C'est possible aussi que lui veuille plus d'argent pour 3 que pour 2...
De toutes façons sa société de production reste assez opaque
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
Quelqu'un topic du film sur le forum cinéma de jvc mentionne que le film est présenté comme "à venir" sur le site de Pathé ( https://www.pathefilms.com/films ), sans savoir toutefois si c'est nouveau ou pas.
Un espoir peut-être (au milieu des x dizaines de films non sortis ces 6 derniers mois qu'il va falloir recaser à la réouverture des cinémas...) ?
Où sont passés les films de Kechiche ? Après le scandale à Cannes, les suites de «Mektoub My Love» dans les limbes
En 2019, la projection de «Mektoub My Love : Intermezzo» d’Abdellatif Kechiche et sa scène de cunnilingus de treize minutes avaient créé la polémique sur la Croisette. Trois ans après, le long-métrage et sa suite, «Mektoub My Love : Canto Due», ne sont toujours pas sortis, et ne sortiront sans doute jamais, en salle.
Trois heures et vingt-sept minutes de film, dont près de trois de drague et de danse dans une boîte de nuit à la musique assourdissante et treize minutes de cunnilingus dans des toilettes : le 23 mai 2019, le Festival de Cannes tenait son long-métrage le plus sulfureux de l’année avec « Mektoub My Love : Intermezzo » d’Abdellatif Kechiche. Cette année-là, le réalisateur récompensé par deux Césars du meilleur film pour « l’Esquive » et « la Graine et le Mulet » ainsi qu’une Palme d’or pour « La Vie d’Adèle » en 2013 était sélectionné en compétition avec cette suite de « Mektoub My Love : Canto Uno ». Sorti un an plus tôt, ce dernier mettait en scène des jeunes qui flirtent entre la plage de Sète, ses restaurants et (un peu) sa discothèque. Un chef-d’œuvre naturaliste, bavard et contemplatif sur le désir.
Plus radical, voire expérimental, « Mektoub My Love : Intermezzo » laissait de nombreux spectateurs choqués. Certains quittaient la salle en pleine projection, des journalistes américains criaient à la pornographie et, peu après, l’association Stop au porno réclamait l’interdiction du film aux moins de 18 ans. Trois ans plus tard, « Mektoub My Love : Intermezzo » n’a toujours pas de date de sortie. Le site AlloCiné précise qu’il sera en salles « prochainement » et l’agent du réalisateur nous assure que « rien n’est compromis ». Pourtant, le long-métrage se trouve dans une impasse.
Un film inachevé et une procédure de liquidation judiciaire
Après avoir déposé le bilan en septembre 2017, Quat’sous Films, la société de production créée par Kechiche en 2011, a été placée en liquidation judiciaire en juillet 2019. « Mektoub My Love : Intermezzo est suspendu à la procédure de liquidation judiciaire de la société de production, qui est toujours en cours, assure-t-on chez Pathé, le distributeur du long-métrage. Intermezzo n’est pas terminé (Abdellatif Kechiche avait modifié le montage après Cannes), le dossier est entre les mains du liquidateur judiciaire. »
Si Quat’sous était liquidée, « Intermezzo » se retrouverait en « déshérence » et ne sortirait jamais. Pour que le long-métrage soit montré, plusieurs conditions doivent être réunies. Il faudrait d’abord qu’il trouve un acheteur. « Un producteur peut ne racheter que le film et pas toute la société, mais il doit proposer au liquidateur judiciaire un prix qui comprendra les dettes liées au long-métrage, explique Me Benjamin Montels, avocat spécialiste en droit de la propriété intellectuelle. Il doit aussi s’engager, notamment, à payer les auteurs sur les recettes, rembourser les coproducteurs et assumer les éventuels procès ».
