Howard Hawks (1896-1977)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Sybille
Assistant opérateur
Messages : 2148
Inscription : 23 juin 05, 14:06

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Sybille »

Quant j'ai découvert Le port de l'angoisse, je me rappelle avoir été étonnée par ce que je trouvais être la 'simplicité' du scénario, même si j'avais apprécié le film dans l'ensemble grâce à Bogart et Bacall. J'avais regardé Casablanca peu après, et j'avais ressenti à peu près la même chose.
Comme je ne les ai pas revus depuis et que mes visionnages remontent à 6 ou 7 ans, je ne saurais pas dire aujourd'hui lequel je préfère. :!:
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Julien Léonard »

Disons que, comme d'habitude, chez Hawks, c'est moins le scénario que l'écriture des personnages qui compte. Il n'est pas très dépendant de ses sujets, en règle générale, et préfère s'occuper des personnalités peuplant ses films. La simplicité du scénario permet ainsi à ses personnages d'exister pleinement, au travers de dialogues qui ne sont jamais dictés par le fil conducteur, ou presque. Pour ma part, j'ai tendance à penser que, plus hawksien que Le port de l'angoisse, c'est impossible. Et il s'est servi de cette recette bien souvent dans sa carrière, jusqu'à un Rio Bravo au scénario limpide et classique, renforcé par des personnages aux attitudes désormais légendaires. :wink:
Dernière modification par Julien Léonard le 19 juin 10, 17:43, modifié 1 fois.
Image
M le maudit
Stagiaire
Messages : 98
Inscription : 18 déc. 08, 19:40

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par M le maudit »

Je ne remets pas en question les qualités de réalisateur de monsieur Hawks. En fait, je peux difficilement juger, n'ayant vu que "The Big Sleep" et "To Have and Have Not". J'ai adoré le premier mais le second m'a ennuyé. C'est bien beau laisser ses personnages respirer, mais quand même... Ça faisait très, très "Casablanca", avec un scénario épuré et moins l'histoire d'amour avec la superbe Ingrid Bergman qui crève l'écran.

Qu'on me reconnaisse coupable de n'y avoir pas trouvé mon compte. Pour moi, Harry Morgan est un sous-Rick Blaine, Dolores Moran et Lauren Bacall n'arrivent pas à eux deux à égaler la Ilsa Lund de Bergman et que dire de Paul de Bursac qui ne mérite pas même de cirer les souliers de Victor Laszlo. La ressemblance entre les deux films est trop forte pour ne pas les comparer. Et pour moi, "Casablanca" est irrévocablement gagnant.
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Julien Léonard »

M le maudit a écrit :Je ne remets pas en question les qualités de réalisateur de monsieur Hawks. En fait, je peux difficilement juger, n'ayant vu que "The Big Sleep" et "To Have and Have Not". J'ai adoré le premier mais le second m'a ennuyé. C'est bien beau laisser ses personnages respirer, mais quand même... Ça faisait très, très "Casablanca", avec un scénario épuré et moins l'histoire d'amour avec la superbe Ingrid Bergman qui crève l'écran.

Qu'on me reconnaisse coupable de n'y avoir pas trouvé mon compte. Pour moi, Harry Morgan est un sous-Rick Blaine, Dolores Moran et Lauren Bacall n'arrivent pas à eux deux à égaler la Ilsa Lund de Bergman et que dire de Paul de Bursac qui ne mérite pas même de cirer les souliers de Victor Laszlo. La ressemblance entre les deux films est trop forte pour ne pas les comparer. Et pour moi, "Casablanca" est irrévocablement gagnant.
Mais personne ne vous a reconnu coupable mon cher M. Il y a matière à discussion, c'est ce qui en fait l'intérêt. Point. :wink:

Peut-être êtes vous davantage sensible au style de Michael Curtiz qu'à celui de Howard Hawks. Pour ma part, je préfère Casablanca, pour certaines raisons. Curtiz est d'abord un technicien, plasticien, privilégiant un visuel soigné et une technique narrative très efficace. Souvent, Hawks aime flâner dans ses films, ou tout du moins laisser ses personnage vivre, au gré des situations. Hawks raconte ses histoires d'abord avec ses personnages. Curtiz raconte ses histoires avant tout avec sa caméra et son scénario. L'un collabore étroitement avec ses acteurs, l'autre est bien plus souverain sur le tournage. Le résultat ne peut être que très différent.

