la distribution; il était déja le partenaire de Lloyd dans les Lonesome Luke, et en 1919, est largement cantonné au rôle peu convaincant de faire-valoir; ici, il est un metteur en scène de comédie, et reste assez secondaire. Il n'apparait que dans la deuxième bobine.
La structure du film est très soignée; comme chez Chaplin, chaque bobine est montée de manière à être aussi bien partie intégrante du tout que relativement indépendante, ainsi elles peuvent être exploitées séparément; la première se termine par le fait que le héros réussit à quitter sa maison sans se faire attrapper par la propriétaire, apportant ainsi une résolution à la mini-intrigue de la première moitié; la deuxième bobine concerne la partie "Broadway" du film, tournant autour du théâtre d'une part, et de la frustration de la pauvreté d'autre part, Bebe et Harold se retrouvant l'un et l'autre dans une maison de jeu clandestine, au milieu de tous les bourgeois qui y jouent. Les deux personnages servent bien sur de fil conducteur, mais le film commence par une petite introduction qui installe l'idée des riches Américains et de leurs distractions; ainsi, ce qui aurait pu être deux films collés l'un à l'autre devient une oeuvre beaucoup plus cohérente...
Survivre, le maitre-mot des films de Chaplin, ne s'applique pas autant aux films de lloyd. Parfois, c'est bien le sujet, comme par exemple dans From hand to mouth (Alf Goulding, 1920), mais c'tes rare. Non, l'idée principale est celle d'élévation: devenir un homme (Grandma's boy, 1922), devenir un personnage respecté de la maison (The Kid Brother, 1927), monter les échelons d'une entreprise, au propre comme au figuré (Safety Last, 1923)... Lloyd croit au rêve Américain, ses personnages le vivent souvent. Son volontarisme affiché et communicatif, basé sur un engagement total, physique et mental, le rapproche de Douglas Fairbanks, celui des comédies d'avant Mark of Zorro: même optimisme, même volonté de se mesurer physiquement au monde... Mais là ou Fairbanks ne prend que peu le temps de s'apitoyer sur lui-même, Lloyd incorpore du doute dans ses films. S'il reviendra souvent sur ces moments qui le gênaient a posteriori en coupant dans ses films comme Chaplin l'avait fait, il est intéressant de voir dans les versions originales le personnage douter, voire abandonner la partie ici ou là. Lloyd n'est pas un surhomme, et les personnages qu'ils jouent, s'ils finissent par triompher avec cluot et débrouillardise, sont passé par des moments difficiles: on ne l'en aime que plus.
Enfin, dans la copie la plus courante de ce film, on a la chance de voir à quel point les comédies n'étaient pas qu'un simple complément de programme. Non seulement le film est très soigné, ressemblant après tout dans ses valeurs de production à un long métrage dramatique; mais en plus, avec ses teintes sépia et ses intertitres dessinés et commentés, il est superbe. Lloyd et roach jouaient gros avec ce film, qui mènera à une série de deux bobines souvent brillants (Tous ont survécu, heureusement), puis des films de trois bobines, puis bien sur une série de longs métrages qu'il faut absolument voir... Donc Bumping into Broadway est indéniablement une très grande date...
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