Columbo

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Wagner
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Re: Columbo

Message par Wagner »

Ce sont deux des épisodes parmi les plus connus que ces deux là. Le génial barbu et son excès de vanité, un peu facile peut-être mais ça passe quand même bien je trouve. La vieille qui enferme le pauvre type est assez immonde, difficile de lui passer quoi que ce soit, d'autant qu'elle a l'air de se faire pas mal de films quant à la culpabilité supposée de sa victime.
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Wagner a écrit :La vieille qui enferme le pauvre type est assez immonde, difficile de lui passer quoi que ce soit, d'autant qu'elle a l'air de se faire pas mal de films quant à la culpabilité supposée de sa victime.
Effectivement, ils font passer sa conviction finalement avec assez de facilité, sans preuve. Si elle en avait eu s'en serait-elle servi pour l'inculper? Pô sûr, elle a l'air si déterminée à le tuer qu'on peut se demander si elle ne prend un certain plaisir à se venger.
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Re: Columbo

Message par ctiss »

C'est mon épisode préféré ( je n'en ai vu qu'une vingtaine ).
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Murder under glass (Meurtre à la carte) (1978, Jonathan Demme)

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Oouch, attention les yeux! Chaud devant! Un Columbo exquis, succulent un des tous meilleurs de la série à mon humble avis. Quatre étoiles au guide Alligator, sans l'ombre d'une hésitation.

Certes, l'installation des éléments clés du récit, comme la présentation du personnage interprété par Louis Jourdan, la préparation du meurtre et la mort de la victime, est un peu longue, presque fastidieuse. Cependant, elle donne un très bon aperçu du personnage ainsi que du monde dans lequel Columbo va se mouvoir, comme un poisson dans l'eau, "comme un fugu dans l'eau" devrais-je dire, puisque le meurtrier use de son talent de cuisinier pour en extraire le poison.

Louis Jourdan joue un critique gastronomique, excellent chef lui même et qui a extorqué une grosse somme d'argent à des cuisiniers pour leur faire une renommée internationale. L'un d'eux se rebiffe, le cave, mal lui en prend.

Louis Jourdan incarne un personnage hautain, précieux et cachant mal une colère prête à exploser dans la violence meurtrière. Très antipathique, il manipule son monde avec une certaine maestria. On hésite à parler d'élégance, dans les apparences moui, le terme est concevable, mais sur le plan humain, il n'en est plus question. D'ailleurs, les dernières répliques sont à ce propos claires. Columbo partage l'avis général. Jourdan est découvert, il est arrêté et conclue à l'adresse du lieutenant quelque chose comme : "je vous trouve très habile et je vous respecte énormément mais je ne vous apprécie pas du tout". Ce à quoi Columbo répond par la réciproque. Les deux hommes nous ont offert un magnifique affrontement où l'on a bien senti l'irritation gagner Jourdan au fur et à mesure que Columbo accédait à la vérité. Ce dernier a difficilement caché le fait qu'il n'avait que peu d'estime pour son adversaire. Au contraire, il s'est totalement senti investi d'une mission que tous les amis cuisiniers du défunt n'ont eu de cesse de lui rappeler, celle d'attraper le coupable.

Louis Jourdan est un acteur très particulier qui n'est pas dénué de talent mais quelque chose cloche chez lui qui m'empêche d'être totalement conquis par ses prestations. Je crains en fait le syndrome Cary Grant. Louis Jourdan aurait voulu être Cary Grant, c'est là son drame : il n'en a pas les facilités. Tous deux homo ou bisexuels honteux, Jourdan n'a jamais réussi à incarner sérieusement ses rôles d'hommes à femme alors que Cary Grant y excellait. Jourdan pouvait peut-être convaincre les anglo-saxons à force de jouer de son accent français mais de ce côté de l'Atlantique, cela ne prend pas. Dans cet épisode encore, il embrasse la jolie Shera Danese du bout des lèvres. On sent que l'effort est brutal, que les raisons qui font qu'il la repousse ne sont pas liées à l'enquête, ni à l'absence d'entre-gens de la dame, mais bien à l'absence de quéquette au niveau de l'entrejambe de la dame. Mais reconnaissons lui au moins, et c'est là l'essentiel, le talent d'user de tons bien cassants où condescendance et félonie composent très justement un personnage parfaitement détestable. Le duel avec Falk est de niveau "ligue des champions".

