Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alligator
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Re: Pier Paolo Pasolini

Message par Alligator »

Capriccio all'italiana ([Collectif], 1968) :

La bambinaia de Mario Monicelli
Il mostro della domenica de Steno
Perche? de Mauro Bolognini
Che cosa sono le nuvole? de Pier Paolo Pasolini
Viaggio di lavoro de Pino Zac
La gelosia de Mauro Bolognini
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Le scketch de Monicelli est court, net, précis. Il fait bien, le propos est de faire la liaison ironique entre les contes de fées horrifiques de notre enfance et l'aspect peu ragoûtant des fumettis (les petites bédés). Silvana Mangano qu'on voit beaucoup dans ce film et c'est heureux joue une nurse racontant ces contes à faire pleurer les bambins qu'elle garde. C'est marrant. Plutôt bien fait et direct.

Le scketch suivant est de Steno. Il met Toto dans diverses situations vestimentaires mais surtout il lui permet de jouer un affreux jojo dont l'aversion pour les hippies le pousse à enlever quelques specimen de cette hideuse engeance pour leur couper les douilles. C'est rigolo, gentillet et ne casse pas trois pattes à un canard. Du divertissement pour mettre en valeur le comique de Toto.

Le 3e scketch est de Bolognini. On y retrouve Mangano dans un rôle démesuré mais dont la portée comique m'a quelque peu échappé. Le scketch est heureusement assez court pour être oublié.

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Le 4e est celui de Pasolini. De loin le plus intéressant. Un spectacle de marionnettes tourne vinaigre. Deux d'entre elles finissent par irriter le public et larguées dans une décharge à ciel et nuages ouverts. Elles sont jouées par Toto et Davoli qui reforment le couple des Oiseaux, petits et gros. Le segment finit en beauté, la cruauté et la poésie de Pasolini éclatante de couleurs, plein de vivacité et de questions sur l'art, la représentation et l'existence même. Scketch que je vois bien comme métaphysique et inspirant.

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Si mes souvenirs sont bons, le 5e est un scketch qui mêle adroitement il est vrai dessin animé et film d'acteur. On y retrouve la belle Silvana Mangano en reine d'Angleterre voyageant en Afrique. Le scketch s'essaie à la satire anticolonialiste mais sans grande classe ni envergure. L'animation signée Pino Zac est adroitement intégrée aux scènes réelles malheureusement pour un scketch sans autre intérêt que la présence espiègle de la déliciosa Mangano.

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Le dernier scketch, j'espère ne pas en avoir omis, est l'oeuvre encore de Bolognini et n'est pas d'une grande valeur sauf en ce qui concerne certains plans d'une belle inventivité. Notamment l'astucieuse mise en scène dans le métro milanais ou d'autres séquences extérieures. Quelques cadrages intérieurs aussi. Sinon l'histoire n'est pas originale, une histoire de jalousie maladive qui finit par lasser très rapidement, jusqu'au spectateur.

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Au final un film à scketchs italien qui par définition contient de la pizza, des pâtes, des saltimboccas mais aussi malheureusement de l'osso bucco (m'enfin, chacun ses goûts).
Cosmo Vitelli
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Re: Pier Paolo Pasolini

Message par Cosmo Vitelli »

Oui un film à sketches plutôt mineur mais pas dénué de charme.
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
matou74
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Re: Pier Paolo Pasolini (Capriccio All'Italiana -Mario Monicelli

Message par matou74 »

Bonjour,

Je cherche le film : Capriccio All'Italiana (sous-titré en FR de préférence).

Ma maman a vu une petite partie mardi dernier sur la chaine TVClassic et serait super contente de pouvoir le voir en entier.
Est-ce que quelqu'un l'aurai enregistré ?

Merci de votre aide.

Matou
M le maudit
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Re: Pier Paolo Pasolini

Message par M le maudit »

J'ai vu deux Pasolini importants récemment donc je me permets une petite intervention.

Salo

Ayant uniquement eu la chance de visionner le Décaméron du même réalisateur, je suis (c'est vraiment le moins qu'on puisse dire) passé d'un extrême à l'autre, on pourrait même dire de la vie à la mort. Beaucoup de gens connaissent le roman de Sade, plusieurs ont également entendu parler du film, mais rien de ce que vous ne pourrez lire ne vous préparera adéquatement à ce dont vous allez être témoins.

