Tomu Uchida (1898-1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Spike
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par Spike »

The Eye Of Doom a écrit : 29 déc. 22, 21:01 Je commence par les aspects positifs : toujours de superbes decors habillement utilisés. On a l’impression de voir s’animer sur l’ecran les estampes d’Hiroshige, qui ont visiblement servies de reference.
Pour info, plusieurs des lieux de tournage avaient déjà servi pour la trilogie d'Inagaki avec Toshirô Mifune.
The Eye Of Doom a écrit : 29 déc. 22, 21:01Les motivations du personnage, au demeurant pas sympathique pour un sou, sont peu compréhensibles.
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Pourquoi vas t’il provoqué l’ecole d’art martiaux sous la forme d’un mendiant pouilleux, pour fuir sans explication ?
Et réapparaître, bien propre sur lui tout de suite après ? J’ai cru a un imposteur, profitant de la notoriété…
Que cherche t’il en allant affronter les moines lanciers? Pourquoi s’enerve t’il fasse aux ronins qui veulent intégrer dans leur paris ?
Cela fait longtemps que j'ai lu le roman / vu les films, mais de mémoire, la motivation principale de Musashi est devenir le plus grand bretteur qui soit (une voie qui va lui permettre selon lui d'atteindre le zen). Par conséquent, il s'en va affronter les adversaires les plus puissants qu'il peut trouver (l'école de sabre Yoshioka parce que c'était celle de l'ancien shogunat et les moines lanciers, parce qu'ils maitrisent une technique particulière avec leur arme de prédilection). De ce point de vue, c'est en quelque sorte le précurseur de Son Goku de Dragon Ball Z :mrgreen: .
Toujours dans mes souvenirs, lorsqu'il débarque à l'école Yoshioka, il n'y a que des élèves présents (ni le maître, ni son frère qui est plus doué que lui). Donc Musashi s'en va parce qu'il n'y a pas d'adversaire digne de ce nom qui soit présent. Quant aux rônins, c'est parce qu'ils se comportent comme des voyous peu honorables, non ?
The Eye Of Doom a écrit : 29 déc. 22, 21:01La soeur disparue : d’ailleurs c’etait la priorité du gars de retrouver sa soeur, mais il en est plusquestion du tout: disparue pour de bon la pauvre
Toujours d'après ce que je me rappelle, au départ, Takezo est un fugitif parce qu'il a guerroyé pour un des clans qui a perdu la bataille de Sekigahara. Sa sœur est prise en otage ou quelque chose du genre. Le moine Takuan permet par la suite à Takezo de régler sa situation et de commencer une nouvelle vie sous le nom de Musashi Miyamoto. Par après, il n'a plus l'occasion de revoir sa sœur puisqu'il part sur les routes dans sa quête d'opposants puissants.
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par The Eye Of Doom »

