Re: Votre film du mois de Décembre 2012
Publié : 1 déc. 12, 09:52
Hadewijch (Bruno Dumont, 1999)
C’est sans doute à travers son personnage principal, et dans la fragilité de ses gestes et de son parcours, la candeur butée de son questionnement, dans son indécision constante (elle avance, trébuche, hésite, puis avance à nouveau) mais portant mue par une foi, un amour inébranlables, que Dumont ouvre une porte d’entrée salutaire à un courant résolument plus délicat et plus touchant. Céline/Hadewijch est éprise d’un être auquel il manque l’existence physique ; de cette absence vécue douloureusement, de cette quête obstinée et désemparée, le film développe un propos assez lumineux bien qu’un peu sommaire, parfois même problématique dans ses raccourcis (le terrorisme vue comme une étape logique de la souscription à la religion musulmane). 4/6
Dernier caprice (Yasujiro Ozu, 1961)
Ozu confirme le virage satirique et léger pris par les deux opus précédents. S’il fallait faire entrer ce film dans un genre particulier, ce serait donc celui de la comédie, mais où le sourire n’est jamais loin d’un certain désenchantement, et où surtout la célébration des libertés individuelles et le refus de la souscription à des normes sociales archaïques ne se délestent jamais du poids de la mort qui rôde et survient après un premier coup de semonce. Autour d’un grand-père facétieux faisant le mur pour retrouver un amour de jeunesse, le film entrecroise les lignes individuelles, s’extrait de l’architecture urbaine de Kyoto pour entériner, dans la douceur paisible de la compagne, la réconciliation des générations. Humanisme limpide, évidente clarté d’un propos qui, une nouvelle fois, touche par son universalité. 5/6
La rumeur (William Wyler, 1961)
Expert de l’exposition en creux et du sens par soustraction, rompu à vivifier les dispositions théâtrales en recourant à la profondeur de champ ou aux raccords dans le plan, le cinéaste était l’homme parfait pour s’emparer du sujet encore tabou du lesbianisme et le déplacer sur un terrain moins miné. Tout l’enjeu du film est là, qui creuse la question de la rumeur, le poison de l’hypocrisie, des normes et du regard social, la propagation du doute, le délitement des rapports affectifs, afin d’abattre ses cartes lors d’une bouleversante séquence de confession. Inutile de préciser que, dans ce dialogue du non-dit et de l’avoué, de l’épanchement discret et du sentiment refoulé ou inconscient, Audrey Hepburn et Shirley MacLaine, tour à tour dignes, désemparées, cassées, meurtries, sont superbes. Très fin et émouvant. 5/6
J'ai vu également :
Les invisibles (Sébastien Lifshitz) - 5/6
C’est sans doute à travers son personnage principal, et dans la fragilité de ses gestes et de son parcours, la candeur butée de son questionnement, dans son indécision constante (elle avance, trébuche, hésite, puis avance à nouveau) mais portant mue par une foi, un amour inébranlables, que Dumont ouvre une porte d’entrée salutaire à un courant résolument plus délicat et plus touchant. Céline/Hadewijch est éprise d’un être auquel il manque l’existence physique ; de cette absence vécue douloureusement, de cette quête obstinée et désemparée, le film développe un propos assez lumineux bien qu’un peu sommaire, parfois même problématique dans ses raccourcis (le terrorisme vue comme une étape logique de la souscription à la religion musulmane). 4/6
Dernier caprice (Yasujiro Ozu, 1961)
Ozu confirme le virage satirique et léger pris par les deux opus précédents. S’il fallait faire entrer ce film dans un genre particulier, ce serait donc celui de la comédie, mais où le sourire n’est jamais loin d’un certain désenchantement, et où surtout la célébration des libertés individuelles et le refus de la souscription à des normes sociales archaïques ne se délestent jamais du poids de la mort qui rôde et survient après un premier coup de semonce. Autour d’un grand-père facétieux faisant le mur pour retrouver un amour de jeunesse, le film entrecroise les lignes individuelles, s’extrait de l’architecture urbaine de Kyoto pour entériner, dans la douceur paisible de la compagne, la réconciliation des générations. Humanisme limpide, évidente clarté d’un propos qui, une nouvelle fois, touche par son universalité. 5/6
La rumeur (William Wyler, 1961)
Expert de l’exposition en creux et du sens par soustraction, rompu à vivifier les dispositions théâtrales en recourant à la profondeur de champ ou aux raccords dans le plan, le cinéaste était l’homme parfait pour s’emparer du sujet encore tabou du lesbianisme et le déplacer sur un terrain moins miné. Tout l’enjeu du film est là, qui creuse la question de la rumeur, le poison de l’hypocrisie, des normes et du regard social, la propagation du doute, le délitement des rapports affectifs, afin d’abattre ses cartes lors d’une bouleversante séquence de confession. Inutile de préciser que, dans ce dialogue du non-dit et de l’avoué, de l’épanchement discret et du sentiment refoulé ou inconscient, Audrey Hepburn et Shirley MacLaine, tour à tour dignes, désemparées, cassées, meurtries, sont superbes. Très fin et émouvant. 5/6
J'ai vu également :
Les invisibles (Sébastien Lifshitz) - 5/6