Coxwell a écrit : ↑15 déc. 22, 22:06
Si Armageddon Time est l’anti Fabelmans, c’est assez encourageant me concernant.
Perso, j'ai plus vu de ressemblances que de différences. Il y a même plus de nostalgie chez Gray que chez Spielberg. Le ton est plus hargneux chez Gray, mais c'est l'époque qu'il dépeint qui veut ça. Il y avait plus d'innocence dans les sixties pavillonnaires, forcément, que dans les eighties urbaines (et pourtant ce plan :
existe aussi dans le Gray sous une autre forme).
Ce n'est pas la faute à Spielberg si les drames qu'il met en scène ne sont pas autant redoublés d'un commentaire social (et pourtant, il y en a un, et il est fort, à la fois discret et insistant ; les deux films mettent d'ailleurs en scène des familles juives). Manque un Reagan à Spielberg peut-être...
Il n'y a pas de nostalgie chez Gray, qui ne parait à aucun moment réellement regretter cette époque (même son grand-père, qui l'a quand même bien jeté sous le bus au final). Ce ton hargneux provient, pour moi, précisément de là : c'était une sale époque, où Gray était un sale gosse, et ses parents jamais fiers de lui.
D'ailleurs, ce sont sûrement ces différents parcours de vie qui expliquent que : les parents de Gray n'ont jamais été fiers du travail de leur fils, alors que chez Spielberg, ils ont accepté et embrassé sa passion. À partir de là, cette période est tout de même une période de rapprochement chez Spielberg, d'incompréhension totale chez Gray.
Quant au commentaire social, il est effectivement présent chez Spielberg, pas qu'à travers l'antisémitisme, mais aussi le microcosme social du lycée et son ordre des jocks et cheerleaders faisant la pluie et le beau temps sur les geeks. Je trouve d'ailleurs intéressant certaines analyses du final lycéen du film et qui semblent trouver cette séquence ambigue alors qu'elles ne l'analysent que sous l'angle de l'antisémitisme. Or, le Spielberg du film ne fait pas cela sous cet angle, mais bien sous l'angle des jocks réifiés (et leur cour risible de faire-valoirs), ne se rendant parfois même plus compte des privilèges que cela apporte et comment ils peuvent, pas toujours volontairement, être perçus comme tels. J'ai d'ailleurs trouvé que cette séquence était la meilleure du film, tant elle traverse tous ces niveaux de lecture, sans pour autant sombrer dans la guimauve comme trop d'autres segments du film.
Mouais... S'il n'y avait pas de nostalgie chez Gray, il aurait fait l'impasse sur les Raincoats et les Clash...
Le film sur la plage que tourne le gamin chez Spielberg est en effet assez ambigu, dans le sens où le cinéaste utilise tous les contours de la propagande la plus ignoble ("Le Triomphe de la Volonté" es-tu là ?) pour essayer de faire changer le blondinet costaud et l'amener à se montrer moins crétin qu'il n'en a l'air - tout en utilisant de moyens inverses pour incriminer l'autre gogol plus frêle. Réflexion sur la manipulation du spectateur moins évidente qu'il n'y paraît...
-magik- a écrit : ↑16 déc. 22, 15:00
Sinon, anecdote pas très intéressante mais qui fait de moi un mec qui verra le Spielberg seulement dans 2 mois :
Je pars lundi une semaine à l'étranger, et truc absolument pas fait exprès (même si ma femme ne me crois pas), il y a 2 cinémas dans la rue où j'ai loué un appart : un cinéma pour adultes (dans lequel je ne mettrai pas les pieds cela va de soit) et un cinéma art et essai qui diffuse justement The Fabelmans. J'ai essayé de convaincre mon épouse d'y aller mais j'ai eu une fin de non recevoir ("on est en vacances, tu as toute l'année pour aller au ciné, blablabla"). J'ai même sorti ma botte secrète, le nom qui fait que j'arrive à la convaincre à chaque fois parce qu'elle me sait ultra-fan du bonhomme : David Lynch est dans le film. Bah même là ça n'a pas marché. Alors à moi, visite de musées et de cathédrales, promenades dans les parcs avec les enfants, et à dans 2 mois Spielberg.
(j'avais prévenu c'est pas super intéressant)
Les vacances c'est aussi fait pou rle ciné
Après une journée de visite bien crevante (pas loin de 20 km parcourus avec de gros dénivelés), j’ai eu gain de cause (mon air de chien battu en passant devant le cinéma a fait son effet), mon épouse et mes trois enfants sont partis se coucher et j’ai pu aller voir le Spielberg. J’ai pas tout compris (la VO sans sous-titres, c’est pas toujours évident ^^) mais j’ai été totalement emporté par le film, malgré un ou deux trucs qui m’ont un peu agacés (notamment ce dernier plan avec ce mouvement de caméra tellement attendu que je l’ai trouvé contre-productif).
Je retournerai certainement le voir à sa sortie française, avec sous-titres cette fois pour ne pas en perdre une miette.
prend la main de son amour secret alors que ses filles jouent à côté, totalement incapable de masquer ses émotions alors que son fils la filme à 10 cm.
Paresse d'écriture qui amène cela avec la finesse d'un semi-remorque.
Seth Rogen est mauvais dans la scène avec le fils, ses mimiques, c'est dur à voir.
A l'inverse, Julia Butters est géniale et criminellement sous-employée dans le film. Qu'elle est drôle dans le western !
La différence entre Gray et Spielberg c'est que chez l'un les malaises de l'amérique sont profonds et résonnent jusqu'à aujourd'hui.
Le soir d'avant j'ai découvert 8 1/2 … le noir et le blanc !!!
