C’est exactement ce que j’ai pensé en decouvrant le film il y a 35 anstenia a écrit : ↑11 janv. 23, 22:34Je croyais avoir loupé un truc, mais non, ce n'est pas dans l'histoire du film : c'est peut-être plutôt simplement le seul type d'actrice ayant accepté que son intimité soit montrée de la sorte à l'écran...Barry Egan a écrit : ↑11 janv. 23, 21:12Quant au point de départ du film, il est clair : Marielle se barre après avoir vu une vulve de trop (et c'est celle d'une actrice de films pornos). Métaphoriquement, je suppose que ça corrobore mon interprétation.
Calmos (Bertrand Blier - 1976)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- Régisseur
- Messages : 3128
- Inscription : 29 sept. 04, 22:18
- Localisation : West of Zanzibar
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
- Barry Egan
- Assistant opérateur
- Messages : 2421
- Inscription : 5 janv. 12, 18:51
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
C'est hors diegese, certes. Mais il fait son point avec ce plan frontal, alors qu'il pourrait l'éviter. C'est signifiant de montrer alors que le spectateur pourrait comprendre même avec l'objet de répulsion hors champ. Ce plan remplit la même fonction ici que celui du rasoir et de l'œil dans "Un chien andalou". Il figure l'intrusion d'une violence au-dehors de la conscience du spectateur, en lui indiquant à la fois qu'elle s'est échappée de lui et qu'il va lui falloir l'affronter... Ce que le personnage de Marielle bien entendu ne fait pas...
- tenia
- Le Choix de Sophisme
- Messages : 30898
- Inscription : 1 juin 08, 14:29
- Contact :
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
Ou alors c'est justement totalement complaisant et gratuit, et filmé comme tel juste car possible.
- Spongebob
- David O. Selznick
- Messages : 12892
- Inscription : 21 août 03, 22:20
- Last.fm
- Liste DVD
- Localisation : Pathé Beaugrenelle
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
Merci d'avoir mis le doigt sur ce qui m'a déplu dans ce film. Je l'ai découvert il y a quelques mois et je trouve qu'il a très mal vieilli.tenia a écrit : ↑11 janv. 23, 18:42 Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu le film, et je reste mitigé sur son rythme, qui passé le pitch de départ semble tourner un peu vite en rond.
Il n'empêche, Marielle et Rochefort (et Blier aussi un peu) campent un beau duo de lâches incapables, uniquement prompts à se replier sur eux-mêmes plutôt que de devoir composer avec le moindre effort de compromis (mais vraiment pas le moindre), pour finir (logiquement) rapidement par se baffrer comme des porcs (le rapport des protagonistes à la bouffe est assez fascinant) et picoler comme des trous, en se réjouissant de pouvoir bouffer de l'ail sans se brosser les dents et de péter en laissant des traces de pneus, car c'est ça la liberté : ne pas avoir à bouffer un cachou pour masquer une haleine de tabac froid avant d'honorer madame. Tout un programme.
Ils finiront par se faire rattraper par la patrouille, toute aussi extrême que le petit programme solitaire qu'ils pensaient s'être concocté. Loupé, ils devront littéralement retourner d'où ils viennent, après une séance de rattrapage express façon karma cosmique où des espèces de totem d'une certaine vision des priorités masculines seront piétinés un par un ("Personne ne s'occupe de la bouffe. En Bourgogne, elles saccagent les vignobles. A Meursault, je les ai vues arracher cep par cep des coteaux entiers !"), et où l'obsession des uns ("Ce qui nous fait bander, c'est le Beaujolais !") s'opposent à celle des autres ("Ne vous battez pas mesdames, c'est pas les soldes !").
Difficile de ne pas y voir 2 protagonistes au moins misogynes, voire gynophobes, mais on ne peut pas dire que la galerie masculine soit reluisante.
- Barry Egan
- Assistant opérateur
- Messages : 2421
- Inscription : 5 janv. 12, 18:51
-
- Accessoiriste
- Messages : 1580
- Inscription : 22 avr. 11, 00:38
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
En ce qui concerne le choix d'une actrice porno pour le plan de la vulve, il ne fait aucun doute que c'est un choix par défaut. Je doute qu'une actrice débutante ou confirmée risque sa carrière à l'époque pour ce planBarry Egan a écrit : ↑12 janv. 23, 07:27 C'est hors diegese, certes. Mais il fait son point avec ce plan frontal, alors qu'il pourrait l'éviter. C'est signifiant de montrer alors que le spectateur pourrait comprendre même avec l'objet de répulsion hors champ. Ce plan remplit la même fonction ici que celui du rasoir et de l'œil dans "Un chien andalou". Il figure l'intrusion d'une violence au-dehors de la conscience du spectateur, en lui indiquant à la fois qu'elle s'est échappée de lui et qu'il va lui falloir l'affronter... Ce que le personnage de Marielle bien entendu ne fait pas...
