Re: Raimu (1883-1946)
Publié : 8 déc. 14, 21:34
Gribouille (1937) de Marc Allégret avec Raimu, Michèle Morgan, Julien Carette, Andrex.
Scénario : Marcel Achard, Jan Lustig
Décors : Alexandre Trauner
L'histoire : Camille Morestan est désigné comme juré au procès de Natalie Roguin, accusée du meurtre de son amant. Il est persuadé de son innocence et parvient à en persuader les autres. Natalie est acquittée. Camille lui offre l'hospitalité…
Souvent j’ai lu ici ou là que Gribouille valait surtout pour la première apparition de Michelle Morgan à l’écran et sa rencontre avec le grand Raimu. C’est un peu injuste, selon moi, d’expédier le film en une ligne.
Marc Allégret brosse ici le portrait de la France d’alors. Une France bien pensante, misogyne, qui envoie encore les coupables à l’échafaud sans aucun état d’âme.
La scène d’ouverture nous induit en erreur sur la tonalité du film. Il ne s’agit pas d’une comédie comme le laissait suggérer l’échange des vélos contre le tandem. Allégret emploi rapidement un ton grinçant écornant au passage la justice guindée dans ses à priori, dépeint les jurés sans ménagement. L’imbécile, l’indifférent, le réact droit dans ses bottes tranchent avec le comportement responsable et humain de Camille Morestan (Raimu) désireux de comprendre et habité de compassion pour l’accusée - Natalie Roguin (Michèle Morgan) –
Le verdict clôture la première partie. Tombée de rideau sur cet instantané de la France de 1937.
La suite de l’intrigue se déroule principalement dans le magasin d’articles de sport et les appartements du couple Morestan. Ainsi Marc Allégret pose son regard sur une famille de petits commerçants ordinaires, dessine par petites touches le portrait d’un couple confronté à l’arrivée d’une personne étrangère qui va forcément bousculer le ronron et l’équilibre familial.
Il faut porter intérêt à l’évolution du personnage de Morestan pris au piège de sa propre générosité.
En proie aux soupçons on lui prête rapidement des arrières pensées. Il aurait des vues sur Natalie Roguin. Ainsi il rentre en conflit avec ses proches – son fils notamment –, adopte une attitude fuyante puis agressive envers un ancien juré (Lurette / Julien Carette). S’en suit une prise de conscience sur la difficulté d’accueillir une « ex-coupable » sous son toit plutôt qu’une innocente.
Marc Allégret scrute également les comportements de ceux qui gravitent autour de Morestan. Natalie prisonnière de son passé. Cible des hommes qui la méprisent et le voient désormais comme une fille facile ayant perdu le droit élémentaire à un minimum de respect. Au fond c’est une critique acerbe d’une société intolérante et moralisatrice, prompte à s’acharner sur le plus faible que nous livre ici le metteur en scène. Nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale et rétrospectivement on peut y déceler un avant-goût des comportement que certains adopteront pendant l’occupation.
Raimu trouve une fois encore un rôle en or qui lui permet de jouer sur une large gamme de sentiments, passant de la certitude au doute, de la dérobade à la franche colère.
Face à lui, Michèle Morgan s’impose à l’écran pour la première fois, marquée par le destin annonçant la Nelly de Quai de brumes.
N’oublions pas les deuxièmes couteaux Julien Carette, Andrex (en séducteur peu scrupuleux) et Bernard Blier (l’homme au tandem).
Gribouille n’est donc pas aussi anecdotique qu’il y parait et mérite bien un petit coup de projecteur.
Scénario : Marcel Achard, Jan Lustig
Décors : Alexandre Trauner
L'histoire : Camille Morestan est désigné comme juré au procès de Natalie Roguin, accusée du meurtre de son amant. Il est persuadé de son innocence et parvient à en persuader les autres. Natalie est acquittée. Camille lui offre l'hospitalité…
Souvent j’ai lu ici ou là que Gribouille valait surtout pour la première apparition de Michelle Morgan à l’écran et sa rencontre avec le grand Raimu. C’est un peu injuste, selon moi, d’expédier le film en une ligne.
Marc Allégret brosse ici le portrait de la France d’alors. Une France bien pensante, misogyne, qui envoie encore les coupables à l’échafaud sans aucun état d’âme.
La scène d’ouverture nous induit en erreur sur la tonalité du film. Il ne s’agit pas d’une comédie comme le laissait suggérer l’échange des vélos contre le tandem. Allégret emploi rapidement un ton grinçant écornant au passage la justice guindée dans ses à priori, dépeint les jurés sans ménagement. L’imbécile, l’indifférent, le réact droit dans ses bottes tranchent avec le comportement responsable et humain de Camille Morestan (Raimu) désireux de comprendre et habité de compassion pour l’accusée - Natalie Roguin (Michèle Morgan) –
Le verdict clôture la première partie. Tombée de rideau sur cet instantané de la France de 1937.
La suite de l’intrigue se déroule principalement dans le magasin d’articles de sport et les appartements du couple Morestan. Ainsi Marc Allégret pose son regard sur une famille de petits commerçants ordinaires, dessine par petites touches le portrait d’un couple confronté à l’arrivée d’une personne étrangère qui va forcément bousculer le ronron et l’équilibre familial.
Il faut porter intérêt à l’évolution du personnage de Morestan pris au piège de sa propre générosité.
En proie aux soupçons on lui prête rapidement des arrières pensées. Il aurait des vues sur Natalie Roguin. Ainsi il rentre en conflit avec ses proches – son fils notamment –, adopte une attitude fuyante puis agressive envers un ancien juré (Lurette / Julien Carette). S’en suit une prise de conscience sur la difficulté d’accueillir une « ex-coupable » sous son toit plutôt qu’une innocente.
Marc Allégret scrute également les comportements de ceux qui gravitent autour de Morestan. Natalie prisonnière de son passé. Cible des hommes qui la méprisent et le voient désormais comme une fille facile ayant perdu le droit élémentaire à un minimum de respect. Au fond c’est une critique acerbe d’une société intolérante et moralisatrice, prompte à s’acharner sur le plus faible que nous livre ici le metteur en scène. Nous sommes à la veille de la seconde guerre mondiale et rétrospectivement on peut y déceler un avant-goût des comportement que certains adopteront pendant l’occupation.
Raimu trouve une fois encore un rôle en or qui lui permet de jouer sur une large gamme de sentiments, passant de la certitude au doute, de la dérobade à la franche colère.
Face à lui, Michèle Morgan s’impose à l’écran pour la première fois, marquée par le destin annonçant la Nelly de Quai de brumes.
N’oublions pas les deuxièmes couteaux Julien Carette, Andrex (en séducteur peu scrupuleux) et Bernard Blier (l’homme au tandem).
Gribouille n’est donc pas aussi anecdotique qu’il y parait et mérite bien un petit coup de projecteur.