Toutefois l'épisode ne s'en tient pas à cette opposition. La mise en scène de Jonathan Demme est intelligente et très stylée, certainement la plus remarquable de la série jusqu'à maintenant. A ce propos, l'introduction de Columbo dans l'épisode est d'un comique très recommandable, grâce à une entrée en matière parodique. Jourdan est emmené auprès du détective accompagné par une grande musique symphonique et le sergent Burke se penche à l'oreille de Columbo attablé seul en train de manger dans un restaurant italien. Le "parrain" invite alors Jourdan à sa table d'un signe de la main.

Comme l'épisode tourne autour des arts de la table, Demme et Robert Van Scoyk (au scénario) imaginent un très beau cadre au dénouement. Falk et Jourdan bataillent entre deux verres de vins et leurs casseroles. Un dernier souper où Columbo fait preuve d'une grande audace (Jourdan tente de l'empoisonner), de même que d'un grand talent culinaire qui ne laisse pas d'étonner le critique gastronomique. Dernière phrase du téléfilm: "Columbo, vous auriez dû être chef". Mais ne l'est-il pas?

Un chef d'œuvre qui en coûte à la ligne du lieutenant qui passe tout l'épisode à gueuletonner aux frais de ces cuisiniers reconnaissants. Un clin d'œil sympathique à la mythologie Columbo. En effet, souvent le policier arrive sur les lieux du crime avec l'estomac vide, appelé en urgence au milieu de la nuit ou d'un repas. De même, il ne fait jamais mystère d'une certaine gourmandise. Ici, il finit rassasié, repu, heureux.

Un Columbo heureux, pour un épisode tout aussi formidablement écrit qu'interprété et mis en scène. Un de mes préférés. Il révèle des ambitions on ne peut plus réjouissantes, sans doute afin de faire oublier la triste saison 6.
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Make me a perfect murder (Meurtre parfait) (1978, James Frawley)

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Encore un très bon Columbo. Vers un sans faute sur la saison 7?

Le crime, son élaboration, comme sa résolution par le lieutenant dénotent un grand sens de l'écriture. Une belle maitrise du suspense alpague le spectateur tout le long de l'épisode.

Je ne vois guère que la prestation de Trish Van Devere pour quelque peu altérer l'ensemble. Et encore, je chipote et suis méchant. Certes, elle manque un chouïa de présence tout de même. Certes, son jeu est un brin monotone mais à sa décharge on peut avancer que son personnage fait preuve d'une certaine inflexibilité qui explique en grande partie qu'elle devienne meurtrière. Il y a de la logique là-dedans. Reste que je ne goûte pas trop sa performance. La comédienne n'a pas le charme qui emporte l'adhésion, ni la prestance qui pimente la confrontation avec Peter Falk. Par contre, cette espèce de rigidité qui parait un peu paralyser le personnage sert admirablement le suspense, notamment pendant l'exécution de son machiavélique plan ou bien encore quand elle cherche à récupérer l'arme du crime dans l'ascenseur. A ce propos, le dénouement de cet épisode fait certainement partie des plus finauds, des plus imparables et inattendus. Bien joué, lieutenant!

