Demi-Lune a écrit :Mais je pense que les meilleurs slashers n'oublient jamais un ingrédient déterminant : la peur, le malaise. L'inconfort. On doit stresser pour le personnage mis en danger, on doit craindre autant que lui les apparitions du tueur parce que la perspective de la mort dans des conditions atroces provoque une réaction viscérale. Or pour moi le grand problème de Scream, c'est que cette réaction viscérale, elle est très rare. Et elle est très rare parce que la finalité du suspense n'est plus tellement l'épouvante, mais une forme de plaisir. Et ça, ça me dérange quand même beaucoup, comme avec les suites de Freddy, lorsqu'il est devenu un tueur cool. C'est Ghostface le vrai "héros", il est marrant avec sa gestuelle cartoonesque, ses facéties de gosse et tous les trucs qu'il se prend dans la gueule. L'ouverture du film mise à part, son jeu aux dépens de ses victimes provoque un suspense non plus fondé sur la peur mais sur une forme de jubilation (mais où est-il ?), on passe de son côté... tout cela baigne dans une ambiance tellement ludique et décontractée que le fait qu'il poignarde un ou une innocente n'inspire pas grand-chose, ce que je trouve vraiment problématique (je veux pas faire mon psychanalyste à deux balles, mais que le film ait inspiré de sordides faits divers n'est peut-être pas tellement étonnant).
Pour l'avoir revu il y a peu et être plus enthousiaste que toi, je trouve que c'est précisément là où Scream reste "unique". Ce n'est plus un simple slasher, c'est autre chose. Mieux ou moins bien, chacun en conviendra en fonction de ses attentes perso, mais le slasher se doit aussi d'être divertissant, avec des morts connes et visuellement inventives, un côté "jeu de l'oie de la mort" que la franchise des Destination finale a poussé dans ses derniers retranchements avec plus (le 2e film) ou moins (les 4e et 5e films) de réussite.
Là où Scream fonctionne, c'est au-delà du slasher, lorsqu'il s'amuse avec la violence à l'écran. Si on finit par prendre une certaine jubilation et passons du "côté" de Ghostface, il ne faut pas oublier qui est derrière, comment il s'agit (comme toujours) de quelqu'un de cinglé au fond. Le malaise, l'inconfort, il est là. Il démarre avec l'intro qui place clairement le côté profondément complaisant dans la violence du film, mais ce côté n'est pas désamorcé par un foutoir portnawakesque imposé comme chez les Freddy ou Jason ou co. Tous ces films étaient, en 1997, des suites toutes plus "kitschs" les unes que les autres, et même des sagas plus récentes comme Chucky, ou même les Return of the Evil Dead (pour viser large), ont alors des composantes involontairement drôles ou alors clairement portnawaks.
Scream prend cela, l'intègre, mais ne le régurgite que lorsque ça fait mal. Oui, on finit par apprécier le jeu de massacre de tous ces ados débiles qui se la pètent. Sauf qu'au final, moralement, c'est un peu plus malaisant que quand on se fend la gueule lorsque Jason prend 2 campeurs dans des sacs de couchage et les cogne l'un contre l'autre.
Après, oui c'est aussi pétri de défauts de narration, ça, je suis amplement d'accord là dessus. Le fait d'arrêter la narration pour ré-expliquer en long et en large (et ça, c'est le cas sur les 4 films ! C'est pas genre "on a compris, on le fait que dans le 1er film parce qu'il faut juste expliquer une fois pis voilà), non non) n'aide pas à construire l'angoisse.
Par contre, l'inspiration de faits divers réels... Comme j'ai toujours dit, l'être humain n'a pas attendu le cinéma pour s'entre tuer et ensuite se chercher des excuses à 2 balles une fois mis face à ses responsabilités. "Ah non j'vous jure, m'sieur, c'est la faute au film qui m'a donné des mauvaises idées !"
Imaginez si on disait ça avec les films de cul quand on pense au trafic internet que celui ci génère. Le nombre de mecs qui dormiraient sur la canapé... "Ah non ma chérie, j'te jure, c'est le film qui m'a donné des mauvaises idées !"