John Adams (2009) - OCS

[Supfiction]

Cette mini-série mérite bien son propre topic.

John Adams (2009) (HBOmax ,OCS)

Mini série en 7 épisodes luxueuse(près de 100 millions de dollars investis),et adaptée du prix Pulitzer de David Mccullough,ce drame historique revient sur la vie de John Adams,deuxième président des
Etats-unis d'Amérique.John who?Et oui,contrairement aux autres pères fondateurs des USA,à savoir George Washington, Thomas Jefferson et Benjamin Franklin,tous présents dans la série,John Adams n'a jamais bénéficié de la même popularité,à un un point tel que sa figure est absente du fameux mont Rushmore.A tort.Et c'est ce à quoi va s'attacher la série,le réhabiliter,en s'appuyant aussi sur la correspondance entre Adams et son épouse pendant 54 ans,Abigail Adams,pour le coté humain du personnage.
Ce qui fascine d'abord, c'est l'incroyable aventure que fut sa vie en ces temps cruciaux.Le film commence en 1770,John Adams a 35 ans,il est avocat à Boston(et fermier à ses heures)Au gré de ses missions d'état,on le retrouve co-redacteur de la déclaration d'indépendance en 1776, en France en 78,en Angleterre en 87,vice président américain en 1789,président en 1796,pour finir sa vie en 1826 l'age de 90 ans!
Ce voyage permanent est admirablement rendu par une production exemplaire,pointilleuse,au point de montrer même la dégradation progressive des chicots de principaux protagonistes!!!Ce roman d'aventure est lui même admirablement et intégralement mise en scène par Tom Hooper(Le discours du Roi,Les Misérables),très loin du pensum empesé auquel on pouvait s"attendre.

Ces longues absences de John Adams du domicile familial en dit long sur l'attachement viscéral de l'homme aux idéaux de la révolution américaine.Intelligent ,cultivé,mesuré,partisan du droit avant tout,il croit tout d'abord à une possible paix avec les anglais.Mais la répression violente des tuniques rouges le fait basculer définitivement du coté indépendantiste et un autre homme se révèle :passionné,irréductible,impatient,franc et ...piètre diplomate .Un homme de devoir qui paiera très cher son caractère professionnellement et familialement.
L'autre grand personnage de cette série, à mon grand étonnement,c'est Abigail Adams l'épouse,merveilleusement interprétée par Laura Linney.
Femme forte,première conseillère de John Adams,elle n'hésite pas à pointer du doigt la vanité de son mari ,les occasions manquées de la révolution américaine et le peu de place de la femme dans la société d'alors.On se dit que si elle avait eu la chance de naitre 150 ans plus tard,elle aurait un rôle beaucoup plus important politiquement,comme a pu l'avoir Eleanor Roosevelt.Il n’empêche que leur histoire est au coeur du récit,à égalité avec le parcours politique de son mari.
Assister sur un court laps de temps de 7 heures à leur 54 ans de mariage,avec son lot de joie,de souffrances,de naissances et de morts est bouleversant.

L"intelligence du scénariste Kirk Elis,c'est aussi de souligner les maux que portaient en germe l'élaboration de cette constitution américaine. Le plus important,c'est évidemment celui de l'esclavage,qu'Abigail Adams traite de "péché divin".Comment concilier le préambule de la déclaration d'indépendance qui stipule que "tous les hommes sont créés égaux" et la nécessité absolue d'obtenir l'aval des états sudistes esclavagistes pour ratifier cette même déclaration? Comment promouvoir l'idée centrale de liberté quand 10 de 12 premiers présidents(excepté John adams et son fils) possèdent des esclaves,dont Thomas Jefferson,l'auteur principal du texte? Cette question,non résolue,pourrira l'Union jusqu'à la Guerre civile un siècle plus tard.
Les noirs, cette minorité silencieuse, que Tom Hooper filme comme des ombres en arrière plan jusqu'au dernier épisode, où leur présence éclate au grand jour.
L'autre point central remarquablement mis en avant dans cette construction de la nation américaine,c'est la lutte entre partisans d'une union plus poussée(John Adams et le parti fédéraliste) et ceux opposés à la domination d'un état fédéral,via des outils tel que l'armée et le département du Trésor.Place des noirs dans la société américaine,méfiance vis à vis de du pouvoir fédéral,2 lignes de fracture qui structurent encore aujourd'hui la vie politique américaine.

