Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Paroju
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Paroju »

Joshua Baskin a écrit : 30 déc. 22, 13:49 Allez, top 10 2022, sans ordre particulier.
T'as droit d'en citer un 11eme si tu veux.
Torrente a écrit : 29 mai 22, 22:08 Bon sinon, #pas_touche_à_Paroju!
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Paroju
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Paroju »

tchi-tcha a écrit : 7 déc. 22, 19:31 Date limite de participation (à la louche) ?
Mi février ?
Torrente a écrit : 29 mai 22, 22:08 Bon sinon, #pas_touche_à_Paroju!
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tchi-tcha
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par tchi-tcha »

Paroju a écrit : 31 déc. 22, 01:23
tchi-tcha a écrit : 7 déc. 22, 19:31 Date limite de participation (à la louche) ?
Mi février ?

Zut, ça m'arrange pas trop, j'ai un truc de prévu mi-février à 15 heures :?
Bah écoute, je te fais un Top 10 là tout de suite, si tu veux bien :D

Un Top qui parvient à dix films (même si les deux derniers sont surtout là pour arrondir), tous découverts dans une salle de cinéma en 2022. Oui, c'est possible. Et les cinq premiers ont un point commun : la surprise.
Vous m'auriez dit que j'allais aimer un biopic de Baz Luhrmann avec un petit minet dans le rôle d'Elvis, que j'allais surkiffer la suite aussi tardive que naze de Top Gun, que James Gray réussirait à me toucher en plein cœur avec un projet "modeste" en redescendant sur Terre après Ad Astra, que Louis Garrel réaliserait un film populaire ou que Jerzy Skolimowski peindrait un autoportrait pareil, je vous aurais répondu d'arrêter de me prendre pour un jambon.

Donc :

Top 5 :

1. Elvis (Baz Luhrmann)
2. Top Gun Maverick (Joseph Kosinski)
3. Armageddon Time (James Gray)
4. L'Innocent (Louis Garrel)
5. EO (Jerzy Skolimowski)

... plus 5 qui font 10 :

6. Les Banshees d'Inisherin (Martin McDonagh)
7. Belfast (Kenneth Branagh)
8. Nope (Jordan Peele)
9. Le Parfum Vert (Nicolas Parisier)
10. Trois mille ans à t'attendre (George Miller)


Dans le détail, l'avis des experts :
1. Elvis (Baz Luhrmann)
Spoiler (cliquez pour afficher)
Si le Martin Scorsese des 90's avait tourné un biopic d'Elvis Presley interprété par Ray Liotta, ça aurait peut-être ressemblé à ça. Ne me demandez pas comment le type de Australia peut réaliser son Casino alors qu'il n'a jamais fait son Goodfellas à lui, il l'a fait, c'est tout. Ça commence comme un bon film, ça devient progressivement passionnant, et c'est finalement prodigieusement foisonnant et habité. Ne me demandez pas comment le petit minet Austin Butler peut du jour au lendemain devenir capable d'une interprétation aussi grandiose, il le fait, c'est tout. Un réalisateur plus raisonnable aurait possiblement réussi un "bon" biopic, mais avec un réalisateur déraisonnable dont le style trouve enfin sa raison d'être c'est ébouriffant. Très très très grand film, donc.
(oui, à ce point)
2. Top Gun Maverick (Joseph Kosinski)
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ce qu'on retrouve dans cette suite tardive : tous les trucs nazes de Top Gun, à savoir...
- une romance naze,
- de la moto naze (SANS CASQUE, BORDEL :evil: ),
- des pilotes nazes avec des lunettes nazes, des nicknames nazes, et même une chemise naze assortie à une moustache naze,
- des hauts gradés burnés nazes,
- des couchers de soleil nazes,
- une intrigue militaire sommaire (et bien naze),
- une musique des années 80 super naze (un poil de cul moins "inspiré" que sur Dune, Hans Zimmer se fait plaisir quand même).

