Le Film d'espionnage européen

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Le Film d'espionnage européen

Message par Kevin95 »

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MISSIONE APOCALISSE (Guido Malatesta, 1966) découverte

L'agent 087 était peinard en gratte-papier dans une contrée lointaine, il aura fallu qu'un vilain vienne menacer le monde pour que notre brave fonctionnaire prenne des galons et voyage autour du monde tout en couchant avec tout ce qui bouge (de sexe féminin, mais si on lui demande gentiment notre homme n'est pas contre). Pourtant 087 est tiède dans cette affaire, pas forcement emballé à voir le visage de l'acteur peu expressif, blasé avant de rouler une paloche et tristoune de mettre une mandale à un sbire d'Eduardo Fajardo (le bad guy de Django sans son écharpe). Sans doute que l'ami a compris la supercherie et que le monde offert en première classe se résume à une sélection approximative de stock-shots d'actualité et de trois planches italiennes tapissées aux couleurs du pays dans lequel notre agent secret évolue. Pourtant, Guido Malatesta à la réal applique avec professionnalisme les ficelles du cinéma populaire, sans grand fracas mais avec du charme, tandis que Francesco De Masi à la musique se fait plus pop qu'à l’accoutumé. Non, vraiment monsieur l'agent vous êtes difficile. Quand on pense au final que ces chers italiens vous ont gratiné, un combat contre le méchant dans un décor absent, quasiment abstrait, où sans le vouloir le film bascule dans de la S.F. bien ravagée. Stock-shot d'un bombardement, le mot fin. C'était sympa, avouez-le 087 !

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ESPIONNAGE À HONG KONG (Jürgen Roland, 1962) découverte

Techniquement c'est de l'eurospy mais artistiquement ça devient plus compliqué. On serait plus dans un croisement entre le film noir à tendance exotique (type Macao de Josef von Sternberg) et l'héritable hitchcockien de North by Northwest. Quant à l'influence de 007, l'affaire est réglée puisque Dr. No et ce film datent de la même année, 1962. C'est donc dans un Hong-Kong de carton-pâte que se déroule l'enquête d'un journaliste bien coiffé (cousin teuton de Tintin) et de sa coéquipière vaguement amoureuse afin d'expliquer la mort d'un copain et de mettre la main sur un micro-film. Les couleurs caressent la rétine, le rythme n'est pas déprimé et le charme de la série B à l'ancienne marche sur ses deux jambes. En un mot, on y est bien. Cela n'empêche pas la surprise, notamment face à une violence parfois sadique, menée de main de maitre par un Horst Frank qui joue les salopards avec une gourmandise et un calme jouissifs (sacrés allemands !) Une romance un peu cul-cul certes (les niaiseries sont monnaie courante outre-Rhin) mais du cinéma de quartier pêchu et nourrissant.
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AtCloseRange
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Re: L'Eurospy

Message par AtCloseRange »

J'avais lu "Europsy" et je me demandais quel genre déviant tu avais encore découvert...
Dernière modification par AtCloseRange le 4 mai 16, 15:45, modifié 1 fois.
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Kevin95
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Re: Le film d'espionnage européen

Message par Kevin95 »

Avec les compliments de la maison (je restitue deux trois bafouilles perdues dans le crash).
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Rick Blaine
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Re: Le film d'espionnage européen

Message par Rick Blaine »

Puisqu’on parle de ce genre, quels sont les titres les plus intéressants ?
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Kevin95
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Re: Le film d'espionnage européen

Message par Kevin95 »

J'aurai presque envie de dire aucun, le genre est connu pour être un tue-l'amour pompant sans grand effort et avec deux euros cinquante les succès de l'agent 007. Les bisseux (présent !) lui trouve une patine vintage pas désagréable mais même les meilleurs opus s'oublient deux jours après visionnage.
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Re: Le film d'espionnage européen

Message par hellrick »

L'euro spy a quand même souvent pris un méchant coup de vieux, de ceux que j'ai vu je ne pourrais pas en citer un seul au-dessus du "sympa" (j'ai d'ailleurs du mal à me souvenir des titres entre 008, Agent 077, Agent Bob Fleming, etc. :oops: )

Le fanzine Medusa en a fait des chroniques régulières au point que la plupart on été critiqué. Je crois que les mieux notés sont (comme souvent) les Lenzi du milieu des 60's, j'ai d'ailleurs Super 7 appelle le Sphinx à visionner.