Visuellement James Frawley continue de mettre en image son téléfilm avec soin et une minutie que je veux saluer car j'ai l'impression que les épisodes de la saison 7 sont parmi les mieux réalisés, dans l'invention et l'efficacité formelle de la narration. Bouahhh, quelle emphatique fin de phrase! Je veux dire par là qu'il y a, me semble-t-il, une très belle combinaison, un bon équilibre entre l'histoire que l'on veut mettre en image et l'ambition de présenter cela également de belle façon, tout du moins que cela soit aussi agréable à l'oeil qu'à la cervelle donc. Ouf. On est donc captivé par cette enquête et jamais dérangé par un quelconque effet de caméra ou au contraire par une éventuelle platitude de la narration. Que nenni, que du bonheur!

Un des éléments clés que l'on retrouve dans pratiquement tous les épisodes de la série est évidemment le duel que se livre le policier et le criminel. Celui-ci est très particulier. J'avoue qu'il m'échappe un peu, qu'il me laisse perplexe. J'ai eu grand mal à le déchiffrer. Tiens, en voilà une autre bonne raison qui explique que je reste de marbre devant la prestation de Trish Van Devere. Par deux fois, elle complimente Columbo sur son charme physique. Seulement, je n'ai pas le sentiment pour autant qu'elle fasse là un numéro de séduction. Quelles sont les intentions du personnage? Je n'en sais rien. A quoi servirait un simple clin d'œil? Le personnage sur le reste de l'épisode n'a pas du tout l'air de vouloir séduire Columbo. Elle parait suivre son chemin, coûte que coûte, ce qui a le don de choquer son propre patron, joué par l'impeccable Patrick O'Neal. A la fin de l'enquête, alors qu'elle est acculée, près de basculer dans le désespoir, elle apparait beaucoup plus hostile et finalement toujours aussi froide. Voilà. Je ne la suis pas, ne la comprends pas bien. Mauvaise lecture de ma part, je le confesse, mais ses sautes d'humeur restent pour moi trop mystérieuses.

M'enfin pour être honnête, tout cela n'altère en rien l'intensité du plaisir que j'ai ressenti à voir cet épisode bien construit.
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How to dial a murder (Jeu de mots) (1978, James Frawley)

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Un meurtrier aussi cinéphile soit-il n'en devient pas toujours sympathique. Celui-là a la belle tête de l'imbuvable, de l'arrogant, le nombril en avant, l'ego sur-dimensionné qui croit trop en sa bonne étoile. Voilà un candidat aux petits oignons que l'on va avoir plaisir à voir se faire humilier par la sagacité du lieutenant Columbo.

En effet, Nicol Williamson a l'allure altière, ue rigidité dans le port du costume qui en dit long sur le personnage. Une antipathie naturelle émane de lui mais peut-être encore plus du mode opératoire du meurtre qu'il perpètre. Certes, le processus est génial, très ingénieux mais d'une horrible cruauté. Le meurtrier dresse ses chiens à se jeter sur un homme et le déchiqueter après avoir entendu le téléphone sonner et le mot "Rosebud" prononcé. Le "Yes!" réjoui qui accompagne son regard fanatique, ivre de vengeance, lorsqu'il entend l'amant de sa femme se faire dévorer par ses deux dobermans fait froid dans le dos. Tiens, j'y pense soudain, ces deux molosses ne seraient-ils pas ceux que garde Mr Higgins dans Magnum? Ca ne m'étonnerait qu'au quart.

Quoiqu'il en soit, ce meurtre avait de quoi être parfait. La maligne perversité qui sommeille en chacun d'entre nous n'a pas tôt fait de se réveiller à la découverte de ce crime, elle applaudit encore à l'ingéniosité du meurtrier, qu'elle ne peut empêcher les valeurs morales beaucoup plus puissantes d'imposer leurs volonté. En effet, Williamson joue une belle crapule. Le dégoût qu'il inspire est cependant affublé d'un autre compère, le mépris pour l'incroyable légèreté dont il fait preuve sur certains points. M'enfin, faut bien qu'il reste quelques indices pour mettre le policier sur la piste, non?

