Etat de la comédie française actuelle

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par Flol »

Joshua Baskin a écrit :Au delà de points très juste évoqués par nombre d'entre vous plus haut, je crois que les exemples de comédies françaises présentées dans le premier post sont, malgré une sortie cinéma, avant tout calibrées pour la télé.
Loin de moi l'idée de connaitre en détail les modes de financement du cinéma français, mais je ne suis même pas sur que les producteurs de ces films s'attendent à réaliser des scores faramineux au box-office. L'argent rentrera plus tard, DVD, VOD, droits de diffusion télé (d'où le financement des chaines).

Après évidemment, d'un point de vue artistique, c'est dommage...

Et pour répondre à Boubakar, Norman a une plutôt bonne réputation sur les internets et je dois avouer qu'il m'a fait rire plusieurs fois, de là à le voir au cinéma, c'est une autre histoire.
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julien
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par julien »

Joshua Baskin a écrit :Au delà de points très juste évoqués par nombre d'entre vous plus haut, je crois que les exemples de comédies françaises présentées dans le premier post sont, malgré une sortie cinéma, avant tout calibrées pour la télé.
Oui c'est exactement ça. Le cinéma subit trop la contrainte de la télévision aujourd'hui. Tu avais pas ça avant. C'est pour ça qu'il vaut encore mieux sortir des films en utilisant un autre support, comme internet par exemple. Quitte à ce que ça rapporte moins. Mais au moins tu as une meilleure intégrité artistique. Une plus nette indépendance. Même un film comme "La Haine", je suis pas sûr que ça pourrait se monter maintenant.
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Karras
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par Karras »

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Nestor Almendros
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par Nestor Almendros »

cinephage a écrit :Plus sérieusement, il est de fait que le financement actuel du cinéma fait du scénario le parent pauvre, ce qui est hautement dommageable. Une boite de prod, qui produit 1 films tous les 2-3 ans, doit produire pour absorber ses frais de structure, faute de quoi elle coule. Or il n'y a pas, ou bien peu, de financement de l'écriture (et elle va direct à l'auteur). On comprend qu'une boite de prod, quand elle obtient un premier euro de financement, cherche à entrer en production au plus vite, même avec un scénario bancal, ce qui est regrettable.
Le développement d'un film devrait être couteux, or aujourd'hui il est non financé (et s'il l'était, sur quelle base ? Un producteur français est sans fond propres, ou peu s'en faut... Qui lui donnera de l'argent sans même un scénario ?).

Enfin, il est également vrai que l'incontournable présence du réalisateur au scénario n'est pas vraiment heureux... Disons que ce sont deux métiers différents, et qu'il est rare qu'on trouve quelqu'un de vraiment doué dans les deux domaines. Mais là encore, ce n'est pas simple : un réalisateur veut s'approprier un script, il veut raconter ses histoires, pas celles d'un autre.

Bref, le scénario français a des difficultés, mais on ne les résoudra pas avec des jugements à deux balles, qui reviennent à jeter le bébé avec l'eau du bain.
Merci pour ces précisions éclairantes, je ne savais pas comment expliquer que le cinéma français, par des aides financières, est obligée de produire presque comme une machine au détriment de la qualité.
C'est dommage que le système des aides ait conduit à faire de cette industrie un robinet pour inonder un marché en passe d'être saturé (ça y est, on y est arrivé: près de 20 sorties par semaine :? ).
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cinephage
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par cinephage »