Assez peu sont sortis en dvd, on attend qu'Artus s'y mette, ils ont déjà sortit le potable Opération Goldman.
:wink:
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Re: Le Film d'espionnage européen

Message par Rick Blaine »

Merci messieurs.
Je vais m'abstenir d'explorer dans ce cas. :mrgreen:
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Re: Le Film d'espionnage européen

Message par bruce randylan »

Il faut quand même voir l'épisode Halte au LSD de la série des "Commissaire X".

Je ne sais pas ce que valent les 6 (!) autres épisodes mais celui-là est grandiose surtout pour son doublage français hilarant. :D
Sinon un tournage à Istanbul, une histoire qui part dans tous les sens, des péripéties improbables (quelle poursuite en moto à la fin, des sous-tifs pour servir de signaux de détresse !) et surtout le réalisateur qui se donne un second rôle d'amoureux des animaux pour des passages qui nous avaient donnés au moins un fou-rire à en avoir les larmes aux yeux.

Moins mémorable Mission suicide à Singapoure de Ferdinando Baldi est pas mal gratiné aussi.
La VF est assez dingue avec des relents racistes et misogynes fulgurants, quelques scènes surréalistes et là encore des péripéties d'une absurdité réjouissante. Par exemple le héros passent son temps à changer de véhicule (comme Droopy). Et Baldi devait être en manque de Western Spaghetti et glisse une séquence totalement hors sujet (sur fond de "la maison qui rend fou" d'Astérix).
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Re: Le Film d'espionnage européen

Message par bruce randylan »

Baroud à la Jamaïque / Llaman de Jamaica, Mr. Ward (Julio Salvador - 1968)

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L'italie et l'Espagne s'associe pour offrir un voyage à la Jamaïque à Ray Danton. Il est à parier qu'ils n'ont pas dû réserver beaucoup de nuits d'hôtel sur place tant le résultat à l'écran est décevant et pourrait se dérouler n'importe où. D'ailleurs il se déroule n'importe où : des chambres, des bureaux, des couloirs, des routes nocturnes, des halles... La Jamaïque dans tout ça ne se devine que dans quelques plans disséminés un peu au hasard.

Pourquoi pas à la rigueur si le film est rythmé, pêchu et sans temps mort. Réfrénez vos ardeurs car cette aventure de Mr. Ward devrait plutôt s'intituler Scènes d'exposition : the movie (extended cut). Ca parle, ça palabre, ça déblatère, ça dialogue, ça discute, ça converse... Guère plus...
D'ailleurs, même Ray Danton s'adresse à la caméra toutes les 15-20 minutes pour lui résumer ce qui vient de se dérouler dans les dernières scènes d'échanges verbaux. Au moins ces petits intermèdes sont plutôt amusants et récréatifs. Certains sont assez croustillant de machisme, comme le dernier où le héros qui vient de perdre la femme qu'il aimait confesse qu'il ne va pas rester se morfondre 107 ans et cède au avance d'une blonde vulgos assise à côté de lui. Classe.

Seule une séquence sort vraiment du lot et pourrait mériter d'être dans un cut nanarland : Lors d'une poursuite en voitures, Ray Danton utilise un spray qu'il vaporise par la fenêtre pour aveugler son poursuivant qui lui tire dessus ! Et ce dernier, pour se protéger, se munie d'un masque de plongée sous-marin. :lol:
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Re: Le Film d'espionnage européen

Message par Kevin95 »

LLAMAN DE JAMAICA, MR. WARD - Julio Salvador (1968) découverte

Eurospy espagnol qui imite les italiens quand ils imitent les anglais qui jouent aux américains (ça va aller ?) Autant dire qu'on est pas dans le haut du panier, mais dans de l'exploitation alors en fin de parcours (1968, les espions pop commencent un peu à sentir le formole). Là où Llaman de Jamaica, Mr. Ward trouve un peu d’intérêt, c'est dans la distance qu'il prend avec le genre. Pas de super agent ténébreux dans le rôle titre mais une andouille, vaguement beau gosse, qui ne cesse de jacter et de se prendre des portes. Une sorte de Matt Helm fauché comme les blés, interprété pas un type qui a le charisme du genoux gauche de Dean Martin (Ray Danton dans sa période agent secret). Torché mollement, le film se fait décontracté... un peu trop d'ailleurs. Rien n'est mené jusqu'au bout, le personnage parle au spectateur, résume l'intrigue (incompréhensible) mais le procédé ne mène à rien. Idem, comme un aveu de je-m’en-foutisme le nœud de l'intrigue est laissé dans le flou, tout juste conclut par un personnage qui "n'y comprend rien", c'est lui qui le dit. Quand les Coen font le coup dans Burn After Reading (2008) on trouve ça audacieux, mais ici on est plus dans du bâclage pur et dur. Ça n’empêche pas le film de se parfumer au peinard du cinéma de genre de l'époque. Belles images, musique agréable, naïveté généralisée et deux trois séquences barjots comme une course poursuite en bagnole où les personnages se combattent via un déodorant projeté depuis une voiture (même Satanas et Diabolo n'y ont pas pensé). Inutile mais mignon si on a le cœur ouvert à toute la production des 60's.
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Re: Le Film d'espionnage européen