Ce qu'on trouve en plus :
- du fan service naze (tous les trucs nazes de Top Gun, donc),
- un trauma naze,
- un flash-back court (mais bien naze),
- un hommage posthume à Val Kilmer un peu embarrassant vu qu'il n'est pas mort,
- un questionnement sur la transmission surligné avec la finesse d'un bulldozer naze,
- une Jennifer Connelly qui vieillit bien et qui réussit à ne pas être naze, ni dans son rôle naze, ni sur la moto naze à Tom Cruise, ni pendant la virée en bateau naze qui sert à rien (bref elle vieillit bien),
- un portrait même pas en creux de sa méga-star Tom Cruise qui ne vieillit pas (il est scientologue donc immortel), leader charismatique et messianique (puisque scientologue) qui court parce qu'il est dans un film de Tom Cruise (et dans les films de Tom Cruise, Tom Cruise court), mais hanté par des doutes et des failles. Or Tom Cruise n'est jamais meilleur acteur que lorsque son personnage doute, et ça fait plaisir de le revoir douter. Ce portrait de la star qui questionne sa propre légende apporte un niveau de lecture bien plus passionnant que le passage de relais simpliste dont il est question dans l'histoire (et un passage de relais qui n'aura pas davantage lieu ici que dans Indiana Jones et mes Couilles de Cristal, ils sont gentils les jeunes mais faut pas pousser),
- des séquences aériennes sacrément plus spectaculaires et moins plombées par un patriotisme héroïque crétin que dans le premier.

Ce qui donne :
- un blockbuster fabriqué par des artisans respectueux de leur métier et de leur public.

Et P*TAIN C'EST VACHEMENT BIEN !!!!
:shock:
3. Armageddon Time (James Gray)
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D'accord c'est tout en classicisme et en retenue, mais l'émotion est bien présente. Et quand le film vibre, il m'a fait vibrer comme rarement au cinéma ces derniers temps.
4. L'Innocent (Louis Garrel)
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Le Tavernier en forme des années 70 se serait régalé à tourner cette comédie policière. Prenez ça comme un compliment parce que, au-delà de son esthétique rétro et de son cadre lyonnais, c'est un film qui réussit à la fois à être populaire sans renoncer à être exigeant envers lui-même. Et en plus, on passe un très bon moment avec ses comédiens. Une jolie réussite.
5. EO (Jerzy Skolimowski)
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Je sais pas ce qu'il a fumé, Terrence Malick, en tout cas son dernier film c'est du costaud :shock:
C'est un objet aussi riche que singulier que j'ai déjà envie de revoir, et dont l'achat sur support physique sera indispensable (en espérant que le blu-ray corrigera l'incident auquel j'ai eu droit au cinéma : dans la dernière bobine, un extrait d'un film tout pourri avec Isabelle Huppert est venu se greffer sans prévenir).

