Luigi Zampa (1905-1991)
Publié : 28 janv. 16, 00:48
Moins connu que les Comencini, Monicelli, Scola ou Risi, Luigi Zampa n'en demeure pas moins une figure majeure de la comédie à l'italienne dont il fut même l'un des pionners.
Presque aucune diffusion télé de ses films (même au cinéma de minuit ! ), presque aucun DVDs sortis chez nous (les années difficiles et uniquement en VF ), on peut dire que la rétrospective qui lui est consacrée en ce moment à la Cinémathèque est l'occasion rêvée pour faire connaissance avec son oeuvre.
http://www.cinematheque.fr/cycle/luigi-zampa-180.html
Les années rugissantes (Gli anni ruggenti - 1961)
Au milieu des années 1930, un petit village italien est émoi : une lettre annonce qu'un inspecteur des fascistes va venir pour faire une inspection surprise. Alors quand un homme de Rome débarque pour quelques jours, tout le monde (à commencer par les membres du conseille municipal) font tout pour se montrer sous leurs meilleurs jours. Sauf qu'il s'agit un simple assureur.
Très bon début de rétrospective avec cette comédie grinçante dans la grande lignée des réussites de ce genre si savoureux qu'est la comédie italienne.
Il ne manque pas grand chose au cahier des charges entre situations doucement absurdes et décalées, bassesse et hypocrisie des comportements humains, dimension sociale, discours politique, satire des moeurs...
Le scénario en lui-même n'est pas très original ni surprenant et on peut dire que beaucoup de séquences sont prévisibles, comme autant de passages obligées, mais ça n'empêche pas que pratiquement toute les scènes fonctionnent bien aidées avec un casting réussi et surtout une écriture solide (Ettore Scola est d'ailleurs de la partie et d'autres pointures comme Ruggero Maccari ou Sergio Amidei).
Le film est donc une succession de moments croustillants qui provoque quelques francs sourires : "l'interrogatoire" du maire derrière les lunettes, le quiproquo autour de la visite du mari cocu, le transfert des vaches et le passage à l'aérodrome (où les gags s'enchaînent très vite), la destruction d'une maison, la préparation du défilé... Soit autant de passages à la mécaniques bien huilée et dosée.
Par contre, le dernier quart souffre d'un virage dans le drame qui manque d'équilibre lorsque que l'assureur découvre la double réalité : celle de son identité supposée et celle du quotidien misérable des pauvres en marges de la ville. Même si la séquence en elle-même est vraiment très réussie, le glissement n'a pas la force d'un Monicelli par exemple. D'ailleurs, la suite est assez ratée avec Nino Manfredi aviné qui dit ses quatre vérité à une soirée mondaine. La plume est moins sophistiquée et Manfredi n'est guère crédible (sans parler du personnage féminin qui aurait mérité d'être plus étoffé) donnent un gout inachevé et maladroit à la séquence qui aurait dû pourtant être le point d'orgue du film mais ne ressemble qu'à un pétard mouillé jouant la facilité.
Comme pour rattraper le coup, les auteurs compensent avec une dernière séquence qui est elle admirable, en refusant tout happy end ou revirement psychologique de dernières minutes. L'ultime plan confine même au génie avec ce retour au néo-réalisme tragi-comique et son ironie pathétique pour une simplicité vraiment percutante dans la lecture d'une lettre paysanne au milieu d'un couloir de train.
Presque aucune diffusion télé de ses films (même au cinéma de minuit ! ), presque aucun DVDs sortis chez nous (les années difficiles et uniquement en VF ), on peut dire que la rétrospective qui lui est consacrée en ce moment à la Cinémathèque est l'occasion rêvée pour faire connaissance avec son oeuvre.
http://www.cinematheque.fr/cycle/luigi-zampa-180.html
Les années rugissantes (Gli anni ruggenti - 1961)
Au milieu des années 1930, un petit village italien est émoi : une lettre annonce qu'un inspecteur des fascistes va venir pour faire une inspection surprise. Alors quand un homme de Rome débarque pour quelques jours, tout le monde (à commencer par les membres du conseille municipal) font tout pour se montrer sous leurs meilleurs jours. Sauf qu'il s'agit un simple assureur.
Très bon début de rétrospective avec cette comédie grinçante dans la grande lignée des réussites de ce genre si savoureux qu'est la comédie italienne.
Il ne manque pas grand chose au cahier des charges entre situations doucement absurdes et décalées, bassesse et hypocrisie des comportements humains, dimension sociale, discours politique, satire des moeurs...
Le scénario en lui-même n'est pas très original ni surprenant et on peut dire que beaucoup de séquences sont prévisibles, comme autant de passages obligées, mais ça n'empêche pas que pratiquement toute les scènes fonctionnent bien aidées avec un casting réussi et surtout une écriture solide (Ettore Scola est d'ailleurs de la partie et d'autres pointures comme Ruggero Maccari ou Sergio Amidei).
Le film est donc une succession de moments croustillants qui provoque quelques francs sourires : "l'interrogatoire" du maire derrière les lunettes, le quiproquo autour de la visite du mari cocu, le transfert des vaches et le passage à l'aérodrome (où les gags s'enchaînent très vite), la destruction d'une maison, la préparation du défilé... Soit autant de passages à la mécaniques bien huilée et dosée.
Par contre, le dernier quart souffre d'un virage dans le drame qui manque d'équilibre lorsque que l'assureur découvre la double réalité : celle de son identité supposée et celle du quotidien misérable des pauvres en marges de la ville. Même si la séquence en elle-même est vraiment très réussie, le glissement n'a pas la force d'un Monicelli par exemple. D'ailleurs, la suite est assez ratée avec Nino Manfredi aviné qui dit ses quatre vérité à une soirée mondaine. La plume est moins sophistiquée et Manfredi n'est guère crédible (sans parler du personnage féminin qui aurait mérité d'être plus étoffé) donnent un gout inachevé et maladroit à la séquence qui aurait dû pourtant être le point d'orgue du film mais ne ressemble qu'à un pétard mouillé jouant la facilité.
Comme pour rattraper le coup, les auteurs compensent avec une dernière séquence qui est elle admirable, en refusant tout happy end ou revirement psychologique de dernières minutes. L'ultime plan confine même au génie avec ce retour au néo-réalisme tragi-comique et son ironie pathétique pour une simplicité vraiment percutante dans la lecture d'une lettre paysanne au milieu d'un couloir de train.