Woman in Hiding (1949)
Réalisation : Michael Gordon
Scénario : Oscar Saul, Roy Huggins (d'après une histoire de James Webb)
Photographie : William H. Daniels
Avec : Ida Lupino, Stephen McNally, Howard Duff
92 minutes, Universal Pictures
Le film s'ouvre sur une femme fuyant en voiture et perdant le contrôle. La voiture tombe d'un pont au détour d'un virage. Est-elle morte ?
Le suspense ne durera pas bien longtemps puisque Deborah Chandler Clark (Ida Lupino) nous raconte alors son histoire. Et on l'a déjà entendu bien des fois : jeune femme innocente et fille d'un riche propriétaire d'une mine, elle est courtisé par un homme ambitieux, Seldon Clark (joué par Stephen McNally) malgré la désapprobation de son père. Clairvoyant, il ne l'apprécie pas et a deviné l’arriviste qui se cache derrière le prétendant. On apprend alors qu'un accident a eu lieu à la mine et que le père de Déborah est mort. Seldon est immédiatement là pour consoler Deborah et surtout pour lui proposer de l'épouser.. le jour même de l'enterrement. Le spectateur a tout compris. Mais Deborah non.
Si cela ne suffisait pas, le jour de ses noces, elle rencontre la maitresse de son nouveau mari, Patricia Monahan (jouée par Peggy Dow vu notamment dans
The Sleeping City), une femme jalouse qui lui déclare que son mari ne l'a épousé que pour son argent.
Cette fois, Deborah commence à comprendre et prend la fuite le soir même en pleine nuit. Mais tout a été manigancé par Seldon qui a saboté la voiture.
Évitant de justesse la mort, et alors que toute la ville recherche son corps dans la rivière au moment où elle se réveille, Deborah préfère partir à la recherche de Patricia, craignant que personne ne croit à la tentative d'assassinat, afin de prouver la culpabilité de son mari.. Elle est alors contrainte de prendre une fausse identité et de se cacher...
C'est à partir de ce moment du récit, au bout de 25 minutes, que le film démarre vraiment et devient captivant et palpitant. Signalons d'ailleurs que Roy Huggins qui écrivit le scénario sera plus tard le créateur de la série
Le fugitif dont
Woman in Hiding fut très certainement une source d'inspiration. En effet, Deborah / Ida est traquée durant tout le film par son mari qui veut sa peau afin de devenir le seul propriétaire de la mine. Elle ne fait confiance à personne et elle a bien raison. D'ailleurs le scénario est très habile car il réserve quelques subtiles surprises, allant un peu à l’encontre des schémas habituels concernant les héros protecteurs.
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- Je pense au personnage joué par Howard Duff, le good guy qui reconnait Ida/Deborah dans un journal et l’emmènera en fait dans la gueule du loup. En la ramenant à son mari, croyant bien faire, il refuse néanmoins la prime que le mari avait annoncé. Le tableau aurait été trop misanthrope peut-être.
Michael Gordon est aujourd'hui connu pour ses comédies réussies avec Rock Hudson et Doris Day (
Pillow Talk, Le Coup de l'oreiller/A Very Special Favor, Move Over, Darling le second remake de
Mon épouse favorite) mais aussi James Garner et Kim Novak (
Boys' Night Out dans lequel Gordon retrouve Howard Duff). Par respect pour lui, on tentera d'oublier le ridicule
Texas, nous voilà avec Dean Martin et Alain Delon.
Mais avant cela il avait réalisé plusieurs films noirs dont ce très bon
Woman in Hiding.
Sur la base d'une intrigue très classique (une femme un peu naïve prise dans une machination), Gordon réussit un film à suspense extrêmement prenant et attachant grâce à un un très bon Howard Duff. Et à l’interprétation nuancée d’Ida Lupino évidemment.
Le méchant du film est quant à lui joué par Stephen McNally, un spécialiste du film noir et habitué des rôles de salaud, connu notamment pour
Johnny Belinda,
Winchester '73,
Grand Central Murder ,
Johnny Rocco,
Criss Cross. Mais il n'a pas grand chose à jouer, sa gueule suffit ici. Et c'est d'ailleurs un choix habile de réduire les dialogues au stricte minimum lorsque Seldon Clark (Stephen McNally) poursuit et menace sa femme Deborah Chandler Clark (Ida Lupino).
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