Re: Arrow Video
Publié : 4 juin 22, 19:47
Le multipostage est ok?
J'ai revu Animal Factory de Buscemi, basé sur le livre du même nom de Eddy Bunker.
J'ai acheté l'édition Arrow en particulier pour le commentaire audio de Bunker et Danny Trejo.
Je dois préciser que la trilogie de cet auteur m'a particulièrement marquée. C'est une oeuvre qui, a 18 ans, forge une vision de monde pour la vie.
Malheureusement ce commentaire, au contraire du film, est un peu décevant. Bunker y est très peu loquace, je ne sais si c'est son caractère, ou s'il était déjà affaibli à ce moment là.
Il n'intervient qu'opportunément de manière brève et précise, comme son insistance sur le choix de Furlong, un peu androgyne ce qui est parfait pour le film. Ou livrer quelques rares anectodes ou répondre à des questions de Trejo.
Il explique que la méthode d'évasion est basée sur un fait réel. Sa seule critique, à la toute fin, réside dans le fait qu'il aurait voulu que le changement de caractère de Ron, plus dur, aurait dû être renforcé pour souligner l'effet néfaste et déshumanisant de la prison. Selon le livret, Bunker aurait également voulu que le film marque plus la fracture raciale, qui est très explicite dans le livre. De mémoire, dans ses livres Bunker explique très bien comment cette fracture raciale en prison n'apparait qu'après les luttes des années 60, que jusque là blancs et noirs pouvaient être amis, mais qu'après cela devient pour ainsi dire impossible avec la montée en puissance des gangs basés sur une division raciale stricte à laquelle personne ne peut se soustraire. Mais je m'égare…
Danny Trejo porte ce commentaire avec l'enthousiasme de celui qui se délecte de la chance d'une seconde vie (à ce sujet voir le documentaire Inmate #1). Il passe une bonne partie du film à rire et se délecter de ses scènes préférées, ce qui provoque de légers ricanements chez Bunker. Mais il livre également beaucoup de détails, les nombreux prisonniers et amis inclus dans le film, et s'extasie de la qualité visuelle de cette prison de Philadelphie. A ce sujet Bunker explique brièvement que ces anciennes prisons sont les "meilleures" par rapport aux prisons modernes à la 1984.
Les deux commentent l'un des sujets essentiel du film, la menace constante du viol et l'homo-érotisme en prison, Trejo n'hésitant pas de dire à quel point le personnage de Mickey Rourke est belle
Mais également à quel point le système carcéral est absurde, déshumanisant ses sujets qui sont ensuite rendus à la société pire qu'ils sont entrés.
Un moment éclaire peut-être le plus la personnalité et le sens de l'humour de Bunker, son rire le plus fort de tout le film, lors de la scène la plus dérangeante: Earl qui écrase son gruau trempé dans le café sur le rebord des toilettes et le mange lorsque le garde passe.
Un grand film de prison à la réalisation sobre – avec certains effets de caméras pertinents mais discrets – qui soutient le propos du film.
Ici pas d'envolée lyrique, de mièvrerie, ou de morale manichéenne facile. Comme le souligne Bunker, gardes et prisonniers peuvent être bons ou mauvais, comme ce vieux garde qui comprend les codes des prisonniers et les traite avec humanité. Et une fin qui, malgré l'évasion de Ron, ne délivre pas la satisfaction de Les Evadés.