Ritwik Ghatak (1925-1976)
Publié : 13 juin 11, 11:11
Découverte du cinéaste indien grâce au cycle de la cinémathèque.
J'ai pu en voir 6 sur les 8 et si ça reste un bon réalisateur je ne partage pas l'enthousiasme de Rauger qui le considère comme un cinéastes majeur de la première importance.
Je reviendrai plus tard sur l'étoile cachée qui fera l'objet d'une critique sur 1kult dans un temps prochain . Je dirai juste que c'est un film admirable au niveau de la recherche picturale (une manière de filmer les visages entre Ford, Bergman et Eisenstein) et dans son utilisation du son mais l'ensemble demeure malheureusement très froid et superficiel, un défaut qu'on retrouve souvent dans sa courte filmographie qui m'empêche d'adhérer pleinement à son cinéma.
Mi Bémol (1961)
la vie de plusieurs membres d'une petite troupe de théâtre itinérante entre difficulté de monter des pièces, problèmes techniques et histoires d'amours faisant naître de la jalousie et des tensions.
Bon, pour faire vite. je m'y suis cordialement ennuyé. Rien n'a trouvé écho en moi. J'ai toujours été extérieur à l'histoire. Les personnages m'ont agacé, les acteurs ne sont jamais dans le ton, les thèmes m'ont paru mal exploités, la psychologie est absente et il n'y aucune progression dramatique (narrative aussi, mais ce n'est pas gênant pour ce genre d'histoire). On a vraiment l'impression de voir une succession de scènes sans rapport les unes avec les autres.
Et en plus ça dure 2h15...
Il doit surement avoir une barrière culturelle qui m'empêche de saisir certaines choses car j'ai vraiment trouvé la chose sans aucun intérêt. Il y a bien-sûr a des jolis plans voire de jolies séquences (les chansons notamment ; le moment où la cassette de playback bug sur lors d'une représentation) mais ça ne rattrape pas le sentiment de vide absolu.
Le citoyen (1952-1953)
Un jeune homme diplômé n'arrive pas à trouver un emploi. Cette situation, comme sa naïveté et son côté rêveur, exaspère sa famille qui dépend de lui pour ramener de l'argent et survivre.
Ce premier film de Ghatak fut perdu peu après sa réalisation et retrouvé miraculeusement en 1977 pour sortir peu après la mort du cinéaste. Si le film avait été définitivement perdu c'eut été une immense perte car c'est une petite merveille dans le genre de chronique social dans la lignée du néo-réalisme à la façon de Visconti ou de Steinbeck. j'ai beaucoup pensé à la terre tremble dans cette façon très noire et déprimante de filmer une misère sociale sans misérabilisme mais avec une fatalité qui se fait de plus en plus résignée. La conclusion est d'ailleurs très violente quand le héros est confronté à son propre idéalisme en croisant un couple qui lui renvoie à sa propre image quelques mois auparavant.
C'est donc un film très engagé et militant. A l'époque Gathak était un membre du parti communiste et cela est évident vu le contenu du film même si le discours de la lutte des classes n'est pas forcément mis en avant. Il est avant tout abordé en ellipse lors des entretiens d'embauches qui se soldent tous par des échecs pour des raisons absurdes et hypocrites. En revanche il se laisse un peu allé par moment à un lyrisme assez ridicule où des chœurs entonnent l'International quand le héros se rebelle contre l'ordre établi qui condamne les défavorisés à la misère et à la mort.
Mais ca reste le seul défaut majeur de ce film. Pour le reste, c'est très prenant avec ce sentiment d'injustice qui monte doucement au fur et à mesure des séquences pour devenir insoutenable car terriblement réaliste.
La narration colle à ce sentiment de stagnation et de lente déchéance de cette famille d'où un rythme assez lent mais jamais pénalisant puisque les personnages et « l'univers » demeurent on ne peut plus crédible.
Pour une première réalisation, c'est déjà du beau travail même si c'est loin de la maitrise qu'il déploiera plus tard. Mais on retrouve déjà ici un réel travail sur l'espace, l'intégration du décor à la narration ou une certaine profondeur de champ. Ainsi Ghatak filme uniquement son histoire dans une série de lieux clos, froid, dépouillé et vide. A aucun moment on ne sort de ruelles et d'intérieur pour un sentiment d'enfermement assez discret qui s'impose vraiment insidieusement.
Ghatak ne déploie pas la même liberté dans sa structure et ses personnages que lors des ses futures réalisations mais ce premier film n'en demeure pas moins un titre personnel et fort dont les préoccupation et les problèmes soulevés demeurent toujours d'actualité.
Le gros problème vient en fait de l'état de copie en très mauvais état (image sombre, contrastes fatigués, nombreuses taches de pourrissement, grosses et longues griffures etc...) . Vu les conditions de sauvegarde du film, j'imagine qu'on ne pourra pas vraiment avoir mieux.
