Alexandre Angel a écrit : ↑24 nov. 22, 10:22
Mais le résultat des courses est-il qu'il y a moins de cinéphilie ?
Je ne sais pas s'il y a moins de cinéphiles. J'aurais même plutôt tendance à penser qu'il y en a plus.
En revanche, ce qui me semble certain, c'est que le regard du (grand) public a changé. Regarde-t-on le cinéma de la même façon aujourd'hui qu'il y a 20, 30, 40 ans ? Est-on aujourd'hui bien "éduqué" en matière de regard et de jugement porté sur le cinéma ?
Vous avez 2 heures.
PS : ça fait à peu près 128 fois qu'on a ce même débat mais tant pis, je crois que je l'aime bien.
Presque sur qu'il y a plus de cinéphiles au niveau mondial, des tas de pays avec une cinématographie importante n'avaient quasiment pas de culture cinéphile comme on l'a connu en France.
Dans ces pays l'édition vidéo en rendant accessible tout un patrimoine autrefois négligé a permis l'émergence de vrais passionnés.
Après tout ça reste marginal.
Flol a écrit : ↑24 nov. 22, 11:42
En revanche, ce qui me semble certain, c'est que le regard du (grand) public a changé. Regarde-t-on le cinéma de la même façon aujourd'hui qu'il y a 20, 30, 40 ans ? Est-on aujourd'hui bien "éduqué" en matière de regard et de jugement porté sur le cinéma ?
Enorme sujet. Je t'écoute.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Alexandre Angel a écrit : ↑24 nov. 22, 10:22
Je peine à en être convaincu tant la culture personnelle, le goût pris aux choses a toujours été le fruit d'un travail, d'un effort qui trouve sa récompense, à un moment ou à un autre.
C'est là que le bât blesse : la "culture personelle", "le goût pris aux choses" "le fruit d'un travail, d'un effort" sont des mots qui semblent malheureusement beaucoup moins parler aux jeunes générations. Et puis si être cinéphile c'est connaître a minima (même vraiment a minima) l'Histoire du cinéma, alors oui je pense qu'il y a moins de cinéphiles (en France du moins)... En tout cas c'est ma définition de la cinéphilie : car certains se le diront en voyant deux ou trois productions récentes sur des plates formes...
damdouss a écrit : ↑24 nov. 22, 14:27
C'est là que le bât blesse : la "culture personelle", "le goût pris aux choses" "le fruit d'un travail, d'un effort" sont des mots qui semblent malheureusement beaucoup moins parler aux jeunes générations.
Je ne suis pas persuadé de ça. Du moins, je ne suis pas sûr que mes camarades de lycée connaissaient plus Fritz Lang ou Howard Hawks en 1985 alors que ça passait encore en prime time ou le jour de Noël ou le 31 décembre à la télé l'après-midi (le 31 décembre 1984, dans l'après-midi, il y a eu Hatari!).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
damdouss a écrit : ↑24 nov. 22, 14:27
C'est là que le bât blesse : la "culture personelle", "le goût pris aux choses" "le fruit d'un travail, d'un effort" sont des mots qui semblent malheureusement beaucoup moins parler aux jeunes générations.
Je ne suis pas persuadé de ça. Du moins, je ne suis pas sûr que mes camarades de lycée connaissaient plus Fritz Lang ou Howard Hawks en 1985 alors que ça passait encore en prime time ou le jour de Noël ou le 31 décembre à la télé l'après-midi (le 31 décembre 1984, dans l'après-midi, il y a eu Hatari!).
Team Alexandre mais ça fait au moins 345 fois que je dois le dire. Sauf que moi je suis certain que très peu des lycéens de ma classe connaissaient le nom de Lang ou Hawks même au début des années 80.
Alexandre Angel a écrit : ↑24 nov. 22, 14:52
Je ne suis pas persuadé de ça. Du moins, je ne suis pas sûr que mes camarades de lycée connaissaient plus Fritz Lang ou Howard Hawks en 1985 alors que ça passait encore en prime time ou le jour de Noël ou le 31 décembre à la télé l'après-midi (le 31 décembre 1984, dans l'après-midi, il y a eu Hatari!).
Team Alexandre mais ça fait au moins 345 fois que je dois le dire. Sauf que moi je suis certain que très peu des lycéens de ma classe connaissaient le nom de Lang ou Hawks même au début des années 80.
Mais on est d'accord ! Moi aussi quasi tous les lycéens de ma classe ne l'étaient pas !... Quand je dis "jeune" je pensais plutôt entre 20 et 30 ans (c'est à cet âge là que moi je suis "devenu" vraiment cinéphile (même si j'avais vu pas mal de films entre 15 et 20 ans). Et bien je ne pense pas qu'il y ait un renouvellement conséquent de cinéphiles (au sens où je l'entends évidemment) dans cette tranche d'âge. Après peux être que je me trompe et j'espère même me tromper !