Message par Kevin95 »

L'AFFARE BECKETT - Osvaldo Civirani (1966) découverte

On peut naitre europsy et garder une certaine dignité. L'affare Beckett a beau toucher le RSA, jouer sur la ressemblance (il est vrai frappante) entre Lang Jeffries et Sean Connery, être réalisé par un anonyme du cinéma de genre italien, il défend pourtant bien son steak, bombe le torse quand il s'agit de créer une ambiance parano et surtout, assume son budget light en évitant le coup des cartes portales en papier mâché typique du genre pour privilégier une imagerie grise (Paris) ou tendue avec un cocktail soleil de plomb et assassinat politique en Afrique du Sud. Les amateurs retrouveront les trois planches habituelles pour figurer les cabarets, les plus exigeants lâcheront le film en cours de route faute d'un rythme électrique mais les curieux peuvent se caler confortablement dans ce complot internationale, plus proche du sérieux Topaz d'Alfred Hitchcock (1969) que des délires de l'agent 007 (qui à l'époque commençait à perdre de son premier degré après Thunderball).

DA BERLINO L'APOCALISSE - Mario Maffei (1967) découverte

Contrairement à ce que vend le titre français (Le tigre sort sans sa mère)), il ne s'agit pas d'un nouveau Tigre après les deux Claude Chabrol mais d'un eurospy italo-franco-allemand que le distributeur français a voulu booster. Il n'a pas tous les tords le bougre car hormis notre Roger Hanin national, rien ne vient démarquer le film de la concurrence, même pas un petit Klaus Kinski cinq minutes à l'écran ou un petit maitre bis derrière la caméra. Mario Maffei est surtout assistant-réalisateur, grosse filmo à ce poste et quasiment rien en tant que réalisateur. Preuve d'une production montée à toute allure, sans regarder dans le rétro, piochant dans un roman qui trainait au café du coin, en l’occurrence Câline Olivia de Jean Laborde (futur auteur d'Adieu poulet et Mort d'un pourri entres autres). Je joue les difficiles à tort car Da Berlino l'apocalisse est très consommable, brouillon mais bien mené et adoptant un virage apocalyptique (d'où le titre original) étonnant. L'Allemagne de l'époque est filmée dans toute sa schizophrénie et sa paranoïa. Les extérieurs au Mexique en revanche sont purement gratuits, cadeau du patron. Dur dur de comprendre le pourquoi du comment de la résolution, juste que Roro nous sauve d'une éventuelle troisième guerre mondiale. Pas de quoi s'inscrire dans les manuelles d'Histoire mais un bon moment bis, comme Hanin en tournait à l'époque.
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manuma
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Re: Le Film d'espionnage européen

Message par manuma »

IL COBRA (1967)

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Pitch pas compliqué - les chinois ont tout simplement décidé d'anéantir le monde libre en rendant sa population accro à l'héroïne. Plan machiavélique qui va pousser l'ex-agent Mike Rand à reprendre du service - pour eurospy assommant de mollesse. Les quelques jolies vues d'Istanbul et Beyrouth, sel de ces petites productions, n'y peuvent rien, Mario Sequi est incapable d'imprimer le moindre rythme à son essai, et l'ennui ferme sort seul vainqueur de ces séquences de brainstorming entre agents du renseignement qui n'en finissent plus, ces coups de poing dans vide et autres punchlines gênantes. Seule surprise : un Dana Andrews de lendemain de cuite un peu plus présent à l'écran que ce que j'imaginais au départ. Mais difficile d'y voir un choix très judicieux de sa part, vu la faible qualité du produit (on n'est probablement pas loin du nadir de sa carrière ici).
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