Dark Knight a écrit : ↑13 sept. 22, 13:08
Flol a écrit : ↑12 sept. 22, 13:45
J'avoue : j'ai pas osé tenter le coup. C'est quel style en fait ? Erotique ? Soft porn ? Avec parfois des bouts d'horreur et de fantastique ?
il y a le summum du Z avec Supernichon contre mafia (titre français), par encore visionné mais ce sont surtout des nudies à tendance provocateur, pas encore visionné mais pour avoir lu pas mal d'articles sur les films de la Dame était un brin provocatrice par des sujets tabous comme le changement de sexe par exemple (Let me die a woman)
Doris Wishman, c'est une sorte d'ovni dans la production américaine. C'est une New-yorkaise qui avait vaguement bossé dans la programmation des films pour son cousin, et qui après avoir été brièvement mariée et installée en Floride, devient veuve, regagne New York à 47 ans et produit et tourne pratiquement en indépendante une succession de films de "camp de nudistes", puis des films érotiques, avec des microbudgets (son appartement est utilisé comme décor dans pratiquement tous ses films) avec parfois quelques films grecs pour lesquels elle tourne de scènes additionnelles pour les faire passer pour des productions US.
Pour rester fidèle à l'esprit des coffrets AGFA / Something Weird, il y a grosso modo trois phases :
- jusqu'au milieu des années 60, elle s'engouffre dans une faille juridique concernant la nudité à l'écran en faisant des "témoignages" sur les camps de nudistes. En effet, un tribunal new-yorkais avait jugé à la fin des années 50 qu'il n'y avait pas d'obscénité en soi à représenter des gens nus quand ils sont dans des camps de nudistes. Elle en fait une dizaine, avec des titres comme Nude on the Moon, où l'aspect documentaire n'est pas au premier plan. C'est la période "nudies", qui devrait logiquement faire l'objet d'un troisième et dernier coffret l'année prochaine
- dans la deuxième moitié des années 60, elle continue de tourner en noir et blanc des films plus directement érotiques, et sans l'excuse du camp de nudistes. Il y a souvent des thèmes violents (c'est le sous-genre "roughies") et c'est considéré comme l'apogée de sa carrière. C'est la période couverte par le nouveau coffret "Moonlight Years"
- dans les années 70, elle passe à la couleur et s'intéresse à des sujets souvent déviants, alors que le cinéma pornographique (qui, comme pour des gens comme Jean Rollin, ne l'a jamais intéressée mais dans lequel elle a occasionnellement œuvré) taille des croupières au genre érotique. Et au milieu de tout ça, il y a ses deux collaborations avec la strip-teaseuse Chesty Morgan, une sorte de phénomène de foire en raison d'un tour de poitrine démesuré (elle avait d'ailleurs tourné une scène coupée au montage pour le Casanova de Fellini). Disons que Morgan n'avait cependant pas une plastique qui aurait intéressé Russ Meyer : dès qu'elle défait son bustier ou son soutien-gorge, on a l'impression de voir deux cabas se balancer à hauteur du nombril. Ce physique combiné à des intrigues policières délirantes, aux budgets minuscules et à des relations très difficiles avec la réalisatrice (Morgan était assez pudique, elle faisait ça pour nourrir sa famille après la mort de son mari victime d'un braquage) donnent donc un résultat totalement absurde, qui ont fait de ces deux films des classiques du "camp". Ils s'insèrent en tout cas dans ce qui est la période "Twilight Years" pour AGFA.
Après une série de déboires (comme la concurrence du X ou un labo qui détruit accidentellement le négatif d'un film en cours de montage), elle raccroche au début des années 80. Ses films, souvent réalisés sous pseudo, fascinent les amateurs de kitsch, et la rendent plus ou moins célèbre. Et elle décide au final, à près de 90 ans, de revenir à la réalisation pour deux films, dont l'un qui se révèlera posthume.
À noter que certains films du coffret contiennent des coupes, que Wishman avait elle-même exécutées en 1980, et qui sont tout aussi inexplicables que le reste de ses choix de montage.