Lalo Schifrin
Publié : 6 nov. 03, 16:01
Que pensez-vous de ce compositeur et que connaissez-vous de lui ?
Je l'ai découvert très jeune avec "Mission impossible" mais surtout très récemment (après l'avoir sous-estimé, j'avoue, par ignorance et manque de CDs surtout) dans le thriller de René Clément, "les félins" (avec Alain Delon et Jane Fonda) qui est aussi l'une des 1ere BO de Schifrin, compositeur classique argentin formé à Paris par Olivier Messiaen et Charles Koechlin (excusez du peu...) et grand jazzman qui plus est...
dès "Les félins" (1964 - bande originale inédite en disque ;-( ), Schifrin a un style qui lui est propre, thème principal jazzy et nerveux aux cuivres, orgue, voix et percussions, pistes de suspences très dissonantes souvent rythmés aux tablas, harmonies chorales complexes toute en montées modales et completement dans la lignée de "L'ascension" de Messiaen (dans la scène du meurtre de Barbara), passages purement sériels marqués par Pierre Boulez (autre influence de Schifrin, toujours dans la scène du meurtre), influences baroques (grosse utilisation de clavecin ou instrument similaire) et thème d'amour très épuré et pudique (souvent à base de flute et harpe, à mille lieux des grandiloquences pénibles d'Hollywood...)
ensuite son parcours sera extremement éclectique (à noter fort peu de très bons films d'auteur dans sa riche filmo, et ce surtout dans les 80s et 90s...)
musique expérimentale dans "THX1138" (influences de John Cage, Messiaen, musique orientale et gamelans),
musique aléatoire et percussive dans "The hellstrom chroniques" - film consacré aux insectes,
jazz nerveux avec thème d'amour épuré dans "Bullitt",
incroyable mix d'acidjazz et de funk avec des dissonances à la Boulez/Ligeti/Messiaen dans "Dirty Harry" et "Sudden impact" (malgré un générique disco très moyen),
musique impressioniste et d'un lyrisme bouleversant dans le sublime "Voyage of the damned" (à base de sax soprano solo, harpes, flutes, cor anglais, orchestre de chambre),
même impressionisme debussyste dans "The fox" avec un passage sériel ("the fox hole"),
à noter aussi un aspect angoissant très herrmanien et à la Lutoslawski dans ses incroyables BOs de films de guerre (La peau, l'aigle s'est envolé) et films d'horreur (Amityville, the manitou, L'exorciste : partition refusée)
sur "la peau", certaines scènes très dures montrant l'agonie d'un soldat sont soutenues avec une extreme pudeur et finesse par Schifrin (flutes et nappes de cordes en sourdines tout en pianissimi) dans un climax très debussyste et ondoyant (le "martyre de St Sébastien" n'est pas loin...) là où un tacheron d'Hollywood aurait eu tendance à sortir le violon solo larmoyant ou la grosse artillerie aux cordes façon Barber ou Copland...
les défauts de Schifrin ? son gout pour un jazz parfois très banal, ses incursions franchement très moyennes dans le disco , la country et le lounge, et quelques scores très conventionnels...
Je l'ai découvert très jeune avec "Mission impossible" mais surtout très récemment (après l'avoir sous-estimé, j'avoue, par ignorance et manque de CDs surtout) dans le thriller de René Clément, "les félins" (avec Alain Delon et Jane Fonda) qui est aussi l'une des 1ere BO de Schifrin, compositeur classique argentin formé à Paris par Olivier Messiaen et Charles Koechlin (excusez du peu...) et grand jazzman qui plus est...
dès "Les félins" (1964 - bande originale inédite en disque ;-( ), Schifrin a un style qui lui est propre, thème principal jazzy et nerveux aux cuivres, orgue, voix et percussions, pistes de suspences très dissonantes souvent rythmés aux tablas, harmonies chorales complexes toute en montées modales et completement dans la lignée de "L'ascension" de Messiaen (dans la scène du meurtre de Barbara), passages purement sériels marqués par Pierre Boulez (autre influence de Schifrin, toujours dans la scène du meurtre), influences baroques (grosse utilisation de clavecin ou instrument similaire) et thème d'amour très épuré et pudique (souvent à base de flute et harpe, à mille lieux des grandiloquences pénibles d'Hollywood...)
ensuite son parcours sera extremement éclectique (à noter fort peu de très bons films d'auteur dans sa riche filmo, et ce surtout dans les 80s et 90s...)
musique expérimentale dans "THX1138" (influences de John Cage, Messiaen, musique orientale et gamelans),
musique aléatoire et percussive dans "The hellstrom chroniques" - film consacré aux insectes,
jazz nerveux avec thème d'amour épuré dans "Bullitt",
incroyable mix d'acidjazz et de funk avec des dissonances à la Boulez/Ligeti/Messiaen dans "Dirty Harry" et "Sudden impact" (malgré un générique disco très moyen),
musique impressioniste et d'un lyrisme bouleversant dans le sublime "Voyage of the damned" (à base de sax soprano solo, harpes, flutes, cor anglais, orchestre de chambre),
même impressionisme debussyste dans "The fox" avec un passage sériel ("the fox hole"),
à noter aussi un aspect angoissant très herrmanien et à la Lutoslawski dans ses incroyables BOs de films de guerre (La peau, l'aigle s'est envolé) et films d'horreur (Amityville, the manitou, L'exorciste : partition refusée)
sur "la peau", certaines scènes très dures montrant l'agonie d'un soldat sont soutenues avec une extreme pudeur et finesse par Schifrin (flutes et nappes de cordes en sourdines tout en pianissimi) dans un climax très debussyste et ondoyant (le "martyre de St Sébastien" n'est pas loin...) là où un tacheron d'Hollywood aurait eu tendance à sortir le violon solo larmoyant ou la grosse artillerie aux cordes façon Barber ou Copland...
les défauts de Schifrin ? son gout pour un jazz parfois très banal, ses incursions franchement très moyennes dans le disco , la country et le lounge, et quelques scores très conventionnels...