Rio Bravo (Howard Hawks - 1959)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Frank Bannister
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Message par Frank Bannister »

a noter que le film vient de ressortir en zone 2 en édition collector:

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Commentaire audio de John Carpenter sur le film.
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Frank Bannister a écrit :Commentaire audio de John Carpenter sur le film.
mais en Vo non sous-titré. :cry:
Stefan
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Message par Stefan »

Il fallait s'y attendre concernant le commentaire audio non sous-titré. Est-ce que le reste des bonus apporte quelque chose? Il y a un livre de référence sur Hawks, par Joseph Mc Bride avec une préface d'Eric Rohmer... Le principe est celui du Hitchcock/Truffaut, une série d'entretiens avec l'auteur sur l'ensemble de son parcours et des photos pertinentes pour illustrer les différents chapitres. C'est encore du côté des livres que l'on trouve le travail le plus intéressant sur les films, selon la formule de Bazin: "La fonction du critique n'est pas d'apporter sur un plateau d'argent une vérité qui n'existe pas, mais de prolonger le plus loin possible dans l'intelligence et la sensibilité de ceux qui le lisent, le choc de l'oeuvre d'art."
"Ce choc de l'oeuvre d'art" est bien souvent diminué par la piètre qualité des bonus qui accompagnent les dvd...
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Brody
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Re: Rio Bravo

Message par Brody »

Ne postant que rarement dans cette rubrique :oops: , je profite de la redécouverte de ce chef d'oeuvre revu pour la première fois depuis plus de 20 ans, pour remettre ici mon appréciation déjà postée dans "votre film du mois" :

J'ai eu la chance de connaître les soirées de la dernière séance avec l'ami Eddy, véritable rituel familial où les deux Tex Avery de l'entracte étaient au moins aussi attendus que le film lui-même (trop petit, je n'avais pas le droit à la seconde séance). J'ai ainsi vu un certain nombre de westerns en compagnie de mon père, soirées dont je garde quelques images fortes (dont le siège d'une diligence par les indiens, quelques duels et bagarres de saloon). Le grand John Wayne occupe lui aussi une place emblématique dans ces souvenirs, et est ainsi pour moi comme une madeleine de Proust (virile, la madeleine), les très rares films que je vois aujourd'hui avec lui me remémorant ces images heureuses.

Malgré ce "terrain favorable", la vision d'un autre chef-d'oeuvre reconnu il y a quelques mois, the searchers, ne m'a absolument pas convaincu. Personnage principal largement antipathique, quête sans fin, la copie du DVD bien pourrie ne permettant même pas de profiter des paysages tellement importants... Avec le recul je pense simplement que j'étais bien loin de ce que j'attendais d'un western estampillé "grand classique". Bref, une belle déception, qu'il me faudra sans doute redécouvrir ultérieurement dans de meilleures conditions (mais je ne suis du coup même pas motivé pour l'achat du HD-DVD à vil prix), me faisant appréhender la séance de découverte du film de Hawks.

Il n'en a rien été, je n'ai que des louanges à apporter, à mon plus grand bonheur. Acteurs parfaits et d'une grande sensibilité (le Duke en tête, que j'avais trouvé complètement monolithique dans le précédent), une mise en scène d'une justesse parfaite dans la gestion de l'espace (souvent confiné à quelques mètres carrés) et des situations , rythme indolent mais laissant monter une tension avec subtilité : l'équilibre est total, les deux heures s'écoulent trop vite jusqu'à une résolution plutôt bizarre (la fusillade un peu façon stand de tir de gamins où l'on rigole autant qu'on tue) mais finalement pas la plus importante.