Ces deux films présentent également cet intérêt de voir comment chacun peut raconter une histoire semblable, mais avec ses propres moyens. Curtiz fait ressortir des images, Hawks fait ressortir des personnages. Casablanca est très symbolique, tourné vers la démonstration, l'exemple, bref, tout est là pour renforcer sa mythologie. Le port de l'angoisse est une balade, sympathique, relevée de quelques piments, mais une balade. Chez Curtiz, la technique de mise en scène renforce le jeu des acteurs, leur confère une aura, un piédestal... On sent chez lui une maitrise parfaite de l'image, il se sert des acteurs en créant des effets autour d'eux, en les faisant évoluer un sein d'un univers tout entier réfléchi à l'avance. On n'est pas loin de la théorie de Walter Banjamin concernant le cinéma et l'utilisation des acteurs. Chez Hawks, les acteurs s'offrent à la caméra, ils sont libres de leurs mouvements, ils sont régis par des codes moins classiques, plus modernes. Je pense, par exemple, que Bogart est bien plus "Bogart" que dans Casablanca, ce qui ne m'empêche pas de préférer celui-ci.

Les deux films sont passionnants, car finalement complètement différents dans leur approche d'un même scénario (ou presque).
Image
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23921
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par cinephage »

Je pense que pour faire connaissance avec Hawks, la dame du vendredi ou Chérie je me sens rajeunir sont plus adaptés, pour la comédie, Air Force pour le film de guerre, et Rio Bravo pour le western. Il faut l'avoir vu opérer dans des genres et registres très différents pour commencer à pouvoir apprécier ce qui fait son style propre, et qui n'est pas flagrant.

Pour le port de l'angoisse, ce n'est pas mon préféré du cinéaste, même si je l'aime pour certaines séquences (ça, et puis Lauren "The look" :oops: ).
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Julien Léonard »

cinephage a écrit :Je pense que pour faire connaissance avec Hawks, la dame du vendredi ou Chérie je me sens rajeunir sont plus adaptés, pour la comédie, Air Force pour le film de guerre, et Rio Bravo pour le western. Il faut l'avoir vu opérer dans des genres et registres très différents pour commencer à pouvoir apprécier ce qui fait son style propre, et qui n'est pas flagrant.

Pour le port de l'angoisse, ce n'est pas mon préféré du cinéaste, même si je l'aime pour certaines séquences (ça, et puis Lauren "The look" :oops: ).
Ce qui est formidable, c'est qu'il a signé des chefs-d'oeuvre dans tous les genres. C'est très impressionnant.
Image
Avatar de l’utilisateur
Sybille
Assistant opérateur
Messages : 2148
Inscription : 23 juin 05, 14:06

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Sybille »

Land of the pharaohs / La terre des pharaons
Howard Hawks (1955) :

J'ai profité de la diffusion sur Cinéclassic de La terre des pharaons pour découvrir un Hawks inédit pour moi. Mais mis à part une figuration impressionnante par son nombre et bien utilisée, de jolis couleurs et costumes (surtout ceux de Joan Collins) dans les paysages ensoleillés de l'Egypte ancienne, j'ai trouvé le film plus que largement médiocre. C'est un mélange un peu trop disparate entre tentative de description 'documentaire' et récit romanesque sur la vie privée, les amours et les conflits des différents personnages. Chacun se retrouve ainsi peu ou prou sacrifiée au cours du récit, n'acquérant jamais une place vraiment digne d'intérêt dans la narration, et le tout demeure au final trop anecdotique. Cependant, Hawks et ses scénaristes parviennent à confectionner puis filmer un "épisode de l'Histoire" qui demeure visionnable sans trop d'ennui, prouesse d'autant plus méritoire lorsqu'on songe que le film se déroule au moins sur une ou deux décennies. 5/10
Dernière modification par Sybille le 21 juin 10, 23:02, modifié 1 fois.
someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par someone1600 »

