
5.21- Without Mercy
Réalisation : Don McDougall
Scénario : Donn Mullally
Guests stars : James Gregory
Première diffusion 15/02/1967 aux USA
DVD : VOSTF - VF
Note : 7/10
Le Pitch : Stacey est amoureux de Kathy Young ; il doit cependant la rencontrer en cachette car Cal (James Gregory), le père de la jeune fille, voit cette relation d’un très mauvais œil, refusant que sa fille fréquente des garçons d’une classe sociale plus favorisée que la leur. Surpris en compagnie de Kathy, Stacey est maltraité par le patriarche des Young. Grainger tente d’aller raisonner son voisin, sans succès : estimant néanmoins légitime qu’un père refuse un prétendant pour sa fille, il décide d’envoyer Stacey loin d’ici le temps qu’il fasse le deuil de sa romance. Peu après Cal est retrouvé mort d'une balle dans le dos ; les soupçons se reportent sur Stacey…
Mon avis : Qualitativement parlant, la série semble enfin avoir retrouvé un bon rythme de croisière ; le fait que Don McDougall ait pris le relais et qu’il va réaliser un épisode sur deux jusqu’à la fin de ce dernier tiers de saison en alternance avec Abner Biberman nous rassérène un peu, nous faisant espérer qu’une moitié au moins sera satisfaisante, le réalisateur ne nous ayant quasiment jamais déçu jusqu'ici. Et croyez-le ou non, ne sachant pas qui en était le signataire, au regard de la mise en scène durant le prégénérique j’ai immédiatement pensé qu’il pouvait justement s’agir de Don McDougall derrière la caméra ; l’attention portée au découpage, aux cadrages et à l’éclairage (si l’on veut bien oublier cette vilaine ombre portée de la caméra en bas à gauche du cadre), l’ampleur des travellings, le fait de vouloir prendre son temps et de ne pas hésiter à s’appesantir dans une atmosphère assez bucolique, le fait aussi de refuser presque toutes transparences et stock-shots… tout était typique de cet homme qui s’avère toujours être la meilleure recrue de la série. Dès le départ nous voilà donc rassurés, ce qui se confirmera par la suite, le talent de directeur d’acteurs de McDougall étant lui aussi toujours intact, non seulement les différentes Guest Stars étant très convaincantes mais les trois comédiens interprétant les Grainger confirmant avoir enfin bien intégrés leurs personnages ; ce fut assez long et laborieux mais il semble désormais que Don Quine, Sara Lane et Charles Bickford aient définitivement pris leurs marques.
Une séquence prégénérique qui voit donc réunis le jeune Stacey et une blonde diaphane aussi touchante que ravissante interprétée par Katherine Walsh dont le talent n’aura pas eu le temps de s’épanouir, morte tragiquement à l’âge de 23 ans, assassinée en 1970 sans que son meurtre n’ait été élucidé. On la trouvait au générique de La Poursuite impitoyable de Arthur Penn et au vu de son délicieux visage ainsi que de son interprétation dans cet épisode du Virginien, il n’est pas interdit de penser qu’elle aurait pu avoir une carrière non négligeable. Nos deux tourtereaux passent de merveilleux moments ensemble mais pour cela ils doivent se cacher du père de la jeune fille qui ne supporte et n’approuve pas cette romance : il refuse que Kathy fréquente un homme de condition supérieure à la leur, aigri contre ceux qui ont réussi, jaloux plutôt puisque ce ne fut pas son cas. Ayant surpris Stacey en compagnie de Kathy, pour le punir il l’attrape au lasso et le traine derrière son cheval sur plusieurs centaines de mètres. John Grainger va demander des comptes à son voisin, plaidant la cause de son petit-fils en estimant que ce n’est pas une manière de traiter les gens ; quoiqu’il en soit, rentrant bredouille de son entretien avec l’inflexible Cal, il explique à Stacey que l'attitude de ce dernier est quand même légitime et qu’un père a le droit d’interdire à sa fille de fréquenter untel. Pour lui faire oublier la jeune fille et le faire se changer les idées, John trouve un prétexte pour envoyer Stacey réparer une cabane très loin de Shiloh. Mais Cal est retrouvé mort, dévalisé et une balle dans le dos.
Il est évident que les soupçons se reportent sur Stacey d’autant que l’argent que Cal transportait se retrouve dans la sacoche de son cheval et que tout le monde est au courant de son histoire d’amour ainsi que des rivalités l’ayant opposé au vieil homme. Ce dernier est superbement interprété par James Gregory qui aura eu le temps une demi-heure durant de nous faire montre de son talent ; le comédien était déjà excellent dans le 12ème épisode de la saison 1, 50 Days to Moose Jaw, et fut avant ça sur grand écran l’ennemi des 4 fils de Katie Elder d’Hathaway ; l’on se rappelle aussi son général Quaint dans A Distant Trumpet (La Charge de la 8ème brigade) de Raoul Walsh, superbe personnage s’amusant à réciter à tour de bras des extraits en latin des grands auteurs de l’Antiquité. Le frère de Cal qui tiendra un rôle d’égale importance dans le récit, c’est le non moins excellent Lonny Chapman. Des personnages tous intéressants, pas spécialement manichéens (Cal a tout pour être haïssable mais demeure attachant) et richement décrits grâce à la remarquable sûreté d’écriture de Donn Mullally, scénariste qui ne sera au générique que de six épisodes du Virginien mais qui aura marqué la série de son empreinte durant les deux premières saisons avec le magnifique Impasse (avec Eddie Albert), le curieux et réjouissant The Money Cage (avec Steve Forrest), le mémorable Siege (avec Philip Carey) - à cette date toujours l’un des plus grands épisodes de la série - et enfin The Invaders (avec Ed Begley) dont le scénario était un modèle d’intelligence et de rigueur. Son travail sur Le Virginien s’arrêtera malheureusement avec l’épisode qui nous concerne ici.
Je ne m’étendrais pas plus longuement sur l’intrigue plus proche du film policier que du western afin de ne pas trop en dévoiler. D’autant plus que, une fois n’est pas coutume puisque le plus souvent dans la série le spectateur est en avance sur les protagonistes, ayant comme dans Columbo assisté aux évènements, il n’a cette fois pas été témoin du meurtre et qu’il est dans la même ignorance des faits que celui qui se lance dans l’enquête, en l’occurrence un Ryker en belle forme. Une écriture rigoureuse, un récit policier bien mené, une interprétation de belle tenue, du suspense, du mystère, le gracile visage hypnotisant de Katherine Walsh, l’apparition de tous les protagonistes récurrents… on ne se plaindra pas de tous ces éléments qui rattrapent une résolution de l'intrigue un peu décevante basée sur des boites de conserves de tomates (sic !) Nous aurons en outre assisté à une jolie histoire, été témoin d’un odieux chantage, de la haine que pouvait avoir des fermiers modestes pour de grands éleveurs ainsi que d’une intéressante réflexion sur la place des jeunes filles au sein de la famille, plutôt progressiste puisque Elisabeth Grainger n’hésite pas à contrer son grand père sur ses idées un peu rétrogrades quant à l’autorité paternelle. Ces quatre derniers épisodes auront rivé le clou à ceux qui ne voient Le Virginien que comme une série familiale alors qu’elle se sera souvent révélée bien plus adulte que bien des westerns de la même époque.
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