Je pense que la grande différence entre cette époque et maintenant est que, il y a 40 ans, être ou ne pas être cultivé en cinéma (pour ne parler que du cinéma) était quelque chose qui présentait une visibilité. On avait une vue imprenable sur cette tectonique-là puisque le cinéma était encore un terrain d'échange très partagé.
Maintenant, ce point de vue est totalement brouillé, perdu qu'il est dans un smog indéchiffrable.
Pour faire court, on ne va plus dire "damdouss est un fou de ciné" mais plutôt "damdouss est dans ses trucs à lui" (j'imagine une psychologie adolescente contemporaine un peu comme ça me vient). Mais cela ne change pas la donne majoritaire de l'ouverture à la culture, qu'on soit en 1985 ou en 2022.
En revanche, je pense que la pente dangereuse contemporaine consiste à ne pas sortir d'une certaine indifférenciation (un film est un film), comme un flux d'images déversé par des robinets, sourds à toute modulation, à toute éducation au graduel, entérinant un règne oppressif qui serait celui du présent. Un présent de la consommation. Mais là je prêche un convaincu.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Alexandre Angel a écrit : ↑24 nov. 22, 14:52
Je ne suis pas persuadé de ça. Du moins, je ne suis pas sûr que mes camarades de lycée connaissaient plus Fritz Lang ou Howard Hawks en 1985 alors que ça passait encore en prime time ou le jour de Noël ou le 31 décembre à la télé l'après-midi (le 31 décembre 1984, dans l'après-midi, il y a eu Hatari!).
Team Alexandre mais ça fait au moins 345 fois que je dois le dire. Sauf que moi je suis certain que très peu des lycéens de ma classe connaissaient le nom de Lang ou Hawks même au début des années 80.
Et 15 ans plus tard, on était 2 dans ma promo de prépa à s'intéresser au ciné "du monde", notamment asiatique alors qu'on était en plein boom du marché DVD sur le sujet et notamment de HK Vidéo.
Et comme je le dis toujours : mes parents voient des tas de films depuis des décennies mais sur eux, ça glisse comme sur du Teflon. Qu'ils voient Top Gun 2 ou un film plus indépendant, en salles ou à la TV, ils voient des films sans aucune réelle cinéphilie. Ils les regardent comme ils liraient des magazines.
Quant aux points plus généraux sur la culture personnelle et du fruit du travail, c'est encore plus discutable tant cette discussion est plus vaste et ne va pas, je crois, dans le sens d'une moindre valeur travail mais au contraire plus grande.
tenia a écrit : ↑24 nov. 22, 16:18
Quant aux points plus généraux sur la culture personnelle et du fruit du travail, c'est encore plus discutable tant cette discussion est plus vaste et ne va pas, je crois, dans le sens d'une moindre valeur travail mais au contraire plus grande.
Tu peux préciser ?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
A la relecture, j'ai mal compris ce que tu voulais dire et allais partir sur une discussion économico-politique sur le rapport au travail.
Qui s'applique peut-être un peu moins à la culture (quoique).
Ah OK
Parce que je pensais que tu critiquais une espèce d'injonction au travail de ma part (genre "au boulot, les ignares!"). Critique à laquelle je pouvais prêter le flanc d'autant que je suis loin d'être un modèle de "mouillage de chemise" (mais ça, tu ne peux pas le savoir), ni de culture d'ailleurs.
Mais en fait , tu étais parti pour un débat à la portée stratosphérique
Dernière modification par Alexandre Angel le 24 nov. 22, 17:27, modifié 1 fois.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Tiens, c'est une bonne idée ! Vous voulez dire qu'on pourrait être payé pour travailler notre cinéphilie ? (Parce que je commence à avoir une sacrée liste de films à voir entre mes disques non vus et tous les quizz auxquels on participe. Je pourrais être riche )
Si on passe AC/DC, je quitte la pièce (J. Jarmusch) Et Amazon, c'est toujours le mal (et l'internet haut débit, et Google...)
Ah bah perso, je pose ma démission le jour même où est mis en place un revenu universel pour filer passer mes journées à ma cinémathèque locale (vu que ce serait visiblement plus probable qu'un soutien direct leur permettant de se passer de bénévoles).
Alexandre Angel a écrit :
Mais en fait , tu étais parti pour un débat à la portée stratosphérique
Ah totalement, j'allais parler présentéisme, utilitarisme sociétal et burnouts.
