In Utero
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
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- King of (lolli)pop
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In Utero
Un ange avec des ailes sur un fond jaune, et un dos de pochette à scandale, ensemble de collages au milieu d'orchidées séchées. Sur la galette, douze titres et un bonus track caché derrière un dernier "all in all is all we all we are" murmuré en duo. L'album commence par un avertissement, par un ton défaitiste, trascendé par une guitare hurlant ses décibels. Les paroles explicites évoquent la fin d'une époque. Il est finit le temps où l'on s'amusait, où il était marrant de faire semblant. Le titre d'après, enchaîné à la perfection sonne l'alarme. La batterie martèle l'auditeur. Dave Grohl a lui-même soufflé le tempo de Scentless Apprentice, qui comme son l'indique veut dire ce qu'il veut dire, sans passer par un autre chemin : un apprenti dénué d'odeur ou de parfum. Le refrain tétanisant de colère hurle dans le micro :" Go Away"... Mais impossible de passer à l'autre piste, à la piste suivante. Car même si le titre est d'une épouvantable noirceur, sa force vient en partie de sa mélodie entêtante, où la guitare tronçonneuse le dispute aux vocaux scandés à en perdre la raison.
L'accalmie semble pourtant se dessiner autour de quelques accords entamés par Heart-Shaped-Box dont la douceur surprend avant que Grohl à nouveau martèle dans le refrain. Les paroles à la fois mystiques et expressionnistes raconte ce qui sur le disque tout entier surgit du fond des ténèbres : le gouffre, l'abyme, dont on ne peut sortir que par un "cordon ombilical". Accroché à sa guitare, Cobain fait preuve d'un sens inouïe de la survie, même si tout est perdu d'avance.
Pourtant Rape Me, charge virulente contre le média - " My favorite inside source" - qui s'introduit dans sa vie privée est d'une ironie simplement prodigieuse: "viole-moi et un jour où l'autre tu le regretteras. Imagine les pires saloperies sur mon compte et tu finiras par t'en mordre les doigts".
La rage au ventre aussi au détour du fantastique Frances Farmer will have revenge On Seattle, son riff cataclysmique et sa rupture de rythme. Une chanson sur laquelle plane l'ombre de l'actrice Frances Farmer, lobomotisée, dans un Hollywood qui l'a pensait sorcière. Quelques riffs de guitare plus loin, Dumb fait décoller les nappes de violons sans en rajouter. La douceur aussi surgit dans la colère et l'obstination. Il n'y a pas vraiment de côté pile et de côté face. Ce n'est pas tout blanc ou tout noir, mais les nuances dans ce monument brut sont rares. Même Very Ape qui pourtant pourrait céder à la causticité avec un titre pareil ne peut s'empêcher d'être droit et directif, et aussi d'un minimalisme hallucinant. Nirvana n'a rien inventer dans le rockn'roll, mais il a su prendre le meilleur de ses influences. Dans la brutalité comme dans la finesse. Trois accords parfois suffisent. Cela peut en faire un tube génial comme le pire des titres. Impossible de refaire un Nevermind The Bollocks, mais possible d'en être proche avec honneteté.
La finesse se délite très vite, In Utero est trop sombre pour laisser passer la lumière, même s'il lui arrive de s'en approcher. Milk It bombe alternative arrive à point nommé. Le son est peut-être ce qu'à produit de mieux Steve Albini sur cet album. La tome basse de Dave Grohl résonne encore après le dernier coup frappé dès l'ouverture. Le refrain d'une barbarie effrayante met l'auditeur à genou, et cette voix qui hurle effraie et impressionne plutôt qu'elle rassure. On penserait presque qu'il frôle l'extinction de voix par moments.
Les derniers titres de l'album, sont du même acabit, hanté par le spectre de la mort, et en même temps d'une éclatante maîtrise. Tourett's est un condensé de punk, d'une agressivité folle, mais rien n'empêche de l'écouter en boucle. Et quand arrive le dernier morceau, le quasi élégiaque All Apologies, c'est une délivrance, le disque semblant boucler la boucle non pas dans la douleur diffuse et insurmontable mais dans un dernier élan mélodique, peut-être le plus beau qui ait été écrit par le groupe. Cobain, Novoselic, et Grohl ensemble jusqu'au bout, jusqu'à la dernière seconde, accordent leurs instruments pour livrer un morceau qui dépasse de loin ce qu'ils auraient pu faire de mieux. Ils touchent du doigt la beauté et n'y renoncent pas, l'acceptent, telle qu'elle est, fragile, furtive.
L'album a dix ans.
Un disque qui a ses détracteurs, et ses fans.
Personnellement, je ne m'en suis jamais remis.
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Je me souviens bien du jour où j'ai foncé l'acheter chez mon disquaire le jour de sa sortie. Leur meilleur album à mon avis, le plus personnel et celui qui regorge le plus d'intensité et d'émotion. Cobain se met à nu sur cet album contrairement à ses deux prédecesseurs.
Le chanteur guitariste parvient à certain smoments à être plus bruyant qu'un groupe de grindcore! Intense!!
Le chanteur guitariste parvient à certain smoments à être plus bruyant qu'un groupe de grindcore! Intense!!
I don't wanna stay with you, I just wanna play with you
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Leur premier album peut être considéré comme un coup d'essai, bien sûr, et le deuxième, qui paraît moins sombre, souffre de son succès commercial. Pour moi, Smells Like Teen Spirit et In Utero sont deux albums exceptionnels.Leopold Saroyan a écrit :Leur meilleur album à mon avis, le plus personnel et celui qui regorge le plus d'intensité et d'émotion. Cobain se met à nu sur cet album contrairement à ses deux prédecesseurs.
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kenj a écrit :Leur premier album peut être considéré comme un coup d'essai, bien sûr, et le deuxième, qui paraît moins sombre, souffre de son succès commercial. Pour moi, Smells Like Teen Spirit et In Utero sont deux albums exceptionnels.Leopold Saroyan a écrit :Leur meilleur album à mon avis, le plus personnel et celui qui regorge le plus d'intensité et d'émotion. Cobain se met à nu sur cet album contrairement à ses deux prédecesseurs.
Sauf que Smells like teen spirit n'est absolument pas un album mais le titre d'une chanson, elle-même issue de Nevermind et dont elle fait l'ouverture.
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