Spike a écrit : 1 janv. 23, 20:49
The Eye Of Doom a écrit : 29 déc. 22, 21:01 Je commence par les aspects positifs : toujours de superbes decors habillement utilisés. On a l’impression de voir s’animer sur l’ecran les estampes d’Hiroshige, qui ont visiblement servies de reference.
Pour info, plusieurs des lieux de tournage avaient déjà servi pour la trilogie d'Inagaki avec Toshirô Mifune.
The Eye Of Doom a écrit : 29 déc. 22, 21:01Les motivations du personnage, au demeurant pas sympathique pour un sou, sont peu compréhensibles.
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Pourquoi vas t’il provoqué l’ecole d’art martiaux sous la forme d’un mendiant pouilleux, pour fuir sans explication ?
Et réapparaître, bien propre sur lui tout de suite après ? J’ai cru a un imposteur, profitant de la notoriété…
Que cherche t’il en allant affronter les moines lanciers? Pourquoi s’enerve t’il fasse aux ronins qui veulent intégrer dans leur paris ?
Cela fait longtemps que j'ai lu le roman / vu les films, mais de mémoire, la motivation principale de Musashi est devenir le plus grand bretteur qui soit (une voie qui va lui permettre selon lui d'atteindre le zen). Par conséquent, il s'en va affronter les adversaires les plus puissants qu'il peut trouver (l'école de sabre Yoshioka parce que c'était celle de l'ancien shogunat et les moines lanciers, parce qu'ils maitrisent une technique particulière avec leur arme de prédilection). De ce point de vue, c'est en quelque sorte le précurseur de Son Goku de Dragon Ball Z :mrgreen: .
Toujours dans mes souvenirs, lorsqu'il débarque à l'école Yoshioka, il n'y a que des élèves présents (ni le maître, ni son frère qui est plus doué que lui). Donc Musashi s'en va parce qu'il n'y a pas d'adversaire digne de ce nom qui soit présent. Quant aux rônins, c'est parce qu'ils se comportent comme des voyous peu honorables, non ?
The Eye Of Doom a écrit : 29 déc. 22, 21:01La soeur disparue : d’ailleurs c’etait la priorité du gars de retrouver sa soeur, mais il en est plusquestion du tout: disparue pour de bon la pauvre
Toujours d'après ce que je me rappelle, au départ, Takezo est un fugitif parce qu'il a guerroyé pour un des clans qui a perdu la bataille de Sekigahara. Sa sœur est prise en otage ou quelque chose du genre. Le moine Takuan permet par la suite à Takezo de régler sa situation et de commencer une nouvelle vie sous le nom de Musashi Miyamoto. Par après, il n'a plus l'occasion de revoir sa sœur puisqu'il part sur les routes dans sa quête d'opposants puissants.
Tu as certainement raison mais dans le film c’est un peu abrupte
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La soeur, il court la chercher à la fin de l’épisode précédent et s’en désintéresse complètement ensuite, sans explication.
Pour l’ecole de sabre, il attends le maitre mais se barre quand il arrive (ce que ce dernier ne lui pardonne pas d’ailleurs).
Les moines lanciers, il tue le type balese et puis continue sa route, on se demande ce qu’il aura appris du coup…

Dans le roman, c’est peu etre mieux amené…
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par The Eye Of Doom »

A deux sabres
Musashi tiens absolument à aller defier un vieux maitre. Mais celui s’est retiré du monde et Musashi est tout contrarié et dépité. Il faut donc qu’il trouve (enfin) un autre grand sabreur à trucider (pour progresser spirituellement dans la voie du sabre…). Ca tombe, le maitre de l’ecole xxx chez qui il etait aller se faire remarqué à l’episode 2 en s’épouillant en public et en fuyant lachement quand les choses allaient devenir sérieuses, accepte enfin le duel tant souhaité. Un nouveau sabreur pas tres net, aux tenues tapageuses, fait aussi son apparition : ami ou enemi?

Et de trois !
Cette episode est un peu plus plaisant que le precedent, principalement parce qu’il n’est pas centré uniquement sur cet insupportable et peu sympathique Musashi. Ce n’est pas que les autres personnages soient beaucoup plus interessants (pas grand monde à sauver) mais ca nous change et le recit est plus construit, moins dense, plus romanesque.

Toujours une image superbe dans des decors de studio ou naturels souvent tres reussis. Il y a deci dela de tres beaux travelling. Coté mise en scene et plastique : rien a redire.
Je suis toujours assez sévère car franchement je comprends pas le personnage principal : son caractère, ses motivations,… et l’interprétation n’aide pas.
C’est quand même pas passionnant…
Au meme moment Misumi tourne le 1er Zatoichi. C’est quand même autrechose en terme de proposition, meme si on ne sort pas du film de genre (ou peut être justement parce que l’on reste dans le film de genre).
Comme indiqué plus haut, j’avais commencé le bouquin puis arrêté assez rapidement car le style ne me plaisait pas. Si les films sont fideles, probablement que l’intrigue générale ne m’aurait pas plu non plus…

A bientot pour le 4 (oui, je suis un peu maso, mais j’espere encore passer le jlpt et écouter du japonais peut pas faire de mal)
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par The Eye Of Doom »

Seul contre tous à Ichijoji
L’étau se resserre sur Musashi. Sa lutte contre l’ecole Yoshioka continue, jusqu’au combat final qui clot se 4ieme episode.