Et puis Angie. Il y a Angie. Moderne, sublime, mutine, féminine jusqu'au bout de ses sublimes jambes, idéal féminin et de cinéma. chacune de ses scènes était un enchantement me laissant totalement envoûté. J'enviais ce John T. Chance(ux) lorsqu'elle lui souriait au réveil, lorsqu'il l'emportait à l'étage, lorsqu'il la découvrait en guépière noire... La façon qu'a Wayne de sortir de la pièce, à la fin de leurs échanges, en dodelinant de la tête l'air désespéré de n'avoir su avoir le dernier mot, sont des moments formidables.

Définitivement l'un de mes westerns préférés.
someone1600
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Re: Rio Bravo

Message par someone1600 »

Sans aucun doute l'un des meilleurs westerns. Mais pour la comparaison avec The Searchers, elle ne se fait pas, les deux films sont beaucoup trop différent. Personnelement j'adore les deux films, mais le personnage de Wayne dans The Searchers est vraiment spéciale et il est comprenable que pour certains, ce personnage soit trop antipathique. :wink:
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Brody
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Re: Rio Bravo

Message par Brody »

Je comprends bien ton point de vue, mais je ne pouvais échapper à une comparaison : il s'agit de deux très grands classiques, se situant tous deux parmi les sommets de leurs réalisateurs reconnus comme des maitres de ce genre bien défini qu'est le western, et avec tous 2 John Wayne dans le rôle principal. Après, c'est vrai les idées de départ sont très éloignées l'une de l'autre. Mais les redécouvrant tous deux à quelques mois d'intervalle, impossible pour moi de ne pas les rapprocher, du moins au niveau des souvenirs ressurgis à l'occasion de leur vision.

Et si je n'ai pas du tout accroché à the Searchers, l'interprétation de Wayne est peut-être moins à remettre en cause que la caractérisation de son personnage qui m'avait déstabilisé. De toutes façons faudra bien un jour que je m'y recolle, cette fois en connaissance de cause, pour mieux en apprécier les qualités qui me sont restées du coup un peu masquées. Ces échanges m'en donnent l'envie, tiens... Pfff, tellement de films à voir, tellement peu de temps pour ça...
Strum
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Re: Rio Bravo

Message par Strum »

Ce sont deux films totalement différents, dans leurs moyens comme dans leurs buts, et qui procurent un plaisir également différent. A ce titre, on peut aimer aussi bien l'un que l'autre et il n'y a pas lieu de devoir choisir entre les deux. Rio Bravo, film aimable, équilibré et constant, procure un plaisir vif et immédiat, tandis que The Searchers, infiniment plus riche et puissant, mais plus inégal aussi, fait partie de ces films à visage de Janus devant lesquels on ne sait jamais sur quel pied danser, et où chaque nouvelle vision est comme une découverte nous sommant de reconsidérer notre avis et notre analyse du film ; le plaisir que donnent ces films-là est celui d'une inépuisable ambiguité.
Dernière modification par Strum le 21 mars 08, 15:31, modifié 1 fois.
Tancrède
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Re: Rio Bravo

Message par Tancrède »

inégal la prisonnière du désert??
someone1600
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Re: Rio Bravo

Message par someone1600 »

Je me demande aussi... peut-etre veut-il dire inégale dans le ton. :?
Jihl
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Re: Rio Bravo

Message par Jihl »

Découvert en dvd zone 1 (très bon au passage avec une belle jaquette en prime !) de cet utra-classik. C'est effectivement le genre de film difficile à ne pas aimer. Le charme est énorme, il suffit de se laisser porter par l'ambiance. Comme l'écrit Jérémy, comment résister à une scène comme "My pony, my rifle and me" ?
je trouve qu'en terme d'ambiance, le film ressemble d'ailleurs beaucoup au Port de l'angoisse, autre film de Hawks avec Brennan. En fait je trouve d'ailleurs, en poussant le bouchon un peu loin, que Rio Bravo et le Port de l'angoisse, sont plus des comédies romantiques que des westerns ou des films noirs... L'ouverture de Rio Bravo se fait d'ailleurs sur le ton de la comédie ; on y voit Burdette tuer un homme sur fond de musique parodique (style dessin animé) ; la scène finale avec la dynamite est elle aussi proche du dessin animé et le duel "avec pot de fleur" me semble aussi assez second degré.
Cela n'empêche pas le film de faire preuve parfois d'une forte tension dramatique comme dans la magnifique scène de la goutte de sang dans la bière ou dans l'assassinat de Wheeler ; mais globalement et par rapport aux autres classiques du genre western, Rio Bravo me semble très atypique, c'est aussi ce qui pour moi en fait un de mes Hawks favoris. 9.5/10
Dernière modification par Jihl le 10 déc. 09, 21:23, modifié 1 fois.
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Re: Rio Bravo

