Michael Apted (1941-2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jordan White
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Michael Apted (1941-2021)

Message par Jordan White »

Plus jamais - 2002

Slim est une jeune serveuse qui a du mal à joindre les deux bouts. Mais quand elle rencontre Mitch, un riche entrepreneur, et qu'elle l'épouse, sa vie devient alors un véritable conte de fées. Un mari attentionné, une très jolie résidence dans une banlieue très chic, et son adorable petite fille de cinq ans nommée Gracie. Tout s'écroule le jour ou Slim découvre que son mari la trompe, et c'est à ce moment-là que Mitch révèle son vrai visage. Slim s'enfuit et emmène sa fille, mais Mitch la retrouve et la menace. Elle met Gracie en sureté et va s'adonner à un combat qu'elle n'aurait jamais pensé devoir faire dans sa vie...

Jennifer Lopez continue sur sa lancée au cinéma avec ce film au sujet sensible après Anaconda (1997), U-Turn (1997) et surtout Hors d'atteinte (1998), magistral polar de Steven Soderbergh. Elle avait déjà tourné auparavant, dont Selena en 1996, mais ce sont les trois précités pour qui l'ont vraiment catapulté à Hollywood. Le début est assez convenu, dans le rôle de la jeune serveuse de snack, à la façon du Breakfast in America de la rue des écoles à Paris, la jeune interprète de If you had my love ou Love don't cost a thing (ses deux premiers cartons) se montre un peu mielleuse. La suite, les vingt premières minutes nous font entrer dans l'intimité du couple avec le schéma classique : mariage en grandes pompes, maison achetée, et enfant à venir. On sent pourtant que quelque chose cloche, ne va pas, et va faire imploser cette histoire trop lisse de bonheur conjugal et de virées nocturnes en chambre trop bien gardée. Le partenaire de J-Lo, dans le film, Billy Campbell interprète en effet un mec qui obtient tout ce qu'il veut et qui a déjà conçu sa vie professionnelle et amoureuse selon une équation simple : sa femme doit rester à la maison tandis que lui s'envoie en l'air avec quelques poupées (en fait beaucoup, puisque le répondeur du portable n'arrête pas de sonner et de laisser des messages sans équivoque). On se croirait dans un soap qui virerait trash, avec la jolie photo encadrée du couple souriant qui tombe soudain par terre et se brise en mille morceaux. Le scénario est mieux foutu qu'on ne pourrait le penser à première vue, et le titre du film le catalogue d'office nanar, ou pire navet. Ou comme un petit thriller de seconde partie de soirée, voire de troisième calé pour éviter les grosses audiences, tout en s'adressant par son sujet à un public conquis et rassuré d'avance. L'affiche française ne fait d'ailleurs aucun doute quant à l'orientation du script et au sort réservé au bad guy de l'histoire qui s'avère à la base être un père de famille.

Le film joue en effet dès le début dans le camp du spectateur qui prend facilement fait et cause pour la victime toute désignée Slim, qui change de prénoms, de visage et de postures tout au long du film. En réalité, Plus jamais (titre original enough en anglais, mais ça aurait aussi pu s'intituler "bas" -prononcer "bass" - en hindi), est un road-movie prenant l'apparence (structure, façon de filmer, suspens, sujet) d'un thriller quotidien, ancré dans l'époque. Un sujet d'actualité, sujet à débats. Slim est impuissante au début face aux attaques d'un mari qui lui répond avec un ton cinglant : "Je suis un homme. J'ai des envies". L'étendard de la fidélité brisé est porté de bout en bout par le personnage de Slim. Mais plus profondément, le film aborde la question de la féminité en décrivant le personnage de Mitch, qui a tous les défauts derrière son apparence de gendre idéal, fort et habile autant dans les mots que dans l'attitude. Il veut à tout prix que sa femme soit accusée et reconnue coupable du déséquilibre que subit sa fille, ballottée d'un appart' à l'autre. Cette instabilité permanente, le fait que sa mère tente d'obliger sa fille à ne plus répondre à son père, le fait aussi qu'elle ne porte pas plainte, complique les choses. Jennifer Lopez se grimme, adopte de nouvelles perruques, fuit un mari violent aux quatres coins des Etats-Unis. Son rôle est fort et déterminé. Peut-etre trop. Le dernier quart d'heure laisse un goût amer. Un gout de self-defense qui constitue dans le geste et dans l'idée un homicide volontaire. Elle va au bout de son raisonnement. Il n'est plus question de doute, il faut agir. Après nous avoir mis de son côté pendant tout le film, les choses se corsent et demandent du recul, ce que ne semble pas prendre le scénario qui prend la tournure d'une vengeance primaire. Dommage parce qu'on tenait jusque là un bon thriller tendu, avec le plaisir de voir Noah Wyle (Urgences) dans un rôle à contre-emploi diablement efficace. Plus jamais fait partie de ces films gâchés par leur fin, trop expéditive. Après avoir jongler entre le chaud et le froid, l'acceptable et l'inacceptable, avec une froideur quelque peu repoussante. J'ai surtout pris le film pour la présence de J-Lo dont je suis fan et que je trouve terriblement sexy , mais est-ce nécessaire de le préciser ? Sans doute mérite-t-il une petite attention...