Parce que bon sang c'est quoi ce truc ?????
A. Un remake de Au Hasard Balthazar - Kubrick's 2001 Remix by Terrence Malick ?
B. Un auto-remake de Essential Killing avec un Vincent Gallo méconnaissable ?
C. Un autoportrait en creux de Jerzy Skolimowski, dont la carrière est aussi singulière que le voyage de cet âne ? Hypothèse sérieuse, le bonhomme a fait l'acteur dans le Avengers de Joss Whedon, et prise dans sa globalité sa filmographie est à mes yeux supérieure à la simple somme de tous ses films individuellement (je précise que je n'ai pas tout vu). Drôle de trip filmique en tout cas, même si je me demande toujours ce qu'Isabelle Huppert vient foutre là.
6. Les Banshees d'Inisherin (Martin McDonagh)
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Entre Bergman et les frères Coen, une mini-tragédie antique sur une île irlandaise. Brendan Gleeson en a marre, ça tombe sur son ami Colin Farrell qui refuse de comprendre et d'accepter. De la belle ouvrage, autant ciselée dans ses cadres et son interprétation que dans son écriture.
7. Belfast (Kenneth Branagh)
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Projet de confinement, le film le plus personnel de son auteur depuis... Henry V probablement. Et aussi son film le plus discret : les défauts sont toujours là (trop-plein narratif et formel), c'est lustré et poli au détriment de l'émotion (joli et touchant mais sans vraiment bouleverser), mais Branagh parle de lui avec une sincérité inédite, sans se cacher cette fois-ci derrière son masque de cabotin qui se croit surdoué. Trop jeune pour me reconnaître dans sa nostalgie - ceux ayant découvert Star Trek à la télé et John Ford au ciné dans les années 60 s'y retrouveront certainement davantage, Belfast a néanmoins tout doucement et progressivement réussi à faire tomber mes réticences et finalement à me séduire, bien aidé par un casting globalement épatant où même les gosses jouent bien.
8. Nope (Jordan Peele)
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Bah c'est pas mal du tout, en fait. Jordan Peele est toujours aussi ambitieux (il revisite toute la mythologie hollywoodienne, rien que ça), mais cette fois-ci la mise en place lente et intrigante ne se dégonfle pas, ne se ramasse pas la figure sur son concept, et le bonhomme arrive enfin à livrer un résultat satisfaisant (et à signer son meilleur film par la même occasion).
J'avais envie de dire que Nope est un croisement réussi entre Twister et Poltergesit. La formule me semble juste, je me comprends, mais je ne suis pas certain de réussir à me faire comprendre (du tout). Alors disons plutôt que Peele offre ici un des meilleurs films de science-fiction depuis... depuis... depuis un long moment. Donc je lui pardonne sa mise en scène qui prend la pose, l'ambition de son mélange des genres et sa richesse thématique ostentatoire, je pardonne même ses personnages franchement stupides dans leur orgueil. Ça se veut brillant, ça se veut complexe, et ça parvient à l'être tout en restant humble, c'est à dire en ne prenant pas de haut le genre qu'il revisite et en proposant une conclusion à son récit (sans s'égarer dans un bidule nébuleux à la Us, donc).
9. Le Parfum Vert (Nicolas Parisier)
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Il y a une baisse de régime, il y a même un ventre mou, il y a des dialogues dont la gravité bavarde vient plomber l'ambiance (en même temps, quand le McGuffin parle d'Europe, de désinformation, d'antisémitisme et de menace sur nos démocraties, difficile de le traiter en mode youpla boum). Et il y a surtout une comédie d'espionnage ligne claire entre Hitchcock (ou Stanley Donen) et Hergé (si Tintin avait une vie sexuelle), il y a un Vincent Lacoste épatant et une Sandrine Kiberlain qui n'a plus besoin de prouver qu'elle est à l'aise dans la fantaisie (mais qui le prouve quand même une nouvelle fois). Il y a donc un film délicieux qui ne fait pas éclater de rire mais qui m'a donné le sourire pendant 1h40. Bref c'est très chouette... ou alors j'étais juste de bonne humeur.
10. Trois mille ans à t'attendre (George Miller)
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Si le terme n'était pas déjà passé de mode, j'aurais parlé d'un film méta devant cet anti-Fury Road, thèse universitaire bavarde et statique là où son prédécesseur organisait le chaos pour créer de la sidération. Passionnant dans ce qu'il dit de George Miller (et sur ses croyances), beaucoup moins réussi dans ce qu'il raconte et dans son incapacité à lâcher prise pour exprimer ses émotions. Pour un conte des Milles et Une Nuits, ça manque étonnamment de magie.


Et comme on ne peut pas gagner à tous les coups :

Nanar d'Or 2022 ex aequo :

Morbius (Daniel Espinosa)
Spoiler (cliquez pour afficher)
En trois mots : je veux mourir.

En quelques mots supplémentaires en guise d'avertissement pour celles et ceux qui voudraient se taper cette purge pour se marrer et/ou faire du Marvel bashing :
Purée qu'est-ce que c'est mauvais ce truc :shock: :shock: :shock: :shock: :shock:

Vous me direz "normal, c'est du Marvel". Je vous répondrai que oui mais non, c'est du Marvel ET une catastrophe. Les deux facteurs s'additionnent, se multiplient, s'accouplent dans des positions obscènes et contre-nature pour donner naissance à un truc qui atomise tranquillou les limites de la médiocrité. Pour faire simple, imaginez un croisement entre Avengers : Age of Ultron et le Venom de 2018, mais en pire que tout ce que vous pouvez imaginer.
Ou alors imaginez que vous entrez dans des toilettes publiques, il y a une sale odeur (de m*rde et de vomi, mais pas que), les toilettes sont bouchées et débordent, les murs sont recouverts de matières dégoulinantes de formes et tailles diverses à différents degrés de décomposition, et le sol est collant et visqueux sous vos pas.
(et il n'y a plus de papier)