Dans le style comédie, j'ajouterais Bring it up baby (L'impossible monsieur Bebe)... tellement drole... :lol:
Avatar de l’utilisateur
Sybille
Assistant opérateur
Messages : 2148
Inscription : 23 juin 05, 14:06

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Sybille »

J'ai vu Bringing up Baby une fois, j'avais apprécié mais sans le trouver plus drôle que ça. D'après mes souvenirs, je qualifierais le film de simplement plaisant.
Je connais pas mal de Hawks parmi ses plus connus, c'est un réalisateur que j'aime vraiment, mais pour l'instant aucun de ses films ne déclenchent un enthousiasme réellement débordant chez moi.
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Federico »

cinephage a écrit :Je pense que pour faire connaissance avec Hawks, la dame du vendredi ou Chérie je me sens rajeunir sont plus adaptés, pour la comédie, Air Force pour le film de guerre, et Rio Bravo pour le western. Il faut l'avoir vu opérer dans des genres et registres très différents pour commencer à pouvoir apprécier ce qui fait son style propre, et qui n'est pas flagrant.

Pour le port de l'angoisse, ce n'est pas mon préféré du cinéaste, même si je l'aime pour certaines séquences (ça, et puis Lauren "The look" :oops: ).
Je suis bien d'accord en ce qui concerne le port de l'angoisse, film sympathique mais de plus en plus désuet avec le temps et qui vaut surtout pour l'insolence sexy des rapports entre Bogart et Bacall (à se demander comment la censure d'alors a pu laisser passer de tels sous-entendus !). Et c'est justement l'une des plus flagrantes marques de fabrique de Hawks qui a toujours su donner des rôles très forts à ses actrices (le personnage de Bacall a été plus qu'influencé par la présence féline et le tempérament de l'épouse de Hawks, dont il a repris le surnom "Slim").

Quelques exemples 100% hawksiens à re-goûter sans fin :

- La bravoure de Joanne Dru quand on lui ôte une flèche du bras dans La rivière rouge ;
- La séquence de la librairie entre Bogart et Dorothy Malone dans Le grand sommeil ("Helll-loooo !");
- La superbe vilaine incarnée par Joan Collins dans La terre des pharaons ;
- Le ravissant garçon manqué joué par Michèle Girardon dans Hatari ! et le jeu de cache-cache entre Wayne et Elsa Martinelli ;
- Sherry Lansing, sculpturale vengeresse de Rio Lobo ;
- et, cerise (with legs !) sur le gâteau : TOUS les dialogues entre John Wayne et Angie Dickinson dans Rio Bravo.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Julien Léonard »

Federico a écrit :Quelques exemples 100% hawksiens à re-goûter sans fin :

- La bravoure de Joanne Dru quand on lui ôte une flèche du bras dans La rivière rouge ;
- La séquence de la librairie entre Bogart et Dorothy Malone dans Le grand sommeil ("Helll-loooo !");
- La superbe vilaine incarnée par Joan Collins dans La terre des pharaons ;
- Le ravissant garçon manqué joué par Michèle Girardon dans Hatari ! et le jeu de cache-cache entre Wayne et Elsa Martinelli ;
- Sherry Lansing, sculpturale vengeresse de Rio Lobo ;
- et, cerise (with legs !) sur le gâteau : TOUS les dialogues entre John Wayne et Angie Dickinson dans Rio Bravo.
Ce sont effectivement des scènes d'anthologie ! Il est plutôt rare de voir ce genre de relations entre John Wayne et une actrice, or Howard Hawks ne se gêne pas : Hatari ! et Rio Bravo sont de grands moments de sous-entendus et de cache-caches. Et la figure pataude représentée par Wayne passe très bien ce genre d'exercice.
Image
someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par someone1600 »

