La Maman et la putain (Jean Eustache - 1973)

[Alibabass]

Quand je l'ai vu l'an dernier lors du festival Play It Again, je me suis fait la reflexion que je ne l'aurais probablement pas fini si je l'avais vu à la télé (et j'aurais eu tort, mais ce n'est pas le sens de ma remarque)

Pour l'anecdote, mon unique vision de ce film s'est deroulé devant mon petit ecran, sur Canal+, au cine-club de Nicolas Boukhrief, dans la seconde moitié des 90s, en deuxieme partie de soirée, aux alentours de 22h30 donc....resultat, j'ai eteint la tv 3h40 plus tard, sans m'etre endormi (j'aurai pu l'enregistrer, mais c'etait une grosse attente, comme quand j'avais veillé pour voir L'Aurore de Murnau au Cinema de Minuit un dimanche soir vers minuit en janvier 1995).
Des seances tv qui marquent.

Je pense que tu n'étais pas le seul. Le groupe Diabologum porte un morceau avec des extraits du film : il est sortie en 1996. Donc, il y a des fortes chances que eux aussi ont tenu tête pour voir ce film, et en faire un des meilleurs morceaux du groupe.

[Supfiction]

Pas de nouvelles du blu ray qui devait sortir ?

[Jack Carter]

Pas de nouvelles du blu ray qui devait sortir ?

Certainement 2024.

[Supfiction]

Ok merci.
Je parlais ce midi à ma nièce de 20 ans de Bernadette Lafont (« Connais pas, ah si! Paulette. ») et je me suis dit que ce serait pas mal de lui passer.

[Barry Egan]

Eh bien vu comme ça partait je m'attendais à avoir un moment de relâchement au bout d'une heure, craignant de ne pas m'intéresser aux personnages et puis finalement rien du tout, les bons mots fusent, c'est très écrit, et c'est remarquablement dit - Léaud qui semble en avoir pris plein la figure à l'époque de la sortie du film joue très émotivement dans la seconde partie, la fin parvient à le faire sortir de sa coquille théâtrale et à en faire un être de chair et de sang, à en faire l'égal des deux femmes (le monologue de Françoise Lebrun m'a fichu le frisson, le seul équivalent qui m'ait autant remué est celui du personnage joué par Liv Ullmann dans "Sonate d'automne" quand elle enchaîne les reproches contre sa mère). C'est cette transition d'ailleurs entre Léaud omniprésent et les deux jeunes femmes prenant enfin leur vraie place vers la fin qui permet de dépasser justement le côté "narcissique" clairement assumé par le réalisateur à travers un discours tranchant. Plus que la peinture des années 70, c'est la proximité et l'éloignement avec maintenant qui marquent. Les personnages boivent sans cesse des verres, passent beaucoup de temps au téléphone, vivent entourés d'une industrie culturelle mais sont nostalgiques d'un art qui leur semble plus direct, alors même qu'ils vivent leurs relations sans intermédiaire. Aujourd'hui, l'industrie culturelle a gagné et on préfère causer à travers le téléphone qu'en direct au bistrot. Le monde devient de plus en plus bizarre...