Peu à peu, Misashi apparaît pour ce qu’il est : un sinistre cretin ( pour ne pas dire un sombre connard)

Jusqu’ici le personnage nous etait presenté plutot comme quelqu’un en reconstruction, en quete d’absolu au travers de la voie du sabre. Pour atteindre cette quete, il avance sans vraiment se soucier des autres et sans faire dans la dentelle.
Ce 4ieme film est un tournant, avec deux scenes majeures où Musashi est directement interpellé par deux personnages qui lui montrent son erreur.
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La belle scene chez la geisha : en sacrifiant son instrument de musique pour en montrer le coeur vibrant, elle lui explique qu’il est trop rigide.

L’intervention du samouraï rejeté par l’ecole qui lui demande « pourquoi tant de haine »?.
Apres ces deux scènes il n’y a plus d’ambiguïté, ni de sympathie possible pour le personnage. D’autant que le film se clot sur une forme de procès :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Musashi qui est toujours convaincu de son action glorieuse se voir condamné pour avoir tuer un enfant. Il vas continuer justifier ce fait d’arme, et rejeter la faute sur ses adversaires.
Toujours une mise en scène impeccable, particulièrement à l’aise dans les decors de studio. Les scenes de nuit sous la neige finissent de convaincre que les estampes d’Hiroshige ont servi de base à Tomu et l’équipe artistique. C’est criant aussi dans la peinture du quartier des plaisirs.
A noter, quelques plans magnifiques vers la fin, avec Otsu en bord de chemin, ou Misashi allongé dans des fougères rouges apres le combat.

Le vrai problème de cette serie de film est l’interprétation. L’acteur principal n’arrive jamais à incarner le personnage, y compris dans ses ambiguïtés. C’est un masque, avec deux expressions. Il n’a n’y presence physique ni présence émotionnelle. Aucun lien ne se creer avec le spectateur.
Meme Ken Takamura qui joue Sasaki Kojiro n’est pas tres bon non plus. Il balade sa degaine de sabreur imbu et tiré à quatre epingles. On ne s’y intéresse pas plus. C’est peut etre voulu mais le personnage n’a pas vraiment de vie à l’ecran.
C’est vraiment dommage car Tomu, avec son style souvent anti-dramatique, tres travaillé plastiquement, cadré, a des choses à dire et prends le temps de poser des ambiances ou des situations.
Le reste du casting est plutot bien, avec bien sur des personnages « de convention », notamment côté féminin, mais suffisamment incarnés pour qu’on y croit.

Ne pas rater le court bonus, où l’on apprend un truc assez hallucinant sur le tournage du combat final.

Tomu aurait réussi a imposer aux studios de tourner cette tres longue sequence en lumiere naturelle, celle des premières lueurs du jour, ou tout a une teinte gris/bleuatre. Comme on observe cette lumière que quelques minutes par jours, le tournage de ce combat aura pris un mois!
L’effet est saisissant car on n’arrive pas à croire qu’on est en lumière naturelle.
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par Spike »

The Eye Of Doom a écrit : 8 janv. 23, 09:48 Seul contre tous à Ichijoji
(...)

Peu à peu, Misashi apparaît pour ce qu’il est : un sinistre cretin ( pour ne pas dire un sombre connard)

(...)

Apres ces deux scènes il n’y a plus d’ambiguïté, ni de sympathie possible pour le personnage. D’autant que le film se clot sur une forme de procès :
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Musashi qui est toujours convaincu de son action glorieuse se voir condamné pour avoir tuer un enfant. Il vas continuer justifier ce fait d’arme, et rejeter la faute sur ses adversaires.
J'en profite pour préciser que dans la culture populaire nipponne, avant la sortie du roman d'Eiji Yoshikawa, Musashi Miyamoto était généralement représenté comme le "méchant" : dépenaillé, sale (il n'aurait pas aimé de se laver), tricheur (ses retards aux duels, une rame comme arme, ...), ... A contrario, le rôle du héros était échu à Kojirô Sasaki, avec son sabre familial ancestral, son statut, ... En gros, la conception populaire correspondait à l'épitaphe gravée sur la tombe de ce dernier.

