Allan Dwan (1885-1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22126
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Supfiction »

bruce randylan a écrit :Le bord de la rivière (The River's Edge - 1957)

Un modeste éleveur de bétail vit dans un coin reculé, près de la frontière mexicaine. Son épouse ne supporte plus cette existence où le confort n'existe pas. Son ancien amant (qui l'a conduit en prison) vient la reconquérir tout en espérant rejoindre le pays voisin avec une grande somme d'argent.


On n'est pas loin du chef d'oeuvre. :D

Pas loin, parce que comme souvent chez Dwan, je trouve qu'il y a quelques raccourcis pas toujours logiques qui sont surtout là pour relancer l'histoire ou amener certaines situations bien spécifiques (le deuxième meurtre pas forcément nécessaire par exemple ; la psychologie d'Anthony Quinn est par moment un peu trop flou). Pour le reste c'est admirable, passionnant et doté d'une force et d'une intensité dramatique qui tient presque de la parabole biblique. vraiment Impressionnant.

Le talent de conteur de Dwan est ici à son sommet dès l'introduction (les déboires de Debra Paget dans son quotidien de fortune) enlevée et assez drôle, parfaitement rythmée qui témoigne en plus d'un admirable sens du cadre, du scope et de l'espace. L'arrivée de Milland apporte une touche ambiguë et trouble qui donne l'une des explosions les plus stupéfiantes et choquantes pour cette époque... et encore aujourd'hui d'ailleurs.
La suite est une passionnante fuite entre les 3 personnages pour un croisement entre le thriller, western, film noir, road movie, huis clos et histoire d'amour. les dialogues sont savoureux, le trio d'acteur épatant et les séquences presque toute mémorable (une préférence pour celle qui se déroule dans la grotte pendant l'orage). La conclusion de démérite pas en plus !

Voilà, clairement l'une des grandes réussites de Dwan et l'un de mes coups de cœur de l'année.
Découvert sur grand écran à al cinémathèque dans une chouette copie et il me tarde de le revoir ! (le DVD zone 1 vaut quoi ?)
Je découvre seulement l’existence de ce dvd zone 2 :
https://www.dvdfr.com/dvd/c72909-bord-d ... viere.html

Pas de BR malheureusement mais le dvd a l’air de très bonne tenue.

Image
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :
Pas de BR malheureusement mais le dvd a l’air de très bonne tenue.

Image
Oui.
Je ne serais pas aussi enthousiaste que Bruce sur le film mais j'aime bien.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13984
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par Alexandre Angel »

Image


Apparemment, David Harum (1915) est répertorié comme le premier film connu de Allan Dwan (un des noms de cinéastes les plus agréables à lire et à prononcer), produit par Adolph Zukor et interprété par William H.Crane, comédien truculent et sans-âge, sorte de Harry Baur banalisé, dans le rôle du banquier d'un patelin, Homeville, où il est apprécié de tous et respecté pour sa bienveillance gaillarde et roublarde. Ce qui constitue déjà une originalité quand on pense au capital sympathie qui nimbe, le plupart du temps au cinéma, les personnages qui occupent cette profession.

Le film de Dwan est un quasi-chef d'œuvre pour des raisons presque mystérieuses et ardues à définir. Déjà on peut dire que Dwan, "l'homme aux 1000 films", s'y affirme déjà comme un maître de l' americana, à l'instar de son homologue Henry King, tant il sait animer sa petite ville de ploucs d'un discret mais très efficace foisonnement digne de Mark Twain. Chaque figurant (il y en a quelques uns mais on est pas chez Cecil B. De Mille ou Griffith), chaque personnage secondaire semblant habités d'une vie, d'une vérité, dont la simplicité et la finesse d'évocation laisse admiratif, comme devant un précipité de génie classique dont le cinéma muet pouvait souvent nous gratifier.

Ensuite, on a rarement vu, je crois, à cette époque une telle éloge de la bonté (David Harum ne peut faire autrement que semer le bien autour de lui) aussi dénuée de sentimentalisme, de propension au larmoyant ou à la leçon de morale. Le trait est léger, rapide, spontané au point que l'on en conçoit une espèce de ravissement.
Pour autant, l'innocence et la naïveté de mise sont par endroits contredites par une mise en forme soudainement élaborée, moderne. Ainsi, d'une extrémité à l'autre du film, le décor central de la banque (située au bout de la rue principale de Homeville) sera l'objet du point de chute, puis du point de départ de deux travellings en plongée, l'un accompagnant le spectateur vers la banque, l'autre, au contraire, s'en éloignant en précédant Harum qui marche face caméra, flanqué d'un costume du dimanche, ce qui occasionne de savoureuses réactions parmi la populace.
Ces moments de pur cinéma semblent s'inventer sous nos yeux.

D'ailleurs, ils n'étaient pas au goût de tous puisque Jacques Lourcelles nous apprend que des spectateurs étaient allés se plaindre aux directeurs de salles des vertiges provoqués par ces travellings.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
John Holden
Monteur
Messages : 4863
Inscription : 1 sept. 14, 21:41
Contact :

Re: Allan Dwan (1885-1981)

Message par John Holden »

East Side, West Side (A l'ombre de Brooklyn) - Allan Dwan (1927). Avec George O'Brien, Virginia Valli, June Collyer, Holmes Herbert
Belle découverte que ce Dwan muet, témoignage éclatant du talent de narrateur du réalisateur. Si le ton emprunté par Dwan peut paraître parfois léger, il ne verse jamais dans la superficialité et cette histoire, un mélodrame fait de dignité qui n'a qu'un seul défaut, son happy-end convenu, est soigneusement troussée comme un conte morale. Où l'on retrouve la tendresse du cinéaste pour la simplicité des petites gens. Interprétation tout à la fois mesurée et intense de George O'Brien qui sortait à peine du tournage de Sunrise de Murnau.
Allen John parle brillamment de ce film que Beule avait également apprécié il y a 2 ans.

Image
Image
Répondre