Joshua Baskin a écrit :Au delà de points très juste évoqués par nombre d'entre vous plus haut, je crois que les exemples de comédies françaises présentées dans le premier post sont, malgré une sortie cinéma, avant tout calibrées pour la télé.
Loin de moi l'idée de connaitre en détail les modes de financement du cinéma français, mais je ne suis même pas sur que les producteurs de ces films s'attendent à réaliser des scores faramineux au box-office. L'argent rentrera plus tard, DVD, VOD, droits de diffusion télé (d'où le financement des chaines).
Il est certain que le financement télévisuel joue un rôle important dans la production des films. Néanmoins, de même qu'il fallait des vedettes de la bande à Dhéry, des Fernandel ou des gars du Splendid, la comédie populaire a toujours, financement télé ou pas, reposé sur quelques noms reconnus du public. Si tu fais un film qui vise un très large public, il te faut une star connue de tous... Sans elle, tu restreins ton public potentiel.
Un film avec Poelvoorde, Dubosc, Dany Boon ou Kad Merad, ben ça parle aux gens, comme hier un film avec Daniel Auteuil ou Pierre Richard. On pourrait rêver d'un monde idéal où les gens sont intellectuellement curieux, où ils s'aventurent voir des films dans lesquels ils ne connaissent personne, mais ça ne marche pas ainsi.
Joshua Baskin a écrit :Après évidemment, d'un point de vue artistique, c'est dommage...
Je pense que la comédie reste un genre large, et que les comédies moins populaires, comme les films de Noémie Lvovksy ou Bruno Podalydes, sont toujours aussi intéressantes et restent des réussites artistiques.
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par AtCloseRange »

En fait, il y a un certain mépris du spectateurs dans cette façon de faire.
En gros, rien ne sert de faire un meilleur scénario puisque les spectateurs qui vont voir ce "genre de produit" ne feront pas la différence.
ce raisonnement pourrait d'ailleurs s'appliquer avec certaines prods US: les actionners bas du front, la plupart des blockbusters de SF, les found footage, la plupart des films d'horreur, etc...
Comme la grande majorité des spectateurs clients de ces genres n'ont pas une grande exigence niveau scénario (je parle "globalement" - qu'on ne vienne pas me parler de cas personnels), autant négliger cet aspect.
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Joshua Baskin
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par Joshua Baskin »

cinephage a écrit : Un film avec Poelvoorde, Dubosc, Dany Boon ou Kad Merad, ben ça parle aux gens, comme hier un film avec Daniel Auteuil ou Pierre Richard. On pourrait rêver d'un monde idéal où les gens sont intellectuellement curieux, où ils s'aventurent voir des films dans lesquels ils ne connaissent personne, mais ça ne marche pas ainsi.

.....

Je pense que la comédie reste un genre large, et que les comédies moins populaires, comme les films de Noémie Lvovksy ou Bruno Podalydes, sont toujours aussi intéressantes et restent des réussites artistiques.
Attention, je ne dis pas que tout est à jeter, tu cites Poelvoorde et Kad Merad que j'aime beaucoup, mais ils se sont franchement égarés ces dernières années, d'où cette sensation de gachis.
Je suis également d'accord avec toi sur les comédies moins populaires, là dessus, pas de soucis on reste encore plutôt bon. J'attends d'ailleurs avec impatience le prochain Sattouf.
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par Federico »

NotBillyTheKid a écrit :La comédie de qualité ne peut venir que des réalisateurs. Et donc, du cinéma "d'auteurs".
Oui et non ou alors en prenant le sens auteur sans le côté prétentieux que les français lui accolent. Et comme il n'y a rien de plus difficile à réaliser qu'une bonne comédie, il faut un réalisateur + un scénariste/gagman ou les 2/3 réunis en un.
C'est aussi une question de rythme (savoir jusqu'où étirer ou stopper une situation comique, jouer sur les running-gags en les espaçant etc.) et bien sûr de tomber sur des comédiens et des oppositions de caractères qui fonctionnent au diapason. C'est peut-être pour ça que les Américains sont aussi forts et que les grands comiques (de quelque pays qu'ils viennent) sont souvent issus du music-hall et du spectacle "live". Et encore, l'équation n'est pas garantie (je ne comprendrai jamais comment 20 millions de personne ont pu se gondoler avec Bienvenue chez les Ch'tis mais bon... c'est sans doute moi qui n'ai aucun humour). :roll:
Preuve ultime de la complexité et de la variété du cinéma d'humour, c'est que peu font l'unanimité. Nombreux sont ceux que les Monty Pythons ou Mister Bean indiffèrent, que les pitreries de Fernandel, Funès, Peter Sellers ou Jerry Lewis ne font pas rire, qui ne comprennent pas Buster Keaton ou trouvent les gags hénaurmes des ZAZ ou des Farelly Bros simplement de mauvais goût.
Pour recentrer sur le cinéma d'humour français, beaucoup ont eu le tort de penser qu'un succès télévisuel (souvent justifié) les autorisait à se croire aussi bons sur grand écran, souvent poussés par des producteurs avec de gros dollars dans les yeux...
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par julien »

