Tom Tryon
5.14- The Girl on the Glass Mountain
Réalisation : Don McDougall
Scénario : Eric Bercovici & James L. Hendesron
Guests stars : Tom Tryon
Première diffusion 28/12/1966 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 7.5/10
Le Pitch :
C’est le dernier convoyage de bétail pour Howie (Tom Tryon) qui doit quitter Shiloh pour se marier avec une fille de bourgeois ; le père voit cette union d’un mauvais œil mais finit par le se laisser convaincre. Howie ouvre alors une sellerie. Son commerce marche très bien mais la vie en plein air commence à lui manquer. Le jour où l’un de ses anciens patrons lui propose la place de régisseur de son ranch, l’envie de reprendre son métier de cow-boy le titille mais son épouse va à son encontre. Plus tard il perd une forte somme d’argent au jeu alors que sa femme vient de tomber enceinte. Le voilà dans une délicate situation…
Mon avis : Don McDougall est décidément non seulement l’un des réalisateurs les plus prolifiques de la série mais également celui auquel nous pouvons accorder la plus grande confiance, son pourcentage de réussites étant vraiment impressionnant, un seul de ses 22 épisodes s’étant jusqu’à présent révélé moyen - paradoxalement le seul autre écrit par le scénariste de cet excellent
The Girl on the Glass Mountain - ; savoir qu’il en mettra en scène encore tout autant est là pour nous rassurer sur la qualité d’ensemble de la série, en croisant les doigts pour que cet espoir se confirme. L’épisode débute par une dizaine de minutes rappelant un peu le très attachant
Cow-Boy de Delmer Daves, sorte de semi-documentaire sur la vie quotidienne en extérieurs de ces garçons vachers, leur travail, leur discussions et réflexions sur leur condition ou l'égrenage de leurs souvenirs, les veillées autour des feux de camp… Où l’on remarque immédiatement que Don Quine en Stacey est bien plus convaincant qu’à l’accoutumée, ce qui se révélera également vrai pour Sara Lane dans le rôle de sa sœur, leurs séquences ensemble s’avérant pleine d’une sensibilité inattendue, comme si enfin nos deux jeunes comédiens parvenaient à se lâcher un peu et commençaient seulement à apprivoiser leur personnage. Pour en revenir au prologue, de jolies séquences d’amitié et de camaraderie et un protagoniste immédiatement aussi charismatique que sympathique, celui joué par Tom Tryon (
Le Cardinal de Preminger aux côtés de Romy Schneider, également très bon dans quelques westerns des années 60) qui nous avait déjà gratifié dans
The man from the Sea - 14ème épisode de la saison 1 - d’une interprétation savoureuse, rendant grandement attachant son personnage de marin extraverti qui avait voyagé sur toutes les parties du globe et qui avait acquis une culture et une expérience qui attisaient grandement la curiosité de ceux qui l’approchaient.
Il est tout aussi mémorable et admirable dans l’épisode qui nous concerne ici, Howie passant son dernier jour à Shiloh - fêté comme il se doit par son équipe avec qui il semblait formidablement bien s’entendre – avant de convoler en juste noce puis d’ouvrir un commerce au centre de Medicine Bow ; et si Howie restera comme un des personnages ‘Guest-Star’ les plus inoubliables de la série, c’est avant tout grâce au talent de Tom Tryon et à l’efficace direction d’acteurs de Don McDougall qui, outre avoir enfin réussi à donner de la consistance aux deux enfants Grainger, a su parfaitement bien diriger tous les autres comédiens gravitant autour d’eux dans cette jolie histoire très romantique parfois bouleversante. Howie est un homme foncièrement bon, conscient de ses faiblesses et défauts mais honnête, fidèle en amitié et confiant (parfois trop) ; rencontrant un de ses anciens ‘collègues’ s’emparant de vaches du troupeau qu’il a en charge, il lui conseille gentiment de ne pas poursuivre son larcin et lui rappelle que s’il fermait les yeux sur ses maraudages passés il n’a jamais lui-même participé à quelconque vol (
"I looked the other way maybe, but I never stole cattle"). Lorsque plus tard, installé à son propre compte en tant que sellier, ses amis lui demandent de leur faire crédit, il ne dit jamais non, allant même parfois jusqu’à annuler la dette qu’ils ont contracté envers lui. Il est doux et tendre avec sa femme, courtois avec ses beaux-parents mais surtout grandement compréhensif envers tout le monde ; ‘une belle personne’ comme nous dirions de nos jours même si cette mièvre appellation est un peu galvaudée, utilisée à tort et à travers. Tom Tryon parvient à rendre son personnage totalement attachant, jamais pénible ni moralisateur, le genre de personne que nous aimerions avoir pour pote.
