Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Joshua Baskin
ambidextre godardien
Messages : 11625
Inscription : 13 avr. 03, 20:28
Localisation : A la recherche de Zoltar

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Joshua Baskin »

Jeremy Fox a écrit :je trouve qu'après le premier tiers le film commence à tourner dans le vide, à se répéter et à ne plus savoir où aller
La filmo de Blier résumée en une seule phrase.
Intersections Global Corp.
Avatar de l’utilisateur
Karras
Howard Hughes
Messages : 15291
Inscription : 15 avr. 03, 18:31
Liste DVD
Localisation : La cité du Ponant

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Karras »

Découvert ce film absolument incroyable qui, dans la période actuelle, est encore plus jubilatoire ( voir prémonitoire ). Quel délire d'autodérision. On imagine mal qui pourrait produire un truc pareil aujourd'hui, et quelles actrices ( à part Deneuve, Bardot et Lahaye :) ) oseraient tourner dans un pamphlet aussi provocateur. Franchement, même si la fin est un peu plus faible, je n'avais pas vu un film aussi drôle depuis pas mal de temps.
Avatar de l’utilisateur
La Scoumoune
Doublure lumière
Messages : 683
Inscription : 4 août 04, 09:26

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par La Scoumoune »

De mémoire je crois que Bertrand Blier l’a quelque peu renié ou du moins ne souhaite plus en parler.
Mais je suis d’accord avec toi , ce film est incroyable et inoubliable. On appelle ça un OCNI je crois.
Dès la première scène le ton est donné :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18363
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Kevin95 »

La Scoumoune a écrit :De mémoire je crois que Bertrand Blier l’a quelque peu renié ou du moins ne souhaite plus en parler.
Après la sortie du film peut-être mais maintenant, aidé par l’aspect culte du film, le fiston Blier est bien plus loquace.

J'ai chopé trois cartons de la revue "Cinéma..." (des 70's aux 80's) et dire que Calmos fut mal reçu à son époque est un doux euphémisme.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
1kult
Directeur photo
Messages : 5320
Inscription : 27 sept. 10, 00:54
Contact :

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par 1kult »

Je suis très heureux de finir la saison des Séances 1Kult avec ce Calmos, qui sera projeté dans sa copie récemment restaurée, et jamais projetée sur grand écran. c'est le 18 juin prochain, à 20 heures, aux 7 Batignolles (Paris)

Image

Plus d'infos :

http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 0#p2753740

:wink:
1Kult.com, le Webzine du cinéma alternatif en continu !
------------
Le site : http://www.1kult.com
Le facebook : http://www.facebook.com/1kult
le twitter : http://www.twitter.com/1kult
Le compte viméo : http://www.vimeo.com/webzine1kult
Avatar de l’utilisateur
Michel2
Doublure lumière
Messages : 519
Inscription : 19 juin 16, 04:59

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Michel2 »

Ah, j'entends sonner les cloches de la tentation, là...

Ca tombe bien, je crois que je n'ai rien de prévu le 18.
Avatar de l’utilisateur
Mosin-Nagant
Producteur
Messages : 9484
Inscription : 12 juin 14, 19:36
Localisation : "Made in America"

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Mosin-Nagant »

1kult a écrit :Je suis très heureux de finir la saison des Séances 1Kult avec ce Calmos, qui sera projeté dans sa copie récemment restaurée, et jamais projetée sur grand écran. c'est le 18 juin prochain, à 20 heures, aux 7 Batignolles (Paris)

Image

Plus d'infos :

http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 0#p2753740

:wink:
Alors, si j'avais pu venir, ça aurait été avec grand plaisir !
Comme je ne vis pas sur Paris, c'est via myCanal que je suis en train de découvrir ce film...
C'est sûr, c'est pas pareil que sur grand écran avec la bonne ambiance. :|
Image

You know my feelings: Every day is a gift. It's just, does it have to be a pair of socks?
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22129
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Supfiction »

