WUSA (S. Rosenberg, 1970)
1969. Un homme et une femme échouent au même moment à la Nouvelle-Orléans. Reinhardt (P. Newman) est animateur radio, alcoolique. Géraldine (J. Woodward) vit au jour le jour, entre serveuse et entraineuse... La rencontre a lieu au hasard d'un bar, Ils emmenagent dans un immeuble de rapport vétuste situé dans le quartier français. Rheinhardt trouve à s'employer dans une radio locale baptisée wusa (prononcez double usa). Cette radio est en quelque sorte l'accessoire de propagande pour la droite républicaine du coin qui y diffuse ses valeurs. Peu importe pour Rheinhardt du moment qu'il fait son job. L'immeuble où le couple a emmenagé est peuplé de hippies, et d'un personnage introverti, Rainey (A. Perkins) qui travaille pour le bureau d'aide social au logement. Rainey s'aperçoit que son travail plutôt ingrat est en fait dirigé en sous main par le parti républicain du comté, le but de cette manipulation étant de conforter l'opinion qu'il existe des escrocs aux allocations pour stopper les aides et faire partir les pauvres hors de la ville.
Je me faisais une joie de voir ce film qui, sur le papier, proposait un pack alléchant. Le film n'avait jusqu'à présent jamais été édité sur aucun support vidéo.
Est ce à supposer que personne n'osait sortir ce film ? En tout cas c'est très loin d'être le brûlot politique qu'on pourrait imaginer à la vue de l'affiche et de son accroche très sarkozienne. Cette accroche (
love it or leave it) est presque mensongère dans la mesure où à aucun moment ce type d'affirmation est abordée. L'histoire se concentre plus sur le groupe de laissés-pour-compte que sur la machination fachisante orchestrée par la droite républicaine. Nous n'entendons que 2 slogans, ne voyons qu'un drapeau étoilé dans l'enseigne de la radio, et c'est tout. Le reste n'est que supputations.
Oui, wusa se veut un pamphlet sur l'amérique raciste et égoïste, mais le propos est largement plombé par le manque de cohésion dans la réalisation, sans parler des quelques tirades en roue libre des acteurs. Il manque un fil directeur, on se demande en permanence où le film veut nous mener. wusa n'est pas vraiment un film politique dans le peu qu'il propose, c'est un film mal réalisé avec beaucoup d'ambition certainement, mais qui n'arrive jamais à la hauteur de ce qu'on en attend. C'est très curieux. Il semble qu'on parte dans trop de directions à la fois. La dérive fachiste de l'amérique n'est qu'entre-apperçue. Il peut être très interressant de laisser de l'ombre sur les faits, à condition que l'intrigue soit bien menée, hors ici on part dans trop de chemins différents pour vraiment s'interresser au sujet principal. à aucun moment la violence verbale est déversée sur les ondes, et le complot reste très obscure, entendu seulement par quelques dialogues. Les personnages cohabitent et finissent par se retrouver, mais la plupart du temps nous assistons à des scenettes statiques sans liens et beaucoup trop longues dans lesquelles les acteurs développent de longs monologues. gros problème de rythme donc.
Il paraitrerait que le film fut un bide. Pas étonnant à sa vue, mais ce n'est pas la forme (faible) du film qui choque le plus désormais, mais plutôt le fond, qui semble devenu assez banal. Nous savons bien que certaines télé aux opinions affirmées n'hésitent pas à "balancer", jusque sur le président. coup bas, communication ciblée sont de règle désormais, sans vraiment choquer. Le film se termine dans un folklore absolument délirant, et là encore l'histoire est confuse : pourquoi des hippies sont-ils invités à la réunion des républicains ? et la manière dont Géraldine est arrétée est absolument ridicule. Les seconds rôles sont nombreux, pas ininterressant, et même bien joués par toute une série de 2nd rôles, mais malheureusement juste esquissés, et oubliés dès la scène suivante.
On retiendra quelques belles images de la nouvelle Orléans où le film fût tourné, en particulier l'immeuble délabré qui m'a fait pensé un peu à celui de fenêtre sur cour, un pub, et la scène du cimetière. Le tout joliment cadré avec quelques mouvements de caméra appropriés, mais c'est néanmoins trop peu pour apprécier le film. Déception donc pour un film qui promettait tout de même beaucoup.
Suivra pocket money (encore avec Newman, et bien meilleur à mon goût dans la réalisation de l'histoire), The laughing man (pas vu), et the drowning pool (encore avec Newman et Woodward, un "Harper" plutôt fadasse avec les mêmes défauts que wusa où l'on ne fait qu'effleurer l'intrigue et les personnages).
Le dvd z1 offre le film et rien d'autre. aucun sous titre, ce qui rebutera fortement car le film est bavard, et entre Newman qui avale ses phrases et Perkins qui bégaie, bonjour la compréhension...
Bonne qualité d'image dans la définition et les couleurs. ça granule gentiment avec quelques tâches sans aucunes importances. Son mono correct bien que la musique noie parfois les paroles vers la fin. Paramount Qualität en somme, via l'éditeur Olive Films.
Voilà, je voulais vous parler de ce film depuis un moment. Je n'ai jamais vu un film avec Paul Newman aussi mauvais. Après avoir vu Luke la main froide du même réalisateur (sorti l'année précédente), j'avais de grandes espérances, mais à sa vision je reste très perplexe, partagé entre l'envie d'y trouver une idée interressante et le rejet pur et simple de la forme, quasiment insupportable. Au final , c'est tout de même une grosse déception.
Mon classement :
Luke la main froide
Pocket money
The drowning pool
Amityville
Wusa