Michel Ciment (1938-2023)
tchi-tcha a écrit : ↑14 nov. 23, 21:14 Rapatriement :
Alexandre Angel a écrit : ↑13 nov. 23, 20:29 Oh là là...
Je ne l'ai jamais autant entendu que ces derniers temps où je me suis mis à (re)écouté des épisodes du Masque et la Plume. On le sentait avoir beaucoup vieilli ces derniers mois, voire années.
Comme beaucoup l'ont dit ici dans le topic sur Le Masque, il était souvent le plus juste dans ses avis, parce que le plus conscient que le cinéma s'inscrivait dans l'Histoire de l'Art tout en étant spécifique. Je trouvais qu'il présentait, en général, un étrange mélange de souplesse intellectuelle dans son approche des films et d'arcboutements qui pouvait frôler parfois la psychorigidité.
Il avait été l'invité de Cyril Hanouna autour de la polémique Polanski lors des Césars et j'avais ressenti un incroyable décalage.Flol a écrit : ↑13 nov. 23, 20:38 Pareil qu’Alex. L’entendre vieillir ces derniers mois, surtout en réécoutant les anciennes émissions du Masque dispos sur YouTube, faisait encore plus prendre conscience du temps qui passe inéluctablement, tout en craignant sa disparition imminente. Bon eh bien ça y est, on y est.
Immense respect pour ce critique/passeur/passionné, homme extrêmement cultivé et ce dans tous les domaines (pas seulement le cinéma).
Et c’est aussi et surtout une certaine idée de la critique qui disparaît encore un peu plus…shubby a écrit : ↑13 nov. 23, 22:26 Tous les français ont deux métiers : le leur et critique de cinéma, disait Truffaut. Certains, tout de même, ont tendance à joliment fusionner les deux. Ciment, c'est un nom qu'on reconnaît, quand bien même on l'aurait suivi de loin, ce qui est mon cas. J'ai beaucoup de peine pour certains ici, chez dvdclassik, qui à mon avis en ont plus que moi.Mosin-Nagant a écrit : ↑13 nov. 23, 23:18 Michel Ciment était mon critique cinéma préféré. Je suis également triste d'apprendre sa disparition.
Une page se tourne...Watkinssien a écrit : ↑13 nov. 23, 23:43 C'est bête, mais Michel Ciment représentait une telle longévité dans le domaine de la critique qu'on pouvait le croire "immortel".
Restez en paix.damdouss a écrit : ↑14 nov. 23, 09:11 Je remet ici ce qui serait sa dernière intervention publique filmée (en septembre à la cinémathèque en hommage à Jerry Schatzberg (à 10 minutes)) où il était très diminué (physiquement et non intellectuellement comme le faisait remarquer spongebob sur le topic "La critique aujourd'hui").
https://m.youtube.com/watch?v=J3eZszYNw ... VudCAyMDIz
Après la mort de Tavernier, c'est un puit de culture qui s'en va. Michel Ciment considérait le cinéma comme au carrefour des autres arts (littérature, peinture, photographie...) et il pensait que cette dimension culturelle large avait tendance à disparaître chez certains critiques contemporains (tout autant que chez certains cinéastes mais pas chez ceux qu'il admirait).-Kaonashi Yupa- a écrit : ↑14 nov. 23, 09:13 Je partage totalement.
La disparition de Michel Ciment est un choc, un bouleversement dans ma vie de cinéphile, car il a été un guide tout du long.
Du livre sur Kubrick que j'ai dévoré, dans mes premières années de cinéphilie, puis tout du long, en lisant tous les numéros de Positif depuis juillet 1999, j'ai lu et écouté Ciment, non pas religieusement mais avec toujours de l'intérêt pour ses arguments, ses références, ses exemples et ses comparaisons, même lorsqu'elles étaient un peu redondantes (ses piques à Libé Inrock etc) ou un peu à côté de la plaque (ses mots pas très fins sur le discours de Triet dans la dernière recension cannoise). Il y avait toujours quelques choses intéressants à garder, une piste de réflexion.
Dans le milieu de la critique ciné, il était nous seulement à part, mais surtout très très au-dessus de tous.
Au gré des avants-premières Positif, on le voyait de plus en plus fatigué pour monter les nombreuses marches de la salle 500 du Forum des Images. Sa dernière venu date d'il y a quelques mois je crois, et je dois bien avouer que dernièrement je craignais presque de le voir présent car j'étais mal pour lui, de l'apercevoir remonter les marches, dans le noir, soutenu par quelqu'un, pendant les 5-6 premières minutes du film.