L'histoire est simple: dans l'Italie de la seconde Guerre, quatre fascistes libertins enferment neuf garçons et neuf filles dans un manoir reclus pour s'adonner à quatre mois de débauche sans limite. Mais réellement sans limite. La structure redondante du film et le retour incessant aux même rituels chaque fois poussés un cran plus loin ont tôt fait de nous rendre mal à l'aise. Au départ, avec le Circle of Obsession, ça passe encore. Sodomie homosexuelle, jeunes filles forcées à masturber de vieux hommes, bref l'habituel délire sexuel pervers.

Puis vient le Circle of Shit. La coprophagie à son plus délicieux. Une adolescente forcée de manger des excréments parce qu'elle a pleuré la mort de sa mère, les enfants obligés de se retenir de déféquer pendant une semaine afin de recueillir le plus de merde possible pour un festin des rois, j'en passe et j'en passe. C'est probablement le segment le plus purement dégueulasse sur le plan visuel, mais ce n'est rien à côté du...

Circle of Blood. Dernier segment du film et de loin le plus troublant. La psychologie tordue des protagonistes est à son point le plus déviant. Le réalisme avec lequel Pasolini dépeint une scène de scalp, puis une autre d'oeil crevé et de langue tranchée est déconcertante. Comment arriver à un résultat aussi près de la réalité? On croirait être en train de visionner un snuff movie, la scène étant rendue encore plus troublante par l'absence de son.

Les sensibles n'auront qu'à bien se tenir. Salò est une oeuvre frustrante parce qu'elle n'offre aucune solution, aucun répit et semble dénuée de raison d'être. C'est à la fois une oeuvre géniale et d'une médiocrité sans nom. Prise au premier degré, on peut accuser son créateur d'être tombé dans l'excès de provocation le plus ridicule. Mais avec du recul, il fallait quand même avoir de sacrées couilles. Pas étonnant qu'il se soit fait assassiner peu après sa sortie.


Teorema

Difficile de donner quelque opinion que ce soit de ce film, qui m'a laissé scotché sur mon siège avec un air probablement fort niais quand il s'est abruptement terminé. J'ai toujours adoré Terence Stamp, son faciès mi-ange, mi-démon, un choix logique pour ce personnage sans nom, cette figure mystique à cheval entre deux mondes. Le style de Pasolini, ses longs plans, son esthétique froide et minimaliste, tout ça m'a bien plu si on reste du côté cinématographique.

Il est clair qu'il y a dans ce film une symbolique forte qui ne saurait être décryptée après un seul visionnement. Je me suis contenté de me laisser baigner dans les images, dans les émotions qu'elles suscitaient, sans trop me poser de questions. D'après moi, Teorema est en partie une étude sur le vide existentiel, sur l'impossibilité de continuer sa vie après que l'on ait fait l'expérience réelle de la plénitude. Le corps qui ne se suffit plus à lui-même, voué à chercher éternellement la main de Dieu dans une existence foncièrement dénuée de finalité.
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Roy Neary
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par Roy Neary »

UP !

DVDClassik met à jour sa chronique de Salo en faisant un comparatif avec le Blu-ray édité par Carlotta.
L'analyse du film est toujours l'œuvre de Jordan White bien sûr. :wink:

:arrow: Salo ou les 120 journées de Sodome
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Alligator
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par Alligator »

Il Decameron (Pier Paolo Pasolini, 1971) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... meron.html

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Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas offert de promenade en Pasolinie. Ce décaméron (édité par Carlotta) est une oeuvre qui mériterait une restauration, tant la copie présentée montre moult ratures et faiblesses en tout genre. La dernière fois que je l'avais vue, il y a 4 ou 5 ans, elle ne m'avait pas fait une aussi grande impression que lorsque j'ai découvert "Accattone" ou "Des oiseaux, petits et gros". Cette revoyure ne suscite pas non plus un enthousiasme débordant.

Pourtant j'apprécie avec une certaine jubilation le style de Pasolini et le parti pris réaliste et poétique de figurer un Moyen-Age coloré, naturel, suintant, sentant, dégoulinant de vie et de mort. Le cinéaste parvient à créer un objet très étrange, à la fois plongé dans un quotidien où les personnages sont la preuve physique de la fidélité à une certaine réalité historique -les pauvres sont édentés, pouilleux, les nobles affichent de magnifiques habits et de belles dents, le Moyen-Age est une période à la variété sociale très chromatique- et dans le même temps il ancre volontiers ses personnages dans des décors réels, superbes et les encadre de façon picturale afin de relier son film à toute l'histoire de l'art (peinture, sculpture, architecture, littérature et musique). En somme, il fonde son hommage à l'art médiéval sur un canevas ultra-réaliste, ce qui donne un film étonnant, très intense, où sous des airs de gaîté et d'insouciance éclatent des bulles d'angoisse existentielle.

