Re: Les derniers Bonus que vous avez vus
Publié : 10 oct. 19, 23:39
Le 15eme numéro de la (superbe) collection Make my day est consacré à Cold sweat, et si on retrouve l'habituelle présentation de Jean-Baptiste Thoret, qui révèle un peu l'intrigue, il y a deux autres bonus de poids.
Le premier, 42 minutes, est consacré au film, mais plus largement à Charles Bronson, et c'est une passionnante analyse de Philippe Setbon, auteur du seul livre français consacré à l'acteur, et qui fut le réalisateur de Cross ainsi que d'un film avec Jeff Goldblum, Mister Frost.
En fin de compte, on parle assez peu de Cold sweat, mais plus de la biographie de Charles Bronson, onzième d'une famille de quinze enfants, de sa carrière sous les drapeaux durant la guerre, et de son très long parcours d'acteur où, de figuration en silhouette, il commença à décoller dans Les sept mercenaires, puis alla faire une carrière en Europe à la fin des années 1960, chez Leone, Clément, Young... jusqu'à son retour en Amérique et le triomphe de Un justicier dans la ville, qui va le consacrer comme star à 52 ans, et dont le succès sera tel qu'il prendra peur en quelque sorte et va se cantonner quasi-exclusivement à l'action jusqu'à la fin de sa carrière, en 1998.
Bien que Setbon soit un amateur de l'acteur (en revenant particulièrement sur son physique atypique pour l'époque), il parle en toute franchise de ses défauts, qu'il pouvait être cassant, difficile avec ses partenaires sur les plateaux, et notamment son exigence particulière qui fut que son épouse Jill Ireland devait avoir un rôle dans tous ses films. Il revient aussi sur sa relation avec Michael Winner, avec qui il va tourner six fois, où des passages de la biographie de ce dernier sont cités, et qui sont assez drôles (notamment sur le fait que Death wish représenterait l'avis de Bronson vis-à-vis de la justice, ce dernier étant républicain).
Il revient ensuite sur Cold sweat, modèle improbable de production européenne (franco-italienne, acteurs américains, anglais et français, réalisateur anglais, actrice norvégienne...), tout en pointant les multiples incohérences du film, mais il est dommage qu'il ne parle pas justement de cette spécificité à l'époque de tourner des co-productions européennes, qui a disparu aujourd'hui. Car en fin de compte, si l'histoire se passe dans le Sud de la France, il n'y a que deux acteurs locaux ; Michel Constantin et Jean Topart.
Il est vrai qu'aujourd'hui, il n'existe rien sur Charles Bronson, alors je suis preneur de ce bonus où l'interlocuteur est passionnant à écouter, à tel point qu'on peut entendre par moment Jean-Baptiste Thoret pouffer devant les anecdotes parfois amusantes de Philippe Setbon.
Quant aux deuxième, c'est une interview télévisée de 52 minutes avec Michel Constantin issue d'une émission belge, Cinéscope, dénichée par Jérôme, et datée de 1975, donc sans rapport avec Cold sweat, excepté un court passage ; l'acteur parlait de ses mémoires, Ma grande gueule, du volley-ball au cinéma, publiées deux ans plus tôt.
Excepté sa jeunesse, où il a fait 1000 métiers (de blanchisseur à joueur de volleyball, en passant par animateur dans un village de vacances, et journaliste à L'équipe, alors qu'il était encore acteur), je dois dire que ça n'est pas toujours passionnant à voir, l'acteur se montrant parfois mal à l'aise sur des choses sans doutes intimes (sur l'amitié, son rapport avec les femmes...), au point qu'il fume cigarette sur cigarette et qu'il semble parfois ne pas regarder son interlocuteur.
