Masaki Kobayashi (1916-1996)

[Truffaut Chocolat]

Je sais bien, je te taquinais.

[bruce randylan]

Oh ben moi, tant que je peux parler de Tadashi Imai, je suis heureux

[The Eye Of Doom]

J'ai découvert Hara-kiri (et par la même le cinema de Kobayashi) avant hier sur les conseils de patron du video club à coté de chez moi.
Chef d'oeuvre en effet que je regrette juste d'avoir vu petit écran. En salle, cela doit etre quelquechose.
L'interpretation de Tatsuya Nakadai est particulierement marquante. Son "Hum Hum" est impayable.
Construction de l'histoire impécable mais si je souscris aussi à la reserve mineure de Bruce sur le millieu du film.
A noter sur le DVD, les commentaires de C Gans qui eclaire sur le contexte sociétale japonais à l'époque de la sortie du film.

Comme le video club a aussi Rebellion, je vais poursuivre avec plaisir la decouverte de ce cineaste.

[Boubakar]

L'héritage (1962)

Un richissime homme d'affaires se sait condamné par la maladie, mais avant de partir, il veut régler les détails de sa succession et garantir une part d'héritage à son épouse, bien plus jeune que lui, mais aussi à ses trois enfants illégitimes qu'il ne connait pas. Mais chacun va vouloir se battre, ainsi que d'autres personnes, pour avoir une plus grosse part du gâteau.

Masaki Kobayashi est surtout connu en France pour deux films, La condition de l'homme (pas vu), et ce chef d'oeuvre qui est Hara-Kiri, tourné juste après L'héritage et qui fera jouer Tatsuya Nakadai, déjà présent ici en tant que conseiller de cet homme d'affaires qui se meurt. Du coup, le reste de sa filmographie est moins connue, d'où la forte impression que fait cet Héritage, dont on peut presque se demander si les créateurs de la série (excellente) Succession ne l'ont pas regardé. Car au départ, c'est assez similaire ; un vieil homme qui se sent mourir, des héritiers qui lui tournent autour comme des rapaces, des trahisons, des coups fourrés, et autre point commun, des acteurs excellents, en particulier Keiko Nishi, qui joue la secrétaire, et qui nous narre le film par sa voix-off, et qui est bien plus importante qu'on ne le pense. Jusqu'à un final tout simplement brillant et d'une grande ironie dans un pays où la hiérarchie est respectée.

C'est à la fois raconté au présent, et il y a aussi des flash-backs, mais la force de Kobayashi est de ne nous jamais perdre dans ce qui est au fond une critique du capitalisme. Avec des personnes aussi crapuleuses, même les flics ne sont pas montrés de manière irréprochable, on sent quand même que l'univers décrit dans L'héritage est pourri jusqu'à la moelle. C'est clairement un film qui mérite d'être connu, et encore actuel en fin de compte.

[The Eye Of Doom]

Kwaidan
4 recits de fantômes japonais

Impression mitigée devant ce long film que j’avoue avoir vu en deux fois.
Plastiquement c’est somptueux et magnifique. On est devant une séries de plans et scènes au cordeau, souvent d’une composition saisissante.
Des le générique abstrait avec ces encres colorées. qui se mélangent, on comprend que l’on vas voir un truc pas commun.
La couleur est le coeur vibrant du film

Il faut toutefois un moment pour entrer dans l’oeuvre. Le debut de la première histoire est un peu sec, artificiel. Le poids de l’esthétique de studio écrase le spectateur. Mais des l’apparition des personnages, le film prend vie.
Alors que le film est tourné en studio, il faut noter quelques plans en extérieur dont dans cette première partie un travelling à la beauté siderante sur le personnage remontant de la rivière.

J’ai de loin préféré la seconde histoire, la plus audacieuse visuellement et la plus construite en terme de personnages.
Le geste esthétique qui dans le 1er sketch semble par moment forcé, est ici libéré. Les incroyables yeux immenses dans le ciel m’ont fait penser aux décors de La bete aveugle de Masumura mais on est bien sur plus pres des toiles surréalistes.
L’histoire est simple et tragique, les deux protagonistes contraint de se séparer par une loi qui les transcende.
Curieusement cette partie fut sacrifiée dans le montage international.

J’avoue avoir trouvé la troisième partie interminable et répétitive. Certes les plans de la bataille en mer sont saisissants, tragiques. mais c’est long, long,… il faut probablement etre japonais pour apprécier pleinement.

La dernière, au déroulé différent, suscite curiosité et frustration (voulue par l’auteur).

Le problème est que le film malgré sa beauté peine souvent à vraiment émouvoir: tres/trop formel.

Ce n’est que quand il se laisse aller à une forme d’onirisme (la femme des neiges) ou quand il ose un peu d’humour (dans un bol de thé) que sa puissance visuelle atteint son objectif.
Je trouve Tomu Ushida plus frontalement bouleversant dans Mad Fox. Ou Kinoshita (la riviere Fuefuki)

C’est toujours la même question chez les cinéastes « esthetes », qui construisent et conçoivent leur plan comme une peinture : a partir de quel moment l’artificialité devient un frein à l’emotion ?

Malgré mes réserves le film est bien sur à découvrir sans hésitation, d’autant que la copie Eureka sortie récemment est somptueuse.


Edit : j’oubliais !!!! Extraordinaire musique/bande son !!!!