William Windom & Ben Murphy
7.03- The Orchard
Réalisation : James Sheldon
Scénario : Andy Lewis
Guest stars : Burgess Meredith, Ben Murphy & Brandon DeWilde
Première diffusion 02/10/1968 aux USA
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10
Le Pitch :
Tim (Burgess Meredith), gros rancher texan, a été ruiné et il est revenu tenter sa chance près de Medicine Bow. Cet ancien associé de Clay, même s’il a déjà de fortes dettes à lui rembourser, lui demande encore de l’aide financière pour pouvoir redémarrer un élevage. Le propriétaire de Shiloh qui estime lui être redevable de sa réussite et qui a déjà embauché l’ainé de ses deux fils n’hésite pas même s’il est actuellement perturbé par des voleurs de bétail. Le cadet dont la femme est enceinte pense qu’ils feraient mieux de se lancer dans l’agriculture plutôt que de s’occuper de troupeaux et se heurte à ce propos avec son frère et son père…
Mon avis : L’expression ‘jamais deux sans trois’ ne fonctionne décidément et heureusement pas concernant le nombre d’épisodes consécutifs du
Virginien moyennement convaincants. Et du coup après un démarrage un peu mou, la saison 7 nous propose enfin pour son troisième essai un excellent millésime sauf que David Hartman n’est toujours pas revenu en scène depuis que l’on a fait connaissance avec cette nouvelle recrue au tout premier épisode. A propos de
The Good-hearted Badman au cours de la saison précédente, j’écrivais à peu de choses près que savoir James Sheldon derrière la caméra pour encore six épisodes assez rapprochés dans le temps me réjouissait par avance. Il confirme à nouveau cette confiance que l'on peut avoir en lui, remplaçant en quelque sorte Don McDougall qui fut durant six saisons le réalisateur le plus satisfaisant de la série. On pourrait ainsi brièvement résumer les plus grandes qualités de cet homme qui aura fait sa carrière entière à la télévision : une astucieuse utilisation des ellipses, une belle gestion du suspense, une mise en scène de qualité et une grande rigueur de l'ensemble. Aidé par le duo de scénaristes qui avait déjà signé
Bitter Autumn, l’épisode qui nous présentait le couple Clay et Holly Grainger, James Sheldon réalise une fiction non seulement très bien ficelée mais également très mature et intelligente, témoin avant tout la longue séquence qui réunit le couple joué par John McIntire et Jeanette Nolan : la femme pragmatique, psychologue et remarquablement lucide nous démontre par ces qualités avoir un ascendant sur son époux qui ne lui en veut absolument pas, l’amour que se portent les deux personnages – rappelons qu’il s’agissait également d’un couple à la ville – faisant partie des éléments qui font des épisodes les réunissant souvent de bons crus.
Avant de revenir sur cette scène en particulier, retournonss au début de l’histoire en affirmant néanmoins d’emblée que le casting a été superbement choisi et que la direction d’acteurs ne saurait souffrir ici d’aucun reproches, chacune des nombreuses Guest Star nous livrant de remarquables performances. L’épisode démarre sur les chapeaux de roue par une séquence de fusillade, un jeune homme se faisant tirer dessus par des voleurs de bétail. Il s’agit de Walt, le cadet de Tim Bradbury, ex-associé de Clay Granger alors qu’ils possédaient tous deux un ranch au Texas. Alors que Clay avait quitté son mentor pour créer son propre élevage dans le Wyoming, Tim avait été ruiné par la sécheresse et avait tout perdu. 20 ans plus tard, Tim est venu s’installer avec ses deux fils et sa bru sur des terres adjacentes à celles de Shiloh avec comme rêve totalement irréaliste de retrouver sa splendeur d’antan : "
the Bradburys are cattlemen, not farmers peddling vegetables." Persuadé de lui être redevable de presque tout, Clay lui fait crédit de sommes considérables pour donner à Tim la chance de se relever. Seulement Tim est non seulement trop âgé et trop faible pour repartir de zéro mais son fils ainé Mike, cowboy à Shiloh, dilapide sa maigre paye au jeu et doit de l’argent à de nombreux cow-boys alors que Walt, son cadet, sur le point d’être père, n'imagine pas une seule seconde qu’ils pourraient réussir à faire fortune dans l’élevage ; il croit au contraire dur comme fer à l’avenir de l’agriculture d’autant que le verger qu’ils possèdent pourrait aisément se transformer en terre de culture. Seulement, le verger - titre de l’épisode assez bien trouvé et au sein duquel se déroulera la très belle conclusion du récit - est un peu le symbole pour Tim de sa grandeur passée puisqu’il se souvient des pommiers en fleurs qui paraient le devant de son ranch. Il refuse ainsi que Walt se débarrasse des arbres même s’ils sont pour la plupart mourants. Walt a tellement les pieds sur terre qu’alors que son père est sur le point d’aller trouver Clay pour prolonger sa dette afin de s’acheter un taureau, il demande à ce dernier de ne pas lui accorder cette faveur, sachant pertinemment qu’ils ne seraient jamais solvables et que ‘ce serait reculer pour mieux sauter’. Clay, tout à son amitié pour son ancien partenaire, trouve Walt peu respectueux pour son père, estime même que par cette requête il le trahit en quelque sorte.
