Test blu-ray
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BLU-RAY - Région B
L'Atelier d'images
Parution : 5 novembre 2024

Image

Comme plusieurs films de David Cronenberg des années 90 et 2000 (Crash et plus récemment Le Festin nu ou Spider, dont nous reparlerons très prochainement), Existenz a eu les honneurs d'une nouvelle restauration en 4K. Alors que le film était disponible en HD à l'étranger depuis une bonne douzaine d'années, c'est la première fois qu'il est édité en Blu-ray en France puisqu'il n'existait jusqu'alors qu'en DVD, d'abord sorti chez Pathé en 2000 puis plusieurs fois réédité, jusqu'à l'édition BQHL en 2012. Le gap en qualité est impressionnant grâce à un scan 4K effectué à partir d'un interpositif 35mm, qui réajuste nettement la luminosité de la photographie, désormais dans un rendu plus crédible, naturel et argentique avec les ombres. En fait, tous les aspects de l'image bénéficient de ce nouveau transfert, et pas seulement les rapports de contraste. Évidemment, la définition gagne un sacré niveau de précision, avec un détail très confortable. Si la patine générale gagne considérablement en naturel argentique, l'écart du matériel d'origine avec le négatif (on a utilisé un interpositif, rappelons-le), provoque une légère "épaisseur" générale et surtout un grain abondant, pas toujours aussi fin qu'attendu, qui a été idéalement encodé sur le disque UHD et peu fragilisé en Blu-ray HD. L'étalonnage du DVD était, sans trop exagérer, à tendance monochromatique : ce nouveau transfert permet de retrouver beaucoup de nuances (crédibles), toujours dans une patine argentique crédible, mais avec une saturation cette fois très poussée. On retrouve certains défauts des restaurations actuelles, notamment un glissement magenta peu subtil - et parfois marqué sur les carnations, même si le choix d'une photographie plus froide rend cela plutôt cohérent. Le résultat est particulièrement réjouissant, faisant radicalement redécouvrir le film par rapport aux conditions plus modestes qui nous étaient imposées depuis presque 25 ans (en France).

comparatif DVD Pathé (2000) vs. Blu-ray L'Atelier d'images (2024) :
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Son

La version originale remixée en 5.1 est d'excellente facture, avec une ouverture sonore ample, subtile et très détaillée. Les voix sont d'une grande clarté, avec une belle présence. La spatialisation est très efficace, utilisant habilement les voies arrières, notamment pour les ambiances équilibrées et une musique jamais écrasée. La version française stéréo apparaît plus limitée, notamment par une impression régulière de saturation qui attaque moins les voix que la musique, et a tendance à écraser le spectre quand les graves se manifestent un peu trop. Rien à vraiment redire lorsque le mixage est plus calme, apparaissant souvent très correct grâce à sa grande propreté et un aspect cristallin dans le rendu des voix et des ambiances. La piste est très propre, sans souffle.

Suppléments

Existenz est présenté dans un mediabook au très beau design, comprenant un livret de 32 pages. On y trouve des extraits de La transgression selon David Cronenberg, le livre de Fabien Demangeat publié en 2021, qui aborde ici la fascination du cinéaste pour les corps (voire l'intérieur des corps/"l'intériorité des êtres") et l'hybridation entre l'objet et la chair, analysant certaines figures récurrentes du cinéma de Cronenberg comme la régénération (l'accouchement) ou les nouvelles formes de vie (le parasite). Le livret est complété par un texte du fondateur du site screenslate.com, Jon Dieringer, qui s'intéresse davantage à la façon dont Cronenberg a su capter "l'essence" des jeux vidéo dans "l'une des explorations les plus pointues et les plus perspicaces du divertissement interactif", anticipant par exemple des "concepts naissant" qui nous sont aujourd'hui familiers. Il évoque également l'inspiration de Salman Rushdie, grand amateur de jeux vidéo que Cronenberg avait interviewé en 1995. Le livret est complété par un glossaire et des notes de production, extraits d'entretiens avec l'équipe du film sur les effets-spéciaux en réel ou le "non-look" d'Existenz. David Cronenberg parle de sa vision du "jeu fait chair" et de l'"approche existentielle" qu'il a fait adopter au jeu des comédiens. 

Commentaire audio de David Cronenberg (non sous-titré)
Toujours très généreux dans l'exercice du commentaire audio, le réalisateur d'Existenz revient abondamment sur de nombreux aspects de son film, comme par exemple le générique qui suggère l'ambiance et l'univers de l'histoire, la scène de la station service qui contient de nombreuses métaphores sexuelles, le look "étrangement austère" du film, les multiples libertés apportées par l'intrusion de la technologie dans nos corps. Il explique certains choix subtils du scénario, la métaphore de l'univers des jeux vidéo comme une religion, avec ses adeptes réunis dans une sorte d'église, le concept "confus" des pods organiques et presque considérés comme des animaux de compagnie, ou la façon dont il a écrit la scène du restaurant chinois, quand l'inspiration lui est venue petit à petite. David Cronenberg raconte pourquoi il utilise des transparences, aborde les effets spéciaux, parfois invisibles en CGI ou en fond bleu, et avoue être très vigilant aux images qui peuvent perdre leur texture filmique après avoir été traitées par ordinateur. Un commentaire malheureusement réservé aux cinéphiles les plus anglophones puisqu'il n'est pas sous-titré...