Cet excellent épisode se regarde avec passion. On cherche la petite bête avec Falk. On fouine. On a très envie qu'il trouve et rabatte son caquet à ce foutu menteur hypocrite. Le fieffé salopard est à deux doigts de récidiver sur le personne même du détective. Les adversaires qui vont jusqu'à tenter d'assassiner Columbo sont assez rares pour le signaler. On l'a même senti très proche de tuer la jeune Kim Catrall, future miss de "Sex and the city", ici encore très juvénile. Ce n'est pas son doudou et ses joues replètes qui diront le contraire.

Cet épisode a l'avantage pour le cinéphile que je suis de ne pas lésiner sur les clins d'oeil à l'ami "ciné" : WC Fields, le western et bien entendu "Citizen Kane". Le genre de petite attention qui touche. Bisous. Affectueusement votre, Alligator.

James Frawley est un réalisateur plutôt inventif sur la série jusqu'à maintenant. Certaines scènes sont très bien amenées, d'autres sont carrément bien filmées. C'est toujours un plaisir de suivre des enquêtes tournées aussi élégamment. Ici, il ajoute à cela un bon travail sur le son, notamment sur le meurtre, les battements de cœur du meurtrier et les bruits lugubres de la ville fantôme.

Je suis en revanche un peu moins friand du gag proposant Columbo qui ordonne à son chien de ne pas bouger devant une dresseuse professionnelle afin de lui prouver qu'il est un bon maitre. Le genre de comique aussi vieux que le monde et qui faisait déjà se plier en quatre les romains (remplacer le chien par un esclave).

En résumé, un des meilleurs Columbo. Cette saison 7, mon vieux, elle est terrible!
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The conspirators (Des sourires et des armes) (Leo Penn, 1978)

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On clôt la saison 7 sur un épisode pas mauvais mais peut-être le moins bon de la saison. C'est bête.

Le dénouement est si facile à prévoir que le scénariste Howard Berk a ajouté une autre énigme à résoudre en plus du meurtre : la cachette des armes. En effet, l'épisode nous projette dans le monde des terroristes irlandais. Ira, ira pas? Si, ira. Le meurtrier Clive Revill tue un vendeur d'armes qui tente de l'extorquer.

Revill nous la joue biface. D'un côté tout en gaieté et jovialité irlandaises, poète, musicien, chanteur, comique et trinqueur, le personnage apparait fort sympathique, essayant de charmer Columbo, celui faisant semblant d'être aussi naïf et benêt qu'un policier puisse l'être. D'autre part, Revill sait manifester une grande froideur qui lui permet de contenir colère devant la trahison du marchand d'armes et irritation quand le lieutenant vient fourrer le nez dans ses affaires. Mi-lutin rieur, mi-tueur moraliste, le personnage est déroutant. Ses simagrées destinées à amadouer son auditoire finissent par être un peu usantes. Heureusement, l'énervement prend le dessus. Le vernis craque délicieusement. Columbo sait si bien titiller son meurtrier.

Un nouveau venu sur la série à la réalisation, en la personne de Leo Penn, amène de bonnes idées de mise en scène, dans le montage, comme ces chevauchements de scènes, avec la nouvelle séquence qui commence mais avec le son de la précédente qui continue, un enchainement qui donne une note d'originalité intense, fort intrigante.

Le scénario peaufine gentiment l'aspect libidinal de Columbo.. Oh, point trop non plus. Il s'agit seulement de faire sourire le public en confrontant dans une librairie le détective et un ouvrage d'art érotique. L'œil inquisiteur et réprobateur d'une femme qui, si elle avait un tantinet de sens moral se mêlerait de ses affaires, est assez rigolo. Quand la jeune libraire revient et jette également un œil intéressé, la pimbêche n'en devient plus que "vieille" et Columbo reste jeune et humain : la séquence est fugace mais marquante.