Du Décaméron de Boccace résident sans doute un dynamisme originel du récit ainsi que sa cruelle gaîté. L'aspect "scketch" du film n'est pas gênant, tant Pasolini réussit à donner une belle unité à l'ensemble. Eros et Thanatos sont ici sur le même bateau, à la proue, chantent de concert la même louange : les contes de la vie et de la mort.

Pour bien entrer dans cette histoire, il convient avant tout de ne pas être rétif à la mise en scène très particulière de Pasolini : sa direction d'acteurs est pour le moins originale et d'aucuns la qualifieraient aisément d'inexistante. C'est en effet l'impression qu'elle peut donner à voir. La post-synchronisation -technique habituelle dans le ciné italien- met l'accent sur ce décalage entre le fait et le dit. Les comédiens pour la plupart amateurs rendent leur mise en scène comme erratique. Mais à l'instar de nombreux autres cinéastes, je trouve à ce procédé artistique un charme certain. Sans doute faut-il y voir le fait souligné plus haut : que les acteurs représentent plutôt des figures peintes sur un tableau que des personnages libres de leurs actes et de leurs destinées. J'ai le sentiment que Pasolini en prenant appui sur le Décaméron interroge l'éternelle question du libre-arbitre, métaphysique qui semble habiter toute la filmographie du cinéaste italien.
Alligator
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par Alligator »

I racconti di Canterbury (Les Contes de Canterbury) (Pier Paolo Pasolini, 1972) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... rbury.html

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Après le Décaméron, il semblerait que Pasolini se soit vautré dans ces contes avec plus de délices, moins de retenue. Il offre à notre vue davantage de sexes, de seins. Plus érotique, plus scatologique aussi. N'ayant pas lu les contes, je ne sais à qui l'on doit cet aspect plus flagrant.

Les éléments de comédie, voire de burlesque -l'hommage de Ninetto Davoli à Charlot est le plus évident mais pas le seul- structurent beaucoup plus le récit. Les personnages sont toujours très cruellement desservis par des situations comiques. Ici l'humour très noir le dispute à un humour érotico-paillard, rose chair. Ces contes sont un rire gras, rabelaisien derrière lequel se cache comme le Décaméron une fascination mêlée d'appréhension profonde pour la mort.

Ayant vu les premiers volets de ce triptyque pasolinien peu de temps l'un après l'autre, peut-être que je me méprends sur les différences et les points communs,.n'ayant pas assez de recul pour faire une bonne comparaison. D'autant plus que l'aspect formel est identique : toujours cette direction d'acteurs improbables; décalés, toujours cette effervescence.

A peine note-t-on que les moyens sont plus importants : la figuration est en quantité impressionnante, les décors gigantesques, on a des rues entières qui sont mobilisées et transformées pour tenir cadre à l'action. Pasolini se paye même la trogne gargantuesque de Hugh Griffith pour compléter sa distribution italo-britannique.

Tous ces éléments mis bout à bout devraient emporter mon adhésion, or, je préfère sans problème le Décaméron, plus grave, moins mouvementé. Ces contes font trop la part belle au burlesque pour me ravir complètement.
J'avoue cependant que la vision de l'enfer comique de Pasolini est assez drôle et jubilatoire.
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par frédéric »

Théorème

Premier Pasolini que je voyais par le biais de Brion, je voulais tenter l'expérience et je pense que je ne recommencerais pas tant l'expérience fût complètement insupportable. Je suis resté de marbre devant ce film que j'ai trouvé limite grotesque. Je peux comprendre la démarche du cinéaste et des admirateurs du film et je ne suis pas refermé à un certain cinéma plus exigeant mais là et j'ai eu du mal à aller jusqu'au bout.
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par Père Jules »

Et là on se dit "qu'est-ce que ça aurait été si tu avais commencé par Salo ou Porcile" ? :D
Plus sérieusement, quand on débute avec Pasolini, Théorème n'est pas forcément le premier film à voir. En réalité, il me parait tout à fait pertinent de découvrir cet artiste chronologiquement. Je ne peux que t'encourager à retenter ta chance avec Accattone ou Mamma Roma.
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Et éventuellement à redonner une chance à ce chef-d'œuvre qu'est Théorème par le biais de Deleuze
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par Akrocine »

De mon coté j'ai découvert Oedipe Roi qui est mon 1er Pasolini, et j'ai été plutôt séduit! En même temps j'adore Jodorowsky, et autres films riches en idées et images barrées :fiou:

Les plans larges dans le désert Marocains sans superbes :shock: , les décors, costumes et accessoires renforcent l'aspect visuel de cette adaptation de la tragédie grecque. La seul chose que je reproche est la natation beaucoup trop proches de la tragédie justement, le sentiment de ne voir qu'un enchaînement de scènes alors que Pasolini aurait duy rendre l'histoire plus fluide (enfin c'est son choix).

