The Eye Of Doom a écrit : ↑8 janv. 23, 09:48
Seul contre tous à Ichijoji
(...)
Peu à peu, Misashi apparaît pour ce qu’il est : un sinistre cretin ( pour ne pas dire un sombre connard)
(...)
Apres ces deux scènes il n’y a plus d’ambiguïté, ni de sympathie possible pour le personnage. D’autant que le film se clot sur une forme de procès :
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- Musashi qui est toujours convaincu de son action glorieuse se voir condamné pour avoir tuer un enfant. Il vas continuer justifier ce fait d’arme, et rejeter la faute sur ses adversaires.
J'en profite pour préciser que dans la culture populaire nipponne, avant la sortie du roman d'Eiji Yoshikawa, Musashi Miyamoto était généralement représenté comme le "méchant" : dépenaillé, sale (il n'aurait pas aimé de se laver), tricheur (ses retards aux duels, une rame comme arme, ...), ... A contrario, le rôle du héros était échu à Kojirô Sasaki, avec son sabre familial ancestral, son statut, ... En gros, la conception populaire correspondait à l'épitaphe gravée sur la tombe de ce dernier.
L'écrivain s'est documenté un peu plus* et son livre, qui a remporté un succès considérable, a totalement retourné l'opinion majoritaire sur le rônin. Au point que durant la Seconde Guerre mondiale, le marine japonaise disposait de deux cuirassés : le
Yamato (un nom ancien et poétique du Japon, que l'on retrouve par exemple dans l'expression
Yamato tamashii, "l'esprit japonais") et son navire-jumeau, le...
Musashi. Ce qui signifie qu'il était considéré comme l'équivalent-même de l'esprit japonais ! Après, vous me direz, c'était le Japon impérialiste/fasciste...
* Il a néanmoins eu recours à de nombreuses conjectures et parfois de pures inventions :
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- Ex. D'après un seul écrit de l'époque, Musashi aurait voulu poursuivre une relation amoureuse avec une jeune femme, mais les parents de celle-ci étaient contre. Eiji Yoshikawa en a tiré le personnage d'Otsu, qu'il a étoffé.
Ex. Un disciple de Musashi mentionne qu'un jour, son maître a discuté longuement avec le moine Takuma, comme s'ils étaient tous deux de vieux amis. Eiji Yoshikawa a interprété cela comme signifiant que le bonze était le mentor de Musashi.
Ex. Dans sa propre oeuvre, le véritable Musashi Miyamoto affirme n'avoir jamais eu de maître. Yoshikawa a considéré qu'il voulait parler de maîtres en arts martiaux, car dans le roman, il lui donne de nombreux "maîtres" (comme la geisha Yoshino) qui lui donnent des "leçons de vie"... qui sont en fait des paraphrases des "futurs" écrits du vrai Musashi.
Ex. Par exemple, Otsu rencontre un tout jeune Araki Mataemon, figure historique très connue (voir le film Vendetta of a Samurai).
Quant à l'événement que tu mentionnes dans ton message, il faut garder à l'esprit qu'il se déroule à une époque très différente de la nôtre (le début de l''ère Edo). Ainsi, Musashi avait remporté son premier duel
au même âge. En outre, durant les guerres féodales (juste avant l'ère Edo), un samouraï pouvait parfaitement
tester un nouveau sabre sur le premier passant venu (lire : le tuer). Enfin, un
shugyôsha (comme Musashi ou Kojirô) errait par monts et par vaux, effectuant des démonstrations d'arts martiaux, lançant des duels, espérant attirer l'attention d'un seigneur afin de faire embaucher, ...
Enfin, dans le roman et les films, le reste de l'école Yoshioka tend un piège à Musashi à ichijoji : le jeune héritier Yoshioka est représenté non pas par un seul "champion", mais par des dizaines de guerriers, dont certains armés de fusils et dissimulés dans la végétation (d'où le titre :
Seul contre tous à Ichijoji). Tu peux juger que Musashi est responsable parce qu'il a défié l'école Yoshioka en premier, que sa "tactique" pour prendre l'ascendant psychologique et ainsi survivre est indéfendable moralement, mais à mon sens les (élèves de l'école) Yoshioka ont aussi leur part de responsabilité.
Ceci dit, Tomu Uchida prend lui aussi cet événement très au sérieux, ce qui donnera une scène inédite au roman dans le film suivant (
le retour à Ichijoji, avec le vassal désormais infirme des Yoshioka), et informera sa vision de la fin du parcours du protagoniste (dans le 5ème film, le 6ème étant une
interquel).
A te lire, je crois que tu préférais peut-être la
vision de Tai Katô. Musashi y est dépeint, ni comme un héros, ni comme un homme en quête de zen, mais bien comme un tueur pur et dur.
Enfin, pour conclure cette partie de mon message, je me permettrai deux citations qui montrent bien que, même dans le milieu des arts martiaux, le Musashi historique reste une figure polarisante :
Liam Keeley : Are there any martial artists in history whom you particularly respect and admire?
Takashi Kato : Tatsumi-ryu founder Tatsumi Sankyo would be one, of course. Also, Niten Ichi-ryu founder Miyamoto Musashi [1584-1645] and Muto-ryu founder Yamaoka Tesshu [1836-1888]. These three in particular I consider to have been great men who, despite the fact that they lived during three entirely different ages, were the highest caliber of human beings. They made some of the greatest strides of any historical figure towards the attainment of true wisdom and enlightenment."
(source)
Shoji Nishio a écrit :In the Aikido sense, Miyamoto Musashi is the biggest coward. There’s is no one more cowardly than him. He was a pitiable man. In the Japanese budo world, they say that there is no one greater than Musashi. But I tell lai and Kendo people without apology that Musashi was a cowardly person all of his life. He was a wild animal afraid of the rustle of trees and plants and the sound of the wind. He never had a wife, never took a bath and died in a cave. Even when I read The Book of Five Rings (Musashi’s treatise on swordsmanship), I wasn’t at all impressed. It doesn’t include human emotion. He lived all of his life in fear and trembling. It doesn’t matter if you bump into a person. If you are a person who can say, “Hi! How are you?”, it’s wonderful, isn’t it? Instead, if you become angry and say, “You bastard!”, you’re not a human being but a wild animal. That’s what I say. Musashi was the lowest form of human being. I say without apology you should never become like him. I think much of humanity.
(source)
The Eye Of Doom a écrit : ↑8 janv. 23, 09:48Meme Ken Takamura qui joue Sasaki Kojiro n’est pas tres bon non plus. Il balade sa degaine de sabreur imbu et tiré à quatre epingles. On ne s’y intéresse pas plus. C’est peut etre voulu mais le personnage n’a pas vraiment de vie à l’ecran.
C'est fidèle au roman, où Kojirô est vil, cruel et manipulateur. L'interprétation nuancée de Kôji Tsuruta de l'antagoniste et son rôle moins ouvertement néfaste dans la trilogie Inagaki en faisait un personnage plus crédible (même si moins fidèle au livre).