Lionel a écrit : ↑26 janv. 21, 22:11
En 1958, Paramount a vendu 764 de ses productions d'avant 1950 à MCA (je tire ce nombre de WIkipedia). Je ne sais pas bien quelle proportion de la production de Paramount pré-1950 cela représente mais tous les films Paramount d'avant 1950 qui sont apparus en DVD ou BR (les Sternberg/Dietrich, les Sturges, Assurance sur la mort, L'héritière, etc, etc...) sont soit des DVD/BR Universal, soit des licences (Kino, Criterion, Eureka, Wild Side, Elephant, etc, etc...) avec copyright Universal. Les films sont d'ailleurs toujours précédés du logo Universal d'aujourd'hui.
En 1958, Paramount était aux abois, avec la concurrence de la télévision et la fin du monopole des studios sur l'exploitation en salles (la décision United States v. Paramount Pictures de 1948). Tout comme Warner en 1956, ils ont vendu leur catalogue d'avant 1950 (surtout du noir et blanc), pour retrouver des liquidités et continuer à produire, à des sociétés qui comptaient les proposer à la télévision. Dans le cas de Warner, à la suite d'une longue série de rachats, fusions et cessions de catalogues, c'est revenu dans le giron du groupe (Associated Artists -> United Artists -> MGM -> Turner Entertainement -> Time Warner). Pour Paramount, c'était Lew Wasserman et MCA, qui ont pris le contrôle en 1962 d'Universal. Depuis, les films sont techniquement la propriété de EMKA, une filiale d'Universal, c'est en tout cas le copyright qui figure sur les jaquettes. Paramount s'est d'ailleurs fait pratiquement arnaquer, les droits du catalogue s'avérant hautement rentables jusqu'à aujourd'hui.
Paramount a donc vendu quasiment tout son catalogue d'avant 1950 à l'exception des films muets et de quatre titres. Par exemple Miracle au village de Preston Sturges est le seul film à ne pas figurer dans le coffret américain sorti chez Universal, parce que l'intrigue avait des similitudes avec Trois bébés sur les bras de Frank Tashlin avec Jerry Lewis, sorti l'année de la cession à MCA, et que ce dernier film en est techniquement un remake. Donc, pour des questions de droits, ce film a été conservé par Paramount.
Les trois autres titres sont :
- Ma Bonne Amie Irma (premier film du tandem Lewis-Martin, donc Paramount voulait certainement conserver tous leurs films, qui étaient encore rentables, surtout que la suite, Irma à Hollywood, était de 1950 donc hors périmètre du contrat)
- Raccrochez, c'est une erreur (1948)
- Les Flibustiers (1938), de Cecil B. DeMille, qui était là-encore l'objet d'un remake au même moment, Les Boucaniers, d'Anthony Quinn (le gendre de DeMille à l'époque, ce dernier étant trop malade pour réaliser)
Les Hitchcock pour Paramount (hors La Main au collet) sont dans une autre situation, Hitchcock s'étant débrouillé par contrat pour récupérer les droits au bout de x années (La Corde, pour Warner, est dans la même situation). Mais quand il a récupéré ces droits, il ne s'est pas trop préoccupé de les laisser en circulation, ce qui fait qu'il était très difficile de voir Sueurs froides ou Fenêtre sur cour à partir du milieu des années 60, une situation qui a contribué à en faire des mythes (et incité DePalma à tenter de les reconstituer de façon quasi-obsessionnelle). Après sa mort, la fille a cédé les droits à Universal, qui avait bien entendu eu une relation privilégiée pendant longtemps avec le réalisateur.
En sens inverse, My Fair Lady, une production Warner, fait aujourd'hui partie du catalogue Paramount. Ceci est dû au fait que CBS avait investi dans la création de la comédie musicale à Broadway, avec Julie Andrews en vedette, en échange des droits sur la bande-originale sur leur label, Columbia, et d'une option sur les droits d'adaptation. Au final, c'est Warner qui s'en est chargé, mais le contrat prévoyait là encore que les droits sur le film reviendraient à CBS au bout de quelques années. Cependant, Warner s'est occupé de l'édition vidéo pendant assez longtemps, CBS n'ayant pas des structures assez solides. Mais CBS a fini par fusionner avec Paramount (alors que Columbia appartient aujourd'hui à Sony Music), et les droits sur leurs films sont donc revenus au studio.
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