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Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 18 août 16, 12:40
par Kevin95
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LE CHEVALIER DE PARDAILLAN - Bernard Borderie (1962) découverte

Cours d'escrime par le prof Borderie qui fait les semaines paires quand André Hunebelle fait les semaines impaires. Programme inchangé, inchangeable, c'est pas faute de lui demander : scope, costumes chatoyants, comédiens affligeants, cascades à faire frémir petits et grands, humour pour gouter d'anniversaire, cape et d'épée sage, très sage. Ici, c'est Gérard Barray (qui venait de faire Les Trois Mousquetaires avec BB) qui s'y colle, plus décontracté que Jean Marais mais tout aussi mufle avec le prolo et mielleux avec les hauts de la cour (les gentils hein, mais ceux fringués en noir qui murmure dans les caves du château). Gentillet mais daté, il faut se munir d'une sacrée dose de nostalgie pour s'amuser comme un petit fou. Drôle de constater que ce type de film, parangon du spectaculaire à la française fait surtout, cinquante ans plus tard, penser à l'ORTF, à ses comédiens gueulards, ses décors pas toujours stables, sa mollesse formelle. Car les séquences d'actions chausse du 47 en pantoufles, manquent de panache (hormis peut-être celle avec Pardaillan enchainé) et se répètent un tantinet. Mais si les gentils sont palots, les méchants donnent (comme souvent) un peu d’électricité à la bête, le duo Gianna Maria Canale - Jean Topart fout le bordel, merci pour nous. En revanche, je n'aime pas qu'on fasse du mal à Robert Dalban. A noter la présence de Kirk Morris qui rejoue son rôle de culturiste de péplum dans une production d'époque, la porte est ouverte alors pourquoi pas. En parlant de portes, certaines restent ouvertes lorsque arriver le mot "Fin", en attendant sans doute la suite Hardi Pardaillan ! Je me repose un peu et je m'y mets.

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 18 août 16, 13:08
par Jeremy Fox
Kevin95 a écrit :
Cours d'escrime par le prof Borderie qui fait les semaines paires quand André Hunebelle fait les semaines impaires. Programme inchangé, inchangeable, c'est pas faute de lui demander : scope, costumes chatoyants, comédiens affligeants, cascades à faire frémir petits et grands, humour pour gouter d'anniversaire, cape et d'épée sage, très sage. Gentillet mais daté, il faut se munir d'une sacrée dose de nostalgie pour s'amuser comme un petit fou. Drôle de constater que ce type de film, parangon du spectaculaire à la française fait surtout, cinquante ans plus tard, penser à l'ORTF, à ses comédiens gueulards, ses décors pas toujours stables, sa mollesse formelle. Car les séquences d'actions chausse du 47 en pantoufles, manquent de panache et se répètent un tantinet.
Tu as en deux ou trois phrases parfaitement résumé ce que je pense du cinéma d'aventures de Borderie et Hunebelle. J'avoue m'être délecté de leurs film à l'enfance mais j'avoue aussi les trouver aujourd'hui totalement irregardables et mortellement ennuyeux :(

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 18 août 16, 13:11
par Commissaire Juve
Kevin95 a écrit :... les séquences d'actions chaussent du 47 en pantoufles...
:lol:

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 18 août 16, 13:59
par Demi-Lune
Les rediffusions estivales des Angélique de Borderie sont pour moi des souvenirs d'enfance marqués au fer rouge (de même que les rediffusions des Trois mousquetaires avec Mylène Demongeot). C'était presque un rituel, je savais que ces films allaient scander mes vacances d'été au même titre que les Fort Boyard le samedi soir. J'adorais suivre les aventures romanesques de cette rousse flamboyante (je pense que Michèle Mercier n'est pas étrangère à la fascination que j'ai développée pour les rousses) au siècle du Roi Soleil, à la recherche de son Joffrey de Peyrac balafré. Mon préféré était Angélique et le Roy, avec les messes noires et tout. Et puis, la saga, comme tous ces films de cape et d'épée français des années 60 que j'avais vus à la chaîne, a fini par déserter les programmations télé, et je ne suis plus retombé dessus. Le temps passant, en y réfléchissant, je finissais par me dire que tout ça avait dû sérieusement vieillir et être devenu bien ringard. Oserais-je seulement prendre le risque d'en revoir un et d'avoir un souvenir brisé ? L'occasion m'a été donnée l'année dernière avec la diffusion de la saga sur le câble : je suis retombé sur le fameux Angélique et le Roy... et c'était beau. Attention, pas beau au sens que j'aurais redécouvert de grands films du cinéma. Les décors sentent le carton-pâte, il y a effectivement une facture très ORTF, les chorégraphies des combats à l'épée sont d'une mollesse désespérante, la mise en scène est ennuyeuse à mourir, les acteurs prêtent parfois à sourire. Mais, mais, mais... ça a beau être mal fichu, je trouve qu'il subsiste toujours un vrai charme, une vraie âme. Pour moi il y a quelque chose de "beau" là-dedans, et je ne sais pas comment le formuler. Ce n'est pas que l'effet Madeleine de Proust... c'est ré-apprécier cette modestie de cinéma populaire, sans cynisme, un peu suranné déjà à la sortie, avec ces costumes, ces timbres de voix, ces visages du cinéma français de cette époque. Et je n'ai pas honte de dire que j'ai versé ma petite larme à la fin, lorsque Angélique, fougueuse, tient les rênes du carrosse qui l'amène vers d'autres aventures, avec la musique déchirante de Michel Magne (on n'en fait plus des comme ça). Donc voilà, c'était mon petit hommage à Bernard Borderie, réalisateur qui ne figurera jamais dans aucun de mes tops ou quoi, mais qui à sa manière, aura quand même contribué à une parcelle de mon imaginaire.