C'est d'ailleurs beaucoup à l'équipe de Positif que je pense. D'abord à son fils Gilles qui en fait partie, mais aussi à tous, car après Bernard Chardère en août, ça fait deux disparitions importantes pour la revue en quelques mois. Chardère n'était plus du tout au manettes, mais Ciment, lui, continuait. Un peu moins depuis quelques mois (son dernier édito était en mai), mais il était toujours là.
Je pense qu'avec les NT Binh/Yann Tobin, Hubert Niogret, Frédéric Mercier et d'autres, la revue va bien continuer, mais je crains un bouleversement (inévitable ?).Chip a écrit : ↑14 nov. 23, 09:17 je l'avais rencontré au festival du cinéma américain de Deauville où il était venu pour dédicacer son livre " Une renaissance américaine "( nouveau monde éditions). On avait parlé un peu de Monte Hellman dont il aimait beaucoup " the shooting " et " ride in the whirlwind" et beaucoup moins le reste de la carrière du réalisateur.
R.I.P.damdouss a écrit : ↑14 nov. 23, 09:34
Positif dont il défendait toujours les origines liées au mouvement surréaliste. L'édito du numéro de novembre de Fabien Baumann en était sur la forme un bel exemple et donne à espérer. Espérons que l'équipe de Positif gardera cet esprit là en même temps que cette exigence, cette ouverture aux autres arts, cette dimension culturelle large qui fait souvent défaut à la critique de cinéma de manière générale. Mais oui pour moi Michel Ciment C'EST la revue Positif. Et même s'il y écrivait rarement ces derniers temps, on y sentait toujours sa présence... Il laisse donc un vide immense dont la revue devra y survivre.
Au Masque et la Plume je dirai que je partageais souvent à 90% ses goûts et ses coups de cœurs sur les films venant de sortir.. Les 10% restants c'était par exemple sur Wes Anderson cinéaste dont j'aime bien les films et que lui n'aimait pas beaucoup. Mais c'est si peu finalement... Et puis ses "arcboutements qui pouvaient frôler parfois la psychorigidité" dont parlait Alexandre faisaient aussi son charme : pas de fadeur chez lui quitte en effet à paraître décalé face à une doxa culturelle et médiatique à la mode qu'il détestait.tchi-tcha a écrit : ↑14 nov. 23, 01:04
Je m'auto-réponds. Si on en croit France Inter, la dernière participation de Michel Ciment au Masque remonte au 24 septembre dernier, pour dire tout le bien qu'il pensait des Feuilles mortes de Kaurismaki.
Il y aura donc une chaise vide pour la dernière émission de Jérôme Garcin.
Et puisque chaque émission se termine sur les coups de cœur des critiques, les derniers conseils de Michel Ciment auront été la rétrospective Walsh à la Cinémathèque et le livre Raoul Walsh en jeux.damdouss a écrit : ↑14 nov. 23, 12:47 Ce sera sûrement sur le Konchalovsky ci dessous à paraître et pour lequel Michel Ciment avait écrit un bouquin.
https://intersectionsfilms.myshopify.co ... ias-loversAlibabass a écrit : ↑14 nov. 23, 10:56 J'avoue avoir eu une distance avec Michel Ciment depuis plus de 15 ans. J'écoutais souvent son émission Projection Privée sur France Culture au début des années 2000 et après ça s'est largement dissipé. Mais les archives nous ferons entendre que sa perte est immense.Julia-Nicole a écrit : ↑14 nov. 23, 17:21 Immense tristesse à la disparition de Michel Ciment. C'était à mon avis le plus grand critique de cinéma que nous ayons eu en France. Davantage encore que de brillants anciens comme Georges Charensol ou Georges Sadoul, il aura su faire de la critique un art en sachant analyser de façon intelligente les films, même ceux qu'il n'aimait pas, et en faisant preuve de mesure, le plus souvent. Le Masque et la Plume, auquel il participait depuis plus de 50 ans, ne sera plus le même.
Je n'oublie pas non plus ses ouvrages toujours passionnants sur Kubrick, bien sûr, mais aussi Rosi, Kazan, Losey, ou l'histoire de la critique de cinéma en France.Barry Egan a écrit : ↑14 nov. 23, 20:05 Mr Ciment faisait du travail en béton, il peut désormais se la couler douce... (désolé)
Jury du Festival de Cannes le 16 mai 1978 : Harry Saltzman, Michel Ciment, Alan J. Pakula, Liv Ullman, Franco Brusati, François Chalais, Alan J. Pakula, Andrei Mikhalkov Kontchalovski, Georges Wakhevitchet et Claude Goretta ©Getty - Bertrand LAFORET/Gamma-Rapho
NB Je suis allé chercher cette image du Festival de Cannes 1978 sur une page de Radio France.
On y trouvera le podcast intitulé Michel Ciment, une vie en ciné-textes, à (ré)écouter ici :
https://www.radiofrance.fr/francecultu ... ine-textes