L'énigme de chaque épisode consistant à découvrir ce qui va mettre Columbo sur la voie afin d'arrêter le coupable est ici tellement visible qu'en conséquence on se demande bien pourquoi il met autant de temps à voir l'évidence. Sa prestance en prend un méchant coup. Vient donc se greffer cette cargaison d'armes que le criminel a caché sur un navire et qui permet à Columbo de redorer son blason. Il revient du diable vauvert pour coiffer l'irlandais sur le poteau. Italie 1 - Irlande 0.
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Message par Alligator »

Columbo goes to the Guillotine (Il y a toujours un truc!) (Leo Penn, 1989)

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1978-1989: 11 années séparent ce début de saison 8 du dernier épisode de la saison 7. Autant dire que la série prend un coup de jeune. La mise en scène est différente. Ce qui est d'autant plus étonnant que c'est Leo Penn qui est réalisateur sur ces deux épisodes. Il n'empêche, Penn affiche tout de suite un style très proche du noir. L'apparition de Columbo par exemple ou les extérieurs de nuit sont marqués par le film noir, avec un travail sur les ombres et lumières, aussi efficace que les moyens techniques de la réalisation télévisée le permettaient à l'époque. Le résultat est intéressant mais n'éblouit pas outre mesure. La faute à une photographie ou à la qualité du dvd? Car les couleurs sont un peu criardes et les lumières bavent un peu. Pour le reste, on retrouve les éléments habituels de la série : un meurtrier arrogant, un crime intelligemment conçu et un Columbo brillant à l'excès, au limite du surnaturel.

D'ailleurs c'est dans ce domaine que le lieutenant nous invite à entrer. Personnellement, en tant que fervent auditeur de la démarche zététique, j'ai été ravi par cet épisode qui propose une illustration édifiante de cette méthode. La zététique investit le doute dans l'observation et l'expérience des divers phénomènes étranges. Comme le dit le jeune magicien : "la première règle à suivre pour débusquer un charlatan, c'est de se dire qu'il y a forcément un truc et de ne jamais l'oublier". Ce préalable permet au chercheur de lister toutes les autres possibilités rationnelles. En somme, l'épisode nous présente la méthode dont use Columbo depuis le début de la série en la confrontant au surnaturel en plus du traditionnel meurtre.

Le scénario de William Read Woodfield (photographe et magicien mais bien plus connu pour les photos de nus qu'il a prises de Marilyn Monroe) prévoit donc deux énigmes, tout comme dans le précédent épisode ("The conspirators"), voire trois avec un mystère de chambre close. Comment l'assassin maquille-t-il son acte criminel en suicide? Et comment a-t-il procédé pour réussir son test de télépathie? Cette double interrogation est donc construite sur un très bon scénario. Intelligent, le récit captive et rend l'enquête passionnante. Dommage qu'Anthony Andrews, le meurtrier, soit aussi fade. La plupart du temps impassible, ses accès d'humeur ne sont pas très convaincants. Dans l'ensemble, les comédiens n'attirent guère favorablement l'attention.

Le fossé qui s'est creusé avec les années entre la 7e saison et cette 8e est assez profond. La césure est visuellement évidente : les costumes, les voitures, l'environnement général, les coupes de cheveux, tout a beaucoup changé. Et j'avoue que le bond en avant m'a un peu trop bousculé. Je préfère tellement l'esthétique des années 60 et 70 des 7 premières saisons. Une rupture s'est faite. Le plaisir de suivre Columbo n'est plus le même. Il est toujours là mais différent, avec une intensité amoindrie.

