John Wayne (1907-1979)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Euh... oui...
























n'empêche que les bérets verts est une belle daube :mrgreen:
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Dire autant de mal, esthétiquement et éthiquement, d'un film comme Full Metal Jacket pour venir ensuite faire l'éloge des Bérets verts, alors là j'en suis baba. :lol: Cher Francis, au moins avec toi les débats critiques sont riches, animés... et surprenants. :wink:

Sur le contexte politique, je trouve tes explications un peu courtes et orientées. Derrière la soi-disante défense des Vietnamiens contre l'agression communiste (bien réelle, il faut le reconnaître), il s'agissait bien plus de la défense des intérêts économiques et géostratégiques des USA, et de la poursuite sur le terrain de la guerre dite "froide". Les Américains se sont comportés comme une puissance coloniale et occupante au Vietnam et y ont perdu ce qui restait de leur innocence. Même s'ils étaient communistes et soutenus par l'URSS, les soldats de Ho-Chi-Minh menaient une guerre de libération contre un régime qu'ils estimaient être un pantin à la solde des Etats-Unis et des lobbies marchands. La situation était donc bien plus complexe. Comme ses ennemis sur le terrain, les Américains ont commis au Vietnam des atrocités (que l'état de guerre peuvent nuancer mais pas toujours quand même) mais celles-ci émanaient d'un grand état démocratique qui ne se défendait pas contre une attaque extérieure ou risquait son existence, mais au contraire portait le fer dans un pays où ils n'avaient y rien à faire. Quant au Cambodge, tu fais un drôle de raccourci et c'est là une seconde ignominie de la part du gouvernement américain, car ce dernier a fait en sorte de prolonger le combat dans le territoire cambodgien et ont jeté ce pays tranquille dans l'enfer de la guerre. Nixon a menti au monde entier pendant que des agents de la CIA puis l'armée elle-même déséquilibrait le Cambodge et préparait (malgré eux évidement mais cela n'excuse pas leur responsabilité) l'arrivée des Khmers rouges. Pour rester dans le domaine du cinéma, je conseille à ce sujet de revoir le bouleversant La déchirure (The Killing Fields) de Roland Joffé.

Les soldats US ont vécu un terrible calvaire (physique et moral) et ont vite compris qu'ils n'étaient pas des "libérateurs" mais des "corps étrangers". Les films remarquables comme Le merdier, Voyage au bout de l'enfer, Apocalypse Now et Platoon l'ont bien démontré avec un certain recul. Alors oui ce recul, John Wayne ne l'avait pas au moment de la réalisation des Bérets verts, on peut le concéder et cela désamorce un peu sa veine propagandiste. Mais aujourd'hui, en 2004, on ne peut décamment pas défendre un tel film dans ses choix politiques, surtout quand ils tournent à la caricature. Témoin, par exemple, du personnage du journaliste incarné par David Janssen, qui se débarrasse de ses doutes et envoie voler en l'air sa déolontologie en un coup de cuillère à pot pour se soumettre à la vision officielle de Kirby/Wayne alors que dans la réalité, 99% des journalistes du monde entier ont fait le chemin inverse en se rendant compte de la terrible situation pour le peuple vietnamien. Quant à la présentation humaniste des soldats de sa brigade, elle prête bien plus à sourire qu'autre chose.

Alors oui, Les Bérets verts est un film de propagande un rien ridicule, mais l'histoire a maintes fois prouvé que l'art cinématographique pouvait pleinement s'exprimer dans ce domaine. Malheureusement, en ce qui me concerne et pour beaucoup de cinéphiles, cette seconde réalisation de John Wayne (assisté de Ray Kellog et donc de Mervyn Le Roy non crédité) est aussi une grosse déception sur ce plan. Les scènes d'action sont poussives, les soldats évoluent dans le décor comme dans un country-club (on est très loin de Aventures en Birmanie de Walsh ou de La 317ème Section de Schoendoerffer, qui savaient utiliser le même type de décor pour en faire ressentir toute la dangerosité et l'opression). Pareil pour le sentiment de fatigue et de routine des militaires, dont la psychologie est d'ailleurs pauvrement développée. Le rythme du film désamorce toute tension. La photo de Winton C. Hoch est peut-être le seul élément à sauver. Enfin, le film se délite avec le temps de la narration et sa seconde partie est encore plus pauvre que la première (au moins là-dessus, on est d'accord).
Bref tout ce que Alamo n'est pas. :wink:

