The Office
Publié : 6 avr. 04, 14:14
TPS Ciné Culte diffuse à partir de samedi 10 avril (19 :25) les deux uniques saisons – pour l’instant ? – de l’hilarante série britannique The Office, tellement bonne que les Américains s’apprêtent à en pondre un remake.
« Qu’y a-t-il de plus important dans une entreprise? Les locaux ? Le capital ? Le turnover ? Ce sont les personnes, l’investissement dans les personnes. Ma plus grande fierté n’est pas d’avoir accru les profits de 17% ou d’avoir fait des coupes dans les dépenses sans avoir perdu un seul membre de mon personnel. Non. C’était ce jeune grec : premier job en Angleterre, il parlait à peine anglais, mais il est venu vers moi et m’a dit « Mr Brent, voulez-vous être le parrain de mon fils ? »
Ca ne s’est pas fait. On a du se séparer de lui. Il était nul. Il était nul ! »
David Brent.
Kezako ? Bienvenue à Wernham-Hogg, PME de banlieue londonienne et qui vend du papier. The Office est précisément ce que Caméra Café n’est pas, soit la fiction ultime sur la vie de bureau, sur les photocopieuses qui ronronnent et la vie à laquelle on peut rêver derrière son écran au taff. Filmée comme un docu de Capital ou un Confessions Intimes sans les commentaires, le dispositif permet de jouer sur la comédie des apparences qu’est la vie au bureau : à peu près tous les employés jouent (ou du moins essayent) un rôle lorsqu’ils ont conscience d’être filmés, mais lorsque la caméra vole des moments à leur insu, on gratte la surface et voit en dessous. Les bâillements étouffés devant le micro, les bruits de couloirs. La caméra, en leur collant au cul dans leur boulot ou en les épiant, agit comme révélateur des pantalonnades jouées en public et des frustrations des personnages. Ceux-ci auront l’occasion de se « confesser », ou plutôt de s’épancher face caméra sur leur boulot (on ne voit ni entend l’interviewer). Pas de punchline ou de « the one with » mais le flot d’une journée de travail, paradoxalement sans que le spectateur s’ennuie : il se passe tjrs quelque chose à W-H à partir de rien.
La force du show repose sur ses personnages qui ne sont jamais caricaturaux. On les a forcément croisés au bureau. Ou plutôt, la série oppose à ceux qui sont au bord de la caricature les personnages les + humains qui soient : il y a ainsi Dawn – la standardiste boulotte qui aurait voulu être dessinatrice – et surtout Tim, commercial un peu plus intelligent que ses collègues et qui sent que sa vie pro ne le satisfait pas (probablement, le personnage auquel le spectateur s’identifie le plus). Mais il n’ose franchir le pas. En face, il y a Gareth, ex-militaire sinistre pas très à l’aise avec les femmes, ni avec la vie en général. Mais la série ne vaudrait rien sans le personnage immense du patron de la boite, l’immense David Brent (joué par le co-scénariste et co-créateur de la série, Ricky Gervais) : le p’tit patron le plus pitoyable du monde, celui qui pense pouvoir manager son staff par l’humour. L’ex-rocker qui aurait du – selon ses dires – avoir la même carrière que le groupe Texas. Le type qui se croit le plus drôle du monde, celui qui sort des vannes pourrav’ auxquelles on rit pour être poli parce que c’est le chef. Pas parce qu’elles sont drôles. Brent en vampirise presque la série, enfilant les perles de masochisme et d’humiliation sous le regard secrètement effaré de ses employés et supérieurs. Et pourtant, la série demeure humaine parce que derrière les personnages les plus grotesques se planquent les âmes les plus esseulées, qui se sont bâtis une fiction pour se protéger du monde.
Bref, ami bureautier, si tu veux voir une session hygiène et sécurité se transformer en plan drague foireux, l’incidence de la distinction nain/petite personne sur la gestion des ressources humaines, une formation de commerciaux se transformer en concert unplugged, un type habillé en poulet en réunion avec ses supérieurs ou des employés de bureau lançant des chaussures sur le toit d’un pub, The Office est pour toi ! Dvds dispos pas chers sur Play, sortie française en mai semble-t-il.