Les premières images de jungle du Costa Rica font illusion. Dès que Jared Leto descend de l'hélicoptère avec ses béquilles, ça se complique mais ça reste simplement pas terrible. Une fois qu'il se transforme en vampire, ça devient absolument dégueulasse. Qu'on se le dise, "ringard" sera le mot clé de 2022, avec ici un numérique sorti de Constantine, Underworld, ou d'autres séries B à l'imagerie gothique. Si c'était un DTV, du Uwe Boll ou une petite bisserie des années 80, ça aurait son charme et Le Chat Qui Fume pourrait même le sortir en UHD. Mais on est en 2022 chez Marvel, et proposer des effets aussi dépassés et à la ramasse en salle est franchement indigne. Ajoutez une mise en scène sortie d'une mauvaise cinématique de jeu vidéo des années 2000 lors des séquences d'action pour bien enfoncer le clou.
Lorsque les deux policiers du FBI débarquent, il faut définitivement abandonner tout espoir de sauver les meubles : entre le black sérieux et l'hispano rigolo qui se promène avec son flacon d'eau bénite, le bis horrifique raté vire au navet raté, et vous vous serez probablement suicidés avant que le grand méchant ne montre enfin son vrai visage de méchant. De toute façon, en dehors d'un Jared Leto mesuré (si si), le casting zéro étoiles de troisième zone fait pitié, sans surprise.

Il y a aussi un peu d'humour mais pas trop non plus (Morbius qui répond "I am Venom" quand un petit voyou lui demande qui il est), un clin d'oeil aux cinéphiles égarés (le bateau s'appelle le Murnau, du nom d'un gars qui a fait un film de vampires lui aussi), l'histoire n'est pas plus con qu'une autre donc le scénario ne serait même pas en cause si on en avait fait quelque chose, c'est court (1h45) et les deux scènes post-génériques arrivent au bout de trente secondes (on peut donc sortir plus vite pour gerber après l'apparition de deux nouveaux méchants qui veulent péter la gueule à Spiderman - ce qui nous promet un futur film épique).

On se doutait bien que ce serait médiocre, mais je n'imaginais pas que ce serait mauvais à ce point (et vous non plus tant que vous n'aurez pas vu ce bidule). Et pourtant je suis indulgent, je regarde même certains Resident Evil avec affection, c'est dire. Là, ce n'est humainement plus possible.

Je voulais voir si c'était aussi nul que ce qu'on craignait. Verdict : oui ça l'est et c'est même encore pire.
La curiosité malsaine est un vilain défaut.
Arthur Malédiction (Luc Besson ?)
Spoiler (cliquez pour afficher)
La réponse normande à Devil Story... qui était déjà normand me souffle-t-on dans l'oreillette. De la série Z de compétition, époustouflant.

À un premier niveau, c'est vrai, ce truc est risible. Non, ce n'est pas le film le plus laid, le plus affreux, le plus ce-que-vous-voudrez de tous les temps. D'autres ont fait bien pire, plus moche ou plus abject que ce tout petit slasher normand, qui lui est simplement médiocre. Le pitch est complètement con, les personnages sont complètement cons, il leur arrive des trucs complètement cons, et ni la caméra qui bouge ni le montage mouliné ne parviennent à masquer la pauvreté et la connerie du produit fini. Donc oui, faites-vous plaisir, marrez-vous car Arthur Malédiction est complètement con.

Motif de moquerie supplémentaire, papa Besson fait tourner sa fifille chez lui en Normandie. Et alors ? Dario Argento a bien fait tourner sa propre fille, John Cassavetes a bien fait tourner sa propre épouse (dans leur propre maison pour Love Streams si je ne m'abuse), on n'en a pas fait toute une histoire. C'est d'autant plus méchant que Thalia Besson est une cible facile. Elle prend cher pour tous les autres parce que c'est la fille à Gros Luc, alors qu'elle n'est même pas la plus mauvaise du casting, loin de là, malgré pourtant la nullité abyssale de son non-jeu. Elle a l'air d'une fille intelligente, équilibrée, consciente de ne pas être actrice (contrairement à ses petits camarades qui devront assumer ce machin sur leur C.V. ou lorsqu'ils iront pointer au Pôle Emploi). Elle est là parce qu'elle n'allait pas refuser l'opportunité de tourner avec son père. C'est une expérience à faire au moins une fois, ça lui fera des souvenirs pour plus tard. Les autres acteurs, à part chroniqueurs chez Hanouna, je ne vois pas trop ce qu'on va bien pouvoir faire d'eux quand ils seront grands.

