Deep purple a une histoire longue et mouvementée. Il y a eu 8 ou 9 formations différentes en 35 ans. Le groupe a sorti des dizaines de disques, certains complètement oubliés, et je n'en ai pas écouté la moitié.
Néanmoins, puisqu'il s'agit d'un de mes groupes préférés, puisqu'il est trop souvent méprisé et puisque je n'ai rien à faire de la mâtinée, je me lance !
C'est en 1968 que Deep purple est formé par l'organiste Jon Lord, le guitariste Ritchie Blackmore, le bassiste Nicky Simper, le batteur Ian Paice et le chanteur Rod Evans. Leur premier album, Shades of Deep purple est loin d'être un chef d'oeuvre mais, à travers plusieurs reprises et quelques compositions originales, il annonce un style. Il y a de longs jams guitare sous influence hendrixienne/orgue sous influence de Bach soutenus par une batterie dantesque. Les meilleurs titres sont ici des repries. Signalons-en 2. Help repris en un blues de 6 minutes. C'est légèrement raté car Rod Evans en fait parfois un peu trop mais vraiment intéressant. c'est aussi plus proche des paroles que l'original pop. Et surtout Hush, premier 45 tours du groupe, un morceau de rock&roll énergique et efficace que le groupe joue toujours sur scène à l'heure actuelle.
Après deux autres albums, Rod Evans et Nicky Simper sont remerciés pour faire place à Ian Gillian et Roger Glover, ex-membres de Episode 6. Parmi les autres chansons de cette première formation, mes préférées sont Kentucky Woman d'après Neil Diamond et The bird has flown composition originale.
La nouvelle formation est inaugurée en 1969 à l'occasion du Concerto for groupe and orchestra. Jon Lord a composé un concerto pour l'occasion. Cela montre que les influences classiques sont très présentes chez Deep purple. Jon Lord et Ritchie Blackmore sont fans de Beethoven ou Bach. Certes, le résultat de ce concerto n'est peut-être pas à la hauteur des modèles mais ces influences classiques enrichiront beaucoup le futur hard rock de Deep purple et contribueront à l'originalité, souvent ingnorée par les critiques, du groupe.
En 1970, sort le premier chef d'oeuvre du groupe. Ce qui reste selon certains reste leur meilleur disque. L'un des tout premiers disques de hard rock, si ce n'est le premier. Je parle bien sûr du mythique In Rock
C'est avec ce disque que naît le fameux son Deep purple. Un son puissant, saturé, brutal, sans concession. Des riffs imparables (Black night), un chant incroyablement complexe (Speed king), des solos de folie (Child in time), des morceaux grandioses (Child in time toujours). Encore aujourd'hui, impossible de ne pas être saisi par les premières notes de cet album: un son de guitare torturé, des nappes d'orgue et un chant venu d'ailleurs. Le premier album de la nouvelle mouture du groupe est une bombe qui arrache la gueule après avoir arraché vos enceintes. Encore trente ans après.
Vous l'avez compris, c'est avec sa deuxième formation que Deep purple va entrer dans l'histoire du rock. En 1971, sort Fireball. En 1972 sort Machine Head, nouveau chef d'oeuvre. Le complément idéal à In Rock. In Rock était un disque fougueux et brutal. Machine Head, c'est déja une certaines maturité. Des morceaux qui semblent plus maîtrisés. Moins rentre-dedans aussi peut-être. C'est un album quasi-parfait sur lequel une chanson=un tube. Le disque commence avec le mythique Highway Star, qui rappelle In rock avec un son aussi puissant, aussi énergique. Machine head, c'est l'album des tubes Space Truckin, Pictures of home, Lazy ou encore Never before. Toujours des riffs entêtant et des solos virtuoses. Ce côté mécanique n'est pas pour rien dans le fait que le groupe est snobé par certains critiques. Néanmoins, n'en déplaise à certains, il n'y a pas de recette pour écrire une bonne chanson. La musique est bonne ou pas. Et avec ce chef d'oeuvre de Deep purple, elle l'est. Incontestablement. Mais Machine head contient surtout LE hit du groupe: le légendaire Smoke on the water et son intro ultra-connue. Composé à l'occasion de l'incendie du Casino de Montreux lors d'un concert de Franck Zappa.