Tim
“J’aime le ballet, les romans de Proust, les films de Delon. C’est cela qui a du donner l’idée à ma mère de m’acheter une casquette avec radio incorporée pour mon anniversaire. J’aime aussi la radio.”
Dawn
"Lee m’a demandé en mariage à la St-Valentin, bien qu’il ne l’ait pas demandé face à face. Il l’a fait avec l’un de ces messages qu’on passe dans le journal. Je crois qu’il a du payer au mot parce que le message disait : « Lee aime Dawn, mariage ? », ce que j’ai apprécié parce qu’on ne tombe pas souvent sur un homme en même temps romantique et économe."
Gareth
"On fait des préservatifs avec tous les goûts de nos jours. Fraise, curry, etc… tu aimes le curry ?"
David
David Brent, se faisant sacquer par sa supérieure Jennifer après avoir sorti une blague raciste sur la « queue d’un noir ». Extrait.
Jennifer – "je comprends que cela offense des gens."
David – "ce n’est pas raciste, je n’ai rien dit sur les noirs."
J – "la blague parle du sexe d’un noir."
D – "pourquoi serait-ce raciste, la blague parle du sexe d’un noir, ça arrive dans les blagues. Ca pourrait arriver."
J – "non, vous utilisez le stéréotype ethnique sur la taille du sexe des noirs parce que vous pensez que cela rend votre blague plus drôle !"
D- "ce n’est pas une insulte, c’est un compliment je trouve!"
J – "donc vous pensez que les noirs devraient être flattés parce que leur unique réussite dans la vie est d’avoir un pénis surdimensionné ?"
D- "je dis qu’ils ne devraient pas en avoir honte."
J – "c’est un mythe !"
D – "Je ne sais pas Jennifer, mais je pourrais vous montrer un magazine avec des preuves!"
J – "vous le pourriez ?"
D – "je n’en ai pas sur moi. Vous faites quoi après cette conversation?"
« Qu’y a-t-il de plus important dans une entreprise? Les locaux ? Le capital ? Le turnover ? Ce sont les personnes, l’investissement dans les personnes. Ma plus grande fierté n’est pas d’avoir accru les profits de 17% ou d’avoir fait des coupes dans les dépenses sans avoir perdu un seul membre de mon personnel. Non. C’était ce jeune grec : premier job en Angleterre, il parlait à peine anglais, mais il est venu vers moi et m’a dit « Mr Brent, voulez-vous être le parrain de mon fils ? »
Ca ne s’est pas fait. On a du se séparer de lui. Il était nul. Il était nul ! »
David Brent.
Kezako ? Bienvenue à Wernham-Hogg, PME de banlieue londonienne et qui vend du papier. The Office est précisément ce que Caméra Café n’est pas, soit la fiction ultime sur la vie de bureau, sur les photocopieuses qui ronronnent et la vie à laquelle on peut rêver derrière son écran au taff. Filmée comme un docu de Capital ou un Confessions Intimes sans les commentaires, le dispositif permet de jouer sur la comédie des apparences qu’est la vie au bureau : à peu près tous les employés jouent (ou du moins essayent) un rôle lorsqu’ils ont conscience d’être filmés, mais lorsque la caméra vole des moments à leur insu, on gratte la surface et voit en dessous. Les bâillements étouffés devant le micro, les bruits de couloirs. La caméra, en leur collant au cul dans leur boulot ou en les épiant, agit comme révélateur des pantalonnades jouées en public et des frustrations des personnages. Ceux-ci auront l’occasion de se « confesser », ou plutôt de s’épancher face caméra sur leur boulot (on ne voit ni entend l’interviewer). Pas de punchline ou de « the one with » mais le flot d’une journée de travail, paradoxalement sans que le spectateur s’ennuie : il se passe tjrs quelque chose à W-H à partir de rien.