La premiere fois que j'avais vu Rio Bravo, je n'avais rien remarqué, mais par contre la derniere fois. :lol:
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Julien Léonard »

someone1600 a écrit :La premiere fois que j'avais vu Rio Bravo, je n'avais rien remarqué, mais par contre la derniere fois. :lol:
Comme je te comprends ! Je l'ai découvert vers l'âge de 6 ou 7 ans, et je l'ai regardé pendant des années, sans m'apercevoir de grand-chose... Plus tard, vers 17, 18 ans, et un peu plus d'expérience cinéphile, je me dis "quand même, c'est chaud" ! Comme quoi, la perception change quand on "vieillit". :lol:
Image
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18530
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Profondo Rosso »

La Chose d'un autre monde de Christian Niby et Howard Hawks

Image

Des scientifiques découvrent un vaisseau spatial prisonnier de la banquise arctique. En tentant de l'en extraire à l'aide de bombes thermiques, ils le détruisent. Néanmoins, ils décèlent sous la glace un corps extraterrestre. Ils ramènent le specimen, figé dans un bloc de glace, à leur base. Lorsque ce dernier fond accidentellement, libérant du même coup "la chose", toute la population de la base est menacée.

Inspiré d'une nouvelle Who Goes There? de Joseph W. Campbell (dont n'est finalement conservé que le point de départ le remake de John Carpenter est plus fidèle) La Chose qui voyait Hawks s'essayer à la série B fantastique et offrir un grand classique du genre. La paternité du film n'est pas clairement déterminée puisque Christian Niby monteur habituel de Hawks se voit donner sa chance par le Maître à la réalisation, même si ce dernier co écrit le scénario (épaulé par le fidèle Ben Hecht) et supervise toute les étapes de la production. sans vouloir minimiser le rôle certain que Niby a certainement dû avoir malgré tout, le film porte réellement l'empreinte de Hawks.

Dès le début, l'aspect léger et badin entre les échanges décontractés entre les militaires, la relation espiègle entre Margaret Sheridan et Kenneth Tobey nous sont bien familier. On retrouve l'excellence de Hawks à dépeindre un environnement de camaraderie masculine et une une amourette piquante. Entre le soldat bourru et attachant incarné par Tobey, Scotty le journaliste frustré et quelques autres les traits les plus affirmés des différents protagoniste sont distillé avec limpidité et simplicité. La grande force du film, c'est de ne jamais se dépareiller de cette étonnante décontraction tout en délivrant un récit réellement étrange et angoissant.
La construction est remarquable dans s montée d'intensité, suscitant la mystère lors de la découverte de la soucoupe, la surprise puis la terreur pur lorsque son hôte manifeste ces facultés néfaste. On reste dans la tradition RKO en montrant le moins possible la "chose" (au contraire de l'approche extravagante de la version Carpenter), ces trois réelles apparitions (une brève silhouette, une ombre menaçante puis un prédateur inhumain) étant de plus brusques et terrifiante, remarquable.

On a beaucoup dit que la "chose" représentait la menace communiste ce qui est vrai par certain aspects (le fait qu'elle s'infiltre parmi nous en se nourrissant de sang, se régénérant et multipliant) mais c'est réellement dans d'autres classiques SF de cette décennie redevable au film de Hawks que ce sous texte se précisera (comme "L'Invasion des profanateurs de Sépultures" d Siegel qui reprend l'idée d'extraterrestre d'origine végétale) alors que l'on ne ressent ici que la volonté de délivrer un bon suspense. Une belle réussite qui pose d'ailleurs la base de quelques clichés récurrents du genre, tel l'institution de l'armée voulant préserver la découverte au détriment de la survie humaine ou encore le savant illuminé incarné par Robert Cornthwaite. Carpenter en réalisera un remake fabuleux, paranoiaque, cauchemardesque et glacial bien plus tard. 5/6
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Howard Hawks (1896-1977)

Message par Federico »

Profondo Rosso a écrit :La Chose d'un autre monde de Christian Niby et Howard Hawks

Image

Des scientifiques découvrent un vaisseau spatial prisonnier de la banquise arctique. En tentant de l'en extraire à l'aide de bombes thermiques, ils le détruisent. Néanmoins, ils décèlent sous la glace un corps extraterrestre. Ils ramènent le specimen, figé dans un bloc de glace, à leur base. Lorsque ce dernier fond accidentellement, libérant du même coup "la chose", toute la population de la base est menacée.