A noter que la récente réédition C.D contient en plus des sept pistes originales la face B méconnu, When a blind man cries, magnifique ballade qui tranche avec le reste de l'album. C'est un des morceaux préférés de Ian Gillian, le chanteur, et elle est souvent jouées en concert.
Bref, ce disque est un classique, un must, une sorte de disque parfait.
Cette période est sans conteste l'âge d'or de Deep purple. Malheureusement cette créativité naît dans la tension. La rivalité entre le chanteur et le guitariste permet au groupe de se transcender en studio et surtout sur scène mais elle pourrit l'ambiance au sein du groupe. C'est donc un groupe au bord de l'explosion qui se produit en 1972 à Osaka et à Tokyo, Japon...A l'occasion d'une poignée de concerts dantesque, le groupe enregistre l'un des albums live les plus légendaires de l'histoire du rock.
c'est un album loin d'être parfait (ha, les solos de batterie interminables...) mais il représente la quintessence de Deep purple voire du rock en général. En concert, les pépites de Machine Head sont transcendées. Highway star est incroyablement péchue. Child in Time enfonce sans problème la version studio grâce à la puissance incroyable du live. Si vous ne devez posséder qu'un seul disque de Deep purple, c'est celui-là malgré le fait qu'il ne contienne que 7 chansons. Ce disque contient l'énergie rock à l'état pur. Trop souvent les albums live sont superflus dans la discograhie d'un groupe. Ici, Made in Japan, il représente parfaitement le son Deep purple qui a été parmi les premiers à rechercher un son live, brut, en dehors des sophistications du studio. Comme tout bon groupe de rock, leurs performance live étaient dantesques. Il arrivait parfois à Ritchie Blackmore de faire exposer sa Fender Stratocaster avec un bâton de dynamite ! Il a rendu sourd plusieurs spectateurs...
La formation enregistre encore un album, Who do we think we are avant le départ de Ian Gillian qui entraîne le bassiste Roger Glover avec lui. Roger Glover signera en solo le standard Love is all, chanson festive et entraînante mais qui n'a rien à voir avec le son Deep purple.
Tous deux sont remplacés par David Coverdale et Glenn Hughes en 1974. Deep purple marck III sort deux albums en 1974: Stormbringer et Burn. Cependant, Ritchie Blackmore qui ne s'entend plus musicalement avec les autres quitte le groupe en 1975 et fonde Rainbow, autre groupe de hard rock qui connaîtra un joli succès. Un jeune guitariste est alors recruté: Tommy Bolin. Il arrive à reprendre dignement le flambeau de son illustre successeur et Deep purple Mark IV sort l'album bien nommé Come taste the band en 1975. Malheureusement, l'année suivante, Tommy Bolin meurt d'une overdose. Il avait 25 ans et un avenir radieux de guitariste devant lui.
Le groupe se sépare alors.
Après plusieurs tentatives solo ou en groupe (Ian Gillian et Glenn Hughes chez Black Sabbath, Paice, Lord et Coverdale et chez Whitesnake, Blackmore et Glover chez Rainbow...), Deep purple se reforme en 1984 avec son line-up mythique: Glover, Paice, Lord et surtout Gillian et Blackmore qui semblent avoir enterré la hache de guerre. Ils sortent Perfect stangers qui sera suivi de The house of blue light en 1987. Malheureusement, les conflits entre Gillian et Blackmore réapparaissent et le chanteur quitte le groupe en 1990 pour être remplacé par Joe Lynn Turner, ex-chanteur de Rainbow. Cette ènième formation enregistre l'album Slaves and Masters.
En 1993, de l'eau a coulé sous les ponts et Ian Gillian revient pour les 25 ans du groupe. Ils sortent The battles rages on.
