Gunga Din
George Stevens (1939) :
Derrière la promesse exotique du titre, se révèle un film indigent, qui a très mal vieilli. Récit d'aventures à la gloire de l'Empire britannique, l'aspect mouvementé des péripéties, loin d'offrir une amusante distraction, témoigne surtout d'actions brouillonnes, selon un scénario mal mené. Le pittoresque inclus d'autorité par la présence de 'méchants' tels que les célèbres et méconnus Thugs n'est rien en comparaison des gesticulations éhontées des trois stupides héros. Ici, Cary Grant, Victor McLaglen, et Douglas Fairbanks (Jr) s'en donnent à coeur joie dans la bêtise la plus plate, donc la plus ridicule et inutile. Leurs bagarre de potaches sont drôles une fois (et encore), mais certainement pas deux, ni trois, ni davantage. J'étais surprise de voir apparaître au générique le nom de Joan Fontaine. D'une grâce rafraîchissante mais limitée, elle incarne une fiancée éperdue d'amour, mais dont le rôle n'est à peu près rien, pas même romantique, sinon de pacotille. George Stevens assure par contre une mise en scène relativement efficace. Il signe quelques plans bien composés, ceux d'ensemble sur les soldats, alignés au garde-à-vous, ou en procession dans les lointains. Alfred Newman est celui qui m'a le plus fait sortir du film : sa partition musicale mal appropriée, sautillante, qu'on ne peut qu'écouter avec crispation, et qui finit par prendre le pas sur tout ce que l'on voit. Extrêmement irritant.
4/10
Mr Lucky
H.C Potter (1943) :
Cary Grant incarne un homme de mauvaise vie : pour tout dire un joueur, qui n'hésite pas à accaparer l'identité d'un mort pour échapper à la conscription militaire. Un postulat de départ alléchant, qu'on aurait souhaité propice à de nombreux questionnements, entre dissimulation et crainte d'être démasqué, mais utilisé ici trop anodinement, pour finalement rester un simple 'effet' dans l'ensemble du scénario. Une construction malhabile, où la rivalité jalouse entre deux ennemis, posée d'emblée, donc a priori l'un des point d'accroche même de l'histoire, est pourtant oubliée en cours de route, pour réapparaître à la fin, alors évidemment dénuée de tous ses enjeux. Car le film préfère montrer une simple histoire d'amour entre Cary Grant et la jeune Laraine Day. C'est une relation surtout comique, du moins légère, mis à part la tentation, tardive, d'en appeler à l'émotion le temps des dernières scènes. Tout le film repose sur son contexte de guerre. Sont mis en avant la solidarité de la nation, l'entraide, la débrouillardise, et l'on comprend très vite qu'il ne pourra y avoir rien d'autre que cela, que tout ce qui pourrait faire l'intérêt, l'originalité, est immédiatement annihilé par ce besoin de gaieté souriante et sans conséquence. Il en reste aujourd'hui une distraction lointaine, typique de l'époque, un produit banal, regardé sans déplaisir, mais dont on ne gardera à peu près rien.
6/10
Alors que j'aimais assez Cary Grant, il m'est de moins en moins convainquant. Un bon acteur, mais qui n'est pas capable de mener un film s'il y a la moindre anicroche quelque part. Ses pitreries sans émotion me fatiguent et m'agacent. Apparemment, ce n'est plus trop mon style, même s'il restera toujours l'interprète de 'La mort aux trousse', 'Elle et lui', "Charade' ou quelques autres. Il faudra que je revois ses films avec Hawks ou "Indiscrétions" de Cukor.