Bette Davis (1908-1989)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18371
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par Kevin95 »

DEAD RINGER - Paul Henreid (1964) découverte

Thriller tordu, parfois malsain (l’histoire tourne autour de Bette Davis qui veut buter sa sœur jumelle pour l’amour du pognon), parfois étouffant (cf. la vie dans la villa rococo) qui entre les mains d’un Robert Aldrich aurait sans doute touché au génial. Bob n'est pas libre, du coup la Warner file le projet à l'acteur Paul Henreid qui ne demandait que ça pour enfin avoir sa carte de metteur en scène après quelques travaux télévisés. Pour la réalisation fiévreuse on repassera, Henreid filme son piège à rat avec une retenue insultante (pour le scénariste), sans le mordant nécessaire à ce jeu de massacre où tout le monde veut la peau de tout le monde (même le brave Karl Malden a un gout de revanche dans la bouche). C'est d'autant plus frustrant que Dead Ringer était à rien pour être une petite perle noire, manquait juste un réalisateur aux dents aiguisées. Pas grave le film est tout de même une bande estimable, conduite par une brochette d'enfoirés avec en tête une Bette Davis carnassière mais toujours touchante. Mention spéciale à Peter Lawford, ignoble en gigolo pour vieilles peaux.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
francesco
Accessoiriste
Messages : 1632
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par francesco »

Le Davis n'est pas mal du tout, mais, franchement, il faut voir la première version avec Dolores del Rio (1946) qui est un superbe film noir mexicain.
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22283
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par Supfiction »

Front page woman ce soir au CDM
Un scénario toujours d’actualité..
Avec l'assurance que lui confère sa position de journaliste vedette, le reporter Curt Devlin considère qu'aucun représentant de la gent féminine ne pourra jamais prétendre être un journaliste digne de ce nom. Passablement agacée par ce raisonnement à ses yeux totalement dénué de fondement, Ellen Garfield entend bien lui démontrer son erreur et se lance sur les traces d'un criminel incendiaire. Tous deux font cavaliers seuls, moins pour mettre l'assassin hors d'état de nuire.

Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22283
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par Supfiction »

Quand deux légendes s’imitent: what a dump!



Sinon, elle est géniale dans ce passage chez Johnny Carson. On dirait Margo en vraie.

Avatar de l’utilisateur
Miss Nobody
heureuse d'être contente
Messages : 9562
Inscription : 23 oct. 05, 16:37
Localisation : Quelque part ailleurs

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par Miss Nobody »

Je profite de cette remontée de topic pour dire du bien de Beyond the Forest - La Garce de King Vidor, un film qui (une fois n'est pas coutume) porte très bien son titre français.

Le film un peu malaimé, je crois, mais à mon avis, il mérite pourtant complètement d'être vu et revu.
Ce n'est certes pas un chef d'oeuvre mais il faut le voir pour Bette Davis qui porte et emporte tout le film. Elle qui n'a pas du tout le physique ou même l'âge de la femme fatale qu'elle incarne... elle nous fait son cinéma... excessivement... magistralement... et on y croit. C'est vraiment la mauvaise femme, la garce, dans toute sa splendeur : acariâtre, vénale, ambitieuse, adultère, criminelle, dominante... On la déteste et on l'adore, et on adore la détester.

Parce que le film est imparfait et assez exubérant, il a aussi un côté assez camp (on n'est pas loin des personnages hauts en couleur d'Aldrich d'ailleurs). De mon côté, j'avais trouvé cela vraiment savoureux. :P

Image
bogart
Réalisateur
Messages : 6527
Inscription : 25 févr. 04, 10:14

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par bogart »

Miss Nobody a écrit : 17 janv. 21, 15:54 Je profite de cette remontée de topic pour dire du bien de Beyond the Forest - La Garce de King Vidor, un film qui (une fois n'est pas coutume) porte très bien son titre français.

Le film un peu malaimé, je crois, mais à mon avis, il mérite pourtant complètement d'être vu et revu.
Ce n'est certes pas un chef d'oeuvre mais il faut le voir pour Bette Davis qui porte et emporte tout le film. Elle qui n'a pas du tout le physique ou même l'âge de la femme fatale qu'elle incarne... elle nous fait son cinéma... excessivement... magistralement... et on y croit. C'est vraiment la mauvaise femme, la garce, dans toute sa splendeur : acariâtre, vénale, ambitieuse, adultère, criminelle, dominante... On la déteste et on l'adore, et on adore la détester.

Parce que le film est imparfait et assez exubérant, il a aussi un côté assez camp (on n'est pas loin des personnages hauts en couleur d'Aldrich d'ailleurs). De mon côté, j'avais trouvé cela vraiment savoureux. :P

Image
Vu également pour la première fois cet après-midi.

On est loin des grands films de King VIDOR mais le jeu de Bette Davis emporte l'adhésion à son personnage de garce.