La force du show repose sur ses personnages qui ne sont jamais caricaturaux. On les a forcément croisés au bureau. Ou plutôt, la série oppose à ceux qui sont au bord de la caricature les personnages les + humains qui soient : il y a ainsi Dawn – la standardiste boulotte qui aurait voulu être dessinatrice – et surtout Tim, commercial un peu plus intelligent que ses collègues et qui sent que sa vie pro ne le satisfait pas (probablement, le personnage auquel le spectateur s’identifie le plus). Mais il n’ose franchir le pas. En face, il y a Gareth, ex-militaire sinistre pas très à l’aise avec les femmes, ni avec la vie en général. Mais la série ne vaudrait rien sans le personnage immense du patron de la boite, l’immense David Brent (joué par le co-scénariste et co-créateur de la série, Ricky Gervais) : le p’tit patron le plus pitoyable du monde, celui qui pense pouvoir manager son staff par l’humour. L’ex-rocker qui aurait du – selon ses dires – avoir la même carrière que le groupe Texas. Le type qui se croit le plus drôle du monde, celui qui sort des vannes pourrav’ auxquelles on rit pour être poli parce que c’est le chef. Pas parce qu’elles sont drôles. Brent en vampirise presque la série, enfilant les perles de masochisme et d’humiliation sous le regard secrètement effaré de ses employés et supérieurs. Et pourtant, la série demeure humaine parce que derrière les personnages les plus grotesques se planquent les âmes les plus esseulées, qui se sont bâtis une fiction pour se protéger du monde.
Bref, ami bureautier, si tu veux voir une session hygiène et sécurité se transformer en plan drague foireux, l’incidence de la distinction nain/petite personne sur la gestion des ressources humaines, une formation de commerciaux se transformer en concert unplugged, un type habillé en poulet en réunion avec ses supérieurs ou des employés de bureau lançant des chaussures sur le toit d’un pub, The Office est pour toi ! Dvds dispos pas chers sur Play, sortie française en mai semble-t-il.
Tim
“J’aime le ballet, les romans de Proust, les films de Delon. C’est cela qui a du donner l’idée à ma mère de m’acheter une casquette avec radio incorporée pour mon anniversaire. J’aime aussi la radio.”
Dawn
"Lee m’a demandé en mariage à la St-Valentin, bien qu’il ne l’ait pas demandé face à face. Il l’a fait avec l’un de ces messages qu’on passe dans le journal. Je crois qu’il a du payer au mot parce que le message disait : « Lee aime Dawn, mariage ? », ce que j’ai apprécié parce qu’on ne tombe pas souvent sur un homme en même temps romantique et économe."
Gareth
"On fait des préservatifs avec tous les goûts de nos jours. Fraise, curry, etc… tu aimes le curry ?"
David
David Brent, se faisant sacquer par sa supérieure Jennifer après avoir sorti une blague raciste sur la « queue d’un noir ». Extrait.
Jennifer – "je comprends que cela offense des gens."
David – "ce n’est pas raciste, je n’ai rien dit sur les noirs."
J – "la blague parle du sexe d’un noir."
D – "pourquoi serait-ce raciste, la blague parle du sexe d’un noir, ça arrive dans les blagues. Ca pourrait arriver."
J – "non, vous utilisez le stéréotype ethnique sur la taille du sexe des noirs parce que vous pensez que cela rend votre blague plus drôle !"
D- "ce n’est pas une insulte, c’est un compliment je trouve!"
J – "donc vous pensez que les noirs devraient être flattés parce que leur unique réussite dans la vie est d’avoir un pénis surdimensionné ?"
D- "je dis qu’ils ne devraient pas en avoir honte."
J – "c’est un mythe !"
D – "Je ne sais pas Jennifer, mais je pourrais vous montrer un magazine avec des preuves!"
J – "vous le pourriez ?"
D – "je n’en ai pas sur moi. Vous faites quoi après cette conversation?"