DEPECHE TOI SARTANA...JE M'APPELLE TRINITA
Voici le second western de Mario Siciliano (qui tourna ensuite le bizarre giallo EROTICOFOLIA puis une flopée de pornos) quelques années après l’efficace DJANGO NE PRIE PAS. Malheureusement les temps ont changé, les fayots ont remplacés les spaghetti et, avec le succès d’ON M’APPELLE TRINITA, la gaudriole s’est imposée dans le western italien qui verse de plus en plus dans la parodie peu inspirée et l’humour pipi-caca.
A l’époque les patronymes sont d’ailleurs devenus totalement vides de sens et ne servent qu’à appâter le gogo (40 ans plus tard c’est d’ailleurs encore le cas !). Trinita (Harry Baird vu dans le plaisant CERCUEIL VIVANT) est ici un Noir échappé d’une quelconque blaxploitation surnommé ainsi car il est originaire de Trinidad (il fallait y penser !). Loin du pistolero sinistre et quasi surnaturel, Sartana (le cascadeur Roberto Dell’Acqua alias Robert Widmark) est un blanc-bec blondinet et bien rasé aimant faire des acrobaties et autres cabrioles pour défaire ses ennemis.
L’intrigue, générique au possible, s’avère totalement erratique et semble constituée d’une série de saynètes pas vraiment liées entre elles exceptés par la présence de nos héros, Trinita et Sartana. Ces deux joyeux drilles cherchent à s’emparer d’une grosse quantité d’or. Ils vont d’abord voler une banque mais, attendri par des paysans rançonnés (et les beaux yeux d’une pauvre demoiselle), Trinita leur donne tout le pactole. Ensuite, nos loustics tentent de marauder le riche Burton associé à un révolutionnaire, El Tigre. Trinita, qui rêve de retourner dans les îles, et Sartana, vont vivre de nombreuses péripéties afin de s’enrichir
Dans la lignée des Hill / Spencer mais en nettement moins inspiré DEPECHE TOI SARTANA, JE M’APPELLE TRINITA se veut drôle mais pratiquement tous les gags tombent à plat. L’humour, bien lourd, est uniquement constitué de chutes dans la bouse, de pets impromptus et de concours de baffes, sans oublier quelques poussives poursuites à la Benny Hill (filmées en accéléré !) et de longuettes bagarres de saloon. Une petite romance gnangnan à souhait, quelques flashback romantiques bien niais (Trinita sur son île) agrémentent un ensemble mollasson qui peine vraiment à maintenir l’intérêt : si la première demi-heure fait vaguement illusion, la suite s’enfonce dans les tréfonds de la comédie grasse. En bref, difficile d’en dire davantage tant tout cela s’embourbe dans la médiocrité. Rien de folichon pour un long-métrage en deçà de la moyenne (pourtant basse) du western comique à l’italienne. A réserver aux seuls complétistes, les malades qui veulent tout voir !
Le succès dû pourtant être au rendez-vous puisque film bénéficia cependant d’une suite (ALLELUIA ET SARTANA FILS DE…) sorti l’année suivante et dont les avis glanés ici et là laissent entendre qu’elle serait encore pire que ce premier opus. On n’est donc pas pressé de la découvrir.