Alors oui, replaçons Les Béréts verts dans le genre auquel il appartient. Sur le plan cinématographique, c'est rendre un bien mauvais service à ce film minable que de le comparer aux réussites majeures de Fuller, Walsh, Mann ou Aldrich. Sur le plan cinématographique et politique, c'est l'enterrer complètement devant les oeuvres incontournables de Cimino, Coppola, Stone, Post ou Kubrick.
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james
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Message par james »

Les berets vert est un film amusement populaire pour des gens qui voulait se distraire dans une salle de ciné,il est vraie que la realiteé fut très differente de ce film realisé par duke wayne et ray kellog qui voulurent faire une approche des "green beret" aidant la popula locale mais qui s'en sans rendre compte firent la politique d'un gouvernement anti-vietnamine pour l'epoque,l'histoire nous fait aussi dire que ce qu"il s'y passe en irak et a considerez comme bis par les americain.

Par contre je ne pense pas que wayne est voulu trop en faire simplement nous montrez sa vison sur le plan ciné d'une guerre a la gloire des beret vert,vala :wink:

ps:j'aime bien ce petit film de guerre,mais sur le vietman mon plus beau resteras:
:arrow: voyage aux bout de l'enfer
rien a dire............ :wink:
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
Kurtz

Message par Kurtz »

james a écrit :Les berets vert est un film amusement populaire pour des gens qui voulait se distraire dans une salle de ciné,il est vraie que la realiteé fut très differente de ce film realisé par duke wayne et ray kellog qui voulurent faire une approche des "green beret" aidant la popula locale mais qui s'en sans rendre compte firent la politique d'un gouvernement anti-vietnamine pour l'epoque,l'histoire nous fait aussi dire que ce qu"il s'y passe en irak et a considerez comme bis par les americain.

Par contre je ne pense pas que wayne est voulu trop en faire simplement nous montrez sa vison sur le plan ciné d'une guerre a la gloire des beret vert,vala :wink:

ps:j'aime bien ce petit film de guerre,mais sur le vietman mon plus beau resteras:
:arrow: voyage aux bout de l'enferrien a dire............ :wink:
un film superbe !
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Message par james »

Kurtz a écrit :
james a écrit :Les berets vert est un film amusement populaire pour des gens qui voulait se distraire dans une salle de ciné,il est vraie que la realiteé fut très differente de ce film realisé par duke wayne et ray kellog qui voulurent faire une approche des "green beret" aidant la popula locale mais qui s'en sans rendre compte firent la politique d'un gouvernement anti-vietnamine pour l'epoque,l'histoire nous fait aussi dire que ce qu"il s'y passe en irak et a considerez comme bis par les americain.

Par contre je ne pense pas que wayne est voulu trop en faire simplement nous montrez sa vison sur le plan ciné d'une guerre a la gloire des beret vert,vala :wink:

ps:j'aime bien ce petit film de guerre,mais sur le vietman mon plus beau resteras:
:arrow: voyage aux bout de l'enferrien a dire............ :wink:
un film superbe !
absolusssssssssss :wink:
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Message par Personne »

Il faut que je me commande Hellfighters, et Green Berets! 8)
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francis moury
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Pour Roy

Message par francis moury »