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 18 août 16, 15:04
par Jeremy Fox
Demi-Lune a écrit :Mais, mais, mais... ça a beau être mal fichu, je trouve qu'il subsiste toujours un vrai charme, une vraie âme. Pour moi il y a quelque chose de "beau" là-dedans, et je ne sais pas comment le formuler. Ce n'est pas que l'effet Madeleine de Proust... c'est ré-apprécier cette modestie de cinéma populaire, sans cynisme, un peu suranné déjà à la sortie, avec ces costumes, ces timbres de voix, ces visages du cinéma français de cette époque.
Ce n'est peut-être pas formulable par le fait que ce charme que tu leur trouves pourrait s'avérer totalement subjectif. Pour preuve, je les trouve au contraire totalement privé de charme et ça me rend d'autant plus triste que ce films m'ont autrefois fait grandement rêver. Pour voir si ce n'est pas l'effet madeleine, il faudrait que tu visionnes un de leurs films n'ayant pas bercé ta jeunesse.

Mais bon, on ne va pas repartir sur ce débat que nous avons déjà eu à maintes reprises si mes souvenirs sont bons.

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 18 août 16, 17:47
par Julien Léonard
J'aime beaucoup Le gorille vous salue bien. C'est une très bonne série B, avec une atmosphère très sympa de film noir français à l'ancienne (façon années 1950 bien entendu). La présence de Ventura en constitue évidemment un atout majeur. Mais entre la musique de Jean Brescia et la photographie très soignée, sans oublier une pléiade de seconds rôles très solides, on passe un moment très confortable.

Je ne connais pas grand-chose de ce metteur en scène pour le coup, mais celui-là j'aime vraiment !

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 18 août 16, 20:30
par Commissaire Juve
Je n'avais pas vu que c'était un topic "tout neuf" !

Je suis allé mater sa filmo et, effectivement, il n'y a pas grand-chose à sauver. Comme tous les Classikiens de la "génération X", j'ai bien aimé -- quand j'étais gamin -- ses trois mousquetaires en deux époques (j'y ai consacré mon après-midi du 24 décembre 1974). J'ai vu également les "Angélique" (inregardables aujourd'hui).

Je trouve "Le Gorille vous salue bien" potable. La suite avec Roger Hanin ne me dit rien, mais je l'ai sûrement vue.

Le seul que j'aimerais bien revoir (par curiosité), c'est le Fernandel : "Le Caïd" (1960)... ça doit être kek chose. Et ça pourrait me plaire.

Mais les Eddie Constantine, merci bien.

EDIT : la vache ! :o quand je pense que Pathé les a sorti dans sa belle collec blanche...

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Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 19 août 16, 16:06
par O'Malley
Demi-Lune a écrit : ça a beau être mal fichu, je trouve qu'il subsiste toujours un vrai charme, une vraie âme. Pour moi il y a quelque chose de "beau" là-dedans, et je ne sais pas comment le formuler.
L'univers d'Angélique,à la fois tragique et frivole, la beauté de Michèle Mercier et comme tu l'as souligné, la musique de Michel Magne y est pour beaucoup...

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 19 août 16, 16:11
par Kevin95
Pour soutenir Demi-Lune, je tiens à préciser que je n'ai jamais (vraiment) vu les Angélique mais que le coffret BR m'attend tranquillement dans une pile infernale. Je serai très curieux de voir son polar Brigade antigangs. La musique de Magne est démente (qui a dit qu'elle n'est pas de lui ?) même si le film se fait démonter dans le livre de François Guérif sur le policier français.
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Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 19 août 16, 16:17
par Jeremy Fox
Kevin95 a écrit :je tiens à préciser que je n'ai jamais (vraiment) vu les Angélique
Moi oui ; les 5 à la suite en plus :| Et je ne suis pas prêt d'y remettre les pieds (j'en ai terminé avec ma période masochiste :mrgreen: ). Par contre j'ai lu les romans d'Anne et Serge Golon à la même époque et je les avais trouvé sacrément agréables, autrement mieux rythmés et captivants que leurs adaptations ciné.

