
Barton Fink
BLU-RAY - Région B
L'Atelier d'images
Parution : 15 octobre 2024
Image
L'Atelier d'images réédite aujourd'hui l'un des opus les plus singuliers de la filmographie des frères Coen, après le Blu-ray sorti en 2012 et depuis épuisé. La grande question était de savoir si l'éditeur allait pouvoir mettre la main sur une nouvelle restauration du film. Or, si Universal finira forcément par produire un nouveau master 4K de Barton Fink, ce n'est malheureusement toujours pas le cas aujourd'hui. L'Atelier d'images doit donc se contenter du même master HD (pré-2K) visible depuis plus de 12 ans, le seul disponible actuellement, au rendu technique dépassé. L'ensemble conserve une patine HD palpable mais limitée, plutôt chiche en niveau de détail, avec une finesse plus efficace dans les gros plans mais toujours perfectible, dans un mélange d'accentuation de contours et de faiblesse technique des capteurs. On se surprend à constater une impression récurrente de lissage, une sorte d'instabilité très subtile des matières (comme glissantes) dans les aplats, et un grain plutôt épais et parfois effacé. Les couleurs sont plutôt saturées, sans souci majeur de cohérence, tandis que les contrastes sont à peu près tenus, parfois un peu bouchés. La copie n'a pas été stabilisée numériquement, mais est par contre entièrement nettoyée.
Son
Les pistes audio sont proposées en stéréo, avec un rendu souvent équivalent. On notera surtout des différences dans les arrière-plans des prises de son direct, bien plus réalistes en VO alors qu'ils sont très atténués en VF. L'ensemble est cristallin, d'une grande précision, et très équilibré. La spatialisation est mesurée et, là aussi, subtile, entre réalisme et étrangeté. On ne relève aucune trace d'usure particulière.
Suppléments
Barton Fink est présenté dans un élégant mediabook comprenant un livret de 32 pages et divers articles publiés dans Positif en 1991. Thomas Bourguignon évoque certaines figures récurrentes du cinéma des frères Coen, comme leur manière d’identifier un personnage à un objet particulier, jouant sur nos perceptions, en trompes-l’oeil. Alain Masson revient sur un récit ponctué d’"incidents insignifiants" et d’"accouplements hasardeux", dans un style très inventif qui "relève du grotesque". Les frères Coen reviennent dans un entretien sur la génèse du projet, l’écriture à 4 mains et les inspirations du film. Ils évoquent "une logique de l’irrationnel", la façon de tourmenter les personnages pour créer des effets comiques, ou le décor de l’hôtel pensé "comme un bateau fantôme à la dérive". John Turturro parle de son travail avec les Coen dans "une très grande communication", et son approche personnelle du personnage de Barton Fink ("il vit dans sa tête mais il doit vivre avec la vie"). Il évoque son travail d’acteur, dans la découverte, et son projet de réalisation (Mac) qu’il espère voir se concrétiser...
Le film est également accompagné de plusieurs suppléments :
Le film le plus énigmatique des frères Coen (29min - HD)
Spécialement produit pour cette édition, un entretien avec le critique N.T. Binh qui analyse Barton Fink, "un peu le Huit et demi des frères Coen" et contrepoint épuré de leur Miller's crossing, à la gestation compliquée. Échec à sa sortie, ce film très personnel "se bonifie" avec le temps, devenant "un vrai classique" dans lequel les deux cinéastes continuent d'explorer les genres codifiés du cinéma hollywoodien, dans un thème proche des Voyages de Sullivan de Preston Sturges, et dans un mélange "insolite" et expressionniste, notamment à travers cet hôtel qui décrit comme dans Shining l'intériorité d'un personnage. N.T. Binh évoque le cinéma "auto-réflexif" des frères Coen, les pistes ouvertes du récit, la photo de la plage très buñuelienne, les fausses pistes de la reconstitution d'époque et les personnalités qui ont inspiré les personnages : Clifford Odets, William Faulkner ou Louis B. Mayer. Le critique à Positif revient sur la musique de Carter Burwell qui "se fond dans la matière organique du film", et souligne cette première collaboration avec le directeur de la photographie Roger Deakins, son sens de l'atmosphère et sa vision expressionniste du scénario.
L'Atelier d'images complète les bonus avec plusieurs compléments repris du Blu-ray Kino Lorber, sorti aux États-Unis en 2017 :
La Souris et le lion (16min - HD - VOSTF)
Un entretien un peu décousu et parfois très autocentré avec Michael Lerner, qui évoque son audition pour les frères Coen et son personnage de Lipnick, largement inspiré de Louis B. Mayer, "un grand acteur". En bon égocentrique, Lerner parle de sa palette de jeu et livre son secret pour être acteur, avouant son amour pour la fable - ce qu'est, pour lui, Barton Fink, en même temps qu'une métaphore d'Hollywood. Il revient également sur la religion juive, pleine de mystères, et l'identification des Coen pour cette culture...
La sensibilité de Barton Fink (15min - HD - VOSTF)
L’acteur John Turturro raconte sa relation de longue date avec les frères Coen, et livre de nombreuses anecdotes autour de Barton Fink, "une sacrée expérience" durant laquelle il devint même père. Il évoque son personnage "qui ne sait pas écouter" et se souvient de la préparation, minutieuse comme pour une pièce de théâtre, lorsqu'il réfléchissait au physique de son personnage, prenait des cours de dactylo ou de danse. Il parle du travail consciencieux des frères Coen, leur souci du détail, le tournage de la scène d’incendie où il n’en menait pas large, l’utilité des storyboards dans lesquels il peut insuffler de l’énergie, ou de Barton Fink comme "l’aventure cauchemardesque d’un auteur", qui lui rappelle ses propres difficultés d’écriture.
Les sons dans la tête de Barton Fink (20min - HD - VOSTF)
Entretiens croisés du compositeur Carter Burwell et du monteur son Skip Lievsay, qui travaillent avec les frères Coen depuis Blood Simple et ont appris le métier avec eux, "sur le tas". Ils évoquent leurs méthodes de travail pour créer la bande-son de Barton Fink, dans une collaboration complémentaire et très inhabituelle à Hollywood, où ils se répartissaient le spectre des fréquences pour combiner de façon équilibrée la musique, le son et les effets sonores. Carter Burwell explique son utilisation de la musique pour "soutenir" ce qu’il se passe à l’image et n’est pas indiqué dans le scénario, étoffant par exemple le côté enfantin et naïf du héros. Skip Lievsay raconte comment il a créé le son de la sonnette de l’hôtel, de manière "on ne peut plus simple". Un supplément pédagogique et très intéressant, sur un domaine peu exploré dans les bonus.
Scènes coupées (13min - SD - VOSTF)
Plutôt des dialogues alternatifs ou répliques coupées du montage final, que de véritables scènes supprimées...
Bande-annonce originale (2min 25s - SD - VOSTF)
En savoir plus
Taille du Disque : 44 166 123 221 bytes
Taille du Film : 27 072 491 520 bytes
Durée : 1:56:54.507
Total Bitrate: 30,88 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 25,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 25000 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1992 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2005 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 1,198 kbps
Subtitle: French / 58,234 kbps