Howie eut du mal au début à se faire accepter par ses beaux-parents qui ne voyaient pas d'un très bon oeil rentrer dans leur famille un homme d’aussi basse condition ; mais sa rencontre avec le père lorsqu’il vient demander la main de sa fille se passe très bien ("
Well Howie, I won't pretend I think you're the ideal husband for my daughter, but if she loves you and you love her, I guess all I can do is wish you luck") et surtout la mère fait la remarque à son époux comme quoi il n’était alors pas mieux loti lorsqu’il lui-même à l'époque l’avait demandé en mariage. Les personnages arrivent tous à se remettre en question et n’ont pas honte de changer d’avis, ce qui constitue l'une des véritables richesses de ce scénario jamais manichéen. L’actrice qui interprète la jeune et belle épouse d'Howie, fille de commerçants enrichis, c’est Pamela Austin qui avait été déjà au générique d’un des très grands épisodes de la série lors de la saison 2,
It Takes Big Man. Elle est également très bien dirigée et son personnage tout aussi bien écrit, pas spécialement toujours aimable, ce qui fait aussi son humanité. Le couple a beau s’aimer, les deux déchantent vite : les grands espaces viennent à manquer à l’homme qui se sent un peu trop confiné dans son échoppe et à qui l’on propose justement une place de contremaitre ; sa femme aurait souhaité que l’argent rentre un peu plus vite dans les caisses d’autant qu’elle tombe enceinte et qu’elle voudrait s'acheter une maison plus vaste que la modeste arrière-boutique dans laquelle ils habitent depuis qu'ils sont ensemble. Poussé par une mauvaise fréquentation, ayant perdu une partie de sa recette au jeu, Howie va se sentir acculé et, pour ne pas décevoir sa femme, va se laisser entrainer sur une pente dangereusement glissante par ce même copain des mauvais jours, sur le point de commettre l’irréparable, une attaque de diligence qui manque de tourner au drame. Avant ça, nous aurons eu l’occasion d’être témoin de plusieurs séquences de discussions très touchantes au cours desquelles Owie se confie à propos de ses problèmes, son mal-être et ses frustrations et demande des conseils à ses amis, dont surtout Stacey qui d’un coup nous parait plus proche, plus sympathique et plus mature.
Constamment attachant et captivant, un épisode non seulement très maitrisé dans sa mise en scène (quasiment aucune faute de goût de la part de McDougall, ni plan foireux ni vilaine transparence...) mais également et surtout superbement bien écrit, octroyant même à plusieurs des protagonistes récurrents de très jolies scènes ; au shérif Mark Abbott par exemple qui se révèle in fine un homme profondément humain. Magnifique séquence également que celle de la demande en mariage qui réunit Tom Tryon et Hugh Beaumont, ce dernier tenant le rôle de son beau-père intimidant mais finalement compréhensif, faisant même son Mea Culpa, regrettant d’avoir trop gâté sa fille et d’avoir trop hâtivement jugé son gendre qu’il admire désormais pour son courage et par le fait d’être un brave homme. Je vous laisse juge de la qualité des dialogues et de la hauteur morale de ce script au travers ce long extrait de la séquence de remise en question et de conseils avisés du père à sa fille qui était sur le point de divorcer : "
Donna, Howie Sheppard is a good man! Maybe he's a lot better man than I gave him credit for being. He could have gone in with me, but he wanted to make it on his own. And he's been working hard to give you everything you've wanted; everything we've brought you up to want. He could have come crying to me, but he didn't. And that makes me kind of proud of him. As for losing the money, well, he's human. He's no knight in shining armor. He's your husband. Maybe you should have tried harder to meet him halfway.I blame myself. For giving you too much, Donna. For making things too easy for you. For letting you grow up expecting to have everything just exactly the way you wanted it. I spoiled you, Donna, and for that, I'm sorry. Now I'm going to tell you something else. Instead of talking about leaving Howie, what you ought to be doing is thinking about how you can keep him!". Peut-être assez éloigné de ce qu'attendent les amateurs de western mais néanmoins superbe.
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