Zelda Zonk a écrit :Spielberg signe sans doute son film le plus personnel, et pour cause puisqu'il revient sur son enfance et son adolescence, évoquant le déclenchement de son amour pour le cinéma et le développement de cette passion au fil des années 50 et 60. À travers les souvenirs du réalisateur, on comprend le rôle central joué par la cellule familiale dans l'émancipation du jeune Sammy Fabelman (un nom d'emprunt, Samuel étant le prénom hébraïque du cinéaste), tiraillé entre la rigueur scientifique et l'austérité de son père, ingénieur informatique (Paul Dano, impeccable, dans un registre inhabituel), et les talents artistiques de sa mère, pianiste de concert ayant fait une croix sur sa carrière. Surtout, on perçoit combien le délitement du couple formé par Paul Dano/Michelle Williams, débouchant sur le divorce de ses parents, l'a touché et marqué, au point de remettre en cause ses aspirations artistiques. La découverte de l'infidélité de sa mère nous vaut d'ailleurs la plus belle séquence du film, vue à travers les images d'un film Super 8 et sous la musique de Bach. Toutefois, Spielberg prend soin de désamorcer tous les sujets dont la portée est profonde ou dramatique (l'éclatement de la famille, donc, mais aussi l'antisémitisme prégnant au sein de la société américaine) par l'humour et un ton allègre, sans trop s'appesantir sur ses souffrances, à l'instar de cette scène très drôle où sa camarade de classe, fervente catholique, l'invite chez lui pour prier... et plus si affinités. Malgré ses qualités indéniables, qui tiennent avant tout à son authenticité et à une certaine retenue et modestie dans sa forme, le film souffre de quelques longueurs et d'un déroulé un peu trop linéaire dans sa structure narrative, les enjeux et ressorts dramatiques étant vite connus et quelque peu limités. Sans nier l'intérêt des séquences de films amateurs bricolés par le jeune Spielberg, pleines de fraîcheur et d'humour, ces petits films dans le film ont tendance à s'étirer plus que de raison et à être parfois redondants. Reste malgré tout quelques scènes marquantes, telle celle citée plus haut, mais aussi la première séance de cinéma du tout jeune Spielberg, littéralement émerveillé devant le grand écran, ou encore la réjouissante séquence finale de la rencontre entre Sammy/Steven et l'un des plus grands mythes de l'histoire du cinéma, incarné à l'écran par un autre grand réalisateur chéri des cinéphiles, qui fait là un caméo aussi surprenant que convaincant (je ne dévoile aucun nom, mais je crains que les dossiers de presse et autres critiques ne déflorent ces éléments à la sortie du film), un final qui nous vaut d'ailleurs une très belle leçon de cinéma.
Merci pour le report de mon post dans le topic idoine, Thaddeus.
Je précise que j'ai découvert le film en salle, en avant première (merci au Festival Télérama).
The Shape a écrit : ↑25 janv. 23, 11:49
The Fabelmans : 8/10
Si Michelle Yeoh et Cate Blanchett partent favorites pour les Oscars, j'espère que l'histoire retiendra la composition hallucinante de Michelle Williams.
Et si le personnage de la mère efface un peu les autres, les "petits" moments accordés à chacun des membres de la famille s'avèrent d'autant plus touchants.
J'ai cru au début que ce serait un nouveau "Festival de La Lumière Aveuglante" signé Kaminski, et puis non, l'image et la réalisation gagnent en subtilité à mesure que le film avance.
C'est d'abord un film d'acteurs, le Spielberg-réalisateur s'effaçant derrière le Spielberg-personnage principal. Très joli moment avec le beau gosse du lycée à la fin du bal de promo.
Et puis quelle belle idée d'avoir fait de Lynch ce John Ford acariâtre.
Je commence à avoir très envie de le voir (c'était pas évident il y a quelque temps) et j'avoue que l'avis de Strum m'a pas mal boosté.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Alexandre Angel a écrit : ↑25 janv. 23, 14:51
Je commence à avoir très envie de le voir (c'était pas évident il y a quelque temps) et j'avoue que l'avis de Strum m'a pas mal boosté.
Oh pas d’inquiétude, je suis certain que tu vas aimer Alexandre.
Ah si tu le dis. Mais, comme je l'ai souvent mentionné, je n'aime pas, dans l'ensemble, le cinéma de Spielberg (mais, tout ça n'est pas sans ambiguïtés car il ne s'agit pas de détestation ou d'allergie, loin de là). Et c'est de justesse que les choses se sont un peu décantées depuis une bonne quinzaine d'années. Pour moi, sa grande réussite de ces dernières années (mais je ne parlerais jamais de chef d'œuvre) reste The Post.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Alexandre Angel a écrit : ↑25 janv. 23, 15:05
Ah si tu le dis. Mais, comme je l'ai souvent mentionné, je n'aime pas, dans l'ensemble, le cinéma de Spielberg (mais, tout ça n'est pas sans ambiguïtés car il ne s'agit pas de détestation ou d'allergie, loin de là). Et c'est de justesse que les choses se sont un peu décantées depuis une bonne quinzaine d'années. Pour moi, sa grande réussite de ces dernières années (mais je ne parlerais jamais de chef d'œuvre) reste The Post.
Alexandre Angel a écrit : ↑25 janv. 23, 15:05
Pour moi, sa grande réussite de ces dernières années (mais je ne parlerais jamais de chef d'œuvre) reste The Post.
Pour moi, c'est encore et toujours les 50 premières minutes de War of the Worlds.
Alexandre Angel a écrit : ↑25 janv. 23, 15:05
Pour moi, sa grande réussite de ces dernières années (mais je ne parlerais jamais de chef d'œuvre) reste The Post.
Pour moi, c'est encore et toujours les 50 premières minutes de War of the Worlds.