Existenz, une oeuvre à part (38 min - HD)
Entretien avec Olivier Père, directeur de l'unité cinéma d'Arte France , qui revient sur Existenz, "film très important" mais "œuvre à part" dans la filmographie de David Cronenberg. Olivier Père contextualise le film dans la carrière du cinéaste, à une période où son statut d’auteur est confirmé. Malheureusement, le film sera un échec, mal distribué aux États-Unis et souffrant de la comparaison avec Matrix, sorti peu de temps auparavant. Olivier Père analyse Existenz, "forme de consécration" de l’influence de Philip K. Dick dans le cinéma de Cronenberg, qui revient à la science-fiction tout en continuant à insuffler ses obsessions à travers une "technologie organique". Il souligne la continuité thématique avec Videodrome, le retour de l’aspect organique et répugnant, cette fois traité de façon presque ironique et surréaliste, ou note l’aspect visuel dépouillé et débarrassé de l’imagerie technologique des jeux vidéo, qui utilise le décor de campagne à contre-courant de l’univers urbain traditionnel du genre. Olivier Père parle d'un film "extrêmement ludique et drôle", non dénué de scènes troublantes, qui utilise les jeux vidéo presque comme un prétexte pour parler de fatwa contre un artiste, avec le personnage de Jennifer Jason Leigh inspiré de Salman Rushdie. Pour Olivier Père, Cronenberg montre qu’il y a toujours un décalage dans le réalisme au cinéma ("il n’y a pas de réalisme, y compris dans la réalité"), jouant ainsi sur le même terrain que Luis Buñuel. On revient enfin sur ses collaborateurs de longue date, Howard Shore et Peter Sushitsky, et sur le casting réussi, avec entre l'actrice audacieuse Jennifer Jason Leigh et le rôle juvénile de Jude Law...


L’art invisible de la cheffe décoratrice Carol Spier (54min - SD - VOSTF)
Épisode de la série documentaire canadienne Frame by Frame, produit en 1999 et consacré au travail de Carol Spier, collaboratrice de David Cronenberg depuis Fast Company, en 1979. Elle revient rapidement sur quelques films de son parcours, mais raconte surtout les spécificités de son travail qui doit en fait servir au réalisateur, dans une accumulation de détails et de possibilités, mais aussi à toute l'équipe. Ce documentaire nous permet non seulement de plonger dans les coulisse du tournage d'Existenz mais de découvrir l'envers du décor (c'est le cas de le dire) d'un corps de métier très rarement abordé dans les suppléments. On suit la conception détaillée de plusieurs décors comme l'église et le chalet, et d'autres comme le restaurant chinois (recrée dans le local réservé au département costumes), l'élevage de poisson ou la boutique de jeux, qui ont été inspirés par les bâtiments du studio où est tourné le film, une base militaire désaffectée. On observe les spécificités qu'implique ce travail qui prend en compte l'interaction avec l'équipe des effets spéciaux mais aussi le montage/démontage, le filmage millimétré... ou le budget. Un excellent supplément.

L'Atelier d'images propose ensuite une série de modules tirés de l'Electronic Press Kit d'époque, matériel fourni aux journalistes pour illustrer les reportages TV, au moment de la sortie du film :

Entretien avec David Cronenberg (4min - SD - VOSTF)
Le cinéaste présente les enjeux d'Existenz et la remise en question de la réalité comme un jeu où nous serions les personnages. Il raconte comment il s'est inspiré de la fatwa contre Salman Rushdie pour aborder le lien entre un auteur et sa création.

Entretien avec Jude Law (15 min - SD - VOSTF)
L'acteur parle d'Existenz et de son personnage, de la technologie décrite dans le film. Il évoque son travail avec David Cronenberg, un cinéaste "très humain".

Entretien avec Jennifer Jason Leigh (2min - HD avec upscale - VOSTF)
L'actrice résume elle aussi le film, avouant se questionner elle-même sur l'influence des écrans et des médias sur notre psyché. Elle se souvient avoir considéré le pod comme son un animal domestique...

Les effets spéciaux par Jim Isaac (27 min - SD - VOSTF)
Le superviseur des effets spéciaux d'Existenz (et futur réalisateur) raconte son travail sur le film, et son étroite collaboration avec David Cronenberg, après Le Festin nu. Jim Isaac explique comment il su visualiser les souhaits du cinéaste, concevoir divers accessoires et créatures en s'inspirant de la réalité.

Featurette (11min - SD - VOSTF)
Un making-of promotionnel très classique qui alterne extraits d'Existenz, brèves images du tournage et propos de l'équipe (souvent repris des entretiens précédents)

L'éditeur propose enfin un Nouveau film annonce 2024 (1min 26s - HD - VOSTF) ainsi que la bande-annonce originale (1min 55s - HD avec upscale - VOSTF), toutes deux également proposées sur le Blu-ray UHD.


En savoir plus

Blu-ray HD

Taille du Disque : 45 671 772 598 bytes
Taille du Film : 28 442 443 776 bytes
Durée : 1:37:03.818
Total Bitrate: 39,07 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,91 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29910 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2068 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 4634 kbps / 24-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps / DN -4dB
Subtitle: French / 18,560 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 28 novembre 2024