L'écrivain s'est documenté un peu plus* et son livre, qui a remporté un succès considérable, a totalement retourné l'opinion majoritaire sur le rônin. Au point que durant la Seconde Guerre mondiale, le marine japonaise disposait de deux cuirassés : le Yamato (un nom ancien et poétique du Japon, que l'on retrouve par exemple dans l'expression Yamato tamashii, "l'esprit japonais") et son navire-jumeau, le... Musashi. Ce qui signifie qu'il était considéré comme l'équivalent-même de l'esprit japonais ! Après, vous me direz, c'était le Japon impérialiste/fasciste...

* Il a néanmoins eu recours à de nombreuses conjectures et parfois de pures inventions :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ex. D'après un seul écrit de l'époque, Musashi aurait voulu poursuivre une relation amoureuse avec une jeune femme, mais les parents de celle-ci étaient contre. Eiji Yoshikawa en a tiré le personnage d'Otsu, qu'il a étoffé.
Ex. Un disciple de Musashi mentionne qu'un jour, son maître a discuté longuement avec le moine Takuma, comme s'ils étaient tous deux de vieux amis. Eiji Yoshikawa a interprété cela comme signifiant que le bonze était le mentor de Musashi.
Ex. Dans sa propre oeuvre, le véritable Musashi Miyamoto affirme n'avoir jamais eu de maître. Yoshikawa a considéré qu'il voulait parler de maîtres en arts martiaux, car dans le roman, il lui donne de nombreux "maîtres" (comme la geisha Yoshino) qui lui donnent des "leçons de vie"... qui sont en fait des paraphrases des "futurs" écrits du vrai Musashi.
Ex. Par exemple, Otsu rencontre un tout jeune Araki Mataemon, figure historique très connue (voir le film Vendetta of a Samurai).
Quant à l'événement que tu mentionnes dans ton message, il faut garder à l'esprit qu'il se déroule à une époque très différente de la nôtre (le début de l''ère Edo). Ainsi, Musashi avait remporté son premier duel au même âge. En outre, durant les guerres féodales (juste avant l'ère Edo), un samouraï pouvait parfaitement tester un nouveau sabre sur le premier passant venu (lire : le tuer). Enfin, un shugyôsha (comme Musashi ou Kojirô) errait par monts et par vaux, effectuant des démonstrations d'arts martiaux, lançant des duels, espérant attirer l'attention d'un seigneur afin de faire embaucher, ...

Enfin, dans le roman et les films, le reste de l'école Yoshioka tend un piège à Musashi à ichijoji : le jeune héritier Yoshioka est représenté non pas par un seul "champion", mais par des dizaines de guerriers, dont certains armés de fusils et dissimulés dans la végétation (d'où le titre : Seul contre tous à Ichijoji). Tu peux juger que Musashi est responsable parce qu'il a défié l'école Yoshioka en premier, que sa "tactique" pour prendre l'ascendant psychologique et ainsi survivre est indéfendable moralement, mais à mon sens les (élèves de l'école) Yoshioka ont aussi leur part de responsabilité.

Ceci dit, Tomu Uchida prend lui aussi cet événement très au sérieux, ce qui donnera une scène inédite au roman dans le film suivant (le retour à Ichijoji, avec le vassal désormais infirme des Yoshioka), et informera sa vision de la fin du parcours du protagoniste (dans le 5ème film, le 6ème étant une interquel).

A te lire, je crois que tu préférais peut-être la vision de Tai Katô. Musashi y est dépeint, ni comme un héros, ni comme un homme en quête de zen, mais bien comme un tueur pur et dur.

Enfin, pour conclure cette partie de mon message, je me permettrai deux citations qui montrent bien que, même dans le milieu des arts martiaux, le Musashi historique reste une figure polarisante :
Liam Keeley : Are there any martial artists in history whom you particularly respect and admire?