Oui j'aime beaucoup LA DECHIRURE 8) 8) - en dépit de sa critique BCBG des erreurs de frappe US qui sent un peu le réchauffé car vue bien des fois auparavant - en revanche, une fois cet épisode terminé le film devient de plus en plus fort et remarquable. La réalité dépasse souvent la fiction et ici cette fiction est bonne parce qu'elle en rend compte sans effets de style, en toute simplicité, avec une ampleur technique maîtrisée par sa sobriété. Il me semble que ce film va bien davantage dans le sens de ma vision historique des choses que de la vôtre, vous savez ! :wink: Quand il est sorti en exclusivité à Paris, j'étais dans une salle des Champs-Elysées remplie de spectateurs internationaux, comme d'habitude là-bas mais aussi d'asiatiques parisiens échappés à temps de cet enfer et on avait tous le souffle coupé en voyant ce film. Certaines familles avaient amené même les enfants au-dessus de 13 ans afin qu'ils le voient : je m'en souviens très bien. Quelques semaines plus tard, quelques anciens Kmers rouges - dont un ou deux responsables de camps Khmers de travail forcé et d'abattage - ont été assassinés dans le XIIIe arrdt car le film avait réveillé des souvenirs encore bien brûlant au sein de cette sympathique communauté pour laquelle j'ai toujours eu une grande affection, vous l'aurez compris. La police avait vaguement enquêtée mais savait très bien que ces meurtres étaient justifiés et les coupables ne furent jamais arrêtés. Il faut bien que la justice passe de temps en temps...

Attention à la situation historique de l'époque cher Roy : les N.V.A. utilisaient le Laos et le Cambodge comme sanctuaires, et d'autre part les communistes laotiens du Pathet Laos comme les Khmers rouges organisaient simultanément la guerre civile. Le fer était déjà porté dans ces régions et les troupes U.S. ne pouvaient qu'en prendre acte sur le terrain. Encore une fois, je vous renvoie aux livres cités à la fin de ma note historique additionnellle du film de John Irvin qui vous donneront les indications les plus précises sur la chronologie de cette contamination.

Quant à votre critique du film de Wayne et Kellog lui-même, je suis content que vous sauviez au moins :wink: la photo de cet opérateur par ailleurs méconnu et pourtant au travail très sympathique ici - mais il y a bien davantage à sauver selon moi et je n'y reviendrai pas... Moi j'aime au contraire beaucoup le revirement de David Jansen que vous stigmatisez 8) :!:
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francis moury
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pardon pour les quelques coquilles et...

Message par francis moury »

... je pense d'ailleurs qu'il faut plutôt citer ce film avec son totre original THE KILLING FIELDS qui rend mieux compte de son sujet que le titre français qui le tire dans une autre direction, certes bien présente dans le film - histoire d'une belle amitié et aussi de la déchirure induite par l'immigration forcée - mais qui en modifie un peu la portée brut de témoignage historique au-delà - "symbolisée par" "incarnée par", si vous préférez - de l'histoire des deux héros, histoire certes vraie et aussi bien traitée.
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Roy Neary
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Re: Pour Roy

Message par Roy Neary »

Il apparaît évident que notre vision sur cette guerre et sa représentation à l'écran va rester inconciliable. :wink:

Sinon, à propos de La déchirure :
francis moury a écrit :Il me semble que ce film va bien davantage dans le sens de ma vision historique des choses que de la vôtre, vous savez ! :wink:
J'ai bien du mal à voir en quoi ! Ce film est une aussi un attaque en règle contre la politique de Nixon au Cambodge. Je l'ai vu aussi en salles avec différents types de spectateurs et leur réaction était unanime : s'exprimaient autant l'horreur inspirée par les crimes des Khmers Rouges que le dégoût devant la politique oiseuse, cynique et irresponsable des Etats-Unis.
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francis moury
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pour Roy

Message par francis moury »