Il reste quelques anecdotes marquantes comme son recrutement pour Le trou, qui fut son premier film, et qui fut choisi grâce à Jean Becker, le fils de Jacques, qui faisait du volleyball avec lui, et lui demanda de passer des essais, alors qu'il était journaliste dans L'équipe. Donc, à la manière de Lino Ventura pour Touchez pas au grisbi, comme il ne comptait pas faire du cinéma, il était en mesure de demander un gros cachet.. qui lui fut accordé. Et c'est ainsi qu'il a joué dans des tas de films, car c'est un homme qui a eu tellement de métiers qu'il aurait pu rebondir dans un autre registre.
C'est aussi une époque où les émissions manquaient cruellement de rythme, et là, on ressent les 52 minutes, car c'est à peine si l'interviewer apporte la contradiction.
Etat d'urgence : le blu-ray paru chez Metropolitan propose une interview de son réalisateur, Frédéric Forestier, de 30 minutes, et je dois dire que, malgré le pedigree du réalisateur, c'est vraiment passionnant. Constamment de bonne humeur, il revient sur la chance qu'il a eue de faire un premier film américain, à la suite du succès de son court-métrage à Sundance en 1993, et qu'il a eu l'opportunité de travailler avec Dolph Lundgren, et Roy Scheider (après que Dennis Hopper fut envisagé, dans le rôle du président américain). Il a pu tourner un film à seulement 26 ans, et son enthousiasme était si communicatif qu'il était en parfaite harmonie avec l'équipe, notamment celle des effets spéciaux, dont on voit le système D fonctionner à plein tube. Par exemple, une explosion nucléaire, qui est représentée ... par un nuage de cotons.
Il y a pas mal d'extraits de tournage, et des extraits du storyboard, où Forestier savait là où il allait, jusqu'à glisser dans la fusée quasi-finale une référence à Docteur Folamour, revient sur les exigences de Dolph Lundgren, qui ne se sentait pas encore à l'aise en tant qu'acteur, et sur les pressions de la production pour boucler les 8 semaines de tournage pour (seulement) 10 millions de dollars. On perçoit juste une déception sur le fait que le film ne soit pas sorti en salles aux USA, seulement dans quelques pays Orientaux et en Italie, mais ça a clairement lancé le réalisateur une fois rentré en France, et ça sera Le boulet.
Le premier, 42 minutes, est consacré au film, mais plus largement à Charles Bronson, et c'est une passionnante analyse de Philippe Setbon, auteur du seul livre français consacré à l'acteur, et qui fut le réalisateur de Cross ainsi que d'un film avec Jeff Goldblum, Mister Frost.
En fin de compte, on parle assez peu de Cold sweat, mais plus de la biographie de Charles Bronson, onzième d'une famille de quinze enfants, de sa carrière sous les drapeaux durant la guerre, et de son très long parcours d'acteur où, de figuration en silhouette, il commença à décoller dans Les sept mercenaires, puis alla faire une carrière en Europe à la fin des années 1960, chez Leone, Clément, Young... jusqu'à son retour en Amérique et le triomphe de Un justicier dans la ville, qui va le consacrer comme star à 52 ans, et dont le succès sera tel qu'il prendra peur en quelque sorte et va se cantonner quasi-exclusivement à l'action jusqu'à la fin de sa carrière, en 1998.
Bien que Setbon soit un amateur de l'acteur (en revenant particulièrement sur son physique atypique pour l'époque), il parle en toute franchise de ses défauts, qu'il pouvait être cassant, difficile avec ses partenaires sur les plateaux, et notamment son exigence particulière qui fut que son épouse Jill Ireland devait avoir un rôle dans tous ses films. Il revient aussi sur sa relation avec Michael Winner, avec qui il va tourner six fois, où des passages de la biographie de ce dernier sont cités, et qui sont assez drôles (notamment sur le fait que Death wish représenterait l'avis de Bronson vis-à-vis de la justice, ce dernier étant républicain).