Nous allons donc assister à quelques rivalités familiales, Walt voyant d’un mauvais œil les projets chimériques de son père et ne supportant plus les incartades de son frère qui va même se voir entrainé malgré lui dans le vol de bétail. Encore plus captivant, l’avis qu’à Holly sur le fait que son époux continue à céder à tous les caprices de son ancien associé de qui il se sent redevable en lui prêtant de l’argent à chaque fois qu’il lui en demande. D’un côté elle le vénère d’être un homme aussi charitable, respectueux et reconnaissant mais lui fait comprendre que ce n’est finalement peut-être pas ce qui pourra le mieux aider son ami. Elle lui offre par la même occasion une petite séquence de psychanalyse en lui faisant comprendre que ses gestes altruistes et son aide désintéressée pourraient inconsciemment cacher une certaine vanité de se sentir à son tour ‘The Big Man’, un certain sentiment de supériorité après qu’il ait tout appris de Tim. Une scène brillamment dialoguée et interprétée qui fait comprendre à quel point la série initiée par Charles Marquis Warren pouvait être adulte et mature contrairement à des séries 'westerniennes' plus légères telles
Bonanza par exemple, pour ne citer que l’autre plus célèbre de l’époque. Filmé au sein de superbes décors naturels encore jamais côtoyés - comme l’endroit où se situe la ferme des Bradbury au centre d’une plaine très étendue où le regard peut s’étendre à perte de vue -,
The Orchard ne manque pas d'efficaces séquences d’actions ainsi que de bagarres parmi les plus sèches et teigneuses de la série, notamment celle très courte mais chorégraphiée par des cascadeurs sacrément chevronnés qui dans l’histoire oppose Walt et Chick, le chef de bande des voleurs de bétail, l’homme qui a réussi à entrainer son frère ainé sur la mauvaise pente, cause du pugilat musclé qui se déroule sous nos yeux, impressionnés que nous sommes par une telle violence au sein d’une série dite familiale. Nous n’oublierons pas non plus la fusillade finale superbement mise en scène.
Mais qui sont ces excellents comédiens invités par la production le temps de cet épisode et qui auront permis de nous rendre très crédibles tous ces personnages pour la plupart attachants et d'une grande richesse d'écriture ? Le père c’est Burgess Meredith, surtout connu pour avoir été Mickey, le vieil entraineur de Stallone dans la série des
Rocky ; son fils ainé est interprété par un formidable Ben Murphy qui fût déjà très récemment Guest Star d’un des épisodes précédents, comédien surtout apprécié des cinquantenaires pour avoir été
Gemini man, le nouvel homme invisible durant les années 70 à la télévision ; le cadet n’est autre qu’un petit habitué de la série, Brandon De Wilde, surtout connu pour avoir été le jeune ‘groupie’ de Shane dans
L’Homme des vallées perdues de George Stevens et que j’ai toujours trouvé très juste et notamment dans cet épisode où il se révèle remarquable de sobriété. N'oublions pas non plus la douce Tyne Daly dans le rôle de la jeune épouse de Walt ainsi que William Windom dans celui du vicieux chef des ‘rustlers’, ce dernier ayant une scène d’une formidable tension et d'une puissante montée dramatique avec Ben Murphy lorsqu’il essaie d’attirer ce dernier dans ses filets. Un superbe épisode tournant autour de tout un tas de thèmes passionnants et questionnant la fierté, l’ambition, la culpabilité, le prix de l’amitié et de la reconnaissance, les ‘conflits’ entre rêve et réalité... Riche, profond, émouvant et captivant !
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