Ce qui me permet de passer à un deuxième niveau. Car même en étant conscients qu'ils ne participaient pas à un chef d'oeuvre, je ne doute pas de la bonne volonté de chacun. Une interview du réalisateur Barthélemy Grossman le confirme, quand on est fan c'est un peu vivre un rêve. Le pauvre a le profil type des victimes de l'écurie Besson, des passionnés de cinéma sur lesquels l'aura de Luc Besson fonctionne à plein régime (ils admirent son parcours, ils aiment ses films, aussi bien les Taken ou Transporteur que son Grand Bleu d'ailleurs), ils ont autant d'idées et d'envies qu'un Oliver Dahan mais ne seront au mieux que de futurs Louis Leterrier, de futurs Oliver Megaton ou de futurs Pierre Morel.
Grossmann a beau assurer qu'il a bénéficié d'une liberté à 100%, le producteur reste le patron, alors quand il dit quelque chose on l'écoute. Leterrier a bien retenu la leçon, il travaille aujourd'hui à Hollywood, et la leçon est d'autant plus valable quand le producteur s'appelle Luc Besson et qu'on l'admire :
" Luc, c’est quelqu’un qui fait confiance. À partir du moment où il te choisit, il est ouvert à une collaboration. Après, il faut avoir de l‘humilité quand on a affaire à un monsieur qui a produit près de 100 films, en a réalisé 15… J’ai énormément appris à ses côtés. Et quand il te donne un conseil, ce n’est pas une histoire d’ego, c’est quelque chose qui rend réellement le plan meilleur. Il me disait parfois: «Là, tu aurais peut-être pu faire ça de cette manière. Ça aurait été plus efficace». «Ah, je n’y avais pas pensé…», je lui rétorquais… «Bart, c’est ton deuxième film, c’est normal». Voilà le genre d’échanges qu‘on avait ensemble… "

Grossmann ne s'est pas réveillé un matin en se disant "tiens, je vais faire de la merde." Le film a un message, qui renvoie directement à son vécu personnel :
" J’étais déjà fan du premier film mais là, je me suis totalement identifié au personnage principal, quelqu’un qui s’est réfugié dans une espèce de bulle protectrice – sa passion pour ce film, «Arthur et les Minimoys» –, et qui doit maintenant en sortir pour affronter le vrai monde. "

Malheureusement, avec le scénario qu'on lui a refilé, vu les conditions dans lesquelles il a travaillé (lire les polémiques relayées sur les rézosocio, se rappeler que quelqu'un avait déjà tourné un court-métrage d'horreur cinq ans auparavant dans les mêmes décors d'Arthur), entouré de stagiaires et de non-professionnels, disposant d'une liberté de 100% brute probablement réduite à 15% nette à l'arrivée, il a fait ce qu'il pouvait, mais il ne pouvait pas faire grand chose de ce slasher au rabais.

Qu'importe, avant de vous moquer, rappelez-vous que les gens impliqués dans Arthur Malédiction ont fait de leur mieux, sincèrement. Oui, tous, y compris Luc Besson lui-même, à un troisième niveau. Car la clé de lecture du film, c'est le personnage du gendarme qui nous la donne lors de l'épilogue : un film peut faire des dégâts.

Parenthèse vulgarité, l'explication du pourquoi du comment va vous trouer le cul :
ATTENTION, C'EST UN VRAI SPOILER :!:
Les créatures maléfiques qui agressent nos héros sont deux bandes rivales de jeunes qui s'ennuient dans la grande ville à côté. Il y a trois ans c'était un cospaly Batman vs Superman, cette fois-ci c'est sur les lieux de tournage des Minimoys, où ils se sont donné rendez-vous complètement drogués pour un affrontement à mort. D'où la conclusion du gendarme : un film ça peut faire des dégâts.