Message par pak »

J'aime beaucoup Rio Bravo. Le cliché récurrent sur ce film que l'on peut lire régulièrement est que c'est le ou l'un des westerns des plus parfaits.
Difficile de cautionner sans tenir compte des centaines de productions du genre. Néanmoins, il fait partie des meilleurs, parmi pas mal d'autres, dans le sens où les cinéastes américains, sous prétexte de genre mineur, instillaient leurs personnalités et idées dans un film communément connu comme divertissant. Le "titre de noblesse" du western étant reconnu assez tardivement (le premier western date quasiment du début du cinéma aux USA).
En tout cas, quel plaisir de redécouvrir ce film en DVD, et en VO, à la maison !
Il a été cité l'émission La dernière séance, grand manque depuis son arrêt pour qui n'a pas le satellite, car combien de films de genre ai-je pu découvrir grâce à elle, et je ne compte plus les VHS enregistrées qu'il me reste sur les films de seconde partie de soirée, en VO, ce qui est assez rare sur nos chaines généralistes.
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."

Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)

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cinephage
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Re: Rio Bravo

Message par cinephage »

Partageant ce film avec les enfants, je profite de cette nouvelle vision pour mieux en étudier la mise en scène, et l'observation suivante, qu'il me parait judicieux de mentionner ici.
En effet, il y a tout au long du film, un véritable "récit gestuel" tournant autour du tabac et des cigarettes (et, accessoirement des allumettes).

Ainsi, au début du film, à plusieurs reprises, Dean Martin tente de se rouler une cigarette, n'y parvient pas, et c'est John Wayne qui lui en roule une et la lui donne. Mention spéciale à un échange avec Walter Brennan qui allume une allumette pour J.Wayne, mais la garde en main parce qu'il discute avec lui. Lorsque la cigarette passe à D.Martin, Brennan se brule les doigts et sursaute. Dean Martin lui demande alors s'il a du feu. Bref, jusque là, D.Martin est incapable de s'occuper de lui-même, John Wayne le fait pour lui. Cette demande de feu marque le début d'une reprise en main de Dean Martin (mais Wayne lui roule encore ses cigarettes, pour le moment).

Plus loin, alors qu'il est vraiment en manque, on le voit manquer une dernière cigarette alors que Wayne n'est pas là pour lui en donner une déja roulée à la place. C'est le début d'une série d'événements qui le voit se faire piéger, puis renoncer à la sobriété (la musique d'Alamo lui remettra les idées en place).
Notons au passage que c'est pendant cette trahison que J.Wayne, piégé, est sauvé par Ricky Nelson, après, justement, qu'il lui aie demandé du tabac et du feu (parti chercher une allumette, il est caché quand Wayne est coincé, et peut jaillir à son aide). Comme si cet échange de tabac marquait l'entrée du jeune homme dans l'équipe.

Enfin, après une bagarre qui lui permettra de regagner confiance en lui, on retrouve D. Martin allongé sur son lit, une cigarette au bec (on suppose qu'il l'a roulée lui-même, celle-là, c'est le début du mieux être).

Enfin, lorsque Wayne décide qu'il vaut mieux que toute l'équipe reste dans la prison pour attendre le prévot, il ne manque que du café et du tabac (Brennan signale que Martin a tout consommé...). C'est en allant chercher du tabac (et du café) pour tout le monde que Wayne et Martin tombe dans un piège.