Fort heureusement, la structure et les ingrédients de la recette Columbo ne changent pas : la confrontation de Columbo et son adversaire est toujours alléchante et le détective fait toujours autant preuve de ténacité comme de finesse d'analyse. En dépit de son âge, Peter Falk arbore fidèlement son costume élimé, ses chaussures au cuir usé et conduit toujours sa Peugeot cabossée, avec autant de subtilité et de peps qu'auparavant. Comme si le temps n'avait pas de prise sur le roublard italo-américain.
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Message par hansolo »

Alligator a écrit :Columbo goes to the Guillotine (Il y a toujours un truc!) (Leo Penn, 1989)
J'ai également apprécié cet épisode!
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Re: Columbo

Message par LéoL »

C'est vrai qu'avec cette saison, il y a un bouleversement esthétique. Personnellement ca ne me dérange pas du tout, du moment que la qualité des épisodes reste la même. Avec celui-ci on peut dire que c'est réussi. Il est même extrêmement connu je crois, je l'avais déjà vu plusieurs fois.
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Je n'ai pas l'impression que les télés programment une saison plus qu'une autre, qu'il y ait des épisodes plus télévisés que les autres... Je ne sais pas. Il me semble que les saisons précédentes sont tout autant programmées.
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Murder, smoke and shadows (Ombres et lumières) (James Frawley, 1989)

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Revoilà James Frawley! On ne change pas une équipe qui gagne. Une nouvelle fois en effet sa réalisation ne manque pas de nerf, en même temps que d'élégance. L'épisode tournant autour du cinéma, Frawley en profite pour donner une certaine ampleur avec de grands mouvements de caméra que lui procure la grue hollywoodienne ainsi que la démonstration des pouvoirs visuels des jeux d'ombres et de lumières du titre.

En outre, cette enquête rend un hommage appuyé à l'un de ses premiers réalisateurs, devenu depuis un géant du cinéma mondial, Steven Spielberg. Le générique se déroule lors d'un voyage en train touristique dans le parc d'attraction d'un studio de cinéma et le requin des dents de la mer fait une courte apparition. Mais le plus net et évident reste le personnage joué par Fisher Stevens. Physiquement ce jeune loup binoclard aussi à l'aise avec une caméra que dans ses "snickers" a tout du cinéaste producteur.

Bien entendu, Stevens (un acteur que l'on a vu dans mille séries de Friends à Lost) arrive facilement à rendre son personnage hautement antipathique. Il assure un de ces éléments essentiels de la série, la jouissance des spectateurs à voir le meurtrier arrêté. Effectivement, le personnage est un exécrable salopard, de la plus belle eau, ne reculant devant aucun crime, pour fuir ses responsabilités, un habile (tout est relatif évidemment, surtout face à Columbo) manipulateur, un fieffé menteur qui n'a jamais une once de regret, ni de respect pour ceux qui l'entourent et qu'il trahit donc afin de servir son seul bénéfice. D'ailleurs Columbo jubile d'aise dans la dernière confrontation à la toute fin de l'épisode quand il prend le manipulateur metteur en scène à son propre jeu. C'est une des rares fois où le détective exprime aussi ouvertement le pied qu'il prend à se moquer ainsi de son adversaire.

Stevens n'est pas un très bon comédien : il en rajoute énormément. Son jeu excessif profite paradoxalement à ce duel et à l'intensité dramatique d'un épisode qui a du jus et beaucoup de viande autour de l'os. Le scénario est judicieusement construit. Des épisodes de la "seconde période" (après saison 7), si mes souvenirs sont bons, c'est l'un des plus marquants, des plus réussis. Encore une fois, l'acharnement de Columbo fait plaisir à voir malgré le jeu moyen des comédiens qui l'accompagnent. Je commence à peine mes revoyures de ces Columbos post-années 80 et j'ai le sentiment que la qualité de la distribution n'est pas à la hauteur des saisons précédentes. Mais peut-être suis-je trop aveuglé par les deux premiers opus de la saison 8?

