Je n'avais pas vu ses deux premiers films dont je serais quand même curieux de savoir ce qu'ils valent, mais son troisième essai, Les Héritiers - 2004, est une œuvre qui aurait vraiment mérité que l'on en parle un peu plus et même qu'on le projette dans tous les lycées puisque, mine de rien, l'un des films les plus édifiants sur la Shoah.
C'est l'histoire véridique d'une classe de seconde d'un lycée de Créteil, chahuteuse et peu avide de travailler (la plupart sur le point de décrocher), mais qui va se souder autour d'un projet proposé par leur enseignante en histoire, celui de participer au traditionnel concours annuel de la résistance et de la déportation.
Décrit comme ça, c'est vrai que le pitch ne fait pas spécialement envie, mais les auteurs évitent quasiment tous les écueils qui leur étaient tendus par ce sujet casse-gueule. C'est d'ailleurs l'un des élèves de cette classe (celui qui joue Malik, l'étudiant noir qui aurait voulu être en option cinéma) qui a écrit le scénario qu'il a ensuite proposé à la cinéaste dont il avait beaucoup apprécié son premier film, Ma Première fois.
Le résultat est un film d'une remarquable dignité dans la lignée stylistique du Entre les murs de Laurent Cantet. C'est tout d'abord un film dont tous les jeunes acteurs sont stupéfiants de naturel, comme si la réalisatrice les avait filmé à leur insu. Parmi les comédiens professionnels, Ariane Ascaride a rarement été aussi sobre et Geneviève Mnich est tout simplement magnifique. C'est ensuite une réalisation toute en discrétion mais qui ne s'interdit néanmoins pas quelques jolies idées de mise en scène et un montage alterné qui dynamise vraiment l'ensemble. Idem en ce qui concerne l'utilisation de la musique, jamais appuyée et souvent bien sentie.
C'est évidemment un film plein de bonnes intentions (les auteurs en profitent pour évoquer le racisme, l'intégrisme... avec juste ce qu'il faut de tact) mais qui touche au but en étant constamment juste, souvent touchant voire même parfois bouleversant lorsque la cinéaste convoque de véritables témoin du génocide juif. Même si le dernier quart d'heure est en deçà de tout ce qui a précédé, un film "d'utilité publique", sans manichéisme, au contraire assez modéré, ne jetant l'opprobre ni sur la jeunesse ni sur le corps enseignant.
. Je taquine un peu, mais c'est vrai que sa réalisation est souvent, à mon gout, un peu trop didactique, voir prévisible ( On est quand même assez loin de Tar cinématographiquement). Mais je te rejoins sur Niels Arestrup et également sur des choix pertinents dans la B.O.. La scène finale m'a un peu déçu, a-t-elle voulu rendre hommage à "Les Uns et les Autres" de Lelouch ?