De quels dégâts parle-t-on ? De ce Arthur Malédiction qui sabote la franchise Minimoys ? Non, ce serait trop facile.
Quand Luc Besson (qui ne vit que pour et par le cinéma) nous dit qu'un film "peut faire des dégâts", ça devrait nous interpeler. Ce n'est plus du sabotage, c'est une tentative de suicide inconsciente, un appel au secours.
Avec l'échec de Valérian (relatif mais suffisant pour torpiller l'avenir de EuropaCorp), l'auteur des cultissimes Grand Bleu et Nikita semble avoir perdu son mojo, le succès de Lucy n'aura été qu'une heureuse parenthèse. Le réalisateur/producteur est en difficulté, on parle même de déclin (et on s'en réjouit), l'homme est blessé dans sa réputation et dans sa vie privée par des accusations d'agressions sexuelles. On a beau avoir connu les sommets, on a beau avoir créé une école de cinéma, quand on encaisse des coups ça laisse des traces. Et aujourd'hui, l'homme qui avait rêvé Le Cinquième Élément et Jeanne d'Arc produit en cachette entre deux confinements une série Z dans sa ferme normande, tourne en toute discrétion une petite comédie romantique (June and John) et espère toujours faire son come-back avec le projet DogMan. Le système Besson est en phase terminale, il a renoncé à tout, il saborde une franchise à succès, il s'assure que sa fille ne fera jamais carrière au cinéma, voilà ce que nous dit cette Malédiction.

L'incompréhension de l'année :

Les Nuits de Mashhad (Ali Abbasi)
Spoiler (cliquez pour afficher)
Plongée dans une société "conservatrice" terrifiante, un film-enquête aveuglé par la certitude de ses convictions et alourdi par son approche programmatique coup de poing, qui s'avère au final être surtout un portrait de serial killer fondamentaliste, involontairement complaisant par balourdise. Putassier.

Je ne savais pas trop comment caser cette formule, mais ce serait dommage de s'en priver : y'a pas que le tueur qui a la main lourde dans le film (ha ha ha).

(aucun point pour les trois derniers, sinon ça ferait un Top 13 et je ne veux pas tenter le diable)

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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Chapichapo »

13 sans ordre

Licorice pizza
Nightmare alley
The souvenirs 1 et 2
Petite Solange
Arthur Rambo
Maternité éternelle
Les passagers de la nuit
A Chiara
Sweat
Decision to leave
Columbus
Tromperie
Les banshees d'Inisherin
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Demi-Lune
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Demi-Lune »

Rétrospectivement une très belle cuvée cinéma, riche de vraies belles choses marquantes. Du coup un sentiment d'embarras du choix pour composer le top, ce qui n'était pas le cas ces dernières années.

1. BLONDE (Andrew Dominik) (8,5/10)
2. AU CŒUR DES VOLCANS : REQUIEM POUR KATIA ET MAURICE KRAFFT (Werner Herzog) (8/10)
3. PACIFICTION - TOURMENT SUR LES ÎLES (Albert Serra) (8/10)
4. ELVIS (Baz Luhrmann) (8/10)
5. CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES (Ryūsuke Hamaguchi) imdb: 2021 (7,5/10)
6. LES CRIMES DU FUTUR (David Cronenberg) (7,5/10)
7. VORTEX (Gaspar Noé) imdb: 2021 (7,5/10)
8. LES INNOCENTS (Eskil Vogt) imdb: 2021 (7,5/10)
9. MEN (Alex Garland) (7/10)
10. RESURRECTION (Andrew Semans) (7/10)

Aux portes du top : Mad god (Phil Tippett), Decision to leave (Park Chan-wook), The Northman (Robert Eggers), Les nuits de Mashhad (Ali Abbasi), Les banshees d'Inisherin (Martin McDonagh), A l'ouest, rien de nouveau (Edward Berger), Top Gun : Maverick (Joseph Kosinski), Bruno Reidal : confession d'un meurtrier (Vincent Le Port), Les passagers de la nuit (Mickaël Hers), Enquête sur un scandale d'Etat (Thierry de Peretti)

Catégorie "6/10" : Sans filtre (Ruben Östlund - appréciation plombée par cette troisième partie relou et interminable. LA frustration ciné de 2022), La conspiration du Caire (Tarik Saleh), Armageddon time (James Gray), The sadness (Rob Jabbaz), Meurtres sans ordonnance (Tobias Lindholm), Smile (Parker Finn - pour les 45 premières minutes), Spencer (Pablo Larraín)

Pas vus, pas pris : Leïla et ses frères (Saeed Roustaee), As bestas (Rodriogo Soroyogen), EO (Jerzy Skolimowski), R.R.R. (S. S. Rajamouli), RMN (Cristian Mungiu), Avatar : la voie de l'eau (James Cameron)...