Mais cher Roy votre position à l'égard de Nixon est contradictoire : si vous étiez contre la guerre du Viêt-Nam, vous devriez lui être reconnaissant d'y avoir mis un terme puisque c'est lui qui l'a stoppée, et pas ses prédécesseurs (elle s'est développée dans les années 1960 sous l'égide de ce cher Kennedy si adulé en France encore aujourd'hui...) : il faut être conséquent.
Le film de Joffé reprend en effet à son compte cette contradiction sur le plan cambodgien - que je dénonce aussi - et c'est son point faible à mes yeux. Il est évident que si on voulait empêcher que les Khmers rouges ne prissent le pouvoir, il fallait continuer la guerre et de préférence la gagner.
Dans les deux cas, les intellectuels français et américains anti-guerre de l'époque on confondu guerre de décolonisation, guerre de libération et défense contre une offensive communiste en Asie du Sud-Est. Et cette confusion qui contribua grandement à démoraliser les belligérants du camps "libre" - résultat efficace d'une authentique propagande très bien organisée à l'époque : Sartre et sa par ailleurs souvent remarquable revue Les Temps Modernes, etc. - est la position "politiquement correcte" du conflit qui est encore vivace aujourd'hui plus de trente ans après.
Mais l'histoire a donné tort à Sartre : c'est Aron qui avait raison. Les "nouveaux philosophes" des années 1975 l'avaient déjà remarqué et il leur a fallu du courage à l'époque pour le faire.
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Beule
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Message par Beule »

Je reste assez stupéfait par la manière dont Francis plie les faits historiques à la mesure de son orientation politique et idéologique personnelle. :shock:

Sauf erreur de ma part, étant donné que je n'ai vu cette bouse puante de Green Berets qu'une fois et que j'entends bien ne jamais le revoir de ma vie (j'exagère je peux voir les pires manifestations de l'impérialisme réactionnaire reaganien, pourquoi pas celui-là), le film de Wayne et Kellog date de 1967/1968 et n'est qu'un film de propagande de circonstances façonné pour soutenir l'effort de "guerre" américain au Vietnam à une époque où il devient évident qu'en l'état la défaite est assurée (préparation de la grande contre-offensive de la plaine du Têt), et alors que l'opinion publique, prenant conscience de cette évidennce, se retournait très largement.

Il est profondémant malhonnête, en arguant qui plus est des méfaits de la désinformation, de justifier le film de Wayne au regard des exactions atroces et indéniables des régimes totalitaires communistes instaurés quelques années plus tard au Vietnam et plus encore au Cambodge. C'est une évidence, les témoignages accablants de Ann Hui dans l'admirable Boat People ou sous un tout autre angle du récent S21 en ont parfaitement démonté les rouages retors. Mais c'est d'une part occulter le fait que les Etats-Unis ont depuis lors tout fait pour dévitaliser la reconstruction de ces états à des fins tout autant punitives que d'exemplarité de l'échec de ce type de modèle socio-politique (qui n'en avait sans doute pas besoin) et surtout, d'autre part, c'est complètement hors sujet, car très postérieur aux "faits" relatés par Wayne !

Sinon, c'est la porte ouverte à toutes les dérives: au vu de l'échec du modèle communiste on peut aussi en venir à admettre les pratiques jugulaires de l'administration McCarthy aux Etats-Unis, voire même, pourquoi pas, à cautionner les massacres fomentés par les forces armées US en Grêce (160 000 morts tout de même) lorsqu'il s'agissait de défendre directement un gouvernement ultra-réactionnaire et répressif (camps de rééducation, tortures, exils) de la menace que constituerait l'exemplarité, pour la proche Italie par exemple, d'un soulèvement populaire réussi (et donc forcément connoté communiste dans un monde d'après-guerre réduit à la bipolarisation), ou encore à conforter la décision de l'aide au coup d'état brésilien de 1964, contemporaine de la crise en Asie du Sud-est, dirigé contre une démocratie populaire aux instincts d'indépendance vacillants et aboutissant à la constitution d'un gouvernement fasciste d'une brutalité rare qui depuis 40 ans a ruiné un pays au potentiel impressionnant.

Alors oui, agressions il y avait sûrement de la part du Nord-Vietnam, mais au vu des antécédents historiques dans la zone, réduire l'intervention Américaine au modèle romantique de la défense des peuples opprimés, face au spectre de l'ogre communiste me paraît une aberration d'une naïveté assez incroyable, lorsque à la même époque et dans la même zone d'Asie du Sud-Est l'administration US (indifféremment Kennedy/ Johnson puis Nixon) soutenait ouvertement les prises de pouvoir puis les massacres (700 000 morts) du boucher "Président" Suharto en Indonésie (65) ou du renversement de la démocratie philippine par Marcos(72). Les USA se contrefichaient probablement du sort du pauvre Sud-Vietnam comme de celui du Cambodge, mais moins de stabiliser leur influence sur l'ancienne sphère de prospérité japonaise, et de sécuriser par ce biais l'exploitation de véritables partenaires industriels et commerciaux comme la Thaïlande ou donc l'Indonésie, au développement asphyxié par le poids de l'endettement auprès du FMI (je reconnais le caractère volontairement simpliste de cette assertion).