Inspiré d'une nouvelle Who Goes There? de Joseph W. Campbell (dont n'est finalement conservé que le point de départ le remake de John Carpenter est plus fidèle) La Chose qui voyait Hawks s'essayer à la série B fantastique et offrir un grand classique du genre. La paternité du film n'est pas clairement déterminée puisque Christian Niby monteur habituel de Hawks se voit donner sa chance par le Maître à la réalisation, même si ce dernier co écrit le scénario (épaulé par le fidèle Ben Hecht) et supervise toute les étapes de la production. sans vouloir minimiser le rôle certain que Niby a certainement dû avoir malgré tout, le film porte réellement l'empreinte de Hawks.

Dès le début, l'aspect léger et badin entre les échanges décontractés entre les militaires, la relation espiègle entre Margaret Sheridan et Kenneth Tobey nous sont bien familier. On retrouve l'excellence de Hawks à dépeindre un environnement de camaraderie masculine et une une amourette piquante. Entre le soldat bourru et attachant incarné par Tobey, Scotty le journaliste frustré et quelques autres les traits les plus affirmés des différents protagoniste sont distillé avec limpidité et simplicité. La grande force du film, c'est de ne jamais se dépareiller de cette étonnante décontraction tout en délivrant un récit réellement étrange et angoissant.
La construction est remarquable dans s montée d'intensité, suscitant la mystère lors de la découverte de la soucoupe, la surprise puis la terreur pur lorsque son hôte manifeste ces facultés néfaste. On reste dans la tradition RKO en montrant le moins possible la "chose" (au contraire de l'approche extravagante de la version Carpenter), ces trois réelles apparitions (une brève silhouette, une ombre menaçante puis un prédateur inhumain) étant de plus brusques et terrifiante, remarquable.

On a beaucoup dit que la "chose" représentait la menace communiste ce qui est vrai par certain aspects (le fait qu'elle s'infiltre parmi nous en se nourrissant de sang, se régénérant et multipliant) mais c'est réellement dans d'autres classiques SF de cette décennie redevable au film de Hawks que ce sous texte se précisera (comme "L'Invasion des profanateurs de Sépultures" d Siegel qui reprend l'idée d'extraterrestre d'origine végétale) alors que l'on ne ressent ici que la volonté de délivrer un bon suspense. Une belle réussite qui pose d'ailleurs la base de quelques clichés récurrents du genre, tel l'institution de l'armée voulant préserver la découverte au détriment de la survie humaine ou encore le savant illuminé incarné par Robert Cornthwaite. Carpenter en réalisera un remake fabuleux, paranoiaque, cauchemardesque et glacial bien plus tard. 5/6
A part effectivement quelques scènes de badinage cool, la marque de Hawks est quand même assez diffuse et je ne crois pas qu'il était fait pour le genre fantastique/SF. Peu de cinéastes ont réussi dans presque tous les genres, généralement davantage de très grands techniciens-artisans (comme Wise ou Siegel) que d'auteurs avec une marque personnelle aussi forte que Hawks. Ce qui n'empêche pas ce classique de rester très sympa même si il est un peu surévalué et daté. Je crois que ma séquence préférée est au tout début, quand les hommes délimitent la forme du vaisseau spatial enterré sous la glace. Le remake de Carpenter est carrément bluffant et contient des séquences difficiles à oublier, du genre à procurer des cauchemars récurrents si on tombe dessus très jeune.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Répondre