Et pour ce qui concerne le Flop 2022 :
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE (Daniel Kwan et Daniel Scheinert)
LICORICE PIZZA (Paul Thomas Anderson)
NOPE (Jordan Peele)
NOTRE-DAME BRÛLE (Jean-Jacques Annaud)
PREY (Dan Trachtenberg)
TROIS MILLE ANS A T'ATTENDRE (George Miller)
RIFKIN'S FESTIVAL (Woody Allen)
LUNETTES NOIRES (Dario Argento)
X (Ti West) Pearl n'est guère plus fameux, mais bénéficie du dévouement total de Mia Goth, qui culmine lors d'un plan final inoubliable. Ca m'a durablement glacé l'échine.
NIGHTMARE ALLEY (Guillermo Del Toro)
GLASS ONION (Rian Johnson)
MORT SUR LE NIL (Kenneth Branagh)
Dernière modification par Demi-Lune le 9 févr. 23, 10:50, modifié 2 fois.
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Paroju »

Chapichapo a écrit : 31 déc. 22, 08:51 13 sans ordre
Oh ! Allez, sois sympa, élimines en 2 !
Torrente a écrit : 29 mai 22, 22:08 Bon sinon, #pas_touche_à_Paroju!
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Rom »

Rom a écrit : 23 déc. 22, 14:05 À deux séances de la fin (Avatar - que j'irai voir en trainant les pieds - et Les Banshees d'Inisherin), on va pouvoir se lancer :

1. Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson)
2. Nope (Jordan Peele)
3. The Innocents (Eskil Vogt)
4. As bestas (Rodrigo Sorogoyen)
5. Red Rocket (Sean Baker)
6. Elvis (Baz Luhrmann)
7. Les Banshees d'Inisherin (Martin McDonagh)
8. Armageddon Time (James Gray)
9. Les Nuits de Mashhad (Ali Abbasi)
10. Decision to Leave (Park Chan-wook)
Edit directement ci-dessus.

Finalement pas trouvé le courage de retourner sur Pandora, et Noah Baumbach ne refera pas le coup de Marriage Story en entrant à la dernière minute.

Par contre, well done Martin. :)
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Boubakar
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Boubakar »

Mon classement de films de 2022 :

1 - Avatar, la voie de l'eau (James Cameron)
2 - Vortex (Gaspar Noé)
3 - The Northman (Robert Eggers)
4 - Top Gun Maverick (Joseph Kosinski)
5 - Armageddon Time (James Gray)
6 - C'est assez noir pour vous ?!? (Elvis Mitchell)
7 - Les nuits de Mashhad (Ali Abbasi)
8 - A plein temps (Eric Gravel)
9 - Coupez ! (Michel Hazanavicius)
10 - Les Banshees d'Inisherin (Martin McDonagh)

Je n'ai pas pu voir certains films pour affiner ma liste (je pense à As bestas), mais je trouve que ça a été une très belle année cinéma.
Chapichapo
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Chapichapo »

Paroju a écrit : 31 déc. 22, 12:08
Chapichapo a écrit : 31 déc. 22, 08:51 13 sans ordre
Oh ! Allez, sois sympa, élimines en 2 !
Lesquels 2 ?
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Flol
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Flol »

Flol a écrit : 29 déc. 22, 16:43 Bonjour,
Je ferai mon top 10 de 2022 après Avatar 2 ce soir et White Noise demain soir.
Au revoir.
Et hop !
1. The Banshees of Inisherin (Martin McDonagh)
2. As Bestas (Rodrigo Sorogoyen)
3. Blonde (Andrew Dominik)
4. Armageddon Time (James Gray)
5. Bruno Reidal (Vincent Le Port)
6. The Fire Within : Requiem for Katia and Maurice Kafft (Werner Herzog)
7. Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson)
8. Apollo 10 1/2 (Richard Linklater)
9. Pinocchio (Guillermo del Toro & Mark Gustafson)
10. A plein temps (Éric Gravel)

Aux portes du top (sans ordre) :
Enquête sur un scandale d'état (Thierry de Peretti)
Red Rocket (Sean Baker)
Les Nuits de Mashhad (Ali Abbasi)
Elvis (Baz Luhrmann
The Sadness (Rob Jabbaz)
Incroyable mais vrai (Quentin Dupieux)
La Nuit du 12 (Dominik Moll)
The Northman (Robert Eggers)
Men (Alex Garland)
White Noise (Noah Baumbach)
...
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Wile E.
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Wile E. »

TOP 2022, ou comment James Gray aura perdu sa place dans le top 10 un 28 décembre.