J'ai pu en voir 6 sur les 8 et si ça reste un bon réalisateur je ne partage pas l'enthousiasme de Rauger qui le considère comme un cinéastes majeur de la première importance.
Je reviendrai plus tard sur l'étoile cachée qui fera l'objet d'une critique sur 1kult dans un temps prochain . Je dirai juste que c'est un film admirable au niveau de la recherche picturale (une manière de filmer les visages entre Ford, Bergman et Eisenstein) et dans son utilisation du son mais l'ensemble demeure malheureusement très froid et superficiel, un défaut qu'on retrouve souvent dans sa courte filmographie qui m'empêche d'adhérer pleinement à son cinéma.
Mi Bémol (1961)
la vie de plusieurs membres d'une petite troupe de théâtre itinérante entre difficulté de monter des pièces, problèmes techniques et histoires d'amours faisant naître de la jalousie et des tensions.
Bon, pour faire vite. je m'y suis cordialement ennuyé. Rien n'a trouvé écho en moi. J'ai toujours été extérieur à l'histoire. Les personnages m'ont agacé, les acteurs ne sont jamais dans le ton, les thèmes m'ont paru mal exploités, la psychologie est absente et il n'y aucune progression dramatique (narrative aussi, mais ce n'est pas gênant pour ce genre d'histoire). On a vraiment l'impression de voir une succession de scènes sans rapport les unes avec les autres.
Et en plus ça dure 2h15...
Il doit surement avoir une barrière culturelle qui m'empêche de saisir certaines choses car j'ai vraiment trouvé la chose sans aucun intérêt. Il y a bien-sûr a des jolis plans voire de jolies séquences (les chansons notamment ; le moment où la cassette de playback bug sur lors d'une représentation) mais ça ne rattrape pas le sentiment de vide absolu.
Le citoyen (1952-1953)
Un jeune homme diplômé n'arrive pas à trouver un emploi. Cette situation, comme sa naïveté et son côté rêveur, exaspère sa famille qui dépend de lui pour ramener de l'argent et survivre.
Ce premier film de Ghatak fut perdu peu après sa réalisation et retrouvé miraculeusement en 1977 pour sortir peu après la mort du cinéaste. Si le film avait été définitivement perdu c'eut été une immense perte car c'est une petite merveille dans le genre de chronique social dans la lignée du néo-réalisme à la façon de Visconti ou de Steinbeck. j'ai beaucoup pensé à la terre tremble dans cette façon très noire et déprimante de filmer une misère sociale sans misérabilisme mais avec une fatalité qui se fait de plus en plus résignée. La conclusion est d'ailleurs très violente quand le héros est confronté à son propre idéalisme en croisant un couple qui lui renvoie à sa propre image quelques mois auparavant.
C'est donc un film très engagé et militant. A l'époque Gathak était un membre du parti communiste et cela est évident vu le contenu du film même si le discours de la lutte des classes n'est pas forcément mis en avant. Il est avant tout abordé en ellipse lors des entretiens d'embauches qui se soldent tous par des échecs pour des raisons absurdes et hypocrites. En revanche il se laisse un peu allé par moment à un lyrisme assez ridicule où des chœurs entonnent l'International quand le héros se rebelle contre l'ordre établi qui condamne les défavorisés à la misère et à la mort.
Mais ca reste le seul défaut majeur de ce film. Pour le reste, c'est très prenant avec ce sentiment d'injustice qui monte doucement au fur et à mesure des séquences pour devenir insoutenable car terriblement réaliste.
La narration colle à ce sentiment de stagnation et de lente déchéance de cette famille d'où un rythme assez lent mais jamais pénalisant puisque les personnages et « l'univers » demeurent on ne peut plus crédible.
Pour une première réalisation, c'est déjà du beau travail même si c'est loin de la maitrise qu'il déploiera plus tard. Mais on retrouve déjà ici un réel travail sur l'espace, l'intégration du décor à la narration ou une certaine profondeur de champ. Ainsi Ghatak filme uniquement son histoire dans une série de lieux clos, froid, dépouillé et vide. A aucun moment on ne sort de ruelles et d'intérieur pour un sentiment d'enfermement assez discret qui s'impose vraiment insidieusement.
Ghatak ne déploie pas la même liberté dans sa structure et ses personnages que lors des ses futures réalisations mais ce premier film n'en demeure pas moins un titre personnel et fort dont les préoccupation et les problèmes soulevés demeurent toujours d'actualité.
Le gros problème vient en fait de l'état de copie en très mauvais état (image sombre, contrastes fatigués, nombreuses taches de pourrissement, grosses et longues griffures etc...) . Vu les conditions de sauvegarde du film, j'imagine qu'on ne pourra pas vraiment avoir mieux.