Je finirai enfin par l'excellence des interprétations,portées par de merveilleux acteurs:Laura Linney(Les Pleins Pouvoirs,Ozark),Stephen Dillane(The hours),Sarah Polley(De beaux lendemains),David Morse(The Crossing guard,True Detective),Tom Wilkinson(The full Monty,in the Bed Room),Rufus Sewell(Le Maitre du haut chateau) et le merveilleux Paul Giamatti dans le rôle titre!

Drame historique,saga familiale,une plongée inoubliable dans une période bouillonnante de notre histoire!

9/10

Je l'avais acheté en dvd zone 1 à une époque préhistorique où tout n'était pas accessible en quelques clicks et où il fallait payer cher pour se procurer une série en import. Il faut que je prenne le temps de la revoir.

[batfunk]

Tu ne sera pas déçuIl y a sûrement quelques raccourcis historiques, que ne manquera pas de souligner notre ami Coxwell mais c'est une œuvre d'une grande richesse, qui évoque aussi(oubli de ma part) les grands progrès scientifiques de l'époque.

[Sledge Hammer]

Le principal point faible, ce sont des touches esthétisantes assez lourdaudes à la réalisation de Tom Hooper, qui avait ensuite été bien plus sobre en passant au cinéma pour Le Discours d’un roi. Sinon, c’est un très beau travail de remise en perspective historique (cf. George Washington, représenté de façon sobre, avant qu’il ne soit érigé en mythe par les autorités).

[Supfiction]

Je ne vois pas bien de quelles touches esthétisantes tu parles. En revanche, je me rappelle maintenant de certaines longueurs du fait de nombreux discours et discussions qui rendaient le visionnage des épisodes parfois assommant (du genre le Lincoln de Spielberg). Heureusement que les scènes avec Laura Linney apportaient une respiration et un peu de vie. Mais bon, avec ce genre de programmes au moins on apprend des trucs en même temps (ça change de Game of thrones ou Stranger things).

[batfunk]

Le principal point faible, ce sont des touches esthétisantes assez lourdaudes à la réalisation de Tom Hooper, qui avait ensuite été bien plus sobre en passant au cinéma pour Le Discours d’un roi. Sinon, c’est un très beau travail de remise en perspective historique (cf. George Washington, représenté de façon sobre, avant qu’il ne soit érigé en mythe par les autorités).

Oui, je n'ai pas le souvenir de passage m'as tu vu. Si tu as des exemples... Je suis d'accord pour George Washington, sobrement et brillamment interprété par David Morse. La scène de l'investiture est géniale, avec un Washington à la voix eastwoodienne, totalement inaudible

[batfunk]

Je ne vois pas bien de quelles touches esthétisantes tu parles. En revanche, je me rappelle maintenant de certaines longueurs du fait de nombreux discours et discussions qui rendaient le visionnage des épisodes parfois assommant (du genre le Lincoln de Spielberg). Heureusement que les scènes avec Laura Linney apportaient une respiration et un peu de vie. Mais bon, avec ce genre de programmes au moins on apprend des trucs en même temps (ça change de Game of thrones ou Stranger things).

Ah, je n'ai pas trouvé les discussions et discours ennuyeux, je trouve que ça se rapproche de ce que peut faire un Aaron Sorkin, c'est souvent brillant.
Je retiendrai deux moments forts:
1)les discussions des délégués autour de la ratification de la déclaration d'independance.Il y a une réelle tension, d'abord parce que les délégués prennent conscience du saut dans l'inconnu, et un vrai suspense autour de l'acceptation de la motion.
2)la première rencontre entre John Adams, juste nommé ambassadeur à Londres et le roi George III à la cour.
Tom Hooper, par sa mise en scène pointe le malaise du républicain Adams, obligé de suivre un protocole servile, à savoir saluer par moults courbettes son ennemi juré.Face à lui, un George III méprisant, serrant les dents, littéralement fou de rage intérieurement face à celui qui l'a accusé de Tyrannie. Un très grand moment.

[Sledge Hammer]

Je me souviens qu’il y a par exemple une scène d’enterrement avec un plan où la caméra est carrément à l’envers puis pivote pour revenir à l’endroit, un truc qui faisait vraiment gratuit et m’as-tu-vu. Comme si Hooper voulait à tout prix éviter de faire dans l’académisme dans une série historique.