1. Licorice Pizza / Paul Thomas Anderson
2. The Green Knight / David Lowery
3. Spencer / Pablo Larraín
4. Blonde / Andrew Dominik
5. After Yang / Kogonada
6. Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? / Amandine Fredon et Benjamin Massoubre
7. Leila et ses frères / Saeed Roustaee
8. As Bestas / Rodrigo Sorogoyen
9. Les Bonnes Étoiles / Hirokazu Kore-eda
10. Les Banshees d'Inisherin / Martin McDonagh

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11. Armageddon Time / James Gray

12. Inexorable / Fabrice Du Welz
13. The Northman / Robert Eggers
14. Top Gun - Maverick / Joseph Kosinski
15. Nightmare Alley / Guillermo del Toro
16. Elvis / Baz Luhrmann
17. Red Rocket / Sean Baker
18. Incroyable mais vrai / Quentin Dupieux
19. Nos âmes d'enfants / Mike Mills
20. The Stranger / Thomas M. Wright
... et encore d'autres ayant obtenu la note de 7



En ce qui concerne le FLOP, merci surtout à Netflix :

1. Moonfall / Roland Emmerich
2. Massacre à la tronçonneuse / David Blue Garcia
3. BigBug / Jean-Pierre Jeunet
4. Warriors of Future / Ng Yuen-Fai
5. The Gray Man / Anthony Russo et Joe Russo
6. Fall / Scott Mann
7. Scream / Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
8. Day Shift / J.J. Perry
9. Clean / Paul Solet
10. Uncharted / Ruben Fleischer



La complète désillusion entre la bande-annonce et le film :

X / Ti West
Dernière modification par Wile E. le 7 janv. 23, 00:11, modifié 1 fois.
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Sigur-Cinéma »

1: Nope - Jordan Peele
2 : Decision to leave - Park Chan Wook
3 : RRR - SS Rajamouli
4 : Licorice pizza - Paul Thomas Anderson
5 : Red rocket - Sean Baker
6 : Enquete sur un scandale d'état - Thierry De Peretti
7 : Qui à part nous - Jonas Trueba
8 : Les nuits de Mashhad - Ali Abbasi
9 : Eo - Jerzy Skolimowski
10 : X - Ti West
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par ed »

Chapichapo a écrit : 1 janv. 23, 08:39
Paroju a écrit : 31 déc. 22, 12:08

Oh ! Allez, sois sympa, élimines en 2 !
Lesquels 2 ?
Bah déjà, Tromperie, sorti ciné fin 2021.
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santiago
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par santiago »

1. As Bestas
2. Godland
3. Les Banshees d'Inisherin
4. Freaks out
5. Sans filtre
6. Revoir Paris
7. La conspiration du Caire
8. L'ombre d'un mensonge
9. The Innocents
10. Les Repentis

Suivent : Argentina, 1985, Sous le ciel de Koutaïssi, En corps, Cortex, El buen patrón, The Wonder, Saint Omer, Avatar : la voie de l'eau, Varsovie 83, Sous les figues, etc.
Une alimentation saine dirige l'énergie sexuelle dans les parties concernées
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Re: Les tops 2022 des Classikiens (Ciné/VOD)

Message par Outerlimits »

1 - Les crimes du futur (David Cronenberg)
2 - Nope (Jordan Peele)
3 - The Northman (Robert Eggers)
4 - Freaks out (Gabriele Mainetti)
5 - Vesper Chronicles (Kristina Buozyte et Bruno Samper)
6 - Top gun : Maverick (Joseph Kosinski)
7 - Fall (Scott Mann)
8 - Blonde (Andrew Dominik)
9 - Don't worry darling (Olivia Wilde)
10 - Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson)
11 - Men (Alex Garland)
12 - Inexorable (Fabrice Du Welz)
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