Quant au plan lui même, je suis d'accord avec toi, c'est l'intrusion d'une violence dans l'univers du spectateur et de Jean Pierre Marielle. Pour le spectateur, c'est du Blier provocateur pur jus, qui cherche à bousculer son confort. Rien de neuf, mais c'est un degré plus haut que les scènes de baise des Valseuses.
Pour Marielle, c'est une intrusion inacceptable de la femme dans son espace de liberté, à savoir bouffer tranquillement ses tartines de pâté. Et ça rejoint ce que dit Tenia, les hommes de Calmos préfèrent fuir et se recroqueviller sur des besoins primaires(boire, manger) plutôt que de faire des compromis pour pouvoir baiser
Blier, pour moi, approuve l'émancipation féminine de l'époque, entrevue dans les Valseuses. Il se fout de ces mecs terrorisés à l'idée d'un rééquilibrage des pouvoirs entre hommes et femmes.
Mais je pense aussi qu'en tant que mec amoureux des femmes, il est agacé par le radicalisme très peu sexy de certaines militantes de la MLF.La représentation des femmes en pouvoir tortionnaire armé, qui
opprime les hommes et en font des objets sexuels jetables, épouse les craintes des hommes du film mais peut être aussi les craintes d'un Blier pour qui cette révolution féminine pourrait aller trop loin...
C'est là toute la richesse et complexité du bonhomme
Dernière modification par batfunk le 19 janv. 23, 18:32, modifié 1 fois.
-
- Régisseur
- Messages : 3128
- Inscription : 29 sept. 04, 22:18
- Localisation : West of Zanzibar
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
Il ne faut pas oublier que Marielle est gynécologue….
Donc la vue frontale en question est son metier et son quotidien. On ne peut en aucun cas comparer la situation du spectateur et celle du personnage.
J’ai pas revu le film depuis sa diffusion sur canal dans les années 80 donc …
Mais attention à ne pas mal interpréter. Pour Marielle les femmes c’est son boulot (et son choix de formation d’ailleurs (Désolé, periode parcourssup oblige ) ) donc c’est plus l’irruption du boulot dans sa pose dejeuner que l’irruption de la femme dans une vie de mec bouffeur de charcuterie…
Donc la vue frontale en question est son metier et son quotidien. On ne peut en aucun cas comparer la situation du spectateur et celle du personnage.
J’ai pas revu le film depuis sa diffusion sur canal dans les années 80 donc …
Mais attention à ne pas mal interpréter. Pour Marielle les femmes c’est son boulot (et son choix de formation d’ailleurs (Désolé, periode parcourssup oblige ) ) donc c’est plus l’irruption du boulot dans sa pose dejeuner que l’irruption de la femme dans une vie de mec bouffeur de charcuterie…
-
- Accessoiriste
- Messages : 1580
- Inscription : 22 avr. 11, 00:38
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
Permet moi de te signaler, sans animosité, que ton utilisation du terme "Attention à ne pas mal interpréter" est absurde et condescendante.Absurde,car nous sommes ici pour confronter nos interprétations et condescendante, car tu sous entends que seule ton interprétation est valable
Tu as raison de signaler que Marielle est gynécologue et que la vulve, c'est le boulot. Mais la vulve, c'est aussi la femme. Marielle voit des vulves toute la journée au boulot et doit en plus s'occuper de celle de sa femme le soir, normal qu'il sature des vulves.. Et des femmes ., D'ailleurs, c'est sur une femme que Marielle passe ses nerfs en quittant le cabinet, tout sauf un hasard.
Et le plan de la vulve en vue subjective de face, ne t'en déplaise, c'est aussi le champ visuel du spectateur, qui aurait aimé avoir autre chose sous la truffe Je doute fortement que Blier le provocateur oublie le spectateur dans l'équation
Tu as raison de signaler que Marielle est gynécologue et que la vulve, c'est le boulot. Mais la vulve, c'est aussi la femme. Marielle voit des vulves toute la journée au boulot et doit en plus s'occuper de celle de sa femme le soir, normal qu'il sature des vulves.. Et des femmes ., D'ailleurs, c'est sur une femme que Marielle passe ses nerfs en quittant le cabinet, tout sauf un hasard.
