Tonkaradani
Sorte d'anthologie de (trés) courtes histoires pour enfants, Tonkaradani n'apporte strictement rien de nouveau chez Tezuka d'autant plus que les "nouvelles" semblent faire partie d'oeuvres beaucoup plus anciennes de l'auteur. C'est donc trés naïf et viellot dans le trait et la moralité assez gnangnan il faut avouer.
La première histoire ( et la plus longue ) est à ce titre assez ratée. Le sort s'acharne sur la pauvre héroïne avec une acumulation à rendre crédible l'intrigue de Kim Bauer dans la saison 2 de
24
Et vu que l'histoire lorgne grandement du coté de
la légende de la forêt en moins inspirée, on ne peut qu'être septique face au résultat obtenu.
Le reste des histoires oscillent ainsi entre dispensable (
Mignon,
Col-blanc,
le diable s'invite ) le sympathique ( on retrouve
Princesse Saphire rapidement, le poétique
les yeux de mamans, l'attachant
Chante benny ! ) ou le réussi :
La pate de maman en à peines 3 pages retrouve la force du sacrifice qui servait d'introduction à
Bouddha pour être trés émouvante ( j'ai eut les yeux embuer un moment
)
Les écailles d'or ( toujours 3 pages ) étonne par sa maitrice du récit comme
Le Haut de Forme véritable délice et délire qui tourne autour d'un chapeau qui passe de personnages en personnages. Il y a une bonne vingtaine de personnages ( soit plus de pages que ce que le récit n'en constitue
) et tous sont devellopés avec précision. Le rythme et la virtuosité narrative de Tezuka sont tout bonnement époustouflante.
Enfin le receuil se termine avec
la source au grue, jolie histoire qui renoue avec le pessimisme sur la l'âme humaine.
Au final, sur les 200 pages, seul un tiers mérite l'achat. Ca s'adresse donc exclusivement aux fans collectionneurs ( je suis toujours aux anges de découvrir ses travaux plus anciens ) ou aux tous petits qui devraient trouver ça trés mimi.
Par contre, comme pour
Unico, je sens que certaines histoires étaient en couleur mais que l'éditeur à tout passé en NB ( ou alors ils se sont plantés à l'impression )
Don Dracula
Tezuka s'offre une petite récréation pleine d'humour avec ce manga assez court où l'en sent un plaisir évident à dessiner le monstre mythique de la Universal ( Tezuka avait déjà donné sa version de
l'homme invisible ou de
Frankestein ) dans le japon des années 80
C'est certes sans prétention ( même si le deuxième tome renoue avec quelques fois avec ses préocupations morales ) mais les personnages sont attachants, la relation entre Dracula et sa fille assez émouvante et surtout l'ambiance humoristique fonctionne parfaitement. C'est loin d'être un titre incontournable mais c'est trés sympathique.
L'arbre au soleil
L'originalité première de l'oeuvre est le mélange entre l'aspect trés documentaire sur cette époque trouble et de fiction puisque l'un des 2 héros n'est rien d'autre que le grand père de Tezuka lui-même !
Le mélange fonctionne une nouvelle fois grace au magnifique talent de conteur de l'auteur qui rend la multitude d'intrigues et de personnages complexes et captivants.
Bien sur, vu la densité et l'ambition narrative il faut un certain temps pour rentrer dans l'histoire d'autant que le 1er tome se contente uniquement de présenter les personnages avec un humour qui ne marche pas toujours. Mais une fois que les trames politico-historique se mettent en jeux, il est difficile de ne pas enchainer les tomes les uns à la suite des autres.
Il y a un vrai vrai souffle épique qui parcourt ce manga jusqu'à la fin sans que celà nuise aux personnages principaux qui loin d'être idéalisé se révèle souvent être aussi bourré de défauts et seulement victime de l'Histoire avec un "H" majuscule.
C'est donc totalement dénué de manichéeisme et la lecture se montrera surement même un peu trop compliquée pour ceux rompus à la culture japonaise de l'époque toujours délicate à résumer.
Un excellent manga qui frôle le chef d'oeuvre pour ses problèmes de rythme au début et ses quelques répétitions mais que je conseille fortement d'autant que la noirceur psychologique qui caractérise la fin de carrière de Tezuka est ici absente pour un ton plus sobre et attachant tout en se révélant passionnant. Et puis les dernières phrases touchent directement au coeur.