Il n'empêche qu'en dépit de ces points d'anicroche, j'ai pris énormément de plaisir devant cet excellent épisode.
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Re: Columbo

Message par Federico »

Alligator a écrit :Murder, smoke and shadows (Ombres et lumières) (James Frawley, 1989)

En outre, cette enquête rend un hommage appuyé à l'un de ses premiers réalisateurs, devenu depuis un géant du cinéma mondial, Steven Spielberg. Le générique se déroule lors d'un voyage en train touristique dans le parc d'attraction d'un studio de cinéma et le requin des dents de la mer fait une courte apparition. Mais le plus net et évident reste le personnage joué par Fisher Stevens. Physiquement ce jeune loup binoclard aussi à l'aise avec une caméra que dans ses "snickers" a tout du cinéaste producteur.

Bien entendu, Stevens (un acteur que l'on a vu dans mille séries de Friends à Lost) arrive facilement à rendre son personnage hautement antipathique. Il assure un de ces éléments essentiels de la série, la jouissance des spectateurs à voir le meurtrier arrêté. Effectivement, le personnage est un exécrable salopard, de la plus belle eau, ne reculant devant aucun crime, pour fuir ses responsabilités, un habile (tout est relatif évidemment, surtout face à Columbo) manipulateur, un fieffé menteur qui n'a jamais une once de regret, ni de respect pour ceux qui l'entourent et qu'il trahit donc afin de servir son seul bénéfice. D'ailleurs Columbo jubile d'aise dans la dernière confrontation à la toute fin de l'épisode quand il prend le manipulateur metteur en scène à son propre jeu. C'est une des rares fois où le détective exprime aussi ouvertement le pied qu'il prend à se moquer ainsi de son adversaire.

Stevens n'est pas un très bon comédien : il en rajoute énormément.
Stevens est vraiment exécrable. Il donne l'impression d'avoir justement tenu à interpréter un négatif de Spielberg (réalisateur qui passe plutôt pour un homme sympathique et pas frimeur). Un des méchants les moins subtils de la saga Columbo. Il en fait des caisses à remplir un container. Même le retour à l'envoyeur que lui concocte l'inspecteur en devient téléphoné.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Columbo

Message par Federico »

Alligator a écrit :Make me a perfect murder (Meurtre parfait) (1978, James Frawley)

Je ne vois guère que la prestation de Trish Van Devere pour quelque peu altérer l'ensemble. Et encore, je chipote et suis méchant. Certes, elle manque un chouïa de présence tout de même. Certes, son jeu est un brin monotone mais à sa décharge on peut avancer que son personnage fait preuve d'une certaine inflexibilité qui explique en grande partie qu'elle devienne meurtrière. Il y a de la logique là-dedans. Reste que je ne goûte pas trop sa performance. La comédienne n'a pas le charme qui emporte l'adhésion, ni la prestance qui pimente la confrontation avec Peter Falk. Par contre, cette espèce de rigidité qui parait un peu paralyser le personnage sert admirablement le suspense, notamment pendant l'exécution de son machiavélique plan ou bien encore quand elle cherche à récupérer l'arme du crime dans l'ascenseur. A ce propos, le dénouement de cet épisode fait certainement partie des plus finauds, des plus imparables et inattendus. Bien joué, lieutenant!

Un des éléments clés que l'on retrouve dans pratiquement tous les épisodes de la série est évidemment le duel que se livre le policier et le criminel. Celui-ci est très particulier. J'avoue qu'il m'échappe un peu, qu'il me laisse perplexe. J'ai eu grand mal à le déchiffrer. Tiens, en voilà une autre bonne raison qui explique que je reste de marbre devant la prestation de Trish Van Devere. Par deux fois, elle complimente Columbo sur son charme physique. Seulement, je n'ai pas le sentiment pour autant qu'elle fasse là un numéro de séduction. Quelles sont les intentions du personnage? Je n'en sais rien. A quoi servirait un simple clin d'œil? Le personnage sur le reste de l'épisode n'a pas du tout l'air de vouloir séduire Columbo. Elle parait suivre son chemin, coûte que coûte, ce qui a le don de choquer son propre patron, joué par l'impeccable Patrick O'Neal. A la fin de l'enquête, alors qu'elle est acculée, près de basculer dans le désespoir, elle apparait beaucoup plus hostile et finalement toujours aussi froide. Voilà. Je ne la suis pas, ne la comprends pas bien. Mauvaise lecture de ma part, je le confesse, mais ses sautes d'humeur restent pour moi trop mystérieuses.

