Je constate en lisant ce topic que Leo McCarey ne fait pas tout à fait l'unanimité... Au delà du débat visant à préférer le premier ou le second
Elle et lui (pour ma part, j'ai adoré l'original, Charles Boyer et Irène Dunn formant un merveilleux duo, et je préfère laisser s'écouler un peu de temps avant de découvrir le remake, histoire de le voir sans trop chercher à le comparer pendant le visionnage), il semble que c'est l'oeuvre tout entière qui partage...
Ainsi de
Place aux jeunes, qui m'a tant plu, mais qui ne déchaine pas l'enthousiasme de tous. Pourtant, tout comme Ann Harding, je suis épaté par la vérité discrète du récit, des personnages, des situations qui sont extrêmement émouvantes, quoique jamais romanesques ou cinématographiques. J'irais même jusqu'à suggérer que McCarey désamorce les situations dramatiques dans son film.
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- D'une grand-mère semée au cinéma, ou d'une jeune fille qui découche, il ne fait qu'un épisode parmi d'autres, comme dans la vie.
Pour moi, c'est par leur vérité que ces moments sont vraiment forts, comme, à un moment que je trouve justement très réussi,
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- lorsque Beulah Bondi parle à son mari au téléphone en public : on pense d'abord à une situation comique (elle parle fort dans une pièce où l'on joue au bridge, tout le monde s'interrompt pour l'écouter), puis on est attendri (elle partage une telle complicité avec son mari), et enfin vraiment ému (à force de petites touches, on combien il manque à cette femme qui n'en dit rien, mais a vécu 50 ans sans jamais être éloignée de lui).
En l'énonçant, je vois combien le film est peu porteur de scènes choc, de séquences intensément droles ou bouleversantes, ce qui peut décontenancer, voire ennuyer un public, ou draper le récit d'un voile terne; mais aussi combien justement, c'est par ce refus de romantisme que McCarey creuse son sillon, établit sa vérité. Une vérité psychologique (les personnages sont très justes), sociale (la situation est toujours d'une grande actualité), mais aussi morale : la situation est tragique, mais on n'y oppose aucune solution facile, aucun happy end. C'est très triste, mais c'est comme ça, semble-t-il conclure. C'est la vie...
Et ce choix d'un vérisme assez inhabituel pour un film hollywoodien me semble appuyer ce propos avec une force que ne saurait avoir un film plus mélodramatique, qui jouerait l'émotion plutôt que la raison ou le vraisemblable... Par sa sobriété et le refus de monter certaines situations en épingles, le récit gagne en universalité, et, paradoxalement, en force. C'est un sacré choix de mise en scène.