Après cela on peut disserter à l'infini du bien-fondé ou non de l'interventionnisme commercial et militaire du Gendarme de la planète depuis la fin de la seconde guerre mondiale. L'ensemble des pays industrialisés dont la France en a largement profité. Là n'est pas le sujet. Le film de Wayne est une merde sans nom en ce qu'il propose à chaud un raccourci trompeur et manipulateur des enjeux géopolitiques et humains du conflit qu'il illustre (il n'y a pas d'autremot): complaisance presque unilatérale dans l'atrocité des faits relatés (les relations entre l'officier Vietcong et la jeune espionne) le comportement de l'opinion publique apréhendé au travers de la "prise de conscience" du personnage de reporter déjà signalé par Roy, recours éhonté aux grosses ficelles les plus empathiques (le gamin) et exaltation romantique de l'action belliciste. Ca me suffit personnellement pour tirer la chasse.

PS: sauf erreur toujours, il me parît assez mal venu d'adjoindre le flux d'exode des populations du minuscule Laos à celui du Vietnam et du Cambodge. La "contamination" du Laos n'est je crois intervenue qu'en 76 ou 77 quand 700 000 exils avaient déjà été dénombrés en 1970. Ceux-là fuyaient sans doute plus les nettoyages quelque peu préventifs par bombardements US sur la zone que les exactions d'un soulèvement populaire par ailleursextrèmement timide à cette date.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Je ne suis pas mécaniquement soumis à l'influence des courants gauchistes pour donner mon avis sur la guerre du Vietnam. A ce sujet, je suis plutôt proche d'une bonne partie de la population américaine qui tant bien que mal a su digérer cet événement douloureux pour leur nation.
Concernant Nixon, oui il a arrêté la guerre mais contraint et forcé par la débâcle annoncée et le gâchis humain. Et surtout, auparavant, il l'a menée à son plus haut point d'intensité ! Donc il n'y a rien de contradictoire dans mes propos.
Aujourd'hui, concernant Kennedy, rien ne démontre qu'il souhaitait cette guerre. Les historiens, soutenus par les personnages hauts placés de cette époque, estiment même aujourd'hui qu'il ne l'aurait pas conduite malgré un grand nombre de pressions. On ne le saura vraiment jamais en fait. C'est son succésseur démocrate LB Johnson qui l'a réellement déclenchée.
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John Constantine
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Message par John Constantine »

Beule a écrit :Je reste assez stupéfait par la manière dont Francis plie les faits historiques à la mesure de son orientation politique et idéologique personnelle. :shock:
Je ne serais pas surpris d'apprendre que le taux de criminalité dans le quartier où habite Francis ait mystérieusement reculé depuis 1975. :mrgreen: :wink:
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francis moury
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Pour John, Roy et le troisième commentateur.

Message par francis moury »

Cher John Constantine, je n'habite pas dans le même quartier depuis 1975 :lol: :lol:

Pour Roy :wink: oui c'est exact Nixon l'a porté à son maximum d'intensité avant les négociations finales. Mais tout cela s'est déroulé d'une manière beaucoup plus longue et complexe sur le terrain et aussi diplomatiquement.

Pour le commentateur précédant Roy : votre commentaire est intéressant car il pose le problème philosophique classique du rapport entre la politique et la morale dans l'histoire des peuples = la guerre. C'est une esquisse comme une autre - j'emploie le terme d'esquisse à dessein car vous reconnaissez vous-même que vous allez parfois un peu vite sur certains points. Les problèmes se posent d'une certaine façon aux yeux des contemporains des faits et d'une autre à la génération suivante. C'est tout le problème de ce qu'on appelle la philosophie de l'histoire.