Et le plan de la vulve en vue subjective de face, ne t'en déplaise, c'est aussi le champ visuel du spectateur, qui aurait aimé avoir autre chose sous la truffe Je doute fortement que Blier le provocateur oublie le spectateur dans l'équation
-
- Régisseur
- Messages : 3128
- Inscription : 29 sept. 04, 22:18
- Localisation : West of Zanzibar
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
Ok pour le rappel a l’ordre sur l’emploi de l’expression :batfunk a écrit : ↑19 janv. 23, 18:16 Permet moi de te signaler, sans animosité, que ton utilisation du terme "Attention à ne pas mal interpréter" est absurde et condescendante.Absurde,car nous sommes ici pour confronter nos interprétations et condescendante, car tu sous entends que seule ton interprétation est valable
Tu as raison de signaler que Marielle est gynécologue et que la vulve, c'est le boulot. Mais la vulve, c'est aussi la femme. D'ailleurs, c'est sur une femme que Marielle passe ses nerfs en quittant le cabinet, tout sauf un hasard.
Et le plan de la vulve en vue subjective de face, ne t'en déplaise, c'est aussi le champ visuel du spectateur, qui aurait aimé avoir autre chose sous la truffe Je doute fortement que Blier le provocateur oublie le spectateur dans l'équation
« Attention de ne pas mal interpréter «
Le fait que Marielle soit gynécologue ne donne pas la meme sens à la scene que s’il avait ete dentiste…, avocat ou plombier. C’est un fait plus qu’une interprétation….
Je pense que ne pas intégrer cet élément dans l’analyse fausse pour le coup l’interprétation qu’on peut en avoir.
Je pense qu’ici Blier habilement joue avec le spectateur, en nous faisant transposer sur le personnage notre propre réaction face à la violence du « spectacle » Et que c’est donc plus le spectateur qui est visé ici que le gynécologue.
Imaginons la meme scene avec un instituteur.
Celui-ci est assis a son bureau a manger son sandwich pendant la pause dejeuner. Les enfants rentrent et s’installe. Il leve les yeux et les regarde dégoûté.
Pensera t’on que c’est l’intrusion violente de la jeunesse dans la vie d’un quinqua qui lui fait prendre le maquis?
Des gamins il en voit tout les jours…
Comme Marielle, il peut en avoir marre. Mais en l’espece, Marielle a choisi de consacrer sa vie à la femme, comme l’instit au gamin.
La femme, dans sa forme la plus « essentielle « ( cf l’origine du monde) ne peut pas faire irruption dans la vie de Marielle, comme dans les années 70, la vue frontale d’une vulve a pu faire irruption dans la vie du spectateur de cinema.
-
- Accessoiriste
- Messages : 1580
- Inscription : 22 avr. 11, 00:38
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
"Mais en l’espece, Marielle a choisi de consacrer sa vie à la femme, comme l’instit au gamin."
Je crois sincèrement que tu surestimes l'attachement des gens à leur profession. Beaucoup de gens ont une profession éloignée de leur rêves initiaux, y compris les médecins et les professeurs, dont tu idéalises quelque peu la vocation. J'ai un ami qui se rêvait polytechnicien et qui a fait médecine par défaut. Il se rêvait ensuite chirurgien cardiaque et a fini ophtalmogiste...
Des instituteurs qui quittent leur boulot sur un événement anodin,par pur ras le bol, ça n'est pas ça qui manque. Et le fait qu'ils aiment leurs élèves ou pas n'y changera rien.
Pour en revenir au film, le fait que Marielle soit un gyneco permet de commencer le film par ce plan de vulve provocateur mais Blier aurait pu commencer son film avec Marielle dans une autre profession, genre un coiffeur. Un coiffeur qui claque sa porte de la boutique, excédé d'entendre les cancans de ses clientes.