Il revient ensuite sur Cold sweat, modèle improbable de production européenne (franco-italienne, acteurs américains, anglais et français, réalisateur anglais, actrice norvégienne...), tout en pointant les multiples incohérences du film, mais il est dommage qu'il ne parle pas justement de cette spécificité à l'époque de tourner des co-productions européennes, qui a disparu aujourd'hui. Car en fin de compte, si l'histoire se passe dans le Sud de la France, il n'y a que deux acteurs locaux ; Michel Constantin et Jean Topart.
Il est vrai qu'aujourd'hui, il n'existe rien sur Charles Bronson, alors je suis preneur de ce bonus où l'interlocuteur est passionnant à écouter, à tel point qu'on peut entendre par moment Jean-Baptiste Thoret pouffer devant les anecdotes parfois amusantes de Philippe Setbon.
Quant aux deuxième, c'est une interview télévisée de 52 minutes avec Michel Constantin issue d'une émission belge, Cinéscope, dénichée par Jérôme, et datée de 1975, donc sans rapport avec Cold sweat, excepté un court passage ; l'acteur parlait de ses mémoires, Ma grande gueule, du volley-ball au cinéma, publiées deux ans plus tôt.
Excepté sa jeunesse, où il a fait 1000 métiers (de blanchisseur à joueur de volleyball, en passant par animateur dans un village de vacances, et journaliste à L'équipe, alors qu'il était encore acteur), je dois dire que ça n'est pas toujours passionnant à voir, l'acteur se montrant parfois mal à l'aise sur des choses sans doutes intimes (sur l'amitié, son rapport avec les femmes...), au point qu'il fume cigarette sur cigarette et qu'il semble parfois ne pas regarder son interlocuteur.
Il reste quelques anecdotes marquantes comme son recrutement pour Le trou, qui fut son premier film, et qui fut choisi grâce à Jean Becker, le fils de Jacques, qui faisait du volleyball avec lui, et lui demanda de passer des essais, alors qu'il était journaliste dans L'équipe. Donc, à la manière de Lino Ventura pour Touchez pas au grisbi, comme il ne comptait pas faire du cinéma, il était en mesure de demander un gros cachet.. qui lui fut accordé. Et c'est ainsi qu'il a joué dans des tas de films, car c'est un homme qui a eu tellement de métiers qu'il aurait pu rebondir dans un autre registre.
C'est aussi une époque où les émissions manquaient cruellement de rythme, et là, on ressent les 52 minutes, car c'est à peine si l'interviewer apporte la contradiction.
Etat d'urgence : le blu-ray paru chez Metropolitan propose une interview de son réalisateur, Frédéric Forestier, de 30 minutes, et je dois dire que, malgré le pedigree du réalisateur, c'est vraiment passionnant. Constamment de bonne humeur, il revient sur la chance qu'il a eue de faire un premier film américain, à la suite du succès de son court-métrage à Sundance en 1993, et qu'il a eu l'opportunité de travailler avec Dolph Lundgren, et Roy Scheider (après que Dennis Hopper fut envisagé, dans le rôle du président américain). Il a pu tourner un film à seulement 26 ans, et son enthousiasme était si communicatif qu'il était en parfaite harmonie avec l'équipe, notamment celle des effets spéciaux, dont on voit le système D fonctionner à plein tube. Par exemple, une explosion nucléaire, qui est représentée ... par un nuage de cotons.
Il y a pas mal d'extraits de tournage, et des extraits du storyboard, où Forestier savait là où il allait, jusqu'à glisser dans la fusée quasi-finale une référence à Docteur Folamour, revient sur les exigences de Dolph Lundgren, qui ne se sentait pas encore à l'aise en tant qu'acteur, et sur les pressions de la production pour boucler les 8 semaines de tournage pour (seulement) 10 millions de dollars. On perçoit juste une déception sur le fait que le film ne soit pas sorti en salles aux USA, seulement dans quelques pays Orientaux et en Italie, mais ça a clairement lancé le réalisateur une fois rentré en France, et ça sera Le boulet.