Le DVD Columbia propose le film dans son format d'origine 2.35 Scope respecté 16/9. L'image est très douce et très belle, sans défauts majeurs de compression, de définition. Le contraste est appuyé, notamment dans les scènes nocturnes (l'intrusion de Slim dans l'appart de standing de Mitch de nuit en particulier) et les deux pistes en Dolby Digital 5.1 proposent un bel équilibre entre les scènes de suspens pur et celles de dialogues parfaitement localisés.
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Jeremy Fox
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par Jeremy Fox »

Vendredi british : c'est un film de Michael Apted décédé le 07 janvier : Triple Echo chroniqué par Justin Kwedi
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shubby
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par shubby »

Belle chronique, merci. Cette histoire n'avait-elle pas été de nouveau illustrée il y a qq années ?
C'était un très bon réal. Deux de ses polars figurent parmi mes chouchoux : Gorky Park & Coeur de tonnerre.
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Profondo Rosso
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par Profondo Rosso »

shubby a écrit : 16 janv. 21, 10:30 Belle chronique, merci. Cette histoire n'avait-elle pas été de nouveau illustrée il y a qq années ?
C'était un très bon réal. Deux de ses polars figurent parmi mes chouchoux : Gorky Park & Coeur de tonnerre.
Apparemment c'est la seule adaptation du bouquin d'origine https://en.wikipedia.org/wiki/The_Triple_Echo_(novel)

Sinon oui Michael Apted carrière US correcte (j'aime bien son Bond, son 3e opus de la saga Narnia bien sympathique) mais il y a aussi de très bonnes choses surtout à piocher du côté de sa période anglaise, The Squeeze, Agatha, P'tang, Yang, Kipperbang et ses travaux à la télévision comme la série documentaire Up.
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shubby
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par shubby »

Je pensais à "Nos années folles" de Téchiné je crois.

Revu Blink. Petit thriller pas révolutionnaire (résolution standard), mais très glamour et agréable. Madeleine Stowe et Aidan Quinn, qui s'affrontaient dans Etroite surveillance, se réconcilient ici. Personnages beaux et attachants, bons dialogues et réel savoir-faire à l'emballage. Léger comme une bulle.
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Jeremy Fox
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par Jeremy Fox »

Vendredi british : aujourd'hui Justin nous parle de P'tang, Yang, Kipperbang.
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par AtCloseRange »

Je fais du rangement
AtCloseRange a écrit : 5 mai 14, 12:37 Image

Le Piège Infernal - The Squeeze (Michael Apted - 1977)
Voilà bien un polar estampillé 70s avec son côté flâneur (les déambulations de son privé alcoolisé joué par un Stacy Keach en mode Fat City), les éclairs de violence (mention spéciale au chien mort et au motard) et le sexe (un striptease avec du Stylistics sur la platine - on dirait du Tarantino).
C'est un peu foutraque et il faut bien dire que l'histoire, on s'en fiche un peu (beaucoup?) mais l'atmosphère aidant, on se laisse prendre au jeu (porté par une BO très sympathique de David Henschel entre Goblin et Giorgio Moroder).