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 19 août 16, 17:37
par Kevin95
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LES FEMMES S'EN BALANCENT - Bernard Borderie (1954) découverte

Pour le troisième opus des aventures de Lemmy Caution, Bernard Borderie revient aux manettes donc sortez les oreillers, ça risque de ronfler au fond de la salle. Voyage en Italie pour l'agent du F.BI., aux trousses d'une organisation de faux biffetons. Des ladies sont dans le coup donc évidemment, elles vont tous succomber au charme de Lemmy de ses dames. Pendant ce temps là, Jacques Castelot (Michel Jonasz pour les intimes), Robert Berri et Dario Moreno se prennent des mandales sans faire part. Histoire compliquée, on se paume très rapidement avant que Constantine, charitable, ne vienne nous expliquer le binz quelques minutes avant la fin. La réal de Borderie est comme d'hab, d'une mollesse conséquente n'arrivant pas à camoufler l’étroitesse du budget (trois planches pour les intérieurs, deux pans de terre pour les extérieurs et un Lemmy Caution qui faire des allez retour pendant deux heures) mais charme rétro oblige, le coté clope au coin du bar fait son petit effet. Constantine fait tout passer, l'air de s'en foutre, il déambule dans ces faux décors italiens en assénant un coup de coude au spectateur l'air de dire "on s'est compris". De son coté, Misraki à la musique s'éclate comme une bête et se régale avec une série de mambos dont il a le secret.

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 22 août 16, 09:12
par joe-ernst
O'Malley a écrit :
Demi-Lune a écrit : ça a beau être mal fichu, je trouve qu'il subsiste toujours un vrai charme, une vraie âme. Pour moi il y a quelque chose de "beau" là-dedans, et je ne sais pas comment le formuler.
L'univers d'Angélique,à la fois tragique et frivole, la beauté de Michèle Mercier et comme tu l'as souligné, la musique de Michel Magne y est pour beaucoup...

+1000 :D

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 22 août 16, 09:29
par Cathy
O'Malley a écrit :
Demi-Lune a écrit : ça a beau être mal fichu, je trouve qu'il subsiste toujours un vrai charme, une vraie âme. Pour moi il y a quelque chose de "beau" là-dedans, et je ne sais pas comment le formuler.
L'univers d'Angélique,à la fois tragique et frivole, la beauté de Michèle Mercier et comme tu l'as souligné, la musique de Michel Magne y est pour beaucoup...
Est-ce mon côté féminin, mais je me retrouve systématiquement devant et y trouve toujours du charme ! Mais j'aime bien ce cinéma de pur divertissement :oops: ! Et le pire dans tout cela c'est que je n'accroche pas du tout à Michelle Mercier que je trouve bien trop vulgaire pour le rôle !

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 12 oct. 16, 13:31
par Steed3003
Nous publions aujourd'hui sur Le Monde des Avengers une rétrospective critique de la Saga Angélique de Bernard Borderie :
http://lemondedesavengers.fr/hors-serie ... /angelique

Re: Bernard Borderie (1924-1978)

Publié : 12 oct. 16, 13:52
par Supfiction
Steed3003 a écrit :Nous publions aujourd'hui sur Le Monde des Avengers une rétrospective critique de la Saga Angélique de Bernard Borderie :
http://theavengers.fr/index.php/hors-se ... /angelique
En France, le film enregistra 2 182 873 entrées, ce qui le place à la douzième place du box-office 1966. Le trio de tête se compose cette année-là de La Grande Vadrouille (17 272 987 entrées), de Le Docteur Jivago (9 816 054) et de Paris brûle-t-il ? (4 946 274).
Ce ne sont pas des très gros scores finalement, comparé à la notoriété des films et au nombre de rediffusions télé. J'imaginais plus, au moins pour les premiers.
J'aime bien Claude Giraud contrairement à ce que vous en dites. J'ai réalisé très récemment (et par la voix) que le Plessis-Bellières d'Angélique et le Slimane de Rabbi Jacob étaient joués par le même acteur. :D

Le segment avec Giuliano Gemma dans Merveilleuse Angélique fait pas ma penser au Cartouche avec Belmondo ou même à La tulipe noire avec Delon (dont ils ont un peu repris le look je trouve).