Le sujet du film n'est pas l'histoire d'un gyneco qui en a marre de voir des vulves, mais l'histoire de mecs qui ne supportent plus de vivre avec leur gonzesses et qui décident de reprendre leur liberté
Je crois sincèrement que tu surestimes l'attachement des gens à leur profession. Beaucoup de gens ont une profession éloignée de leur rêves initiaux, y compris les médecins et les professeurs, dont tu idéalises quelque peu la vocation. J'ai un ami qui se rêvait polytechnicien et qui a fait médecine par défaut. Il se rêvait ensuite chirurgien cardiaque et a fini ophtalmogiste...
Des instituteurs qui quittent leur boulot sur un événement anodin,par pur ras le bol, ça n'est pas ça qui manque. Et le fait qu'ils aiment leurs élèves ou pas n'y changera rien.
Pour en revenir au film, le fait que Marielle soit un gyneco permet de commencer le film par ce plan de vulve provocateur mais Blier aurait pu commencer son film avec Marielle dans une autre profession, genre un coiffeur. Un coiffeur qui claque sa porte de la boutique, excédé d'entendre les cancans de ses clientes.
Le sujet du film n'est pas l'histoire d'un gyneco qui en a marre de voir des vulves, mais l'histoire de mecs qui ne supportent plus de vivre avec leur gonzesses et qui décident de reprendre leur liberté
-
- Régisseur
- Messages : 3128
- Inscription : 29 sept. 04, 22:18
- Localisation : West of Zanzibar
-
- Régisseur
- Messages : 3128
- Inscription : 29 sept. 04, 22:18
- Localisation : West of Zanzibar
- tenia
- Le Choix de Sophisme
- Messages : 30898
- Inscription : 1 juin 08, 14:29
- Contact :
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
Nan mais il est clair aussi que le perso de Marielle voit des intimités de femmes toute la journée sûrement depuis des années, donc ce n'est pas l'image d'une intrusion, mais d'un trop plein, d'un ras le bol, d'une vulve faisant déborder le vase. Ça l'emmerde, et ne lui fait plus rien, plus concentré qu'il en devient à l'idée de se tartiner la baguette de bidoche puis de s'en foutre plein la moustache.
D'autant que dans ce contexte, ces vulves sont à voir sans sexualisation, c'est boulot boulot boulot. A contrario, Rochefort y joue un maquereau, càd le traitement de la femme dans le plus pur utilitarisme sexualisé.
Ce ne sont pas deux choix anodins, puisque ça annonce 2 quotidiens spécifiques liés aux femmes et leurs corps nus. Si on avait eu un instit et un banquier, on ne serait pas parti du même endroit pour ces protagonistes.
D'autant que dans ce contexte, ces vulves sont à voir sans sexualisation, c'est boulot boulot boulot. A contrario, Rochefort y joue un maquereau, càd le traitement de la femme dans le plus pur utilitarisme sexualisé.
Ce ne sont pas deux choix anodins, puisque ça annonce 2 quotidiens spécifiques liés aux femmes et leurs corps nus. Si on avait eu un instit et un banquier, on ne serait pas parti du même endroit pour ces protagonistes.
-
- Régisseur
- Messages : 3128
- Inscription : 29 sept. 04, 22:18
- Localisation : West of Zanzibar
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
J’avais oublié que Rochefort était maquereau…
Il est temps que je revois le film.
Il est temps que je revois le film.
-
- Accessoiriste
- Messages : 1580
- Inscription : 22 avr. 11, 00:38
Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)
J''avais oublié le travail de Rochefort, tiens Effectivement, c'est ce trop plein de femmes dans leurs boulot qui provoque leur craquage et font d'eux les meneurs de la révolte.tenia a écrit : ↑19 janv. 23, 21:03 Nan mais il est clair aussi que le perso de Marielle voit des intimités de femmes toute la journée sûrement depuis des années, donc ce n'est pas l'image d'une intrusion, mais d'un trop plein, d'un ras le bol, d'une vulve faisant déborder le vase. Ça l'emmerde, et ne lui fait plus rien, plus concentré qu'il en devient à l'idée de se tartiner la baguette de bidoche puis de s'en foutre plein la moustache.
D'autant que dans ce contexte, ces vulves sont à voir sans sexualisation, c'est boulot boulot boulot. A contrario, Rochefort y joue un maquereau, càd le traitement de la femme dans le plus pur utilitarisme sexualisé.
Ce ne sont pas deux choix anodins, puisque ça annonce 2 quotidiens spécifiques liés aux femmes et leurs corps nus. Si on avait eu un instit et un banquier, on ne serait pas parti du même endroit pour ces protagonistes.