M'enfin pour être honnête, tout cela n'altère en rien l'intensité du plaisir que j'ai ressenti à voir cet épisode bien construit.
Un des épisodes que je préfère. Et je serais bien moins sévère vis-à-vis de Trish Van Devere qui parvient à rendre, sinon attachant, du moins compréhensible son personnage glacial d'executive-woman ayant déjà un pied dans les 80's. Je crois que cet épisode doit beaucoup au Network de Lumet (1976). Trish Van Devere tiendrait en quelque sorte d'un mélange de Faye Dunaway et de Jane Fonda. Et le dénouement est remarquable avec sa mise en abyme télévisuelle.
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Sex and the married dectective (Fantasmes) (James Frawley, 1989)

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Un sentiment mitigé m'anime à la fin de l'épisode. Je reste partagé entre une histoire bien échafaudée, à la solide charpente faite d'une histoire d'amour trompé avec un vertige de la double personnalité et la peinture trop caricaturale du milieu de la sexothérapie.

Commençons donc par le bon grain : une psychothérapeute spécialisée dans les problèmes amoureux et sexuels, sans doute inspirée par la vague de sexologues célèbres outre-atlantique qui ont émergé dans les années 80 (telle la fameuse Dr Ruth) se voit trompée et humiliée par son copain. Elle le supprime grâce à un plan machiavélique dans lequel elle s'amuse à incarner une call-girl de luxe, mystérieuse et sensuelle. Le personnage interprété par Lindsay Crouse que je ne connaissais pas est très intéressant, fouillé, complexe et somme toute attachant. D'ailleurs, Columbo lui même avoue dans un élan compassionnel avoir compris son geste. La relation qu'il noue avec elle est une des plus délicates qui soient dans la série. Nous n'avons pas l'heur de véritablement le voir affronter un adversaire infecte et arrogant comme souvent. Elle joue sa partition juste pour sauver sa peau et sans doute Columbo lui en sait gré quand il fait preuve de cette attention finale. La dernière scène est à ce propos assez émouvante. Au coin du feu, cette femme demande, espère de ne pas avoir déçu le lieutenant. Et tendrement, il la réconforte.

Ce qu'elle craignait le plus et c'est sans doute ce qui est le plus troublant, c'est de perdre sa personnalité, de préférer être son double, celui qu'elle a endossé pour son meurtre puis pour proposer des fausses pistes à Columbo. La question de la perte d'identité dans le jeu, ici celui du fantasme est intéressante même si elle manque un tout petit peu de contenance en partie parce que la comédienne ne réussit pas à transcender son rôle. Un poil de personnalité ou de charme en plus et le tour eut été joué. Malgré tout, sa prestation est correcte. Difficile à mener sans tanguer vers la vulgarité ou les clichés.

D'autant plus que le domaine de la sexologie (ou sexothérapie) est prompt à susciter fantasmes, grivoiseries, ricanements et autres comportements stéréotypés. Et d'ailleurs, le scénario ne nous épargne par de tomber dans ces travers en dépeignant l'entourage, les collègues psy de Crouse comme des types plus ou moins équilibrés, plutôt infantiles, incapables de gérer leurs affects et leurs désirs, quémandant à Columbo ses conseils avisés. Certes, l'effet comique dû à un renversement de valeurs est l'objectif principal mais finalement cela apparait un peu grossier et simpliste. C'est dommage mais n'empêche pas, heureusement, le spectateur de siroter un épisode de grande valeur, bien écrit et subtil.
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