L’hypothèse qu’un producteur se manifeste trois ans après le placement en liquidation judiciaire paraît incertaine. D’autant qu’« Intermezzo » présente a priori un faible potentiel commercial. Même encensé par la critique, « Canto Uno » n’avait totalisé que 130 000 entrées… Un score loin de rentabiliser un budget avoisinant les 8 millions d’euros et un très mauvais indice pour le deuxième volet qui est, par ailleurs, un ovni total, potentiellement interdit aux moins de 18 ans.
Il faudrait également qu’Abdellatif Kechiche achève « Intermezzo ». Or, selon plusieurs sources, le cinéaste de 61 ans prépare actuellement un nouveau film qu’il devrait tourner en Tunisie avec Why Not Productions, le producteur de Jacques Audiard, Arnaud Desplechin ou Bruno Podalydès. Enfin, il faudrait régler la question des droits musicaux du long-métrage, dont les trois heures de musique en boîte de nuit engendrent des coûts de bande originale faramineux…
Une actrice absente de la projection
Il y a quelques mois, plusieurs membres de l’équipe du film nous avaient assuré que si « Intermezzo » avait peu de chances d’être montré au public un jour, « Mektoub My Love : Canto Due », le troisième volet de la trilogie, pourrait l’être. Lors d’un tournage fleuve à Sète (Hérault), Abdellatif Kechiche a en effet tourné les séquences de trois films. Or, « Canto Due », qui ne se déroule pas en boîte de nuit, serait plus fédérateur qu’« Intermezzo ». Cependant, on voit mal le réalisateur, connu pour son perfectionnisme et son intransigeance, accepter que la fin de sa trilogie sorte en salles alors que seules quelques dizaines de spectateurs cannois en ont vu le deuxième volet.
Comment les acteurs de « Mektoub My Love » vivent-ils la disparition des écrans radar de « leurs » deux films ? Aucun de ceux que nous avons contactés n’a accepté de s’exprimer. Les comédiens révélés par « Canto Uno » poursuivent en tout cas leur carrière : Shaïn Boumedine a joué dans la série « Les Sauvages » sur Canal +, puis dans les films « Placés » et « L’été nucléaire », Marie Bernard dans la série « Disparition inquiétante » sur France 2 et Alexia Chardard dans trois téléfilms et au cinéma dans « Barbaque », « Benedetta » et « Les Amandiers » de Valeria Bruni Tedeschi, qui sera présenté lors du Festival de Cannes 2022, qui s’ouvre ce mardi 17 mai. Ophélie Bau, elle, s’est illustrée dans les films « Vaurien » et « Des feux dans la nuit », coréalise actuellement son deuxième court-métrage et tourne « BRI », une série policière de Canal + avec Sofian Khammes et Théo Christine.
À Cannes, en 2019, la comédienne, qui est au cœur de la scène de cunnilingus, s’était éclipsée lors de la projection officielle de « Intermezzo » et était absente lors de la conférence de presse. Abdellatif Kechiche avait accusé l’agente d’Ophélie Bau d’avoir monté sa cliente contre lui et organisé « une conspiration », assurant que l’actrice n’avait « jamais, à aucun moment, manifesté la moindre gêne, ni quant à sa nudité (…) ni quant à la dimension érotique de certaines séquences. » Quelques mois plus tard, dans l’émission « Clique » sur Canal +, l’actrice avait déclaré n’avoir pas voulu assister à la projection « parce qu’(elle n’était) pas d’accord avec ce qui allait être projeté ». « Enfin… pas dans l’intégralité », avait-elle précisé.
La polémique rappelait alors celle déclenchée par des propos de Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos au moment de la promotion de « la Vie d’Adèle » en 2013. Les comédiennes avaient évoqué un tournage « horrible », des journées sans fin et de longues et très explicites scènes de sexe recommencées des dizaines de fois. « Selon moi, ce film ne devrait pas sortir, il a été trop sali », avait déclaré Abdellatif Kechiche à propos de sa Palme d’or. Près de dix ans après et dans un contexte très différent, c’est vraisemblablement le sort que connaîtront les suites de « Mektoub My Love : Canto Uno ».