Vous avez vu ce beau film d'Helvio Soto, CALICHE SANGRIENTO [Salpêtre sanglant] (Chili 1969) qui se passe dans le cadre de la guerre du Pacifique entre le Chili et le Pérou en 1879 ? Le capitaine dit à son lieutenant qui dénonce cette guerre comme inhumaine et absurde : -" Aucune guerre n'est bonne à vos yeux." ou quelque chose de proche. Je cite de mémoire parce que je l'ai vu en 1982 ou 3 à la télévision en v.o.s.t.f. bien avant d'avoir un magnétoscope. Hélas car c'est un chef-d'oeuvre du cinéma d'Amérique du Sud, plastiquement et dramatiquement hallucinant dans mon souvenir.

Enfin bref : "Fallait-il faire ces guerres ?" vous demandez-vous rétrospectivement. Vous avez légitimement le droit de vous le demander, vous avez loisir de discuter de la question, vous disposez sans doute d'un ordinateur, d'Internet, d'une bibliothèque fournie en références historique et politique voire philosophique. Eh bien tout cela vous l'avez parce que les communistes n'ont pas pris le pouvoir en Europe de l'Ouest. S'ils l'avaient pris et que vous ayez posé ce genre de question, vous n'en auriez plus posé du tout pendant assez longtemps. La liberté de questionner, de raisonner, d'interpréter l'histoire, la liberté en général... est la chose la plus précieuse et la plus constamment menacée. Simplement, comme vous êtes bien protégé contre ces menaces, vous ne vous en rendez pas compte et disposez même du luxe de critiquer ceux qui vous en protègent. C'est, il est vrai, l'un des luxes suprêmes, l'un des ressorts mêmes d'un pays libre depuis que Périclès a défini les démocraties dans ses discours prononcés pendant les guerres du Peloponnese. Luxe qui peut éventuellement contribué d'ailleurs à la corrompre et à lui faire perdre l'idée de se défendre : Platon l'a écrit 2.500 ans plus tôt dans sa "République", dans son "Le Politique" et c'était un thème oratoire courant à l'époque. Il vaut mieux être en situation de se demander s'il fallait faire la guerre du Viêt-Nam aujoud'hui en France en 2004 qu'à Saïgon en 1968. Hérodote ou Thucydide analysaient posément les causes des guerres médiques, des guerres civiles grecques. Mais jetez un oeil sur LA BATAILLES DE MARATHON de Tourneur et Bava quand même pour vous rafraîchir les idées : son grand scénariste Ennio de Concini avait lu Hérodote et Thucydide avec attention.

Et puis vous savez, tel qui passe pour un salaud au sens de Sartre peut bien être considéré par l'histoire comme un ange quelques années plus tard. Kennedy a faillit provoquer une guerre mondiale atomique avec l'affaire de la Baie des Cochons. On se souvient de lui comme d'un grand président humaniste, défenseur des droits de l'homme. Il l'a aussi été. On critique Reagan : c'est grâce à lui que l'U.R.S.S. a implosé et a cessé de constituer une menace pour nous. Croyez-moi, Pascal qui n'est pas suspect de marxisme a bien raison : qui veut faire l'ange fait la bête et réciproquement. Mais c'est toute la "ruse de la raison" selon Hegel dans son introduction à la philosophie de l'histoire et c'est ce qui rend si "immorale" son analyse : l'idée que la raison soit rusée. Leçons qui ont donné lieu à un hégélianisme de gauche (Marx - à ne surtout pas confondre avec "le marxisme" d'ailleurs !) et de droite bien différents d'ailleurs. Et ne pensez pas que cela nous éloigne du sujet du film de Wayne : c'en est le contenu latent.
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Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Pour l'anedocte.

Wayne sollicita Elmer Bernstein afin qu'icelui écrivît la musique des Bérets Verts, offre que le compositeur - qui eut en son temps affaire au maccarthysme - déclina au motif de ses divergences avec les vues exprimées par le film.

C'est finalement Miklos Rozsa qui en hérita, persuadé, en raison de la présence de Wayne au générique, qu'il s'agissait d'un western.
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