C'est l'ultime album de la prestigieuse deuxième formation. Elle applique les bonnes vieilles recettes d'autrefois avec toujours autant de savoir-faire et de pêche. Le son est aussi plus net, plus clair que dans les années 70. On peut regretter un manque de renouvellement mais les riffs qui tuent sont de nouveau là! Outre la chanson éponyme, mentionnons les imparables Anya et Time to kill.
A l'occasion de ce disque, le groupe repart en tournée mondiale. De cette tournée sortira un album live, plus tard repris en DVD: Come hell or high water est le dernier document dans lequel Ritchie Blackmore apparaît aux côtés de Deep purple (c'est aussi sans doute le meilleur DVD consacré au groupe). En effet, les tensions refont surface et le guitar-hero quitte le groupe en plein milieu de la tournée, obligeant ses compères à engager un nouveau guitariste capable d'assimiler le répertoire du groupe en une semaine: ce sera le virtuose Joe Satriani. Il quittera le groupe à la fin de la tournée, se consacrant à sa carrière solo. Quant à Ritchie Blackmore, il s'est lancé dans le folk médiéval (!). Avec sa femme Candice, ils ont formé Blackmore's night.
Le nouveau guitariste de Deep purple s'appelle Steve Morse. C'est lui aussi un technicien hors-pair, régulièrement élu meilleur guitariste du monde par les revues spécialisées. Le premier album avec lui, c'est Perpendicular en 1996. Un excellent disque de hard rock old school. Nos amis quinquagénaires sont toujours en forme et ça se sent. Les titres ultra-péchus que sont Ted the mechanic et Sometimes I feel like screaming sont là pour le prouver. Certes l'âge d'or Deep purple est révolu mais cela n'empêche pas le groupe de continuer à composer d'excellentes chansons. Le nouveau guitariste a un son plus lègèrement blues que Ritchie Blackmore mais est digne du flamboyant guitar-hero. Après quelques années de concert, il a réussi à se faire accepter des fans.
Le groupe sort en 1998 l'album Abandon avant de renouveler l'expérience du Concerto for group and orchestra en 1999. Trente ans après le premier ! On ne réinvente pas le rock mais c'est un très bon concert. Outre le concerto de Jon Lord et quelques standards du groupe, on retrouve des titres solo de Jon Lord ou Roger Glover. L'ambiance est forcément un peu nostalgique. Pas une nostalgie moribonde, mais une nostalgie joyeuse. L'air de dire "on est toujours là et on s'éclate toujours autant". Plusieurs guests sont là parmi lesquelles Ronnie James Dio qui chante un superbe Love is all. Rarement, le groupe a semblé aussi joyeux, aussi soudé et aussi heureux de faire ce qu'il fait. Est-ce dû au départ définitif de Ritchie Blackmore, musicien génial mais au caractère de diva ?
Jon Lord est parti en 2002. Il a pris sa retraite à l'âge de 60 ans. Mais Deep purple ne s'est toujours pas arrêté ! Le groupe a engagé Don Airey qui a bossé entre autres pour Black Sabbath pour remplacer cet élément-clé du pourpre profond. La nouvelle mouture a sorti un album en 2003: Bananas. Globalement, je le trouve moins bon que Perpendicular. Deep purple n'a pas changé de son mais il ce disque manque de bombes à la Sometimes I feel like screaming.
Voilà.
Deep purple est vraiment un excellent groupe, trop souvent sous-estimé. Sa force réside avant tout dans les compétences techniques de ses musiciens. Tous sont excellents et sont parmi les meilleurs dans leurs domaines respectifs. Mais grâce à de vrais compositeurs comme Blackmore ou Lord, ils ne sont jamais tombés dans l'étalage technique. Cette virtuosité était au service de morceaux parfois magistraux, sous la double influence rock&roll/classique.
Deep purple est peut-être le groupe de rock qui a su le mieux profiter des acquis de la musique classique afin de créer un rock puissant et à l'énergie renouvelée. Les spécialistes confirmeront ou pas.
Enfin, Deep purple a considérablement influencé l'ensemble des groupes de metal actuel, de Iron Maiden à Metallica en passant par Dream Theater.