cinephage a écrit :Si tu fais un film qui vise un très large public, il te faut une star connue de tous... Sans elle, tu restreins ton public potentiel.
Un film avec Poelvoorde, Dubosc, Dany Boon ou Kad Merad, ben ça parle aux gens, comme hier un film avec Daniel Auteuil ou Pierre Richard.
Moi ils me dérangent pas particulièrement les acteurs actuels. C'est pas tellement ça le problème. Ce qui fait l'acteur c'est le texte. Le scénario. Moi je suis sûr que Dany Boon, il pourrait être très bon, si on lui file un bon texte. Fernandel aussi d'ailleurs était très convaincant chez Pagnol ou Giono.
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cinephage
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par cinephage »

Nestor Almendros a écrit :
cinephage a écrit :Plus sérieusement, il est de fait que le financement actuel du cinéma fait du scénario le parent pauvre, ce qui est hautement dommageable. Une boite de prod, qui produit 1 films tous les 2-3 ans, doit produire pour absorber ses frais de structure, faute de quoi elle coule. Or il n'y a pas, ou bien peu, de financement de l'écriture (et elle va direct à l'auteur). On comprend qu'une boite de prod, quand elle obtient un premier euro de financement, cherche à entrer en production au plus vite, même avec un scénario bancal, ce qui est regrettable.
Le développement d'un film devrait être couteux, or aujourd'hui il est non financé (et s'il l'était, sur quelle base ? Un producteur français est sans fond propres, ou peu s'en faut... Qui lui donnera de l'argent sans même un scénario ?).

Enfin, il est également vrai que l'incontournable présence du réalisateur au scénario n'est pas vraiment heureux... Disons que ce sont deux métiers différents, et qu'il est rare qu'on trouve quelqu'un de vraiment doué dans les deux domaines. Mais là encore, ce n'est pas simple : un réalisateur veut s'approprier un script, il veut raconter ses histoires, pas celles d'un autre.

Bref, le scénario français a des difficultés, mais on ne les résoudra pas avec des jugements à deux balles, qui reviennent à jeter le bébé avec l'eau du bain.
Merci pour ces précisions éclairantes, je ne savais pas comment expliquer que le cinéma français, par des aides financières, est obligée de produire presque comme une machine au détriment de la qualité.
C'est dommage que le système des aides ait conduit à faire de cette industrie un robinet pour inonder un marché en passe d'être saturé (ça y est, on y est arrivé: près de 20 sorties par semaine :? ).
Le financement, ce n'est pas exactement les aides. En fait, une fois qu'un financier a promis de l'argent (et c'est parfois l'aide à l'écriture du CNC, mais plus souvent une télé), alors on va tenter de lancer la production du film.
Le film ne touche jamais de subvention directe. L'aide vient de l'obligation des chaines de mettre de l'argent dans des films (3% de leur chiffre d'affaire, je crois), et d'un systême financé par les places de cinéma (dans le prix du billet, il y a une taxe d'environ un euro qui vient financer le CNC, et son fameux fond de soutien).

Après, lors d'un tournage, il existe des incitations, comme le crédit d'impot ou les aides régionales... Mais ce sont des subventions conditionnées : si tu dépenses de l'argent en France pour ton film, je t'en rembourse un certain pourcentage. Si tu viens tourner dans ma région, je t'aide un peu en te donnant de l'argent... De telles aides ne sont pas propres à la France, et le choix d'un lieu de tournage est toujours conditionné par un bilan cout/avantage qui évalue ces aides (tax shelter belge, Sales and Lease back anglais, aides d'état américain, DCMS sud-africain...).
Dire que ce sont des aides au cinéma serait une erreur rhétorique : on aide les lieux d'hébergement locaux, l'image et la main d'oeuvre locale (on embauche toujours des petites mains où qu'on tourne), on encourage à la dépense locale. Tout au plus ces aides à la dépense en France aident-elles les industries françaises, qui redeviennent compétitives face à un studio tchèque ou un loueur belge)...
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par julien »