Bref, ici, le tabac et la cigarette à rouler servent à la fois de monnaie d'échange entre les hommes, mais également de baromètre de l'état de Dean Martin. Tout aussi utile, il occupe presque en permanence les mains des comédiens lorsqu'ils discutent. Je note au passage que je n'ai pas souvenir d'avoir vu J.Wayne fumer, mais je ne serais pas catégorique.

Mon opinion du film, malgré une vision en VF (cf le nom en français du personnage de Wayne : John Grant ?? :shock: ), reste toujours aussi haute. Mention spéciale, également, à Angie Dickinson et à la façon dont elle tripote sa bouteille de whiskey en demandant à Wayne d'aller dormir dans sa chambre... Un grand bonheur !! :D
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Re: Rio Bravo

Message par Jeremy Fox »

cinephage a écrit :Partageant ce film avec les enfants, je profite de cette nouvelle vision pour mieux en étudier la mise en scène, et je l'observation suivante, qu'il me parait judicieux de mentionner ici.
Pour l'anecote, c'est le film que nous avions choisi aussi pour finir l'année en famille ; nous l'avons donc revu mercredi soir dernier avant le premier coup de minuit, toujours avec le même plaisir.

J'avais bien remarqué tout ce ballet autour des cigarettes et ton résumé de toutes les séquences où elles jouent un rôle est très intéressant.

Ceci dit, j'ai plus fait attention à ça cette fois-ci
Mention spéciale, également, à Angie Dickinson et à la façon dont elle tripote sa bouteille de whiskey en demandant à Wayne d'aller dormir dans sa chambre...
:oops: :mrgreen:
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Watkinssien
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Re: Rio Bravo (Howard hawks - 1959)

Message par Watkinssien »

Le texte très intéressant de cinéphage témoigne du côté baroudeur du cinéaste, qui fait partie indéniablement du charme de son cinéma.

Sinon, mon avis :chef-d'oeuvre absolu, Rio Bravo est, pour moi, le plus beau film classique de l'histoire du cinéma.
Devenu archétypal, le film de Hawks est le synonyme de l'évidence.
Rarement une oeuvre a choisi comme difficulté narrative de raconter les faits avec une telle simplicité, une telle limpidité et une telle richesse descriptive.
Des personnages d'une crédibilité rare, des décors réduits mais essentiels, des péripéties scénaristiques majestueuses et de l'épaisseur à tous les niveaux : tels sont les ingrédients majeurs de ce western magistral de bout en bout.
Porté par la sublime musique de Dimitri Tiomkin, le film est important dans l'histoire du cinéma par sa capacité d'observation hallucinante, permettant de faire vivre les sentiments et les actes de tout ce que l'on voit et entend avec une précision prodigieuse et une facilité déconcertante.
Je pourrais en parler pendant des siècles mais ce film est un tel enchantement que je m'épuiserais les doigts sur le clavier.

Mon western préféré, assurément !
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Nestor Almendros
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Re: Rio Bravo (Howard Hawks - 1959)

Message par Nestor Almendros »

Sybille (30 octobre 2006) a écrit :Rio Bravo de Howard Hawks (1959) :

Un film immensément sympathique. Les personnages principaux, très attachants, tour à tour émouvants ou drôles, font tout le sel de cette histoire qui demeure assez simple (les lieux, l'action restent confinés à l'essentiel, mais ça n'a pas d'importance). Malgré cette épure, les situations sont cocasses, légères, parfois très sensibles. On retient surtout l'amitié des trois hommes (chacun a son caractère, ils n'hésitent pas à se critiquer les uns les autres, mais ce sont de véritables amis, tous prêts à s'entraider), ainsi que la relation amoureuse qui se tisse entre John T. Chance et la belle Feathers. Très réussi donc, un film heureux ! :D 8/10
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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