En me rendant sur IMDB pour voir la filmo. du monsieur je découvre qu'il ne manque plus que "Porcherie" en France! A quand une édition Carlotta?
"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par frédéric »

Père Jules a écrit :Et là on se dit "qu'est-ce que ça aurait été si tu avais commencé par Salo ou Porcile" ? :D
Plus sérieusement, quand on débute avec Pasolini, Théorème n'est pas forcément le premier film à voir. En réalité, il me parait tout à fait pertinent de découvrir cet artiste chronologiquement. Je ne peux que t'encourager à retenter ta chance avec Accattone ou Mamma Roma.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Et éventuellement à redonner une chance à ce chef-d'œuvre qu'est Théorème par le biais de Deleuze

En fait, j'ai pas eu d'autres Pasolini "sous la main" et j'en ai profité pour qu'il passe chez Brion pour le voir.
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par Bugsy Siegel »

C'est sûr que pour citer un grand critique de cinéma de notre époque : "Théorème...C'est très nouvelle vague". Les films les plus abordables de Pasolini restent selon moi Le Décaméron, Les Contes de Canterbury et Les Mille Et Une Nuits. Si tu as l'occasion de les voir : fonce !
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par joe-ernst »

Akrocine a écrit :La seul chose que je reproche est la natation beaucoup trop proches de la tragédie justement, le sentiment de ne voir qu'un enchaînement de scènes alors que Pasolini aurait duy rendre l'histoire plus fluide (enfin c'est son choix).
Tu avais piscine aujourd'hui ? :mrgreen:
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par Amarcord »

Akrocine a écrit : La seul chose que je reproche est la natation beaucoup trop proches de la tragédie justement, le sentiment de ne voir qu'un enchaînement de scènes alors que Pasolini aurait duy rendre l'histoire plus fluide (enfin c'est son choix).
C'est un peu le propre du cinéma de Pasolini, cette tendance à une narration proche de la tragédie. On a souvent l'impression d'une succession de tableaux plus ou moins "figés" (ce n'est pas péjoratif, car c'est ce que j'aime particulièrement chez Pasolini, quant à moi), comme certains plans du Casanova ou de Satyricon de Fellini, ou la plupart des films de Paradjanov. Jusque dans la manière de jouer de ses acteurs (qui fait qu'on identifie assez vite un film de Pasolini, rien qu'à la manière qu'ont les acteurs de dire leur texte... un peu comme les Rohmer ou, plus encore, les Bresson), il y a une impression de statisme qui peut éventuellement glacer. Personnellement, j'aime beaucoup ce sens de la théâtralité (qui n'empêche pas la fluidité, je trouve), qui sert remarquablement bien non seulement la forme des films de Pasolini (qui prennent, avec ce dispositif, une forme un peu intemporelle), mais aussi le fond (les sujets qu'il choisit sont souvent directement liés aux grands mythes fondateurs, aux classiques, intemporels aussi, par définition). C'est vrai que ça peut paraître froid, hermétique même. Mais paradoxalement (a priori, en tout cas), et sans que je sache l'expliquer vraiment, je trouve qu'en même temps, il y a une incroyable vigueur dans ce cinéma-là, ça respire, c'est très charnel, sensuel (parfois même aussi sexuel, évidemment). J'ai vu, sur un topic ici, que Pasolini était le nom qui revenait le plus souvent quand on demandait de citer un cinéaste "morbide" : c'est très révélateur de ce qu'il inspire. C'est d'ailleurs intéressant de le constater. Mais je pense que si on accepte que ce cinéma n'est pas forcément "aimable" (en tout cas ce n'est pas sa qualité première, à l'évidence !), on peut l'apprécier à sa juste valeur.
Et, effectivement, il y un sens de l'esthétique rare qui se traduit notamment dans les décors, la manière de montrer la nature (Oedipe Roi et Médée sont, à ce titre, exemplaires de cela), dans l'utilisation des couleurs, aussi.
[Dick Laurent is dead.]
Alisou Two
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Re: Pier Paolo Pasolini (1922-1975)

Message par Alisou Two »

on attend toujours la sortie en dvd de PORCHERIE (qui a été diffusé fin 2007 sur cinéclassics en vf)
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