Takashi Kato : Tatsumi-ryu founder Tatsumi Sankyo would be one, of course. Also, Niten Ichi-ryu founder Miyamoto Musashi [1584-1645] and Muto-ryu founder Yamaoka Tesshu [1836-1888]. These three in particular I consider to have been great men who, despite the fact that they lived during three entirely different ages, were the highest caliber of human beings. They made some of the greatest strides of any historical figure towards the attainment of true wisdom and enlightenment."
(source)
Shoji Nishio a écrit :In the Aikido sense, Miyamoto Musashi is the biggest coward. There’s is no one more cowardly than him. He was a pitiable man. In the Japanese budo world, they say that there is no one greater than Musashi. But I tell lai and Kendo people without apology that Musashi was a cowardly person all of his life. He was a wild animal afraid of the rustle of trees and plants and the sound of the wind. He never had a wife, never took a bath and died in a cave. Even when I read The Book of Five Rings (Musashi’s treatise on swordsmanship), I wasn’t at all impressed. It doesn’t include human emotion. He lived all of his life in fear and trembling. It doesn’t matter if you bump into a person. If you are a person who can say, “Hi! How are you?”, it’s wonderful, isn’t it? Instead, if you become angry and say, “You bastard!”, you’re not a human being but a wild animal. That’s what I say. Musashi was the lowest form of human being. I say without apology you should never become like him. I think much of humanity.
(source)
The Eye Of Doom a écrit : 8 janv. 23, 09:48Meme Ken Takamura qui joue Sasaki Kojiro n’est pas tres bon non plus. Il balade sa degaine de sabreur imbu et tiré à quatre epingles. On ne s’y intéresse pas plus. C’est peut etre voulu mais le personnage n’a pas vraiment de vie à l’ecran.
C'est fidèle au roman, où Kojirô est vil, cruel et manipulateur. L'interprétation nuancée de Kôji Tsuruta de l'antagoniste et son rôle moins ouvertement néfaste dans la trilogie Inagaki en faisait un personnage plus crédible (même si moins fidèle au livre).
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par The Eye Of Doom »

Spike a écrit : 11 janv. 23, 22:25
Merci beaucoup pour toutes ses infos.
J’ai terminé le 5 et viendrais en dire 2mots sous peu.
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par The Eye Of Doom »

Duel à l’aube
Fortement marqué par son combat contre l’ecole Yoshioka, Musashi erre sur les routes, passe une saison à aider un gamin orphelin à survivre dans sa ferme,… mais est rattrapé par les affaires: une nouvelle proposition de duel.

Musashi contre Baiken
Des années apres son fameux duel en bord de mer, Musashi erre toujours. Il veut rencontrer Baiken un maitre de la chaine/faucille, arme redoutable. Ce dernier est à la tete d’une troupe de bandits.

Par flemme, je regroupe mes commentaires sur ces deux films.
Le 1er clot le cycle narratif du roman. Musashi tente de retrouver un equilibre et finalement se jete sur la proposition de duel tant attendu avec Kojiro.
Il y a un changement de style assez net chez Tomu. Il délaisse l’esthétique raffinée des studios pour une image moins glamour, plus realiste. Musashi est « revenu » sur terre et vis des affres du doute et de la culpabilité. Face à lui, Kojiro vit aussi son « enfer ». Insatisfait, visiblement peu impliqué aupres de sa compagne, il ne voit d’issue que dans le duel avec Musashi. Mais il n’y croit pas vraiment et s’enivre.
Le combat final est tres bref, joué d’avance, et ce n’est pas l’apparat et l’impressionnant dispositif mis en place qui vas changer le destin.
On assiste aussi au ultimes scenes avec les personnages recurents, qui ne pese rien face à la voie du sabre.
La scene de reconciliation familiale autour de la vieille Osugi et l’adieu sur le quai, c’est limite ridicule par ailleurs.

Tout cela est dans la droite ligne des 4 films precedents. Ce dernier opus se laisse voir mais il y a tj le problème de l’incarnation du personnage.
Le film se clot de facon tres brutale et surprenante.