Federico a écrit :je ne comprendrai jamais comment 20 millions de personne ont pu se gondoler avec Bienvenue chez les Ch'tis mais bon... c'est sans doute moi qui n'ai aucun humour). :roll:
20 millions ont vu le film mais parmi ceux là, beaucoup ne l'ont pas aimé. Ça c'est aussi à prendre en compte !
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par Strum »

Neuhoff et Le Figaro suivent le sillage des remous provoqués par l'article de Vincent Maraval sur les acteurs français trop payés et les grosses productions non profitables, qui poussent beaucoup de gens à donner leur avis et d'autres à tendre l'oreille, alors même que le système de subventions indirectes du cinéma français (chaines télé + aides du CNC financées par une partie du prix des tickets de cinéma) l'a tout de même sauvé de la berezina subie par les cinématographies d'autres pays (l'Italie en tête) en termes de nombre d'entrées.

Plus que la pauvreté supposée de ces comédies 2013 à venir (les comédies française du temps d'Audiard ne m'ont dans l'ensemble jamais paru voler très haut et je ne crois pas que c'était, à cet égard, "mieux avant" - si l'on regarde plus loin dans le passé, il est vrai par contre qu'il n'y a plus de Guitry ou de Tati aujourd'hui), ce qui me frappe, c'est leur nombre. Il y a trop de comédies produites. Et elles sont produites davantage avec l'aide financière des télévisions françaises, qui financent les films plus en fonction de leur pitch et de leur casting qu'en fonction du scénario (qui souvent n'existe pas encore), qu'avec celle du CNC (qui pourrait davantage financer l'écriture de scénarios mais n'en a pas suffisamment les moyens, et donc en finance très peu).

Par rapport au système américain, dans lequel les studios (qui ont en outre beaucoup plus d'argent, par leur taille et par leur mode de financement qui fait plus appel aux marchés de titres qu'aux banques) dépensent des sommes considérables dans le développement des films, et donc dans l'écriture des scénarios, il est certain, comme le dit cinéphage, que le système français (et/ou les petites sociétés de production françaises si l'on veut éviter de viser le système dans son ensemble) dépense très peu d'argent pour l'écriture des scénarios - et ce ne sont pas les chaines, principale source de financement du système, qui vont le faire. Un film comme Lincoln de Spielberg par exemple, budgeté à 65 millions de dollars (budget moyen pour Hollywood), a des coûts de développement considérables (rachat de droits, écriture du scénario au long cours, dédommagement d'acteurs non retenus) par rapport à son coût de production. Et comme les auteurs de scénario américains sont bien payés et reconnus comme un élément essentiel de la qualité du film, il y en a beaucoup qui y viennent, et qui sont issus du théâtre ou de la littérature, au contraire du cinéma français où la qualité d'"auteur" attribué au seul réalisateur du film n'incite probablement pas des auteurs de théâtre ou des écrivains à prêter main-forte à un film tout en ne profitant pas des lauriers posés sur la seule tête du metteur en scène. D'ailleurs, les écrivains ou auteurs de théâtre français qui viennent au cinéma deviennent tous metteurs en scène de leur film au lieu de se cantonner, plus modestement mais sans doute plus sagement la plupart du temps, dans le rôle de scénariste comme le fait un Tony Kushner aux Etats-Unis.
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par cinephage »

AtCloseRange a écrit :En fait, il y a un certain mépris du spectateurs dans cette façon de faire.
En gros, rien ne sert de faire un meilleur scénario puisque les spectateurs qui vont voir ce "genre de produit" ne feront pas la différence.
Ca ne marche pas exactement comme ça. Les chaînes n'hésitent pas à mettre beaucoup d'argent si elles pensent que le film va marcher. Chercher à faire un film qui marche, c'est aussi respecter le spectateur, chercher à lui plaire.
Celui qui ne respecte pas le public, c'est l'auteur qui fait son film tel qu'il le souhaite, sans jamais se demander qui il pourrait bien intéresser...