Quelques séquences font vraiment mouche comme celle de l'enlèvement (que je mets notamment pour la BO)

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manuma
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par manuma »

Son meilleur long pour le grand écran ! Presque une anomalie dans sa filmo d'ailleurs...
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Demi-Lune
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par Demi-Lune »

Découvert récemment Cœur de tonnerre (1992), et c'était vraiment pas mal, un polar très soigné formellement, beau, noble, et dont le cadre (naturel comme ethnologique) ne fait pas office de simple prétexte scénaristique. Le genre de film "du milieu" dont la recette s'est malheureusement perdue, soutenu par des acteurs impliqués. Diffusé sur Arte il y a peu également, Affaire non classée (1991) m'a paru moins enthousiasmant en raison du déséquilibre d'intérêt entre la partie prétoire (faible) et la partie intime (la relation père/fille, portée par deux magnifiques comédiens), qui sont pourtant censés se nourrir mutuellement sur le plan dramatique. Mais la fin est splendide (Hackman et Mastrantonio dansant sur If you don't know me by now). Et j'avoue, je ne pourrai jamais défoncer un film avec Gene Hackman.

Sinon, bons souvenirs de Gorky Park (un peu faiblard rayon mise en scène mais bon scénario), Agatha m'avait déçu (peu de matière, au final, à donner à cette tentative de broder autour de la disparition momentanée de l'écrivaine, même Vittorio Storaro ne brillait pas particulièrement par ses éclairages), Gorilles dans la brume est honorable, et je m'étais endormi sur Nashville Lady.
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par AtCloseRange »

Mon amour immodéré des thrillers médicaux me fait revoir régulièrement Mesure d'Urgence.
Pourtant la crédibilité de Hugh Grant en médecin est très faible.
Mais il y a Gene.
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manuma
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par manuma »

Coté ciné, Thunderheart, Gorky Park et, un petit cran en dessous, Gorillas in the mist sont aussi les 3 autres que je citerais spontanément après The Squeeze. Ensuite, derrière, de mémoire, je rangerais quelques produits indolents mais supportant sans difficulté une vision rapide comme Class action, Blink, Extreme measures ou Chasing mavericks.

Stardust est un peu plus intéressant, même si cela reste dans le fond un biopic lambda, tout comme l'ennuyeux Coal miner's daughter. Sinon j'aimerais beaucoup découvrir son premier, The Triple echo, pour Oliver Reed...
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AtCloseRange
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par AtCloseRange »

Je vous trouve un peu dur avec Nashville Lady. Ne serait-ce que pour l'interprétation de Sissy Spacek et Tommy Lee Jones.
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par Grimmy »

Et moi je reverrais bien "BLINK" juste pour Madeleine Stowe. J'avais le dvd metropolitan mais la copie était tellement moche que je n'ai pas dépassé les 10 premières minutes...
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par manuma »

AtCloseRange a écrit : 24 sept. 21, 10:58 Je vous trouve un peu dur avec Nashville Lady. Ne serait-ce que pour l'interprétation de Sissy Spacek et Tommy Lee Jones.
C'est clair que ce n'est pas ce qu'il a fait de pire (cf. Continental divide, Critical condition ou, le fond du fond, Enough), mais je trouve le film bien en deçà de sa très bonne réputation. Je ne sais pas si la comparaison est réellement pertinente, mais je trouve le Sweet dreams de Karel Reisz autrement plus marquant...

Sinon, côté télé, je garde un excellent souvenir de son téléfilm pour HBO, Always outnumbered.
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Profondo Rosso
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Re: Michael Apted (1941-2021)

Message par Profondo Rosso »

manuma a écrit : 24 sept. 21, 10:50
Stardust est un peu plus intéressant, même si cela reste dans le fond un biopic lambda, tout comme l'ennuyeux Coal miner's daughter. Sinon j'aimerais beaucoup découvrir son premier, The Triple echo, pour Oliver Reed...
Très bon The Triple Echo je l'avais évoqué sur le site ici https://www.dvdclassik.com/critique/the ... echo-apted Sinon Stardust est assez moyen mais en fait c'est une suite, l'intérêt est encore moindre si l'on a pas vu le premier volet bien plus réussi That'll be the day de Claude Watham.
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