Addis-Abeba a écrit :tenia a écrit : ↑16 juil. 21, 12:44
On PEUT s'en passer.
Tu PEUX aussi passer à coté d'énormes raretés , chacun sa cinéphilie.
Bien évidemment, mais à partir du moment où notre temps sur Terre est moindre que celui nécessaire pour voir tout ce qui nous intéresserait, à la fin, voir tel film sera renoncer à voir tel autre. 8h à regarder La roue, ce ne sont pas 8h que je retrouverai pour regarder autee chose. Sur mon temps libre à regarder des films, c'est fini, c'est fait, ces 8h là sont cochées et ce sont 8h à ne pas regarder autre chose (genre ce qui est Henri, dont je n'ai toujours rien regardé alors que ça fait 1 an que je me dis "bon dieu, faut vraiment que je m'y mette").
Donc oui, chacun sa cinéphilie, mais je pense que cet argument revient à une sorte de course au mirage de l'exhaustivité. Y a déjà 20 fois trop à voir, je ne vois pas en quoi avoir accès à encore plus changera le fait que je mourrai sans avoir vu des centaines de milliers de films. Si je passe à côté de tels films, ceux qui les regarderont passeront probablement à côté de tels autres, etc.
D'où le fait que pour moi, ensuite, c'est réellement nos choix externes qui font que. C'est parce qu'on a décidé à ce moment que non, osef du cadre légal, contractuel et/ou financier des obligations à la diffusion d'une oeuvre : je veux donc je prends, et le reste est accessoire.
Et je dis ça sans juger, le faisant moi-même, mais je me trouve en bien mauvaise position pour dire que je ne peux pas me passer de telle découverte quand j'en ai des centaines qui m'attendent et qui sont, elles, légales (et en plus parfois gratuites).
C'est dont je parle quand je parle d'assumer l'entièreté de ces choix : c'est aussi assumer que volontairement ou non, on décide de s'affranchir des règles car notre envie prend le pas dessus.
Et je dis ça même pour des choses effectivement virtuellement introuvables, insortables voire récupérées dans des conditions rocambolesques, tout comme pour des choses finalement mises dans le circuit légal peu de temps ensuite. Il n'empêche, ça fait partie du choix qui fait et ensuite, eh bah comme on fait son lit, on se couche si on estime que le cadre légal des choses ne saurait être une barrière pour nos comportements.
Et j'entends bien ton argument Dooku, sincèrement, et mon ambivalence envers le partage non autorisé est sans doute là dessus, car je sais les contraintes que ça met à la libre alimentation de sa passion. Je dis juste que ça ne dédouane pas du statut de ses actes, ce que certains ne semblent pas comprendre ou assumer, et qu'il est intéressant de voir que c'est tout de même un raisonnement qu'on applique quasiment à rien d'autre qu'aux arts, et encore pas à tous puisque ces comportements ne touchent pas autant, par ex, la littérature (et évidemment encore moins, disons, la sculpture).
La question peut alors plutôt devenir : comment développer une passion qui n'a pour le moment que des moyens d'alimentation illégaux ? Spontanément, je me dis quand même que c'est tout de même ne pas s'aider soi-même. Mais ensuite, comme ça ne se choisit pas, peut-être que ne pas se satisfaire de ça et chercher à créer des relais légaux ou à sensibiliser qui de droit peut en être une autre. Quoiqu'il en soit, on ne répare pas un problème par un autre, c'est juste une illustration quasi scolaire du sophisme de la double faute.
Mais oui, il manquera toujours des choses dans l'oeuvre légale, et oui ça fait chier. Je me dis juste aussi qu'à un moment donné, ça peut tenir de la gestion de ses propres attentes personnelles que de ne pas choisir un créneau qui nous obligera à vivre culturellement "au-dessus de ses moyens".
Si j'aime un peu tout, c'est aussi parce qu'un peu tout sort, et que c'est aussi une facilité de ma part de m'y adapter. Je n'ai pas l'impression de contraintes, je n'ai même pas le temps de voir tout ce que j'aimerais voir, encore moins tout ce qui sort, et j'ai probablement vu des choses très bien que tu n'as jamais vu.
Je dis juste que si on choisit que notre passion outre-passe le cadre légal, c'est un choix et non une contrainte.