J’essaierai de venir.
En tous cas, j’ai le dvd dans mon panier Amazon, je vais sagement attendre un éventuel blu ray.
batfunk
Accessoiriste
Messages : 1580
Inscription : 22 avr. 11, 00:38

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par batfunk »

Le seul classique de Blier que je n'ai pas encore vu. Sauf Imprévu, j'en serai :D. On est cinq,c'est ça? Pas besoin de signe distinctif pour se reconnaitre donc? :mrgreen:
La caissière est dans le coup aussi?
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2390
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Barry Egan »

Je m'attendais à un film polémique années 70 type "La Grande Bouffe" et je me suis retrouvé devant... euh... un magnifique bazar qui commence très peu conventionnellement et finit en folie furieuse. La dernière demi-heure est juste WTF. Le seul film contemporain qui me semble être un brin dans cet état d'esprit est "Jacky au royaume des filles", et encore, il ne va pas aussi loin dans ses délires. Le voyage est complètement imprévisible, et si on m'avait dit après les 10 premières minutes comment le film allait se terminer, je ne l'aurais jamais cru. Une belle découverte qui va me donner envie de découvrir d'autres Blier. Ça fait longtemps que je lis de bonnes choses sur "Buffet Froid", c'est décidé, je vais m'y mettre.
Image
Avatar de l’utilisateur
tenia
Le Choix de Sophisme
Messages : 30715
Inscription : 1 juin 08, 14:29
Contact :

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par tenia »

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu le film, et je reste mitigé sur son rythme, qui passé le pitch de départ semble tourner un peu vite en rond.

Il n'empêche, Marielle et Rochefort (et Blier aussi un peu) campent un beau duo de lâches incapables, uniquement prompts à se replier sur eux-mêmes plutôt que de devoir composer avec le moindre effort de compromis (mais vraiment pas le moindre), pour finir (logiquement) rapidement par se baffrer comme des porcs (le rapport des protagonistes à la bouffe est assez fascinant) et picoler comme des trous, en se réjouissant de pouvoir bouffer de l'ail sans se brosser les dents et de péter en laissant des traces de pneus, car c'est ça la liberté : ne pas avoir à bouffer un cachou pour masquer une haleine de tabac froid avant d'honorer madame. Tout un programme.

Ils finiront par se faire rattraper par la patrouille, toute aussi extrême que le petit programme solitaire qu'ils pensaient s'être concocté. Loupé, ils devront littéralement retourner d'où ils viennent, après une séance de rattrapage express façon karma cosmique où des espèces de totem d'une certaine vision des priorités masculines seront piétinés un par un ("Personne ne s'occupe de la bouffe. En Bourgogne, elles saccagent les vignobles. A Meursault, je les ai vues arracher cep par cep des coteaux entiers !"), et où l'obsession des uns ("Ce qui nous fait bander, c'est le Beaujolais !") s'opposent à celle des autres ("Ne vous battez pas mesdames, c'est pas les soldes !").

Difficile de ne pas y voir 2 protagonistes au moins misogynes, voire gynophobes, mais on ne peut pas dire que la galerie masculine soit reluisante.
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2390
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Barry Egan »

La gent féminine ne vaut pas mieux.

Le film sort dans un contexte libertaire, à un moment où la pornographie sort de la clandestinité et s'expose dans l'espace public. Il y a eu des femmes pour donner leurs corps à la vue de tous et de toutes dans ces années-là. Elles n'ont pas refusé, elles ont vendu leur image entière. Elles sont tout aussi responsables de l'obscénité que représente cette industrie que les hommes. Elles n'ont pas hésité non plus à participer à la marchandisation des relations amoureuses, à l'essor des sites de rencontres, au comparatisme matérialiste dénué d'intuition et d'affectivité. Trop facile de tout mettre sur le dos des hommes. Des lâches comme les personnages de ce film, je les comprends aisément.
Image
Avatar de l’utilisateur
tenia
Le Choix de Sophisme
Messages : 30715
Inscription : 1 juin 08, 14:29
Contact :

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par tenia »