En revanche, tenues par des financiers, elles se considèrent comme incapables de trancher sur le qualitatif : c'est la foi des scores précédents qui seul convainc. On estime un scénariste à ses succès antérieurs, un acteur à l'ampleur de son public, et pareil pour le réalisateur... Peu importe que le scénario me plaise, s'il est écrit par un inconnu, je laisse un autre s'y essayer. En revanche, si c'est écrit par Onteniente, je signe tout de suite, sans même lire le script (au mieux, on se fie à la fiche de lecture rédigée par le stagiaire du moment).
D'où que, tout en concédant que c'est le producteur qui sait faire un bon film, elles se permettent de lui imposer certains choix en fonction de ces critères quantitatifs.
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Demi-Lune
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par Demi-Lune »

Rick Blaine a écrit :Le problème là dedans, c'est que si la comédie française s'est appauvrie scénaristiquement, elle manque aussi d'ambition visuelle. C'est souvent indigent. Du coup il ne reste pas grand monde.
C'est vrai, et en même temps je n'ai pas l'impression que ce soit quelque chose de très nouveau. Quand j'étais gosse, j'ai mangé pas mal de rediff' de comédies françaises des années 60/70/80 et j'aurais du mal à y déceler, globalement, une véritable ambition visuelle. Surtout dans les années 70 où l'esthétique devient franchement pauvre sinon inexistante, anonyme, à se demander s'il y a bien un chef op'. Cela vient peut-être du fait que la plupart des "spécialistes" du genre étaient à leur manière des artisans, sans doute plus attentifs à la mise en valeur des dialogues et des acteurs (qui mobilisaient les spectateurs sur leurs seuls noms) qu'à une mise en valeur d'un travail visuel.
D'un autre côté, on trouve facilement des contre-exemples (Blier, Demy, Leconte, Rohmer... des gens qui savent penser et gérer l'éclairage, les couleurs) donc la comédie française peut s'en donner les moyens. Le problème, c'est que ces réalisateurs semblent marginaux dans le paysage. Dans les années 60, sans parler forcément d'ambition visuelle, pas mal de comédies restaient correctement photographiées, on sentait que l'équipe technique prenait la chose au sérieux (je pense par exemple aux Fantômas ou à L'homme de Rio). Ils faisaient le job, quoi. Et c'est quelque chose qui s'est délité à partir des années 70, j'ai l'impression. Même quelqu'un qui connaît son métier comme Truffaut, avec ses Doinel, semble renoncer à toute ambition formelle. Peut-être pour inscrire le comique dans une forme de proximité plus quotidienne, plus naturaliste, je sais pas.

Enfin bref, comme julien, je crois que ces films se caractérisaient avant tout par une qualité dans l'écriture des dialogues, des situations (une sorte de label, de savoir-faire "à la française" comme pour le polar à la même époque), une qualité servie moins par le réalisateur, assez fonctionnel, que par des "gueules" comiques vraiment talentueuses (ayant d'ailleurs souvent une carrière parallèle au théâtre).

P.S. : le 2e OSS 117 est sans doute la comédie qui m'a fait le plus rire ces dernières années. Un petit chef-d’œuvre. :o
Dernière modification par Demi-Lune le 3 janv. 13, 16:05, modifié 1 fois.
julien
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Re: Etat de la comédie française actuelle

Message par julien »

Strum a écrit :Plus que la pauvreté supposée de ces comédies 2013 à venir (les comédies française du temps d'Audiard ne m'ont dans l'ensemble jamais paru voler très haut et je ne crois pas que c'était, à cet égard, "mieux avant")
Pourtant malgré leur aspect franchouillard ces films avaient vraiment du style. Les Tontons Flingueurs et les autres films de Lautner, avec Audiard ça reposait vraiment sur un texte écrit aux petits oignons. Même ce que faisait le compositeur Michel Magne, c'était très inventif. Je pense pas de toute façon que l'on puisse comparer ces films là avec ceux d'aujourd'hui en plus. Ça n'a vraiment plus rien à voir.
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