Le 6ieme film est contre toute attente d’une teneur différente, et in fine, est une agreable surprise apres cette transposition à grands frais d’un « classique ».
Changement de studio, 5 années écoulées, mutation du cinema entre 1965 et 1970.
On est plus proche du western spaghetti, dans l’idee.
Quasi huit clos avec deux decors : la maison et la nature désolée et déprimante autour. 3 protagonistes : Musashi, Baiken et son epouse. 4 pour etre plus exact car sur la dernière partie un autre personnage a un rôle essentiel. C’est d’ailleurs sur lui que le film se termine.
Du coup, l’intrigue est resserrée voire, limitée pourront dire certains. On se demande rapidement ce que Tomu vas bien pouvoir nous raconter le long de son film… Pour ma part, j’ai apprécié ce rythme lent, quasi temps reel.
On creuse les personnages, qui pour le coup ont (un peu) plus de consistance.
Comme c’est constant dans cette serie , tres belle utilisation des espaces intérieurs. Il y a un plan qui m’a marqué où Musashi et Baiken sont aussi au centre de la tres modeste demeure. On voit l’attention portée à la construction du cadre autour d’eux.
Le recit est celui d’un ultime conflit, où pour la1ere fois peut etre Musashi n’est pas donné vainqueur.
Toute la dernière partie est assez curieuse et le final tres surprenant :
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On a une sorte de vision des enfers où les sabreurs sont condamnés à se battre sans cesse.
Cela ramène d’ailleurs à une scène précédente où deux aspirants voleurs sont attachés l’un a l’autre et combattre à mort.
Cette vision d’enfer est bien sur marqué par le visage démentiel de Baiken et les flammes entourant les protagonistes.
Le fait que l’issue du combat ne soit pas connue à la fin du film est fortement symbolique: le combat est sans fin.
Conclusion particulièrement acide pour ce cycle de films. Musashi n’a rien compris et son obstination dans l’erreur conduit à une eternelle damnation.
Il est à noter un elements essentiel aussi dans ce dernier film est que le role de Baiken, ultime adversaire de Musashi, est tenu par le même acteur qui jouait le « bon » moine à qui Musashi doit sa redemption : Rentarō Mikuni
C’est aussi l’acteur principal du Detroit de la faim.

En conclusion:
J’ai pas vraiment accroché à l’histoire et aux personnages de ce cycle, qui est plombé par un interprétation peu inspirée de Kinnosuke Nakamura. C’est vraiment dommage.
Car Tomu est un remarquable metteur en scene, createur d’image, attaché aux compositions subtiles. L’ombre d’Hiroshige planne souvent sur les reconstitutions ce qui donne un cachet particulier superbe. Mais Tomu sait aussi sortir de ce décorum sophistiqué quand nécessaire. L’ensemble est plutôt intéressant.
Plus le cycle avance, plus l’apparat du film de studio se fissure. Le dernier film, veritable addendum, est de loin celui que j’ai préféré.
Ce cycle ne me parait une œuvre essentielle, et je le regrette. De Tomu, je recommande autrement chaudement « The mad fox », disponible chez Arrow, en attendant de decouvrir « Le detroit de la faim » et « Le mont Fuji et la lance ensanglantée » que je ne connait pas.
Toutefois, les curieux peuvent tenter l’expérience et ils en tireront pour le moins pas mal de plaisir des yeux.
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par -Kaonashi- »

Merci pour ces comptes rendus. Je ne partage pas tes critiques sur l'interprétation de Nakamura, que je trouve souvent raccord avec le personnage du roman et la ligne narrative voulue par Uchida et le studio sur ces 5 films. Le traitement des autres personnages m'avait semblé lui aussi plutôt fidèle et cohérent, avec ce que ça implique parfois de facilité (la réconciliation dont tu parles par exemple).
Et sur le dernier film, en effet on retrouve plus le Uchida de The Mad Fox et de Chikamatsu's Love in Osaka notamment, dans son désir de sortir d'une réalisation classique, de cassé des codes de narration si bien maîtrisés ailleurs. C'est vraiment comme un dernier geste artistique (vu que c'est son dernier film, sorti après sa mort), un hors série avec une histoire qui s'intercalerait quelque part dans le parcours de Musashi. Dans la version Inagaki, je crois que le duel contre Baiken ouvre le dernier film d'ailleurs, bien avant celui contre Kojiro.

En tout cas j'espère que tu apprécieras Le détroit de la faim et Le mont Fuji et la lance ensanglantée. Et as-tu vu Meurtre à Yoshiwara ? C'était le 3e film du coffret Wild Side.
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par The Eye Of Doom »

Decouvert enfin « Le Detroit de la faim », en trois fois malheureusement en raison de contingences domestiques.
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J’ai beaucoup aimé.