Par contre Joseph COTTEN est transparent dans ce film !
Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22283
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par Supfiction »

Entre La garce, L’intruse, La vipère, L’insoumise, L'Emprise .. je me mélange tout le temps (merci les titres français). :P

Pendant que je suis là :

Avatar de l’utilisateur
Erich
Assistant(e) machine à café
Messages : 130
Inscription : 10 nov. 17, 20:46

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par Erich »

A voir en ce moment sur le site Henri de la Cinémathèque : une conférence de presse de Bette Davis à la Cinémathèque en 1986. Même si certaines réponses sont assez convenues, c'est un plaisir de la voir, impériale et enchaînant les cigarettes, citer sa fameuse réplique de Cabin in the Cotton ("I'd like ta kiss ya, but I just washed my hair."), balancer sur Alberto Sordi (qu'elle surnomme Mister Sordid) sur le tournage de L'Argent de la vieille ou évoquer la chanson de Kim Carnes Bette Davis Eyes ("My grandson was very impressed !").

https://www.cinematheque.fr/henri/film/ ... vers-1986/

Image
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18552
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Bette Davis (1908-1989)

Message par Profondo Rosso »

L'Intruse de Alfred E. Green (1935)

Image

Don Bellows rencontre son idole Joyce Heath, une ancienne actrice de théâtre, dans un bar. Comme elle est ivre-morte et qu'elle n'a aucun papier sur elle, il la raccompagne chez lui. Malgré les reproches de Mrs Williams, la gouvernante, elle s'installe chez lui et avoue porter malheur à tous ceux qui l'approchent.

L'Intruse est pour Bette Davis une forme de prolongation d'un de ses plus fameux rôles tourné l'année précédente, L'Emprise de John Cromwell (1934). Bette Davis y retrouve en effet cet emploi de fille perdue entraînant égoïstement dans sa chute un homme éperdument amoureux d'elle. Consciente de cette proximité, Bette Davis refusera d'ailleurs le rôle quand il lui sera proposé, avant que le producteur Hal B. Wallis parvienne à la convaincre. En effet, contrairement à la fille des rues de L'Emprise, Joyce Heath (Bette Davis) est une grande actrice déchue et le scénario de Laird Doyle s'inspire du destin tragique et encore contemporain de Jeanne Eagles - d'ailleurs explicitement cité dans un dialogue comparant son talent à celui de Joyce Heath. Le film s'ouvre ainsi directement sur une Joyce Heath dont l'ancien éclat demeure imprégné au sein d'un public restreint, tandis qu'elle végète dans les bas-fonds. Don Bellows (Franchot Tone) a justement vu sa vie bouleversée par une prestation de Joyce Heath au temps de sa splendeur, au point de le convaincre d'abandonner sa vie médiocre pour entamer une carrière d'architecte à succès. Lorsqu'il retrouve l'ancienne gloire à l'état d'épave, il décide de lui rendre ce qu'elle lui a indirectement donné en la remettant sur pied.

Bette Davis parvient à offrir une vraie variation de son rôle dans L'Emprise auquel on serait maladroitement trop tenté de le comparer. Là où le personnage du film de 1934 était d'une bassesse irrécupérable, un véritable fruit pourri, Joyce Heath est davantage une figure qui a abandonné, qui a laissé le malheur définitivement submerger son existence. Quand un quidam croit la reconnaître dans la rue, elle renie son ancienne identité et, lors d'une magnifique scène, laisse entrevoir son ancienne grâce quand titubante et hagarde elle déclame soudain avec passion une tirade de Shakespeare. Bette Davis exprime la légende du talent déchu et la malédiction du malheur inéluctable pesant sur Joyce Heath, par mélange séduisant d'agressivité et de douceur. Don Bellows passe de bon samaritain à amant bien malgré lui, Alfred E. Green exprimant cette bascule dans une magnifique montée de tension érotique durant une scène de tempête. La fureur des éléments en contrepoint de l'étreinte langoureuse du couple exprime ainsi implicitement la destinée funeste et la passion gravitant autour de Joyce Heath, appuyée par les nuances de la photo d'Ernest Haller instaurant une atmosphère sombre et langoureuse. L'alchimie entre Bette Davis et Franchot Tone est vraiment électrique dans ces moments-là, puisqu'une liaison s'était nouée en coulisse entre les deux stars, la légende voulant que l'inimitié avec Joan Crawford (alors fiancée à Franchot Tone) naisse de cet épisode. On sent malgré tout une autre différence avec L'Emprise, celle d'un film plus explicitement marqué par l'application désormais stricte du Code Hays. La dernière partie se tient thématiquement dans l'idée de faire prendre conscience à Joyce du mal qu'elle a pu faire et de l'amener à réparer ses erreurs. Néanmoins le scénario endosse cela en refusant tout élément "immoral" mais satisfaisant romantiquement pour le spectateur, pour choisir l'issue la plus consensuelle qui soit. Bette Davis remportera son premier Oscar de la meilleure actrice avec ce film, mais estimera qu'il s'agissait d’un prix de compensation par l'académie après ne pas lui avoir attribué pour L'Emprise. 4,5/6
Répondre