Le fait est d'une part que ce sont eux les protagonistes du film, donc eux dont les comportements sont les plus longuements décrits; d'autre part qu'ils sont bien l'élément narrativement déclencheur du film avant même que quoique ce soit, a fortiori ce dont tu parles, puisse expliquer leur comportement; enfin que cela ne change pas le fait que c'est bien comme cela que sont décrits ces personnages masculins dans le film. A la rigueur, les femmes du film ont, simplement, une libido, mais telles que montrées dans le film, elles ne correspondent à aucun cas à la description que tu en fais, et donc il est alors bien difficile d'estimer, de façon diégétique en tout cas, que le duo principal décide de tout plaquer à cause de ça. D'ailleurs, à l'exception de "la" Claudine (suffixe intéressant, on dirait qu'on parle de la salope du village, la fille facile qui couche avec tout le monde, forcément sorte de suppot de Satan faisant ici pervertissant littérament un enfant de choeur), à aucun moment les personnages féminins ne sont montrés comme obscènes, ou du moins la réaction du duo principal comme étant à cause de ça. Ce dont ils parlent, ce sont plutôt les compromis du couple au quotidien, ne pas pouvoir se replier sur soi-même et faire ce qu'on veut comme on l'entend.

J'ai d'ailleurs trouvé assez intéressant que le film semble faire de ces hommes progressivement des asexués (quasi tous sans exception, au final, d'où la sorte de guerre en fin de film), remplaçant les "plaisirs" de la chair par les plaisirs d'autres chairs, déballage de bidoche contre déballage de bidoche. Là aussi, on peut supposer qu'il faut comprendre que ces hommes crèveraient d'une cirrhose ou du cholestérol à 50 ans à s'empiffrer et picoler de la sorte, si ce n'était grâce aux femmes qui les forcent à calmer le jeu.
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2390
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par Barry Egan »

Ces asexués qui finissent dans une grotte telle que celle de la fin du film, ce sont des asexués refoulés. Pour moi, le film parle du refoulement.

Quant au point de départ du film, il est clair : Marielle se barre après avoir vu une vulve de trop (et c'est celle d'une actrice de films pornos). Métaphoriquement, je suppose que ça corrobore mon interprétation. Se mettre à s'empiffrer, c'est une réaction de défense, une projection de substitution. Le film oppose d'ailleurs cette affectivité morbide et destructrice, plutôt mâle, qui se retrouve à cette scène atroce dans l'institut féminin de la fin, où tout devient mécanique et réduit à sa simple utilité reproductrice de plaisir. De ce point de vue, le film n'est pas éloigné de "La Grande Bouffe", mais il rajoute une dimension supplémentaire en distinguant deux types de totalitarisme selon le genre qui le porte, chacun lié à un refoulement même, celui de l'affectivité intuitive qui a une utilité intime, individuelle, et non publique.
Image
Avatar de l’utilisateur
tenia
Le Choix de Sophisme
Messages : 30715
Inscription : 1 juin 08, 14:29
Contact :

Re: Calmos (Bertrand Blier - 1976)

Message par tenia »

Barry Egan a écrit : 11 janv. 23, 21:12Quant au point de départ du film, il est clair : Marielle se barre après avoir vu une vulve de trop (et c'est celle d'une actrice de films pornos). Métaphoriquement, je suppose que ça corrobore mon interprétation.
Je croyais avoir loupé un truc, mais non, ce n'est pas dans l'histoire du film : c'est peut-être plutôt simplement le seul type d'actrice ayant accepté que son intimité soit montrée de la sorte à l'écran...
Barry Egan a écrit : 11 janv. 23, 21:12Le film oppose d'ailleurs cette affectivité morbide et destructrice, plutôt mâle, qui se retrouve à cette scène atroce dans l'institut féminin de la fin, où tout devient mécanique et réduit à sa simple utilité reproductrice de plaisir.
Oui, à terme, le film renvoie dos-à-dos les deux extrêmes (c'est ce que j'écrivais).
Répondre