Le film presente un scénario somme toute assez classique. Un individu douteux prend une autre identité et essaye de se racheter. Il est rattrapé par son passé.

Par contre on est saisi des le debut du film par la forme de celui-ci , voix off clinique livrant une description des évènements, mise en scene tres dynamique, elliptique,… musique particulièrement intrigante, le rythme des scènes, les relations entre personnages,…
Apres ce debut de haute volée le film prend un rythme plus lent pour se dédier au personnage feminin et son obsession.
Jusqu’au climax dont je ne dirais rien.
J’ai ete moins sensible à la dernière partie, un peu plus attendue, meme toute la fin est bouleversante.

L’interprétation est aussi remarquable avec Rentarō Mikuni, qui je l’apprends dans le bonus joue le role du pere dans « La vengeance est à moi » et Sachiko Hidari qui est aussi chez Imamura mais dans le rôle principal de La femme insecte.

Tres belle utilisation du scope n&b (toujours un bonheur dans le cinéma japonais de l’epoque).

Plus que tres chaudement conseillé !!!

Les trois films d’Uchida que j’ai vu : mad fox, le détroit de la faim et la saga de Miyamoto Musashi ont rien ou tres peu à voir en terme de style.
Je vais essayé de mettre la main sur le bluray Arrow de la Lance ensanglantée !
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Re: Tomu Uchida (1898-1970)

Message par The Eye Of Doom »

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Le mont fuji et la lance ensanglantée
Des voyageurs cheminent sur la route d’edo. D’etapes en etapes, des liens se créent.

N’ayant pas trouvé à bas prix le bluray Arrow ces derniers jours, c’est via le dvd Wild side que je decouvre le film, dans une copie propre mais manquant tout de meme souvent de details.

Le film est un recit de voyage, dumoins sur ces 3/4, avant de passer la fin du film sur une ultime etape. Dans une belle introduction, Uchida nous montre la route et ces voyageurs, seuls, en couples ou en petits groupes qui avancent d’un pas décidé mais régulier vers la prochaine etape d’un périple qu’on devine long.
Emprunter la route à Edo renvoie forcement aux estampes d’Hiroshige qui a tant et si bien dépeints les scènettes de voyages au gré des etapes.
Uchida bien sur s’y réfère tout le long du film comme un référentiel incontournable et familier pour tout les japonais. A noter que sa saga Misashi contient aussi nombre de scene/decors superbes tirés de l’oeuvre du maitre.
Avec son sens du decor et de la mise en scene, Uchida donne vie à ces instantanés, sans affrèteries , lourdeurs ou esthétisme déplacé.

Le film déroule alors son recit picaresque où personnages se croisent au sein de micro événements. On est dans une chronique légère d’un petit monde qui avance cahin caha .
Mais en fait pas vraiment, cat touches par touches, y compris avec pas mal d’humour, c’est une critique assez caustique de la société nippone de l’epoque (et pas seulement bien sur) que nous livre Uchida. Cette critique prend une tournure hilarante dans la scene de cérémonie du thé en bord de route, organisée pr caprice par un seigneur en voyage. Scène culminant par un plan scatologique inattendu et bidonnant.
Mais bien sur plus le film avance moins le ton devient badin. Et la critique se fera de plus en plus sévère jusqu’au dénouement dont je ne dirai rien.

J’ai beaucoup aimé le ton et la progression du film.
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Y compris sa violence bien sûr. Jusqu’à la derniere image où l’enfant brise sa lance en bois devant la betise du serviteur qui passe à coté de sa vie.
La réplique du seigneur qui acquitte le serviteur du meurtre de 5 samouraïs sous pretexte que « personne ne peut etre assez con pour mourrir de la main d’un serviteur », n’est pas piqué des vers.
A part le volet humaniste, on cherchera avec difficulté des similitudes stylistiques entre Mad Fox, Le detroit de la faim, Musashi et ce Mont fuji.

Par contre, j’ai hate de pourvoir voir d’autres films d’Uchida !
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